• Aucun résultat trouvé

Et la connaissance donc ?

Dans le document Processus technopolitain et métropolisation (Page 105-109)

Services d’accompagnement :

6 Notions relatives

6.3 Et la connaissance donc ?

La connaissance a ceci de particulier qu’à l’inverse de la plupart des activités économiques qui ne peuvent être effectuées que de façon intentionnelle et délibérée, elle peut être un produit-joint, non délibéré, des activités de production et de consommation. Lorsque la production de connaissance est effectuée de façon délibérée, elle est saisie à travers la notion de recherche. On emploie plus précisément la notion de recherche et développement pour saisir la création intellectuelle et industrielle entreprise sur une base systématique dans le but d’accroître le stock de connaissances. La caractéristique essentielle de ces activités est d’être située à une certaine distance des lieux de production et de consommation. Cette activité de recherche « à distance » est devenue un pilier crucial des systèmes nationaux d’innovation, et la part des ressources consacrées à cette activité est l’un des moteurs de la croissance. Les connaissances produites par la recherche peuvent être de différents types. Il y a les connaissances qui permettent une compréhension fondamentale des lois de la nature ou de la société, et les connaissances qui favorisent la résolution de problèmes pratiques. Cette distinction ne permet cependant pas de tracer une frontière étanche entre science et technologie, elle permet néanmoins de repérer une activité de recherche de base et une activité de recherche appliquée et de développement. Cependant, une telle catégorisation reste assez imprécise. Elle ne semble pas correspondre à la réalité de certains secteurs dans lesquels l’activité de recherche de base semble étroitement liée au marché. Il est donc utile de distinguer deux modes de recherches de base parallèlement à la recherche appliquée, selon l’intention du projet de recherche : la recherche de base pure, sans intention pratique a priori, et la recherche de base a priori orientée vers un certain domaine d’application. La recherche de base inspirée par une application est au cœur des problèmes d’organisation de l’innovation, puisqu’elle cristallise l’articulation entre des activités visant à la compréhension de problèmes fondamentaux et des activités orientées vers la résolution de problèmes pratiques. Les tensions entre différentes logiques d’incitation y sont fortes et le cadre institutionnel dans lequel cette recherche doit être effectuée peut grandement varier selon les secteurs et les pays.

Figure22. schéma de base des 4 piliers de la connaissance

Source: SWINBURN. Local economic development. Quick reference. World Bank (2006).

6.4 L’innovation:

128

Innovation, un concept en mutation profonde ces dernières années : de l’introduction de biens en capital exogène acquis par une entreprise à la possibilité pour cette dernière de mettre au point une nouveauté par accumulation de connaissances ; de l’innovation purement technique à l’innovation globale.

6.4.1 Évolution du concept

La notion d’innovation apparaît dès les origines de l’analyse économique (A. Smith, D. Ricardo et T. R. Malthus), mais demeure imprécise : on parle de croissance économique ; elle est aussi restrictive quant à sa portée : on la nomme progrès technique. Elle est alors incorporée dans le facteur « capital ». De ce fait, l’entreprise sera considérée pendant très longtemps comme une « boîte noire technologique » : c’est l’achat de nouveaux biens d’équipement qui lui permet d’être plus rentable. 128 Sourcehttp://www.innovation.corse.fr institutions TIC éducation innovation institutions TIC éducation innovation

L’influx de la nouveauté est par conséquent généré à l’extérieur de l’entreprise, dans les laboratoires de recherche publics notamment. On parle d’invention.

Cette conception conduira à la mise en place d’une politique active et persistante de soutien à la recherche fondamentale comme source unique d’innovation, avec par exemple la création de grands organismes nationaux de recherche.

L’innovation, ou progrès technique, est alors conçue comme un acte linéaire exogène partant des découvertes scientifiques produites par les laboratoires de recherche, puis passant par un stade de recherche applicative au sein des entreprises (les plus grandes en l’occurrence), pour finalement être mise sur le marché, à disposition du plus grand nombre.

Dans les années 1940, J. A. Schumpeter (1942) donne à la notion d’innovation un nouveau visage. C’est « une destruction créatrice qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ». L’entreprise prend ainsi une réelle dimension en matière d’innovation129.

Mais plus que l’entreprise, c’est celui qui est à sa tête qui est le véritable initiateur du mouvement. Avec sa notion d’entrepreneur innovateur, il conditionne le progrès technique au comportement du chef d’entreprise. « Le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite. » L’entrepreneur a alors pour rôle de transformer l’invention en un objet ayant un usage marchand. La croissance économique dépend donc de la velléité des chefs d’entreprise à innover en matière de produit, de procédé de production, de marché, de source de matière première ou d’énergie, ou encore de mode d’organisation de la production au sein de l’entreprise

129

L'innovation conditionne l'évolution du capitalisme qui ne peut se réduire, dès lors, à une économie de flux circulatoires en équilibre car "elle n'est jamais stationnaire" (Capitalisme, socialisme et démocratie). La machine capitaliste se renouvelle continuellement sous l'impulsion créatrice de l'entrepreneur. Détenteur "d'aptitudes particulières", il exploite à son profit toutes les imperfections du marché. Introduire de nouvelles combinaisons productives, c'est-à-dire innover, c'est tenter de se placer en situation de monopoleur ; inutile donc de rechercher dans le fonctionnement du système capitaliste un optimum "parétien" ou la concurrence pure et parfaite. La dynamique d'ensemble (un mouvement dit de destruction créatrice) est favorable à tous les groupes sociaux, et notamment à celui des ouvriers qui voient leurs conditions de vie s'élever sensiblement. Par là, Schumpeter s'oppose radicalement à la thèse marxiste de la paupérisation – c'est vrai qu'il naît l'année même où K. Marx meurt. Néanmoins, cette prospérité séculaire n'est pas continue mais cyclique car les innovations se déversent par grappes successives (Théorie de l'évolution économique).

ou du secteur. Si l’origine de l’innovation demeure toujours externe à l’entreprise apparaît une nouvelle modalité d’innovation qui n’est ni la mise au point d’un nouvel objet, ni la recherche d’un nouveau marché.

Il s’agit d’innovation organisationnelle. L’exemple le plus connu est la mise en place du travail à la chaîne grâce à la décomposition des tâches en mouvements de base pour accroître la productivité (taylorisme).

Ce n’est que dans les années 1960 puis surtout dans les années 1980 qu’ apparaît une nouvelle conception de l’innovation, dépassant le cadre de l’innovation technologique – il s’agit notamment des travaux de E. T. Penrose (1959) et des tenants du courant évolutionniste (G. Dosi, 1998). Par le développement d’apprentissages de natures diverses (scientifique et technique, organisationnelle…) à différents endroits de l’entreprise (laboratoire de R&D mais aussi atelier de production et de conception, réseau de commercialisation…), cette dernière produit des connaissances qui tracent, par cumul, des trajectoires technologiques dans lesquelles les entreprises avancent par innovations incrémentales, qui lui permettent de changer de trajectoire (innovation majeure) ou de paradigme (innovation de rupture).

Cela implique alors

1. de revoir le credo politique sur la recherche fondamentale comme seul pourvoyeur de connaissances pour l’innovation ;

2. de prendre conscience qu’innover n’est pas seulement le fait des grands groupes, mais que la croissance économique repose aussi sur les PME;

3. d’identifier les lieux et modalités d’innovation à fin d’accroître la propension à innover des entreprises en définissant des instruments d’action publics adaptés à chaque situation.

6.5 Les technologies de l’information et de la communication TIC

Dans le document Processus technopolitain et métropolisation (Page 105-109)