• Aucun résultat trouvé

Un cocktail : des ingrédients, mais pas de recette proprement dite : Dire technopole décrit systématiquement un territoire innovant, synergique et

compétitif dans lequel on trouve le cocktail devenu classique formation, recherche, production. Ces trois dynamiques qui coexistent dans un seul et même espace, génèrent sous des airs de fertilisation croisée de nouvelles technologies, puisque chaque dynamique conforte la présence de l’autre, et aide au transfert technologique moyennant la matière grise comme matière première par excellence117.

Pour donner naissance aux dynamiques fusionnelles, spatialement encrées dans un territoire ou se meut la connaissance, d’une entité à une autre, il doit subsister quelques ingrédients dont la dose dépend des caractéristiques territoriales locales. Quelques prétendus spécialistes diront : une petite dose de capital, le plus souvent fourni par le gouvernement, associée à une université, le tout mélangé à des facilitations fiscales et institutionnelles en but d’attirer les boites de haute technologie, ainsi que l’appui aux petites entreprises. Les ingrédients désormais mélangés sont disposés sur un terrain verdoyant, auquel on attribuera un nom futuriste, le tout recouvert d’une brochure glacé aux allures alléchantes et incitatives. Laisser mijoter le tout, épicer avec un travail d’acteurs, et se donner le temps de voir le volume des entreprises augmenter, et savourer dans la lenteur, l’évolution de la mixture.

C’est bien beau, mais réunir ces ingrédients, de la manière citée ne signifie pas forcement que le cocktail sera réussi. Le monde est aujourd’hui semé de villes ou la tentative échouée des technopoles, a laissée des ruines modernes, et inutiles. Le montage du projet technopolitain est une opération complexe, qui demande la mise en place de quelques mécanismes, à manipuler minutieusement, au risque d’aboutir à un vide virtuel. Fabriquer une image de marque et une idéologie de haute technologie semble être des ingrédients très importants pour être compétitif, et s’assurer de l’innovation constante, valeur difficilement contrôlable.

Dans tous les cas, on ne peut copier un modèle de technopole, chaque technopole est une création dont le produit final subit lourdement le poids des contraintes locales, qu’elles soient économiques ou culturelles, avec lesquelles ses acteurs

117

doivent composer118. Le point de départ serait une analyse correcte des besoins et des potentialités locales, en vue de créer des systèmes solidaires sur la base des territoires usant des nouvelles technologies.

Comment le définir ? 

Le projet technopolitain est un type particulier de projet urbain, qui a pour but la promotion de l’industrie high-tech dans une métropole donnée, le plus souvent impulsé par l’Etat. L’Etat faisant partie de la sphère institutionnelle, est un des acteurs principaux du processus, acteur qui en plus d’impulser la création des technopoles, les finance, en en faisant une question politique d’importance nationale. Les changements économiques et le passage à la globalisation et à l’économie de la connaissance, poussent à réfléchir de nouvelles temporalités urbaines, et de nouvelles manières d’agir sur la ville, avec d’avantages de mobilisations d’acteurs et d’efforts de concertation, tenant compte des représentations que peut avoir chacun des acteurs, de la ville. Les technopoles sont des phénomènes métropolitains impulsés par des projets, qui font que la métropole soit grandement tributaire de l’industrie des hautes technologies.

5.1 Projeter et construire ses technopoles :

Etablir les objectifs est indiscutablement la première chose à faire dans le but de générer une (e) technopole. Il n’existe cependant guère plus de trois perspectives qui s’offrent en matière de politique technopolitaine119 :

o Développer une politique nationale visant à créer de nouvelles industries o Régénérer une région qui stagne ou décline

o Développer un milieu propice à l’innovation

On pourrait à première vue, croire que ces objectifs se rejoignent ou se confondent, au risque de les confondre, car stratégiquement, leurs objectifs pourraient s’avérer complètement contradictoires :

Une politique industrielle nationale irait dans la capitale d’un pays en voie de développement comme le notre, ou relativement, les forces de travail, les mieux qualifiées, et les infrastructures les plus développées sont d’ors et déjà concentrées, injecter les technologies avancées importées, creusant d’avantage le fossé entre la

118

Jacques De Certaines. La fièvre des technopoles, P13, 1988.

119

capitale et les régions. Ce choix n’aide point les régions à avancer, et ne favorise guère, la création de milieux innovateurs en leur sein.

En second lieu, une politique régionale dans le même type de pays, pourraient être à la fois une entrave et un ralentisseur à l’industrialisation de ces derniers, et ce, en déviant les ressources des régions ou elles auraient pu être les plus efficacement utilisées, vers des régions au rendement critique bien inférieur.

Pour finir, tenter de créer un milieu innovateur, pourrait générer un lent processus de création d’une université ou d’instituts de recherche plus important, et à portée plus étendue, qui contribuerait au développement d’un processus d’industrialisation nationale, ou au développement régional à court ou même à moyen terme.

Le choix d’une de ces trois options, et l’établissement d’une priorité demeure indispensable, ça ne doit en aucun cas être du tout au rien. Un choix entre les priorités nationales ou régionales, et entres les priorités du court ou moyen terme, doit être fait, et ce choix aura des implications sur les différents aspects de la construction du projet technopolitain aussi bien sur :

o La politique locale ;

o La relation à la stratégie de développement global ; o L’investissement dans les infrastructures associées.

5.2 Etablir une stratégie globale de développement basée sur

l’innovation :

A fin de répondre aux exigences de la mondialisation et aux défis auxquels doivent faire les régions dans un contexte de compétition, le territoire qui vise la création de technopole se doit d’établir une stratégie basée sur l’innovation. Une stratégie qui tienne compte du contexte local (économique, social, scientifique et technologique) en s’appuyant sur les problèmes, les enjeux, et la situation. La stratégie adopté doit tenir compte à la fois du moyen/ long terme120 sans écarter le court/moyen terme121. Une stratégie globale est une stratégie qui, en plus de considérer l’innovation, le transfert technologique et les compétences, intègre les problèmes liés à

120

Réflexion à 10-20 ans, car la transformation du tissu économique locale ne peut se faire à échéance plus courte.

121

Réflexion à 2-5ans, d’une part les élus (locaux ou nationaux) tiennent compte d’un calendrier électoral, de fait leur stratégie définit les objectifs stratégiques du projet. D’autre part, il faut vite concrétiser les actions, pour prouver que le comité de pilotage qui conduit l’opération ne reste pas au stade du concept.

l’environnement, l’urbanisme, et la qualité architecturale, mais aussi ceux liés la cohésion sociale la politique culturelle et surtout à la liaison travail-résidence/habitat. La stratégie qui repose sur l’innovation vise à introduire les nouvelles technologies, ainsi qu’une nouvelle culture entrepreneuriale dans le tissu économique local, entrainant la mise en place d’instruments spécifiques. Il existe 3 hypothèses liées :

• On peut choisir de favoriser l’innovation et le transfert technologique à destination du tissu productif local : trois démarches doivent être faites.

o La première consiste en l’identification des mécanismes de l’innovation et de transfert,

o La seconde consiste en l’identification des secteurs prioritaires o La troisième concerne les produits immobiliers en aval.

• On peut aussi favoriser la création de nouvelles entreprises innovantes ;

• Tout comme on attirer les entreprises extérieures étrangères à bon niveau technologique :

o Faire l’inventaire des primes existantes ;

o Offrir des primes spécifiques au site considéré en cas de carence ; o Envisager la négociation de packages tarifaires avec l’administration

des télécommunications.

5.3 Formaliser un partenariat entre les principaux acteurs

5.3.1 Qui sont les acteurs et quels sont leurs rôles ?

Les territoires désireux d’accueillir des technopoles en leur sein, font face à une pluralité d’acteurs, et doivent répondre à certaines conditions. Ces acteurs peuvent être privés, ou publics, et sont tous aussi importants les uns que les autres dans le montage du projet.

Le maximum d’acteurs doit être sensibilisé, lors de l’étude de l’étude de faisabilité du projet technopolitain, quand son utilité à la définition de la stratégie ainsi qu’à sa mise en œuvre. Le nombre d’acteurs diminuera sensiblement à mesure que le processus avance, et que les grandes lignes du projet se dessinent, en final, seul le groupe plus ou moins cohérent prendra en charge la réalisation du projet.