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Estimations par variable instrumentale de l’effet d’avoir plus de deux enfants sur l’offre de travail des mères

Conciliation entre vie familiale et vie professionnelle : l’effet du congé parental

6.4 L’impact de la fécondité sur l’activité des mères

6.4.3 Estimations par variable instrumentale de l’effet d’avoir plus de deux enfants sur l’offre de travail des mères

Nous reportons dans le tableau 6.5 les résultats des estimations par les moindres carrés ordinaires et les doubles moindres carrés (équation 6.2). Les résultats complets (incluant les coefficients estimés des autres variables explicatives) sont disponibles en annexe 6.2. Le taux d’activité des mères de notre échantillon est plus important lorsque les mères ont eu leur deuxième enfant avant juillet 1994 (56,4%) qu’après (52,6%) ; et lorsqu’elles sont en emploi, les mères qui ont eu leur deuxième enfant avant 1994 travaillent en moyenne un plus grand nombre d’heures par semaine (34 contre 33).

Tableau 6.5 - Effet d’avoir plus de deux enfants sur l'offre de travail des mères

MCO DMC

Même sexe MCO

DMC Même sexe -0,174*** (0,028) -0,276 (0,602) -0,02 (2,37) 4,04 (46,35) -0,337*** (0,009) -0,518** (0,245) -0,78* (0,42) -10,66 (13,48) 23407 23407 7730 7730

Variable dépendante: Participation au marché du travail Heures / semaine

Technique d'estimation: 2ème enfant né >= 1994

2ème enfant né < 1994

N

Degré de significativité : * : 10% ** : 5% *** : 1%

CHAMP :femmes en couple âgées de 21 à 35 ans ayant au moins deux enfants et dont au moins un des trois premiers enfants a moins de trois ans.

NOTE : les écarts-types sont indiqués entre parenthèses et corrigés des corrélations spatiales et sérielles potentielles. Les autres explicatives sont les indicateurs d'âge, d'âge à la 1ère naissance, la différence d’âge entre les deux aînés, le sexe du premier et du deuxième enfant, le statut d’immigration, le diplôme et des effets fixes annuels. L'effet principal de l'Allocation parentale d’éducation de rang deux est aussi inclus dans l'équation. SOURCE :enquêtes Emploi 1990-1998, Insee.

La première ligne du tableau 6.5 donne le coefficient de la variable d’interaction entre ‘plus de 2 enfants’ et ‘ape2’, et la deuxième ligne donne le coefficient de la variable d’interaction entre ‘plus de 2 enfants’ et ‘1-ape2’ pour les différentes méthodes d’estimation et variables d’offre de travail. Les résultats des moindres carrés ordinaires indiquent que quelle que soit la date de naissance du second enfant, les mères de plus de deux enfants participent moins au marché du travail que les mères de deux enfants. Lorsque le second

enfant est né après juillet 1994, les effets de la fécondité sur l’offre de travail sont plus faibles que lorsqu’il est né avant, mais restent significativement négatifs au seuil de 1%. Après la réforme, lorsque toutes les mères de notre échantillon peuvent prétendre à l’Allocation parentale d’éducation, la participation au marché du travail des mères de plus de deux enfants est inférieure de 17,4 points à celle des mères de deux enfants. Avant la réforme, c’est-à-dire lorsque les mères d’au moins trois enfants pouvaient bénéficier de l’Allocation parentale d’éducation pour leur troisième enfant, alors que les mères de deux enfants n’étaient pas éligibles, elle était inférieure de 33,7 points. Lorsqu’elles sont en emploi, le nombre d’heures travaillées par les mères de trois enfants ou plus est inférieur à celui des mères de deux enfants avant la réforme seulement. Ces estimations ne donnent pas l’évolution de l’effet causal de la fécondité sur l’offre de travail des mères mais simplement l’évolution de la corrélation. Lorsque nous mesurons l’élasticité de l’offre de travail des mères par rapport au nombre d’enfants à un moment où elles sont dans les mêmes conditions (après la réforme), la corrélation entre avoir plus de deux enfants et l’offre de travail des mères est réduite. Ceci confirme l’analyse graphique : toutes choses égales par ailleurs, la situation des mères de deux enfants sur le marché du travail est alors plus proche de celle des mères de plus de deux enfants.

Les estimations par variable instrumentale (deuxième et quatrième colonne) donnent l’effet causal de la fécondité sur l’offre de travail des mères lorsque ‘même sexe’ est utilisé comme instrument. Lorsque le deuxième enfant est né avant juillet 1994, avoir plus de deux enfants affecte négativement la probabilité d’activité des mères (-51,8 points) alors que s’il est né après, l’impact d’une troisième naissance sur leur probabilité d’activité est négligeable. L’effet d’avoir plus de deux enfants sur les heures travaillées est non significatif avant et après la réforme, mais l’estimation est très imprécise. La non significativité de ces résultats pourrait provenir du fait que l’échantillon des mères en emploi (ayant un second ou troisième enfant de moins de trois ans) est trop petit pour identifier l’effet de la fécondité sur les heures travaillées ou du fait que la fécondité n’aurait pas d’effet causal sur les heures travaillées soit parce que lorsque les mères sont en emploi, avoir plus de deux enfants ne les conduit pas à vouloir réduire leurs heures de travail, soit parce que le nombre d’heures travaillées résulte d’une négociation avec l’employeur. Dans le chapitre 4, nous trouvons qu’avoir plus de deux enfants impacte négativement le nombre d’heures travaillées par les mères en emploi. Par conséquent, il est plus vraisemblable que la non significativité des résultats obtenus dans cette section soit due au nombre plus faible d’observations.

Globalement, les estimations par les doubles moindres carrés vont dans le même sens que les estimations par les moindres carrés ordinaires : avant la réforme, avoir plus de deux enfants entraîne une réduction de l’activité des mères, tandis qu’après la réforme, la réduction est plus faible voire nulle. L’impact d’avoir plus de deux enfants sur l’activité des mères net de l’effet de l’Allocation parentale d’éducation est donc nul.

Les mères qui ont eu leur deuxième enfant après l’extension de l’Allocation parentale d’éducation ne réduisent pas leur participation au marché du travail au moment du passage de deux à plus de deux enfants. Autrement dit, lorsqu’une mère a pu bénéficier de l’Allocation parentale d’éducation pour son deuxième enfant, la naissance d’un troisième enfant n’engendre pas de retrait supplémentaire du marché du travail. Ainsi, il apparaît que l’effet négatif de la fécondité sur l’activité des mères d’avant la réforme provienne davantage du fait que les mères de deux et trois enfants avaient des incitations financières différentes à quitter le marché du travail.

6.4.4 L’effet d’avoir plus de deux enfants sur l’offre de travail des mères a-t-