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sélectif et positionnement critique et méthodologique

1.3 Approches littéraires

1.3.1 Théories de la lecture

1.3.1.3 Esthétique de l’effet – Wolfgang Iser

Wolfgang Iser propose une esthétique de l’effet (Wirkungsästhetik) qui est élaborée à partir de l’effet que produit l’œuvre sur le lecteur. Ainsi, ce ne sont plus les liens entre l’auteur et l’œuvre mais les liens entre le texte et le lecteur qui sont au centre de l’intérêt. À citer parmi ses travaux principaux sont notamment son discours inaugural Die Appellstruktur des Textes167en 1969, publié en France sous le titre L’appel du texte : l’indétermination comme condition d’effet esthétique

de la prose littéraire168 en 2012, Der implizite Leser169 (Le lecteur implicite) en 1972, et Der Akt des Lesens: Theorie ästhetischer Wirkung170 en 1976 qui est publié sous le titre L’acte de lecture : théorie de l’effet esthétique171 la même année.

Dès Die Appellstruktur des Textes, Iser cherche à comprendre comment un texte se réalise à travers la lecture en mettant en exergue la structure du texte littéraire qui incite le lecteur à s’impliquer et à délivrer le sens du texte. Tandis que Jauss propose une perspective sur la dimension historique de la réception, Iser s’interroge sur l’effet qu’un texte peut avoir sur un lecteur particulier. Sa conception du lecteur est un lecteur implicite, c’est-à-dire présupposé du texte et celui-ci organise et dirige la lecture. Cette direction est déductible du texte et valable pour tout lecteur. Toutefois, il importe de faire la différence entre la constitution du sens qui est identique par le parcours de lecture imposé et puis

166. Ibid., p. 269. La version allemande : « Bestimmt man den Werkcharakter als Konvergenz

von Text und Rezeption, mithin als eine dynamische, im historischen Wandel ihrer Konkretisa-tion faßbaren Struktur, so kann Wirkung unschwer von RezepKonkretisa-tion abgegrenzt werden. Wirkung benennt dann das vom Text bedingte, Rezeption das vom Adressante bedingte Element der Konkretisation und Traditionsbildung. Die Wirkung eines Kunstwerks setzt den Anstoß (oder: die Ausstrahlung) des Textes, aber auch die Disposition (oder: die Aneignung) des Adressaten voraus. » Jauss, Ästhetische Erfahrung und literarische Hermeneutik, op. cit., p. 738.

167. Wolfgang Iser, Die Appellstruktur der Texte Unbestimmtheit als Wirkungsbedingung

literarischer Prosa, Constance : Druckerei und Verlagsanstalt Konstanz Universitätsverlag, 1970,

isbn : 978-3-87940-003-4.

168. Wolfgang Iser, L’appel du texte : l’indétermination comme condition d’effet esthétique

de la prose littéraire, trad. par Vincent Platini, Paris : Éditions Allia, 2012, isbn :

978-2-84485-575-6.

169. Wolfgang Iser, Der implizite Leser : Kommunikationsformen des Romans von Bunyan

bis Beckett, Munich : Fink, 1972.

170. Wolfgang Iser, Der Akt des Lesens : Theorie ästhetischer Wirkung, UTB 636, Munich : Fink, 1976, isbn : 978-3-7705-1390-1.

171. Wolfgang Iser, L’acte de lecture : théorie de l’effet esthétique, trad. par Evelyne Sznycer, Bruxelles : Mardaga, 1976, isbn : 2-87009-217-2.

le rapport au sens qui est différent, car correspondant à une réaction personnelle du lecteur. Iser pose le point de départ de sa réflexion dès le premier paragraphe de l’avant-propos de la première édition de Der Akt des Lesens et qui est repris dans la traduction française :

Dès lors qu’un texte littéraire ne peut agir tant qu’il n’a été lu, il est impossible d’en décrire l’effet sans analyser le processus de sa lecture. Si nous avons consacré ce travail à la lecture, c’est que cet acte fait découvrir les processus mis en œuvre par le texte littéraire. Au cours de la lecture se produit un travail de transforma-tion du texte qui se réalise par la mise en œuvre de certaines facultés humaines. Il s’ensuit un effet du texte qui ne peut être étudié ni dans le texte seul ni dans le seul comportement du lecteur; le texte est un potentiel d’action que le procès de la lecture actualise172.

Il revient sur cette position pour expliquer sa perspective orientée sur le lecteur qui effectue la concrétisation du texte par sa lecture. Cette concrétisation transforme le texte en œuvre :

De ce fait, le texte n’existe que par l’acte de constitution d’une conscience qui la reçoit, et ce n’est qu’au cours de la lecture que l’œuvre acquiert son caractère particulier de processus. […] L’œuvre est ainsi la constitution du texte dans la conscience du lecteur173.

Pour Iser, il ne s’agit plus seulement de déchiffrer le sens d’un texte mais les potentiels de signification, les stratégies d’interprétation adoptées par les lecteurs.

Le lecteur contemporain est, d’après Iser, « difficile à concevoir comme une construction devant permettre des généralisations174. » La prise en compte du lecteur contemporain aide certes à reconstruire une histoire de la réception, mais il pose problème dès qu’il n’y a plus de témoignages des expériences de lecture. Dans ce cas, il est à reconstruire à partir des textes eux-mêmes. Désormais, grâce aux échanges littéraires en ligne, les traces et les témoignages de lecture sont plus accessibles que jamais.

172. Ibid., p. 13. La version allemande : « Da ein literarischer Text seine Wirkung erst dann

zu entfalten zu vermag, wenn er gelesen wird, fällt eine Beschreibung dieser Wirkung weitge-hend mit einer Analyse des Lesevorgangs zusammen. Deshalb steht das Lesen im Zentrum der folgenden Überlegungen, denn in ihm lassen sich die Prozesse beobachten, die literarische Texte auszulösen vermögen. Im Lesen erfolgt eine Verarbeitung des Textes, die sich durch bestimmte Inanspruchnahmen menschlicher Vermögen realisiert. Wirkung ist daher weder ausschließlich im Text noch ausschließlich im Leseverhalten zu fassen ; der Text ist ein Wirkungspotential, das im Lesevorgang aktualisiert wird. » Les citations allemandes sont toutes issues de Wolfgang

Iser, Der Akt des Lesens : Theorie ästhetischer Wirkung, 4ème édition, UTB 636, Munich : Fink, 1994, isbn : 978-3-7705-1390-1, p. 7.

173. Ibid., p. 49. La version allemande : « Der Text gelangt folglich erst durch die

Konstitutions-leistung eines ihn rezipierenden Bewußtseins zu seiner Gegebenheit, so daß sich das Werk zu sei-nem eigentlichen Charakter als Prozeß nur im Lesevorgang zu entfalten vermag. […] Das Werk ist das Konstituiertsein des Textes im Bewußtsein des Lesers. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit.,

p. 39.

174. Ibid., p. 61. La version allemande : « als notwendige Konstruktion für generalisierende

Résumant les intérêts de connaissance de trois autres types de lecteur (archi-lecteur, lecteur informé, lecteur visé), Iser conclut que les théories littéraires ne semblent plus pouvoir se priver d’inclure le lecteur :

Dans ces différents concepts de lecteur, on trouve d’ailleurs différentes fonctions, selon ce que l’on cherche à démontrer. L’archilecteur est un concept test qui sert à déterminer le fait stylistique, en fonction de la densité du texte. Le lecteur informé est un concept pédagogique qui vise, par l’auto-observation des réactions déclenchées par le texte, à améliorer l’information, et dès lors la compétence du lecteur. Enfin, le lecteur visé est une reconstruction conceptuelle qui présente les dispositions historiques du public, cible de l’auteur. En dépit de la diversité de leurs intentions, ces trois modèles ont un dénominateur commun. Ils doivent mener au dépassement de la stylistique structurale, de la grammaire transformationnelle générative et de la sociologie de la littérature, ce qui permet l’intervention du lecteur. Une théorie des textes littéraires semble bien ne plus pouvoir se passer du lecteur175.

Il clarifie ensuite le type de lecteur dont il sera question dans son travail : le

lecteur implicite. Le lecteur implicite n’a pas d’existence réelle, car « il incorpore

l’ensemble des orientations internes du texte de fiction pour que ce dernier soit tout simplement reçu176. » Le concept du lecteur implicite désigne une structure du texte qui prévoit le lecteur177. Ce lecteur prévu et proposé par le texte n’est pas une abstraction d’un lecteur réel mais la condition d’une tension entre le lecteur réel et le rôle qui lui est prévu par le texte178. Comme le rôle du lecteur prévu et le lecteur réel ne peuvent jamais être complètement identiques, chaque lecture sera réalisée historiquement et individuellement différente selon les prédispositions de chaque lecteur réel et les sélections qu’il entreprend179. Comme les sélections de chaque lecteur sont une actualisation de la structure prévue par le texte, cette structure est une référence pour comprendre la réception individuelle de façon intersubjective180. Il résume le lecteur implicite de la façon suivante : « le concept de lecteur implicite est un modèle transcendantal qui permet d’expliquer

com-175. Ibid., p. 69. La version allemande : « In den genannten Leserkonzepten bekunden sich

unterschiedliche Erkenntnisinteressen. Der Archileser ist ein Testkonzept, das dazu dient, in der wechselnden Encodierungsdichte des Textes das stilistische Faktum zu ermitteln. Der in-formierte Leser ist ein Lernkonzept, das darauf abzielt, über die Selbstbeobachtung der vom Text ausgelösten Reaktionsfolge das ‘Informiertsein’ und damit die Kompetenz des Lesers zu steigern. Der intendierte Leser schließlich ist ein Rekonstruktionskonzept, das es erlaubt, jene historischen Publikumsdispositionen freizulegen, auf die der Autor hinzielte. Bei aller Verschie-denheit der Absichten besitzen die drei Vorschläge einen gemeinsamen Nenner. Sie verstehen ihr jeweiliges Konzept als Möglichkeit, die begrenzte Reichweite der strukturalen Stilistik, der generativen Transformationsgrammatik sowie der Literatursoziologie durch die Einführung des Lesers zu überschreiten. […] Eine Theorie literarischer Texte vermag ohne die Einbeziehung des Lesers offensichtlich nicht mehr auszukommen. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 60.

176. Ibid., p. 70. La version allemande : « er verkörpert die Gesamtheit der Vororientierungen,

die ein fiktionaler Text seinen möglichen Lesern als Rezeptionsbedingungen anbietet. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 60.

177. Voir Wolfgang Iser, Der Akt des Lesens : Theorie ästhetischer Wirkung, 4ème édition, UTB 636, Munich : Fink, 1994, isbn : 978-3-7705-1390-1, p. 61.

178. Voir ibid., p. 64. 179. Voir ibid., p. 65. 180. Voir ibid., p. 65-66.

ment le texte de fiction produit un effet et acquiert un sens. Il désigne le rôle de lecteur imposé dans le texte, d’où le dédoublement structure du texte/structure d’action181 » et il « circonscrit un processus de transfert des structures textuelles via les actes de représentation dans la somme des expériences du lecteur182. » Après son introduction et sa définition du lecteur implicite en relation avec les autres types de lecteur, il expose son idée du caractère de la lecture et l’événement qui se produit dans celle-ci.

Iser explique sa conception du texte fictionnel comme relais entre le lecteur et la réalité communiquée, car son modèle du texte est situé entre deux jonctions : entre le texte et la réalité, ainsi qu’entre le texte et le lecteur. La relation entre le texte et le lecteur est dynamique : « C’est ainsi que le texte et le lecteur sont impliqués dans une situation dynamique qui ne leur est pas imposée d’avance, mais qui s’établit dans le processus de la lecture en tant que condition d’une compréhension du texte183. »

Pour amener le lecteur à la réalisation de l’œuvre, le texte doit proposer des éléments (un répertoire) et des stratégies :

Il s’agit à présent de différencier la notion de discours, employée jusqu’ici de façon générale, des éléments propres au texte. Nous appellerons désormais ‘répertoire’ : l’ensemble des conventions nécessaires à l’établissement d’une situation; ‘straté-gie’ : les procédures acceptées; et ‘réalisation’ : la participation du lecteur184.

181. Idem, L’acte de lecture, op. cit., p. 75. La version allemande : « Das Konzept des

im-pliziten Lesers ist ein transzendentales Modell, durch das sich allgemeine Wirkungsstrukturen fiktionaler Texte beschreiben lassen. Es meint die im Text ausmachbare Leserrolle, die aus einer Textstruktur und einer Aktstruktur besteht. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 66.

182. Idem, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 76. La version allemande : « Das Konzept des

im-pliziten Lesers umschreibt daher einen Übertragungsvorgang, durch den sich die Textstrukturen über die Vorstellungsakte in den Erfahrungshaushalt des Lesers übersetzen. », Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 67.

183. Idem, L’acte de lecture, op. cit., p. 124. La version allemande : « Folglich sind Text und

Leser in einer dynamischen Situation miteinander verspannt, die ihnen nicht vorgegeben ist, sondern im Lesevorgang als Bedingungen der Verständigung mit dem Text entsteht. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 111.

184. Ibid., p. 128. La version allemande : « Die bisher pauschal gebrauchte Rede von den

Elementen des Textes gilt es nun in einem Schritt zu differenzieren. Die für das Erstellen einer Situation notwendigen ‘Konventionen’ sollen im folgenden als das Repertoire, die ‘akzeptierten Prozeduren’ als die Strategien und die ‘Beteiligung’ des Lesers als die Realisation bezeichnet werden. » Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 115.

Le répertoire185 du texte ainsi que l’initiation de l’acte de compréhension du lecteur sont organisés par des stratégies186 du texte. Les répertoires et les stratégies du texte gardent le potentiel à portée de main, mais c’est toujours le lecteur qui les actualise et transfère le texte dans sa conscience. Un processus et une interaction entre texte et lecteur a donc lieu. Constatant cette interaction, Iser désigne le texte comme règle du jeu qui permet une productivité du lecteur et c’est cette productivité qui rend le plaisir à la lecture187.

Le lecteur réagit à quelque chose qu’il a produit lui-même et c’est cette réac-tion qui lui laisse ressentir le texte comme un événement. Cette implicaréac-tion dans le texte, qui est nécessaire pour nous le rendre présent, implique que le lecteur ne sait pas ce qui lui arrive dans sa participation. L’implication peut donc déclen-cher le besoin de parler de cette expérience : « C’est la raison pour laquelle nous éprouvons toujours le besoin de parler des textes que nous avons lus, et cela moins pour nous en distancier que pour comprendre, par cette distanciation, ce dans quoi nous sommes impliqués188. » Ce qui chez Barthes est désir d’écrire après une lecture, devient besoin d’écrire ou de parler de l’œuvre lue et de l’expérience faite. Les réseaux sociaux numériques et les plateformes de communautés de lecteurs et lectrices donnent alors l’opportunité de répondre à ce besoin de manière publique et même quand le lecteur ou la lectrice n’ont pas de destinataire de ce discours sur la lecture dans leur entourage immédiat.

En faisant l’expérience du texte, le lecteur fait une expérience tout en étant conscient de ses conditions, ce qui constitue la particularité de l’expérience es-thétique et la rend transcendantale selon Iser189 : « L’aptitude à s’apercevoir soi-même dans un processus auquel on participe est un moment central de l’expé-rience esthétique. Le lecteur se trouve alors dans cette situation toute particulière où il voit ce dans quoi il est impliqué190. » En s’observant pendant le traitement, l’expérience esthétique apporte une pertinence pratique dans la vie du lecteur.

185. Le répertoire du texte renvoie à des normes et valeurs extra-textuelles (historiques et socio-culturelles) et à des textes antérieurs qui, en étant détachés de leurs contextes, construisent de nouvelles relations au sein du texte que le lecteur doit découvrir et s’expliquer en commu-niquant ainsi avec le texte. Voir idem, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 115-124. Selon l’état des connaissances du lecteur et sa coïncidence avec les éléments du répertoire, ainsi que la mo-tivation du lecteur de les faire coïncider, la participation du lecteur est plus ou moins élevée. On constate par exemple dans certaines critiques de l’échantillon les lacunes concernant ces éléments et la motivation de les combler ou l’ennui provoqué par la non-volonté de se prêter au jeu.

186. Iser distingue entre les stratégies organisant le répertoire du texte par rapport au système de référence (relation extérieure) et les stratégies organisant les éléments par rapport à eux-mêmes (relation intérieure).

187. Voir Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 176.

188. Idem, L’acte de lecture, op. cit., p. 238. La version allemande : « Deshalb verspüren wir

auch immer wieder das Bedürfnis, über gelesene Texte zu reden – weniger, um uns von ihnen zu distanzieren, als vielmehr, um in solcher Distanz das zu begreifen, worin wir verstrickt waren »,

Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 214.

189. Voir idem, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 217.

190. Idem, L’acte de lecture, op. cit., p. 242. La version allemande : « Sich im Vorgang der

L’autre versant de l’activité de compréhension d’un texte sont les synthèses passives qui se réalisent en-dessous de la conscience lors de l’acte de lecture. Leur mode central est l’imagination ayant un caractère d’image et affectant le lecteur. Iser souligne que la projection créant l’image part du lecteur, mais qu’elle est dirigée par le texte191. Iser profite du terme d’image pour expliquer pourquoi une image (une perception optique) d’une adaptation cinématographique qui est pourtant plus précise que notre image imaginée nous semble plus pauvre : l’acti-vité de composition nécessaire dans la lecture192. L’imagination a une influence affective sur le lecteur :

Si les objets que l’on imagine au cours de la lecture se caractérisent par le fait de donner une présence à ce qui n’est pas donné ou à ce qui est absent, cela veut dire que nous nous trouvons face à une représentation, c’est vivre une irréalisation. La représentation implique l’irréel puisqu’elle nous ôte à la réalité en devenant objet de nos préoccupations. On parle souvent de fuite hors de la réalité à propos de littérature, alors qu’il ne s’agit jamais que de processus d’irréalisation vécu lors de la lecture. Si un texte de fiction ôte le lecteur à sa réalité, ne fût-ce que pendant la durée de la lecture, et ceci grâce aux images mentales qu’il éveille en lui, il est tout à fait logique qu’au terme de ce processus un réveil se produise. […] L’irréalisation du texte fait qu’au retour dans le monde réel, celui-ci apparaît comme une réalité observable193.

La communication entre texte et lecteur ne peut fonctionner que de façon contrôlée à partir de commandes dans le texte194. Iser définit les lieux

d’indé-termination (Leerstellen) du texte comme régulateurs de l’activité d’imagination

du lecteur195 et comme condition pour la communication196. Ces lieux

d’indéter-mination, qui ne sont pas des lacunes de détermination mais des joints ou des

jonctions entre des segments de texte et non à combler mais à combiner par le lecteur, se trouvent au niveau du répertoire et des stratégies du texte à la fois197.

es gewährt einen eigentümlichen Zwischenzustand: man sieht sich zu, worin man ist », Iser, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 218.

191. Voir idem, Der Akt des Lesens, op. cit., p. 219-222. 192. Voir ibid., p. 225.

193. Idem, L’acte de lecture, op. cit., p. 254. La version allemande : « Charakterisieren sich

die von uns im Lesen gebildeten Vorstellungsgegenstände dadurch, daß sie Abwesendes bzw. Nicht-Gegebenes zur Präsenz bringen, so besagt dieses immer zugleich, daß wir in der Präsenz des Vorgestellten sind. Ist man aber in einer Vorstellung, so ist man nicht in der Realität. In der Gegenwart einer Vorstellung zu sein, bedeutet daher stets, eine gewisse Irrealisierung zu erleben; denn eine Vorstellung ist insofern eine Irrealitätssetzung, als ich durch sie mit etwas beschäftigt bin, das mich aus der Gegebenheit meiner Realität heraushebt. Deshalb spricht man auch oft von den Fluchtreaktionen, die die Literatur zu gewähren scheint, und qualifiziert damit häufig nur jenen in der Lektüre geschehenden Vorgang der Irrealisierung. Wenn nun ein fiktiver Text über die von ihm hervorgerufene Vorstellungen den Leser zumindest für die Dauer der Lektüre irrealisiert, so ist es nur folgerichtig, wenn am Ende eines solchen Vorganges ein ‘Erwachen’ stattfindet. […] Vielmehr gestattet uns die vom Text verursachte Irrealisierung, daß uns nach der Rückkehr die eigene Welt wie eine beobachtbare Realität erscheint. » Iser, Der Akt des Lesens,