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Huit praticiens devant une pratique

4.3. Les entretiens de recherche

Pour répondre à nos interrogations, nous avons pris la voie de la recherche qualitative, le but n¶étant pas de faire des statistiques mais bien de « faire parler » les enseignants sur leurs pratiques pour, dans un deuxième temps, comparer OHXUV PDQLqUHV G¶H[SULPHU OHXUs représentations. Le type de recherche que nous avons mené s¶inscrit dans le courant de la théorisation ancrée (Glaser & Strauss, 1967/2010). Cela signifie que nous n¶élaborons pas d¶hypothèses au départ et que nous allons sur le terrain en suspendant au maximum nos a

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priori. Cette recherche qualitative se présente comme une démarche suscitant des idées, des conceptions et des hypothèses. Elle nous a permis d¶obtenir des témoignages, des ressentis, des raisonnements, etc. Lors d¶une recherche qualitative, les entretiens sont, en principe, semi-structurés ou non structurés ; basés sur un guide d¶entretien plus ou moins flexible. Ce guide d¶entretien est élaboré en fonction du sujet traité et des informations que l¶on cherche à obtenir. Il s¶agit donc d¶un canevas permettant de garder le contrôle de l¶entretien, de le diriger, de le recadrer si nécessaire, mais tout en laissant une certaine liberté d¶expression à la personne interrogée. Les idées qui émergent des différents entretiens sont ensuite comparées afin de déterminer d¶éventuelles régularités ou variations.

Pour notre recherche, nous avons donc choisi la voie de l¶entretien semi-dirigé, découpé en fonction du visionnement de scènes du film dont nous avons parlé précédemment.

Pour chaque scène, nous posions les questions suivantes :

Questions posées Informations recherchées

Dans cette scène, que pensez-vous de

l¶enseignant ? De son comportement ? De ce qu¶il dit ? De ce qu¶il fait ?

Cette question, nous permettait d¶avoir les réactions « à chaud » de l¶enseignant interrogé et de voir sur quels aspects (gestes, paroles, posture, etc.) il portait son attention en premier lieu. Cela pouvait déjà nous donner quelques indications sur sa conception de l¶autorité.

Que diriez-vous de l¶autorité de François Marin ? En a-t-il ? Beaucoup, peu, pas assez ? Expliquez vos réponses.

Cette question nous permettait de voir ce qu¶est pour eux l¶autorité et par quoi elle se traduit. En interprétant celle de François Marin, nos informateurs expriment ce qu¶ils pensent de la leur.

Quels gestes l¶enseignant fait-il ou quelles paroles prononce-t-il qui vous semblent particulièrement révélateurs de sa conception ou de sa pratique de l¶autorité ? En quoi sont-ils révélateurs ? De quoi sont-ils révélateurs ?

Cette question nous ramène aux gestes, paroles et attitudes professionnels, et aux liens que les enseignants font entre ceux-ci et l¶autorité.

48 François Marin est en interaction avec ses élèves, dans une situation difficile où il cherche à maintenir à la fois l¶ordre et la participation. Que peut-on dire, non pas de son attitude pendant la leçon, mais de la manière dont il a conçu et préparé cette leçon ? Y a-t-il un rapport entre le travail que les élèves doivent effectuer et l¶autorité qu¶exerce ou non l¶enseignant ? Quel rapport ?

Cette question nous sert à comprendre si les enseignants pensent que la manière de préparer et concevoir didactiquement une leçon est liée à la question de l¶autorité, et dans quelle mesure.

Nous sommes deux jeunes chercheuses, mais aussi deux futures enseignantes : en matière d¶autorité dans la classe, quels conseils nous donneriez-vous à partir de la scène que nous venons de voir ensemble ? Pourquoi ces conseils ?

Cette question est d¶ordre plus général. A travers les conseils que nous donnent les enseignants, nous détectons leurs critères cruciaux en WHUPHVG¶DXWRULWp.

Pour chaque entretien, nous avions prévu des relances qui avaient pour but d¶amener l¶interrogé à s¶exprimer davantage au sujet de la question posée.

Pour le premier passage : la scène de l¶explication, nous avions choisi les relances suivantes : 1. Que pouvez-vous dire du fait que François Marin dise qu¶il faut maîtriser le subjonctif

imparfait mais que ce registre est celui des µsnobs¶ ?

2. Que pensez-vous du fait que François Marin dise à Khoumba qu¶il pense aussi qu¶elle va se tromper ?

3. Que pensez-vous de la manière dont il traite les questions des élèves ? 4. Que pensez-vous de sa manière de traiter la question sur sa vie privée ?

Pour le deuxième passage : la scène du charriage

1. Pensez-vous que les élèves ont raison de dire que François Marin µcharrie trop¶ ? Pour le troisième passage : la scène du bras de fer

1. Que pensez-vous de l¶attitude de François Marin face au refus de lire de Khoumba ?

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2. Que pensez-vous du fait qu¶il s¶appuie sur son statut de professeur de français pour imposer de lire à Khoumba ?

A la fin de chaque entretien, nous posions la question suivante :

Pensez-vous que François Marin exerce une « juste autorité » dans la classe ? Si non, qu¶est-ce qu¶une « juste autorité » ? A quoi se reconnait-elle pratiquement ? Est-elle essentielle pour enseigner, ou est-ce un concept dépassé qu¶il faudrait remplacer par une autre idée ? Laquelle ? Pourquoi ?

&HWWH TXHVWLRQ HVW DX F°XU GH QRWUH WUDYDLO GH PpPRLUH 1RXV FKHUFKRQV MXVWHPHQW j VDYRLU comment les enseignants se représentent la pratique d¶une « juste autorité » dans la classe. A travers les réponses données, nous pensons voir d¶une part si, pour eux, ce concept fait sens, d¶autre part comment il V¶H[SULPHFRQFUqWHPHQWen classe.