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Des mains à la parole: méthodes pour une cartographie idéologique du laboratoire autonome

2. Le corpus d’analyse

2.1. Les données premières

2.1.3. Les entretiens

Conduits entre juillet 2013 et juin 201533, les entretiens ont été réalisés en personne pour la vaste majorité, seuls quatre d’entre eux ayant été menés via Skype34. La plupart se sont déroulés dans des lieux publics comme des cafés avec une durée d’environ une heure et demie35.

Chaque entretien fut précédé d’un rappel36 du projet de recherche et de ses objectifs, ainsi que de la présentation des principaux éléments du formulaire de consentement (annexe 1), comme l’assurance d’anonymat et les objectifs de l’enregistrement audio. Après avoir remis au participant le formulaire pour lecture, je l’invitais à demander des éclaircissements le cas échéant. S’ensuivait alors l’explication de la forme de l’entretien ouvert et du déroulement du processus: j’insistais sur le fait que tout l’intérêt était dans les regards personnels posés sur les thèmes de discussion, n’existant donc pas de bonne ou de mauvaise réponse. Je dressais enfin un panorama du cahier de route thématique de l’entretien.

Outre la question consacrée au parcours professionnel de chaque participant/e, le guide d’entrevue comportait six grands thèmes élaborés en fonction de la problématique de recherche, de la littérature sur la DIYbio et des enjeux entourant le domaine biotechnologique de façon plus large. Le premier abordait les intérêts personnels du sujet pour la DIYbio. Le deuxième bloc de questions traitait de l’influence hacker dans la DIYbio, ainsi que de l’usage du terme bio-hacking. Le troisième se penchait sur les questions autour du vivant, invitant le participant à développer sur ses conceptions de la manipulation des organismes vivants, sa vision de la distinction vivant/inerte, ses représentations en matière d’éthique et ses perceptions des rapports entre biotechnologies et

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En réalité, le travail de terrain fut considéré comme achevé en novembre 2014, au moment de la réalisation du vingt- cinquième entretien; à ma surprise, toutefois, en juin 2015, une artiste a répondu positivement à une invitation à participer à la recherche envoyée en 2014, expliquant qu’elle venait de prendre acte dudit message. Comme j’avais pu recruter moins d’artistes que je ne le souhaitais, je n’ai alors pas hésité à la rencontrer pour l’entrevue. Ce contretemps illustre par ailleurs une faiblesse du mode de contact tributaire de Meetup, car selon les paramètres du profil de chaque utilisateur, les messages peuvent rester stockés dans la plateforme plutôt qu’être relayés vers un compte personnel, ce qui pouvait signifier des mois entre l’envoi et la prise de connaissance du message par le participant potentiel.

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Bien que je tinsse aux rencontres face à face, des circonstances particulières ont fait en sorte que quatre des vingt-cinq entretiens se sont effectués via Skype. Le premier impliquait un participant disposé à prendre part à la recherche, mais qui était en rétablissement à la suite d’un accident; la situation s’avérant plus longue que prévue, et la période consacrée au travail terrain touchant à sa fin, je me suis résolue à un échange via Skype. À ma surprise, la qualité de l’entretien a été remarquable, le participant se démontrant profondément impliqué dans ses réponses et à l’aise dans sa prise de parole. Ayant visiblement pris plaisir au jeu, en conclusion de l’entretien, il m’a proposé un recrutement par boule de neige (voir note 26). À mon agréable surprise, les entretiens postérieurs effectués via Skype se sont également fort bien passés, les participants s’exprimant avec beaucoup d’aisance et d’ouverture. Je l’explique notamment du fait que ces participants avaient reçu une recommandation d’y prendre part de l’un de leurs proches amis.

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Les plus courts ont duré une heure, et les plus longs, jusqu’à trois heures (pour des raisons tout à fait exceptionnelles, l’un d’eux s’est réalisé en deux parties à plusieurs mois d’intervalle, pour un total de près de quatre heures).

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Comme je l’ai précisé plus tôt, l’invitation faite via courrier électronique à chaque participant contenait une première esquisse du projet.

biodiversité. La quatrième série de questions mettait en discussion des enjeux sur la science, l’approche de démocratisation scientifique par l’expérimentation, l’éventuelle contribution de la DIYbio à la science, et la place de la responsabilité dans le cadre DIYbio. Le cinquième thème était consacré aux rapports entre la DIYbio et la biologie synthétique. Enfin, le dernier portait sur les perspectives des participants au sujet de piliers socio-techniques de la bio-innovation, tels que le système de brevets, l’alternative source ouverte et l’entrepreneuriat.

Puisque je m’intéressais à différents types d’acteurs du réseau, le contenu du guide a été adapté par l’ajout de certaines questions en fonction des liens d’attachement de chaque population au sein du réseau. Trois versions du guide d’entretien ont résulté de ces ajustements: une pour les fondateurs de groupes DIYbio, une pour les membres profanes de groupes DIYBio (soit sans formation en biotechnosciences), et une pour les universitaires ayant un parcours en biotechnosciences. De plus, des versions en anglais et en français ont été développées pour chaque guide. L’encadré ci-dessous présente le guide de manière à en afficher les trois versions. La vaste majorité des entretiens s’étant déroulés en anglais (sur vingt-cinq, cinq seulement ont été réalisés en français), c’est la version anglaise que l’on voit reproduite.

Encadré - Guide d’entretien en anglais