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Littérature et lecture littéraire : deux concepts

5.2 Les enjeux de la lecture littéraire

Quels sont les atouts que peut procurer la lecture littéraire ? C’est tout un univers construit par le lecteur, à un certain moment il n’est plus lecteur, au contraire il devient le personnage que l’auteur n’a pas inclus dans son histoire, sans pour autant intervenir sur le texte lui-même, c’est un personnage à part entière, et pour preuve, il anticipe sur les actions, devine, réagit, ses sentiments et ses pensées suivent l’action ou les actions, en parallèle du texte (ou l’histoire) il crée son propre univers, dont il est le seul maitre. À propos de mécanismes d’intégration, ou mécanisme de l’activité fictionnalisante modèle de G.Laglande (2001-2002-2003-2004) de la lecture littéraire pour la didactique et, a depuis, été utilisé par de nombreux chercheurs en didactique de la lecture littéraire. Nous citons au passage deux chercheurs G. Langlade et M. Picard dans ce contexte, où ils abordent ce sujet d’une manière précise tout en insistant sur le rôle du lecteur dans un texte littéraire et l’activité fictionnalisante.

Et selon Langlade26 (2008), on ne peut parler de lecture littéraire sans que le lecteur intègre l’univers de l’œuvre et insère à son tour dans celle-ci son propre imaginaire.

‘Cette ‘activité fictionnalisante’ réalisée par le sujet-lecteur est engendrée par divers mécanismes, soit l’activité imageante et auditive, l’investissement axiologique, la production fantasmatique et la réaction esthétique, qui nourrissent tantôt une posture de participation et tantôt une posture de distanciation entrant ainsi dans le va-et-vient de la lecture littéraire’ (Langlade, activité fictionnalisante du lecteur et dispositif de l’imaginaire, Figura, 2008. [2008].

‘Faire une place au sujet – lecteur dans la lecture littéraire est en effet un moyen de redonner du sens personnel et social à un enseignement littéraire trop marqué par le formalisme et la technique’, M. Picard27 [1986], ‘La lecture comme feu’

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Langlade Gérard, Langlade Gérard , activité fictionnalisante du lecteur et dispositif de l’imaginaire, Figura, N° 20 2008. Langlade, dans Enseigner et apprendre la littérature aujourd'hui, pour qui faire ? Sens, utilité, évaluation, sous

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Cependant, comme nous le savons tous, rares sont nos apprenants qui maitrisent la langue française, d’où cette activité fictionnalisante est loin d’être atteinte, ou plutôt nos apprenants s’investissent peu ou pas du tout, par manque de motivation, ou bien le texte proposé n’est pas du tout adéquat, et à la portée des apprenants.

Les enjeux de la lecture littéraire sont trop importants pour en négliger cette activité, le fait de pousser le lecteur à créer son propre univers, n’est-ce pas une forme d’évasion qui permettra à l’apprenant d’imaginer, de créer et voir s’impliquer, comme le stipule Michèle Petit28 dans son ouvrage : » Éloge de la lecture :.

‘La lecture littéraire ouvre des espaces, des mondes souvent inconnus qui permettent non seulement de connaître l’autre, mais aussi de mieux se découvrir soi-même en permettant’ l’accès à un espace autre, lointain, à une liberté intérieure »

5.3 — Les objectifs de la lecture littéraire

L’enseignement de la lecture littéraire au lycée [notre cas ici] suscite beaucoup de questions, comme le stipulent entre autres Rouxel 29 [1996) (2005,] V. Jouve [2010].

Commençons par V. Jouve [2010], lui, il soutient que l’enseignement de la littérature permet à l’apprenant d’être autonome, d’où cette autonomie lui permet de juger, de critiquer, et par la même occasion d’émettre des hypothèses suivies d’analyses et de réflexions.

Quand Séoud [1997] lui aussi affirme que cette activité à pour but d’insérer l’apprenant dans un cadre d’échange. Il présente [Séoud] l’interculturel comme étant un atout à l’apprenant pour une approche vers la rencontre de l’autre.

En Algérie et spécialement au secondaire, la pratique de la lecture littéraire et son enseignement traite des extraits d’œuvres littéraires, tout en suivant un programme évènementiel ou conjoncturel, par exemple durant le mois de novembre « déclenchement de la lutte de libération » un extrait d’une œuvre qui parle de cette période sera programmé par rapport à un texte qui traite d’une autre circonstance

28

Michèle Petit [2002], Éloge de la lecture.

29

Annie Rouxel a — [1996] enseigner la lecture littéraire, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Didact. français

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autour de cette lecture, on vise la formation culturelle, dans laquelle l’apprenant enrichit son savoir [culture générale], en second lieu, ce texte devient un support pédagogique pour les points de langue à étudier.

Donc deux finalités se présentent :

a- Formation personnelle de l’apprenant côté culture générale et interculturelle. b- Support didactique pour une formation partie apprentissage d’une langue.

À cet effet, nous pouvons dire que les objectifs du texte littéraire sont loin d’être atteint si l’enseignant néglige un des deux points cités.

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Synthèse

L’exploitation didactique du texte littéraire en classe de FLE est spécialement en Algérie se fait à partir de l’étude de petits extraits parfois conjoncturels, la grande production mondiale fait office de parents pauvres, et rare les enseignants qui optent pour un texte reconnu universellement, si ce n’est que ce texte soit programmé par les institutions.

Notons aussi que ni l’institution, ni les enseignants ne peuvent se permettre d’offrir aux apprenants toute une œuvre à l’analyse, pour diverses raisons dont nous citons la principale ; nos apprenants sont loin de bien lire un texte.

Les enseignants se limitent à une étude purement technique, leur souci est d’amener l’apprenant seulement à lire et parfois déchiffrer pour certaines catégories.

Donc cette opportunité qui s’offre aux enseignants ; le fait de passer une séance à la lecture devient inadéquat et inapproprié avec les objectifs du texte littéraire.

En plus de la lecture [ou déchiffrage] l’enseignant pour briser cette monotonie accompagne souvent son texte support par des questions de compréhension, ensuite des questions portant sur la grammaire d’une manière implicite, d’où la perte du caractère du texte littéraire et son objectif.

Alors que ce support doit être accompagné de toute une panoplie de questions permettant l’approche globale, pour arriver en fin de compte à l’écrit.

Cette activité qui est l’écrit qui découle de la lecture littéraire permet à l’apprenant de s’extérioriser, d’exprimer ses idées, et lui laisse une certaine autonomie.

Nous aimerions suggérer aux concepteurs des programmes qu’il convient de proposer un projet intitulé la lecture romanesque, ce qui permettra à nos apprenants de se plonger dans le vrai fait littéraire. On aimerait, aussi, encore leur suggérer qu’il convient de ne pas le placer à la fin de la progression, mais au moins de l’intercaler entre deux projets soit au milieu du programme.

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La lecture littéraire et son enseignement est un sujet qui mérite un réel intérêt dans le contexte de l’enseignement de FLE raison pour laquelle nous avons proposé dans notre troisième partie une séquence intitulée « Initiation à la lecture romanesque ».

Il faut initier et encourager l’apprenant à lire la littérature pour les aider à se développer et à développer leurs relations avec le monde qui les entoure.

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Chapitre 6