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est reduite et dans les socletes industrialisees, ce n!est que tout recemment gue le taux d'activite des femmes en est venu a egaler celui des hommes. En Afrique les conditions sont cependant tout a fait differentes comme on l'a deja fait remarguer .dans I5introduction. Si 1'on considere les estimations des taux d'acti vite globale faites par 1'OIT, deux types de structures apparaissent: d'une part dans les pays d'Africrue du Nord et dans les pays culturellement proches et dans ceux ou existe une forte tradition culturelle heritee de 1'Europe comme le Cap Vert les Seychelles et Maurice, le taux d'activite des femmes est tres bas, au dessous de 1O pour cent? d'autre part, dans les pays au sud du Saharaj le taux d'activite est beaucoup plus eleve, le taux median se situant a 34 pour cent? ces chiffres sont eleves et plus grands que ceux qui sont observes dans les autres pays en developpement. Us semblent cependant etre sous estimes, meme dans le cas de l'Afrique du Nord. Dans un article intitule "Women i^africulture"!/ R. Dixon souligne cette sous estimation qui provient de la sous estimation de l'activite agricole des femmes. Sur la base des recensements et enguetes agricoles realises dans les quinze dernieres annees, il semble que dans l'Afrique au sud du Sahara|

la part des femmes dans l'activite agricole soit bien au dessus de 50 pour cent atteignant meme parfois plus de 60 pour cent. Ceci apparait clairement.au tableau IX.2 qui donnent la repartition de la population active agricole pour 15 pays

africains pour lesquels des donnees ont ete rassemblees. pans son article, R. Dixon indique pour 1°ensemble de l'Afrique au sud du Sahara, la part des femmes dans la population active rurale est de 45,9 pour cent; le taux le plus eleve des regions en developpement. Pour I1Afrique du Nord, elle indique que la contribution des femmes a ete considerablement sous estimee^ et qu'elle devrait etre evaluee a un taux aussi eleve que 30 pour cent.

15. II est done bien otabli au'en Afrique la part des femmes dans le travail agricole est plus elevee que dans les autres parties du mondo et bien plus, qu'au moins en ce qui concerne IsAfrique au sud du Sahara^ leur part dans la population active rurale est plus grande ou au moins aussi grande que celle des hommes.

16. Les proportions reelles de l'activite des femmes ne sont pas en fait correcte-ment mesurees par les taux d'activite et les proportions, puisque ces statistiques ne mesurent pas le travail reel total. De plus on doit tenir compte de l'a"ge ou l'activite commence ou se termine effectivoraent. D'apres l'OIT en 1975, 3,6 millions dc jeunes filles de 10 a 14 ans etaient actives economiquement en Afrique, et elles representaient 16 pour cent de la population active dans le monde de leur groupe d'age^ alors que la population de l'Afrique ne represente que 10 pour cent de la population mondiale. Ces jeunes filles travaillaient surtout comme aides familiales dans 1"agriculture, De plus,- l'OIT a estirae que 1,3 millions de femmes africaines de plus de 65 ans travaillaient encore* constituant 2,6 pour cent de la population feminine active totale, avec un taux d'activite de 19,3 pour cent; le plus eieve du monde.

17. La part des femmes dans le travail agricole est encore augmentee par les effets de l'exode rurale qui concerne les hommos plus que les femmes.

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IS. Beaucoup de femmes se trouvent en fait sinon de droit chefs de families dans les campagnes ou chefs d'entreprises familieles. Les menages diriges unicruement par des femmes peuvent ainsi atteindre le quart de tous les menages dans des pays comme le Kenya. Dans les pays qui bordent les grands bassins miniers du Zimbabwe

et dc 1'Afrique du Sud; qui drainent une grande partie de la population masculine

pour des periodes prolongess, de tels menages representent plus de 30 pour cent de tous les menages.

Tableau IX-1

Estimations de la population africaine

en 1975

S£i£jE2_ en millions)

_ Ages

Region Sexe 2li5_ans J5-64_ans 65 et ^ Total

Afrique F 4>H 181 212 13 406

Homines (H) 91 105 6 201

Source% Annuaire demographique, 1979

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Tableau_IXz2

Population active £urale_suiyant_le_sexG (en nourcentaqe)

Periods Hommcs ^?£^

C6te dlvoire 1373/74 .7,3 52,7

Mali 1977/73 49,3 50,3

Togo 1970 42,3 57,7

RepubliquG centrafricaine 1973/74 4?; 7 57,3

Tchad (Satigui-Deressa) 1970/71 49,3 50,7

Congo 1972/73 38,6 61,4

Republique-Unie du Cameroun 1972/73 43,1 56,9

Zaire " 1970 46,5 53,5

Ethiopia 1974/75 66, C 33,4

Lesotho 1969/70 49.3 50,7

Malawi 1968/69 48,3 51,7

Seychelles 196C 63,2 36,8

Swaziland 1971 45,5 54,5

Republique-Unie de Tanzania 1971/72 46,4 53,6

Zairibie 1970/71 52,1 47,9

Source: Recensement et encuetes agricoles et recensement mondial do 1'agriculture de 1970 (Rome, FAO, 1981).

C. Le role des femmes dans la production^agricole

19c Les femmes accomplissent des travaux tres varies crui sont fragmentos et souvent non rcmunor&s. Leur contribution a 1'agriculture ent do ^Ir.s en plus reconnue, surtout dans la production alimontaire, mais leur travaix est encore considere conme etant simplcment auxiliaire dc colui dos hommes. II est par conse quent difficile d:avoir une evaluation precise de leur contribution,puisque celle-ci est d'habitude grossier&ment sous estinee dans les statistiques du travail et dans les comptes nationaux.

20. Une etude de la CEA estimait la participation feminine a environ 60-80 pourcent tout le travail requis pour la production agrlcole, Ouoique des differences

notables existent d!un pays a l'autre, ou d'un groupe cthnique a l'autre, les femmes de 1'Afrigue au Sud du Sahara ont un role plus important dans les activites agricoles. L!evaluation du travail des femmes dans les pays d'Afrique du Nord est plus malaisecc car les statistiques de main deoeuvre ne tiennent pas compte le plus souvent de la contribution saisonniere qu'apportent les femmes au moment du sarcla-ge et des moissons.

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21. Le degrc de participation des fcranes aux travaux agricoles varie scion le type d!agriculture pratiouc et scion Its ressources naturelles dont dispose le pays. Dans les zones d;Afrique do 1'Ouest depourvues de ressources minieres, les puissances coloni&les ont introduit dos cultures extensives de produits tropi-caux destines a 1'exportation, et dans les zones minieres d'Afrioue australe.. Isexploi tation aussi hien des resources miniores qu'agricoles oxige une main d'oeuvre irapor-tanto, et les honmes sont devenus des emigrants temporaircs ou permanents. Presque partout en Af ricrue, los f Ginmes <?.f f ectuent unc partie ircpertante des travaux pour la culture des denrees destinies a nourrir la £aniil&o Dans les zores corealieres;

les cultures de subsistence sont partagees entre le mari st la ferrnej et si les cultures d'exportation (arachides,, ccton, etc.) sont presque exclusivement le fait des homm.es, les fernnes travaillent dans les champs de mil. Elies participent aussi aux somencesj a la noisson; au hattage et au triage ainsi qu'au transport du mil.

Pendant les saisons seches- les fenmes eultivent aussi des champs irrigucs ou elles produisent des legumes. Le surplus est troquc ou vendu au raarcht.

22. Dans les zones isolees (par manaue de noyens de transport)} ou qui se pretent mal aux cultures dfexportation.- les fenines ont 1'entiere responsabilitt de la culture des cereales car les maris quittent leur village pour aller louer leurs services

ailleurs. C'est le cas des regions cVrmigration intense comme les Soninkes ?_u 2/

Senegal, qui vont en France., ou les Mor-sis en Haute Volta qui vont en cSte d'lvoire."

23. Dans les zones de plantations; la division sexuelle du travail est plus marquee.

Les homines travaillent aux cultures commerciales ( cacao.- ccfe, ncix de cola} huile de palme, etc.on) et. les femmes dans l'agriculture de subsistance (bananes plantains;

rizj manioc, mais> legumes; etc,..). Elles vont aussi a la cueillette de fruits sauvages, legunes et racines. Chaque annce; l'homsie divise sa terre entre ses differentes cpouses qui la eultivent r.vec lV.ide de lours enfants. Le mari coupe les arbres et brulc l'herbe pour degager la terre a cultiver. Les femmes effectuent tous les travaux de pr^pcraticn do la tcrrc. Lcr principaux champs sont utilises pour la culture dec produits vivriers destines a. la famille. Les feinmes ont

quelgue-fois des lots supplraentaires ou ellss eultivent des tuberculos et des legumes.

Les femmes produisent donG la totclitc de la ncurriture pour la famille, mais en outre, elles participent activement au travail des plantations; elles ranassent les grains de cafe, par exe^ple, nt les transporters!: au village. L1 introduction de cultures de rente a done impose de nouvelles obligations aux femmes, en plus de leurs

taches traditionnelles. V . ■

2/1. Dans presque tous les syctomes agricoles,- In femrne s'occupe gi'ncralcment du petit olevage. Elle -nourrit les betes et les trait,- transforme le lait en fromage ou lait caillc2 puis vend les produits au march/, ou les troque contre d1autres denrees nocessaires au foyer. Tous les travaux agricoles effectucs par Igb femmes le sont dans dos conditions particulierement penibles „. car presque tout ie. travail est ef festuc a la main cu avec un outil.lag a prinitif-. En outre, les champs allou^s aux fenunes sent souvent disperses et situs's loin du village ce qui oblige les femmes a parcourir de grandes distances; chargees de fardeaux importants au monent des rocoltes. Elles ne benuficient presque jamais d'une formation technique ou de faci-lites de croditj et d'une maniere gcnrralc. ne peuvent obt^nir de moyens de production moderncs.

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25. Le role economique des famines ne s'arrete pas a la production agricolo. Apres la recolte, les femmes transforment, stockent et commercialisent les produits. Les cereales, par exemple, demandent un long travail de decorticage et de pilage. Les moulins a grains sont de plus en plus frequents dans les villes et les gros bourgs, mais leur diffusion est plus lente dans les campagnes. La femme zairoise par

exemple consacre 4 a 5 heures a la preparation du manioc gue la famille consommera en 2 jours. Certains fruits, legumes, poissons et viandes doivent etre secbcs pour etre conserves. Les femntes preparent en outre les produits et ustensiles necessaires au foyer, ou destines a procurer un revenu supplementaire comme le savon, les poteries, les vanneries. Elles fabriquent de la biere a partir de mil

ou de mais.

26. La commercialisation des produits est assuree par les femmes et les hom".es.

Des variations notables existent cependant d'une sous-region a 1'autre. En Afrique de I1Ouest, la vente des produits agricoles sur les inarches est assuree par les femmes. Presque toutes les femmes participent a des degrtis divers a la commerciali sation des produits. Elles y consacrent un ou deux jours par semaine.

27. Dans certains pays du Sahel, les hommes participent dans le commerce agricole au niveau de la vente en grcs. Cette participation est surtout nette dans le commerce de denrees agricoles importees. Mais, la vente au detail est toujours assuree par les femmes.

28. En Afrique de l'Est et en Afrigue australe les animaux sont vendus par les hommes tandis gue les feircne3 assurent la commercialisation des autres produits agricoles. Mais dans les pays musulmans d'Afriaue <3u Nord, le commerce est fait

essentiellement par les hommes, meme si dans certains cas les femmes font du commerce a. domicile.

29. Les femmes qui se rendent sur les marches pour y vendre leurs produits parcourent souvent des distances considerables avec leur chargement sur la tete. Toutes ces taches viennent s'ajouter aux nombreux travaux domestiques qui incombent a la femme et qui comprennent, l'entretien de la maison( les soins aux enfants et aux personnes agcesr la confection des vetements, la preparation des repas pour toute la famille, ainsi que le transport de l'eau et des combustibles.

30. La cuisson du repas elle-meme demande 1 a 2 heures par jour> sur des foyers ouverts a rendement cnergetiquc faible. La ou le bois pose des problemes quasiment insolubles, dans le Sahel notamment, des efforts sont consentis pour vulgariser des foyers amoliorcs a meilleurc efficacit& energetique.

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31. La plupart des villages africains n'ont pas l'eau a proximite des maisons.

La riviere ou le puits sont parfois a des distances considerables. Les femmes en ramenent chacwe fois une vingtaine de litres d!eau qui serviront a. preparer le repas, aux ablutions de la famille et aux divers lavages. Plusdeurs voyages sont necessaires dans la journee.

32. Le ramassage de bois de chauffe pose des problemes parfois aigus- En Zambie;

les femmes consacrent en inoyenne 1 heure de leur journee a ramasser le bois necessai- -re a la cuisson du -repas familial. Dans certains pays, elles y consacrent plus de temps encore. L'cloignement des forets en raison des deboisements et des feux de brousse impose aux femmes rurales de longues marches pour pouvoir ramasser le bois pour le feu.

33. Selon certaines estimations, les femmes rurales effectuent jusqu'a 15 ou 16 heures de travail par jour pendant une partie de l'annee (en particulier en periode de

rocoltes ou elles passent de longues heures aux champs). Le tableau IX-C-3 indique la division du travail entre hommes et femmes dans les zones rurales en Afrique.

Division du travail par sexe en Afrique (en pourcentage)

Hommes Femmes

Abat des arbres dans la forets

dofriche les champs 95 5

Laboure 70 30

Ensemence et plante 50 50

Sarcle et desherbe 30 70

Recolte 40 60

Rentre la recolte a la maison 20 80

Stocke la recolte 20 80

Transforme les produits alimentaires 10 90

Vend les produits alimentaires

excedentaires sur les marches 40 60

Va'chercher de l'eau et des combustibles 10 90 S'occupe des animaux domestiques et nettoie

les etables 50 50

Chasse 90 10

Nourrit et soigne les jeunes enfants,

les hommes et les personnes agees 5 95

Source? La femme africainet Aujourd'hui et demain.

Nations Unies (CEA), Addis Abebar 1975

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34. Le tableau IX.C.4 donne des indications plus precises sur le nombre d'heures consacrees par les femniGE rurales aux diffcrentes taches domestiques et aux

travaux des champs au Saire,

L'emploi du temps journalier de la femrae rurale au Zaire

Ei _ Temps censacre

Travail au champ 7-C heures

Approvisionnement d'eau 45 minutes

Preparation du manioc 4-5 heures

Preparation du repas journalier 1*

2 heure

Total 13hl5 a 15hl5/ jour

of women in development in Zaire, OSFAM, 1973,

^ et 1' integration

de la feiranc rurale au doveloppenent

35. Bien que les responsables politiques soient dc plus en plus conscients de la necessitc d'integrer les femmes dans le processus de developpement, ceci n'est toujours pas sensible au niveau des politiques effectivement poursuivies. En fait beaucoup de responsables ne sont pas conscients du role joue par les femmes dans 1'agriculture et quand ils le sont, ils r.e sont pas persuades de la necessity de tenir compte des besoins et inte'rets particulierc des femmes rurales.

36. Les programmes dc vulgarisation agriccle sont generalement diriges vers les

hommes, sous l'hypothese implicite que les hornmes sont non seulement chefs de

menage, mais aussi les principaux producteurs dans les zones rurales. II en va

de meme pour les programmes de formation., qui sont aussi diriges vers les hommes, les ccoles agricoles ne recevant pratiquenent que des garcons. On offre surtout aux femmes des programmes d-'economie familiaie, qui sont certes tres utiles>

mais meconnaissent leur role dans la production agricole.

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37. Un autre effet de 1'orientation masculine des pclitiques agricoles est sur le choix des techniques „ Les changements techniaues ont surtout lieu dans les

techniques "lourdes" et les ameliorations gui pourraient alleger le travail des femmes

comme de meilleures techniques de sarclage sont negligees. Souvent, la charge

de travail des femmes est de beaucoup alourdie parco que le labour mechanique augmente la superficie cultivce tandis gue les travaux auxiliaires de sarclage;

de ramassagc et de recolte ne sont pas *»6eanisas«

38. L5introduction dc nouvelles varietos ou de nouvelles cultures saris tenir compte de la distribution reelle du travail conduit aussi a une charge de travail beaucoup plus lourdc pour les femmes, comme cela a etC le cas pour les cultures

d[exportation ou elles ont du se charger des travaux agricole dits "auxiliaires'' en plus de leurs responsabilites pour les cultures vivrieres.

39. Les gouverncments ont effectut des reformes dans les systemes fonciers avec I1intention declarCe de promouvoir le developpement. Trop souvent ces reformes ont prive Igs femmes de leurs droits trcditionnels nur la terre, sans diminuer la part disproportionate de travail qu'elles font. Dans certains cas, les gouvernements ont precede a lcexecution de programmes dits de ''villagisation" pour concentrer

la population agricole en des points donncs, au lieu de sa dispersion traditionnelle,