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Durée de vie dans un piège optique et LIAD

5.4 Désorption induite par la lumière (LIAD)

5.4.4 Durée de vie dans un piège optique et LIAD

Ce contrôle rapide de la pression de sodium dans l’enceinte est crucial pour la bonne réalisation d’un CBE dans une chambre unique, dans laquelle la pression résiduelle influe directement sur la durée de vie des atomes dans le piège final. Nous avons donc

5.4. DÉSORPTION INDUITE PAR LA LUMIÈRE (LIAD) 155 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 ×106 2 4 6 8 10 12 14 Te m p s d e vi e τ d an s le p i`e ge [s ]

Taux de chargement du PMO RPMO [×106 s−1] (a)

(b) (c)

FIGURE5.11. 1/τ⊗en fonction du taux de chargement du PMORPMO, avecτ⊗est la durée de vie des atomes dans le piège dipolaire, dans différentes conditions expérimentales. (a) : le LIAD est utilisé pour charger le PMO,

puis les LEDs sont éteintes au moment de l’allumage du laser du piège dipolaire ; (b) : les LEDs sont allumées

pour toute la séquence ; (c) : le LIAD n’est pas utilisé, mais le dispenser de sodium est allumé. Le cas (a) montre

une durée de vie dans le piège dipolaire indépendante du taux de chargement du PMO, tandis que cette durée de vie lui est inversement proportionnelle dans les cas (b) et (c).

voulu vérifier que nous pouvions effectivement maintenir une durée de vie élevée dans un piège non dissipatif après avoir chargé efficacement le PMO. Ici, il s’agit d’un piège dipolaire optique qui sera décrit en détail dans le chapitre6. Nous mesurons le nombre d’atomes conservés dans le piège dipolaire en fonction du temps et déduisons alors la durée de vie des atomes dans le piège. Celle-ci est obtenue en traçant le nombre d’atomes

N

au cours du temps, et en ajustant la décroissance observée par une ex-ponentielle, de la forme

exp(−t/τ

)

. Nous laissons de côté les

200

premières millise-condes, où l’on observe une décroissance très rapide qui est le fait de l’évaporation libre des atomes hors du piège et ne reflète pas la durée de vie de celui-ci due à la pres-sion résiduelle (voir section 6.5). Dans le cas d’une séquence pour laquelle les LEDs de désorption sont allumées pendant le chargement du PMO puis éteintes lorsque le piège dipolaire est allumé, on observe par cet ajustement un temps de vie

τ

≃ 11 s

[Fig.5.11(a)].

La situation est en revanche bien différente si les LEDs de désorption demeurent allumées au-delà de la phase de chargement du PMO [Fig. 5.11 (b)], ou si l’on utilise

les dispensers de sodium comme source atomique [Fig. 5.11 (c)]. Dans les deux cas,

le temps de vie des atomes dans le piège dipolaire est significativement diminué. Cette diminution est d’autant plus importante que la pression résiduelle et donc le taux de chargement du PMO augmente, que ce soit du fait de l’augmentation du courant circu-lant dans les LEDs lorsque le LIAD est utilisé, ou du fait de l’augmentation du courant des dispensers. Le fait d’éteindre les LEDs au moment du transfert des atomes dans le piège dipolaire permet donc bien de restaurer une pression résiduelle basse, et mainte-nir une durée de vie conséquente, tout en conservant un taux de chargement du PMO

156 Ch. 5. CONCEPTION DU DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL ET REFROIDISSEMENT LASER

Espèce Surface

R

PMO

τ

PMO Décroissance Références atomique illuminée de la pression

23Na TiO2

+

SiO2

3× 10

6 s−1

27

s

< 100

ms [48] 87Rb Pyrex

∼ 10

6 s−1

∼ 5

s [142] 87Rb Acier Inox

8× 10

5 s−1

∼ 100

s [135] 87Rb PDMS

2.0× 10

8 s−1

∼ 10

s [143] 87Rb Quartz + Pyrex

∼ 10

6 s−1

∼ 30

s

≪ 30

s [144] 87Rb Vycor

1.2× 10

9 s−1

∼ 3

s

∼ 2

s [147] 40K Vycor

8× 10

7 s−1

∼ 1

s [147] 87Rb Pyrex

3× 10

8 s−1

∼ 24

s

∼ 100

ms [163] 40K Pyrex

∼ 10

5 s−1 [163] 23Na Pyrex

4.5× 10

7 s−1

10

s [165] 133Cs Quartz

4× 10

3 s−1

9.2

s

70

ms [164]

TABLE5.2. Résumé des données publiées sur le LIAD pour le chargement d’un PMO (incluant notre expérience).

RPMO désigne le taux de chargement du PMO maximal obtenu par LIAD. Les durées de vie du PMOτPMO sont mesurées après l’extinction du LIAD. Le temps de décroissance de la pression est défini comme le temps nécessaire pour que la pression soit divisée par dix par rapport à sa valeur lorsque le LIAD est actif. PDMS : polydimethylsiloxane.

optimal.

On peut tout de même noter que pour le même taux de chargement du PMO, le LIAD dégrade moins la durée de vie des atomes dans le piège dipolaire que les dispensers, ce qui pourrait indiquer une dégradation du vide par des substances autres que le sodium moins importante dans le premier cas.

5.4.5 Conclusion

Un paramètre clé de l’efficacité du LIAD est le rapport

η

LIAD entre la pression par-tielle de sodium lorsque l’illumination est active et lorsqu’elle est éteinte. Cela dépend a priori du processus physique lui-même, mais aussi de paramètres techniques comme la vitesse de pompage dans l’enceinte. Les différents résultats expérimentaux observés dans des expériences d’atomes froids utilisant le LIAD sont reportés dans la table 5.2. La grande disparité entre les différents taux de chargement du PMO peut s’expliquer par les différences entre les paramètres des pièges. La durée de vie du PMO ne dépend en revanche que de la pression régnant dans l’enceinte à vide, ainsi que de l’espèce ato-mique considérée. Le temps de retour à la pression de base que nous avons observé est parmi les plus rapides ayant été mesurés (comparable à [163,164]), et la durée de vie de notre PMO après extinction du LIAD est parmi les plus longues. Nos observations sont compatibles avec une interprétation selon laquelle la majorité des atomes retournent se fixer aux parois de l’enceinte après seulement quelques rebonds, dès que le LIAD est éteint. Nous supposons que les expériences pour lesquelles le temps de retour à la pression de base est plus lent (

> 1 s

) sont limitées par la vitesse de pompage du système à vide.

5.4. DÉSORPTION INDUITE PAR LA LUMIÈRE (LIAD) 157

Tous les groupes ayant réussi à produire un CBE de sodium ont jusqu’à présent utilisé un ralentisseur Zeeman comme source atomique [2,166,167,161,168]. Si l’on considère la condition nettement moins restrictive de formation d’un PMO, plusieurs solutions alternatives ont été réalisées [154, 162, 169], mais elles sont difficiles à uti-liser dans le cadre de la production d’un CBE, du fait de la dégradation de la pression résiduelle qu’elles occasionnent. Il en va de même pour la formation d’un PMO direc-tement à partir d’un dispenser de sodium [170]. Ce n’est que très récemment qu’un autre groupe a chargé un PMO de sodium en utilisant le LIAD, dans des conditions qui pourraient être compatibles avec la formation ultérieure d’un CBE [165], la durée de vie du PMO étant ramenée à

8 s

après extinction du LIAD.

Dans notre expérience, nous avons démontré comment l’utilisation du LIAD permet le chargement efficace d’un PMO de sodium, avec un taux de chargement de

3× 10

6

s

−1, tout en assurant dès l’extinction des LEDs effectuant la désorption une durée de vie du piège de

27 s

. Cette durée de vie est suffisamment longue pour autoriser le transfert des atomes dans un piège conservatif et le refroidissement par évaporation pour l’obtention d’un CBE, bien que cela ait lieu dans la même enceinte que le chargement du PMO. Le retour à la pression de base se fait en moins de

100 ms

, un temps très court devant cette dernière étape de refroidissement qui dure plusieurs secondes (voir Ch.6).

Chapitre 6

Atomes de sodium dans un piège

dipolaire optique

Dans le chapitre précédent, nous avons vu comment nous pouvions refroidir des atomes de sodium de la température ambiante jusqu’à des températures de l’ordre de la température Doppler (

∼ 235 µK

). Afin de poursuivre le refroidissement et d’atteindre le régime de dégénérescence quantique, il est nécessaire de transférer ces atomes dans un piège non dissipatif. Ce type de piège permet de s’affranchir de la limite en tem-pérature du PMO, limite liée au chauffage inévitable dû au recul aléatoire d’un atome lors de l’émission spontanée d’un photon [171]. De plus, il est possible dans un piège non dissipatif de procéder à un refroidissement dit “par évaporation” [172], qui permet d’atteindre le seuil de condensation [1,2].

6.1 Pièges non dissipatifs et refroidissement par

évapo-ration

On peut distinguer deux types de piège non dissipatifs communément utilisés dans les expériences d’atomes froids. D’une part, on trouve les pièges magnétiques, qui per-mettent de piéger un atome possédant un moment magnétique non nul au niveau d’un minimum de champ magnétique. Cela n’est possible que pour les atomes qui mini-misent leur énergie pour un champ magnétique faible, soit dans un état Zeeman véri-fiant

m

F

> 0

. Un tel piège est réalisable avec une simple paire de bobines formant un champ quadrupolaire, telles que les bobines du PMO. Cependant, un tel champ s’an-nule au centre du piège, et l’intérêt du piège quadrupolaire est limité par les pertes par retournement de spin (pertes Majorana). Des configurations plus complexes corres-pondant à un champ non nul au centre du piège sont donc utilisées (ex. piège “Ioffe-Pritchard” [173] ou “TOP” [174]). D’autre part, on trouve les pièges dipolaires optiques, qui utilisent le dipole atomique induit par un rayonnement électromagnétique. En par-ticulier, le piégeage d’atomes à l’aide de faisceaux laser intenses et très désaccordés par

160 Ch. 6. ATOMES DE SODIUM DANS UN PIÈGE DIPOLAIRE OPTIQUE

rapport aux transitions atomiques a été démontré expérimentalement pour la première fois en 1986 par Chu et al. [175]. Cette technique de piégeage dipolaire s’est avérée être très intéressante pour la manipulation de gaz ultra-froids. Elle ne possède pas la même limitation que le piégeage magnétique sur la nature de l’état Zeeman pouvant être piégé, et constitue donc une option avantageuse pour piéger des atomes avec différents états de spin [26]. Des solutions mixtes existent également, pour lesquelles la zone où le champ quadrupolaire d’un piège magnétique s’annule est comblée par un faisceau laser désaccordé vers le bleu qui repousse les atomes [2], ou par un piège optique désac-cordé vers le rouge où les atomes préalablement transférés dans le piège quadrupolaire viennent s’accumuler [176].

Dans un piège non dissipatif, il est possible de procéder au refroidissement des atomes par évaporation [177, 178, 179, 180]. Le principe est le suivant : on impose une profondeur finie au piège, de telle sorte que tous les atomes ayant une énergie supérieure à cette profondeur ne sont plus piégés. Après une collision élastique avec un autre atome, un atome peut acquérir une énergie plus importante que la profon-deur du piège et être éjecté. Comme cet atome a emporté une énergie plus importante que l’énergie moyenne par atome dans le piège, les atomes restants thermalisent à une température inférieure à la température initiale.

Cependant, au fur et à mesure du refroidissement, la probabilité d’éjection d’un atome diminue, car de moins en moins d’atomes possèdent une énergie suffisante pour s’échapper du piège. Ainsi, si l’on introduit

U

0 la profondeur du piège, et

η = U

0

/(k

B

T )

, on peut donner une expression approchée du taux

Γ

ev de perte d’atomes due à l’évapo-ration [181] :

Γ

ev

≃ Γ

el

η e

−η

, avec Γ

el

= n

0

σ¯v,

(6.1)

Γ

el est le taux de collisions élastiques moyen dans le piège, avec

n

0 la densité ato-mique spatiale au centre du piège,

v =¯

q

8kBT

πm la vitesse thermique moyenne des atomes et

σ

la section efficace de collision entre deux atomes. Ce facteur

ηe

−η peut être inter-prété comme le produit de la fraction d’atomes qui se trouvent à une énergie de l’ordre de la profondeur du piège, proportionnelle à

ηe

−η, et du taux de collision entre l’un

de ces atomes (avec une vitesse

∼pηk

B

T /m

) et un atome thermique (avec une vitesse

∼ pk

B

T /m

), proportionnel au rapport de leur vitesse

η

. On constate donc bien que

si la température baisse à profondeur fixée,

η

devient important et le taux d’évapora-tion s’effondre. Il faut par ailleurs noter que le temps dont on dipose pour réaliser ce refroidissement par évaporation est limité par les pertes inélastiques au sein du gaz qui libèrent une partie de l’énergie interne des atomes (transitions hyperfines ou Zeeman lors de collisions à deux corps ou formation de molécules pour les collisions à trois corps). Comme cette énergie dépasse de plusieurs ordres de grandeur la profondeur du piège, les atomes concernés sont éjectés. Il est donc nécessaire d’abaisser la tempéra-ture des atomes et d’atteindre le seuil de condensation avant que les pertes d’atomes ne soient trop importantes.

6.2. PIÈGE DIPOLAIRE OPTIQUE 161

La solution pour poursuivre voire accélérer le refroidissement consiste à diminuer la profondeur du potentiel quand la température diminue, afin de maintenir

η

entre

5

et

10

[182]. Pour que la température diminue effectivement au cours du temps, il est né-cessaire que les atomes thermalisent correctement : le temps entre deux collisions élas-tiques doit rester beaucoup plus petit que le temps caractéristique de décroissance du potentiel. Tant que le taux de collisions demeure élevé, le processus de refroidissement par évaporation se poursuit, et l’on peut ainsi atteindre le régime de dégénérescence quantique avec un piège magnétique [1, 2] ou optique [183, 161]. On peut noter que dans le cas d’un piège dipolaire optique la solution la plus aisée pour abaisser la profon-deur du piège est d’abaisser la puissance du laser de piégeage. Cela implique également une diminution des fréquences du piège, ce qui constitue une différence notable avec le refroidissement par évaporation dans un piège magnétique, où l’on peut abaisser la pro-fondeur du piège indépendamment de ses fréquences (en modifiant la radio-fréquence du “couteau” qui définit la profondeur du piège [179]). Ainsi, dans le cas d’un piège ma-gnétique, le taux

Γ

el est typiquement faible au départ, et augmente progressivement au cours de l’évaporation, ce que l’on appelle “l’emballement” [178]. Dans le cas d’un piège optique, l’abaissement de la température s’accompagne d’une décompression du piège due à l’abaissement des fréquences, et l’emballement ne peut avoir lieu. En revanche, le taux de collision initial est bien plus élevé que pour un piège magnétique, ce qui permet finalement d’atteindre la dégénérescence quantique en seulement quelques secondes. Récemment, l’utilisation d’une géométrie de piège croisé particulière, où l’un des deux faisceaux est très large devant l’autre et où le croisement est imparfait, a permis d’ob-server un emballement de l’évaporation dans un piège optique [184].

Dans ce chapitre, nous rappelons dans un premier temps les principaux résultats connus sur les pièges dipolaires optiques, avant de nous intéresser à la réalisation ex-périmentale d’un tel piège, notamment le contrôle en intensité du laser de piégeage. Nous détaillons ensuite la procédure utilisée pour optimiser le transfert des atomes du PMO vers le piège dipolaire croisé. Enfin, un modèle de refroidissement par évapora-tion est présenté [181, 177,182], qui nous permet de mieux comprendre les résultats expérimentaux obtenus.