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CHAPITRE 4. Les sites : contextes, résultats et discussions

4.1 Le site Hector-Trudel

4.1.1 Contextes physiographique et archéologique

4.1.1.2 Du site Hector-Trudel

Le site Hector-Trudel (BhFl-1a, figure 4.3) est localisé sur un plateau du tiers nord de Pointe-du-Buisson à une élévation d'environ 33 mètres. Il est délimité au nord par le site du Plateau des Portageurs, duquel il n'est séparé qu'arbitrairement par une zone de faible densité en matériel mobilier, à l'est par le fleuve, au sud par un ravin et à l'ouest par le sentier pédestre. D'une superficie d'environ 4200 m², le site porte actuellement une végétation d'érable à sucre, de caryer ovale et d'impatiente du Cap. Des talles d'impatiente du Cap (Impatiens capensis) ceinturent les limites nord, sud et ouest du site, dans des zones de mauvais drainage, et une talle orientée est-ouest le traverse en son centre. Selon N. Clermont (comm. pers.), la très faible densité en matériel mobilier de ces zones humides laisse croire qu'elles étaient déjà en place au moment des occupations préhistoriques du site et qu'elles représentaient alors des zones ignorées au profit de secteurs plus secs. Le sol superficiel correspond en tout point à celui d'un gleysol humique avec un humus de type mull. Les mesures de pH prises sur la moitié sud du site indiquent des valeurs variant de 5,5 à 7,1 avec 6,8 de moyenne, alors que le pourcentage d'humidité varie de 20 à 100 %, avec une moyenne de 69 % pour les zones plus humides peuplées d'impatiente du Cap, contre 50,2 % pour le reste du site (Cossette 1995 : 142).

Fig. 4.3 – Pl an géné ral du s ite Hect or -T ru del avec lo cal is at ion des pr of ils pal ynost rat ig ra ph iq ues.

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Le site a d'abord été fouillé par la Société d'Archéologie Préhistorique du Québec (SAPQ) entre 1965 et 1968, puis par l'École de fouille du Département d'anthropologie de l'Université de Montréal de 1981 à 1986. Pour l'essentiel, les fouilles de la SAPQ se sont déroulées en aires ouvertes, principalement le long du talus qui surplombe le fleuve. Le sol a été travaillé à la truelle puis tamisé avec une maille de 1/4". Les artefacts ont généralement (mais pas toujours) été récoltés par niveaux arbitraires de 3" de profondeur. Les outils et les tessons de bord ont été localisés et ensachés individuellement alors que le reste du matériel a été ensaché par lots/niveaux. Ces fouilles ont permis d'identifier les dépotoirs 1 et 2 du Sylvicole moyen tardif ainsi qu'une dizaine de foyers appartenant à différentes périodes d'occupation (Cossette 1995, Gates St-Pierre 2003). Les travaux de l'Université de Montréal se sont faits pour leur part à partir de puits de fouille d'un mètre carré inscrits dans un plan cartésien dont l'orientation était différente de celle des aires ouvertes de la SAPQ. Puisque le but ici était de circonscrire les limites des dépotoirs et d'identifier des aires potentielles de spécialisation et d'habitation adjacentes aux dépotoirs, certaines zones ont été fouillées de façon plus intensive alors qu'ailleurs la distribution des puits était aléatoire. L'aire de travail était donc superposée à celle de la SAPQ, mais elle s'est également étalée tout autour, et avec de grandes extensions vers le nord, l'ouest et le sud. De façon générale, le sol a été fouillé à la truelle et tamisé avec une maille de 1/8". La fouille s'est effectuée par niveaux arbitraires correspondant aux profondeurs 0-10 cm, 10-15 cm et 15 cm-argile. Dans certains puits plus profonds, quelques fois, des niveaux arbitraires de 5 cm ou plus ont été ajoutés. Les outils et les tessons de bord ont été localisés et ensachés individuellement alors que le reste du matériel a été ensaché par quadrant/niveaux (ibid.). La différence dans les procédures de terrain entre les deux épisodes de fouille rend parfois difficile les analyses de correspondances stratigraphiques et les regroupements d’artefacts.

Au total, l'ensemble des fouilles a permis d'isoler six dépotoirs appartenant au Sylvicole moyen tardif, pour une fourchette de temps s'échelonnant plus ou moins entre 500 et 1000 AD. De plus, près d'une quinzaine de foyers et de vidanges de foyers appartenant à différentes périodes (tableau 4.1) ont été exhumés.

Tab. 4.1 – Datations radiométriques du site Hector-Trudel et de la station 4 de Pointe-du-Buisson (tiré de Gates St-Pierre 2003 : 80, tableau 2.1). En gris : les dates du dépotoir 6 et celles qui lui sont périphériques.

La compilation des vestiges lithiques et céramiques indique une séquence culturelle qui débute à l'Archaïque post-laurentien (2500 à 1000 av. J.-C.) «…au cours d'occupations brèves mais

répétées et réparties sur l'ensemble du site» (Gates St-Pierre 2003 : 79). Une présence

Meadowood du Sylvicole inférieur (1000 à 400 av. J.-C.) est également attestée avec une fréquentation apparemment similaire à la période précédente. Au Sylvicole moyen ancien (400 av. J.-C. à 500 ap. J.-C.) la fréquentation du site semble plus régulière et importante, mais ce n'est que durant le Sylvicole moyen tardif (500 à 1000 ap. J.-C.) que la fréquentation devient nettement plus assidue et intense. L'étude des vestiges fauniques (Cossette 1995) et céramiques (Gates St-Pierre 2003) indique que les groupes de cette période aient connu une certaine forme de stase économique et stylistique de près de 500 ans (Gates St-Pierre parle en fait de stase technologique en rapport à la production céramique). De plus, contrairement à leurs prédécesseurs, ils ont adopté un schème d'établissement de type semi-sédentaire, occupant les lieux annuellement de la fin avril jusqu'en octobre, en particulier pour l'exploitation des ressources ichtyennes (Cossette 1995 et 1997). Au cours du Sylvicole supérieur (1000 à 1500 ap. J.-C.), le site Hector-Trudel n'est le théâtre que d'occasionnelles haltes (Clermont et Cossette 1991).

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Sur les centaines de milliers d'artefacts et d’écofacts récoltés sur le site, peu de macrorestes botaniques ont été récoltés lors des fouilles. Un rapide examen des fiches d'enregistrement ne nous a rien appris de particulier sur les occupations du site, et à notre connaissance aucune étude macrofossile botanique systématique de ces sols archéologiques n'a été effectuée.