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Donne-moi un conseil

Dans le document LINIVERSITY OF CHICAGO (Page 128-131)

— Eh

bien ! Garde le silence et contente-toi de ce que tu as en ce inonde en attendant d'aller visi-ter le Vivant qui ne meurt pas.

Dzoû'l

Noûn

lui ayant

demandé

de l'eau pour se désaltérer, « Je vais t'en indiquer >, dit-elle.

Mais au lieu de le conduire au puits, elle lui dit (trop savante vraiment et l'on sent ici l'histoire fabriquée d'après les autres et d'après

un

système) :

Les gens se désaltèrent selon quatre catégo-ries :les uns sont servis par les anges et reçoi-vent une eau « blanche, douce et savoureuse > ;

2° d'autres sont servis par

Ridhwan,

gardien

du

paradis, et boivent le vin dont Dieu a dit : « Son mélange sera de

Tasmin

» ; 3° d'autres reçoivent

du

Seigneur lui-même : ce sont les intimes dont Dieu a dit : « Leur Seigneur leur servira à boire

une

boisson pure ». Mais, ô Dzoû'l Noûn, ne livre pas ton secret à

un

autre que ton Seigneur jusqu'à ce qu'il te fasse boire dans l'autre

monde

(1).

C'est encore le chant d'une jâriya qu'il entendit devant la Ka'ba. Il avait cru voir une lueur dans

le ciel pendantqu'il faisait les sept tours

du

thawâf ;

puis, le dos appuyé au

mur

de la maison sainte,

il avait entendu :

(1) L'érudite petite chanteuse n'indique, on le voit, trois catégories sur quatre. Sans doute, remarque Thagio-qpe graphe Yâil'î, 295, le rapporteur a-t-11 oublié celle des élus servis pal les éphèbes (ghilznân), car Dieu à dit : « Des éphèbes chargés de coupes... » (Coran, LVI, 17-18)i et qui serait la troisième. Les textes coraniques sont : XXXVU,

44-45 ; LXX^SIII, 27 ; LXVI, 21.

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122 VIES DES SAINTS

MUSULMANS

roi, fa sais, ô Bien-Aimé, qui est

mon

Bien-Aimé.

Tu

le sais.

La

maigreur de

mon

corps et les larmes de

mes yeux

dévoilent

mon

secret ;

Ce secret que j'ai retenu jusqifà ce que

ma

poitrine fiïtsurle pointd'éclater.

Il se dirigea vers la voix et trouva une jeune

fille cachée derrière le voile noir qui couvre la maison cubique.

O mon

Dieu,

mon

Seigneur et

mon

Maître ! disait-elle en-pleurant.

Par

ton

amour

pour moi, ne peux-tu jne pardonner ?

Malgré ses progrès dans l'initiation mystique, Dzoû'l

Noûn

manifesta quelque étonnement pour

cette expression inusitée :

— O

jâriya I ne te sufflt-il p^s de dire : par

mon amour

pour toi I"

Gomment

sais-tu qu'il t'aime ?

Va-t-en, ô Dzoûl' Noûn. Ignores-tu

donc

que pour Dieu il

y

a des gens « qu'il aime et qui

l'ai-ment

> ? (1).

n

les a aimés avant qu'eux ne

l'ai-ment.

Son amour

a précédé le leur (2).

Au

cours d'un autre thawâf, Miçrî entendit

un homme

dire, tout en tournant autour de la Ka'ba :

Fais-moi boire à la coupe de ton

amour

et enlève l'écorce de l'ignorance jusqu'à ce que les

ailes

du

désir ichawq)

me

portent jusqu'à toi.

S'étant arrêté, il pleura de si grosses larmes qu'ai Miçrî entendit le bruit qu'elles faisaient en tom-bant sur la terre ; puis il éclata de rire et partit.

(1) Coran, V, 59.

(2) Yâfl'î, 296. L'anecdote se poursuit comme une des pré-cédentes : « Coi3ament sais-tu mon

nom

?

Farceur ! Les cœurs ont parcouru les espaces secrets et se sont connus par la connaissance du Puissant. Regarde derrière toi ». Pendant

qu'il se tourne sans rien voir, la jeune fille disparaît.

Dzoû'l

Noûn

le suivit en se disant : « C'est

un

initié

ou

un

fou >.

L'homme

sortit de la

mosquée

et se

dirigea vers des ruines dans les faubom-gs. C'était Sa'doûn le

majnoûn

(1).

Une

autre fois, il vit devant la Ka'ba

un homme

pâle et maigre. « Es-tu

amoureux

? lui

demanda-t-il.

Oui.

— L'Ami

s'approche-t-il de toi ?

Oui.

Est-il

bon

avec toi ?

Certes.

Alors pourquoi es-tu si abattu ?

Pauvre esprit !

Ne

sais-tu pas que ceux dont l'Amour s'approche sont les plus durement éprouvés

(2).

Une

autrefois, en Egypte sans doute, Dzoû'l

Noûn

vit

un

cercueil que quatre

hommes

portaient en terre et que personne autre n'accompagnait. Il le suivit pour accomplir une

bonne

action.

Au

cime-tière, il

demanda

aux porteurs s'il n'y avait pas

un

parent

du

mort pour dire les dernières prières.

«

G

cheikh ! dirent-ils.

Nous sommes

tous dans le

même

cas ; aucun de nous ne le connaît. > Après avoir prié devant la tombe, une niche dans le ro-cher, il les interrogea plus longuement. «

Nous

ne savons rien, dirent-ils, sinon qu'une

femme

nous a

demandé

de conduire ici ce corps. Mais la voici justement qui vient. >

(1) Ibid., 44-45. Un siècle plus tôt, il y avait un « fou » de ce

nom

à Baçra, contemporain d'un des premiers çoufls, Mâlik ibn Dinar. Nous avons dit qu'un Sa'doûn, du Caire, aurait été le maître spirituel d'al Miç-rî.

(2) 'Attâr, 109. Les soufFrances' sont l'épreuve sanctifianteles élus savent reconnaître l'essentiel Amour, et la preuve de la déclaration d'amour que le cœur du saint fait à son Dieu, disent les mystiques musulmans (Hallâj, Ibn 'Athâ) Jounayd, Eîlânâ. Nâbolosi ; L. Massignon, Hallâj, pp. 616 seq.). L'Amour est plus terrible et sait mieux faire souffrir que la Justice même, disait Marie des Vallées, c II rit tou-joursmais il frappe durement. Je tremblequand je levois ».

£. Dermenghem, La Vie admirable et les révélations de Uarie des Vallées, 1926, p. 73.

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124 VIES DES SAINTS

MUSULMANS

Une femme

en effet s'approchait en pleurant. De-vantla tombe, elle découvrit son visage, dénoua ses cheveux et tendit les bras vers le ciel en poussant des gémissements et des supplications jusqu'à ce qu'au bout d'une heure elle tombât évanouie àterre.

Revenue

à elle,

on

la vit rire.

Raconte-moi, je t'en prie, ton histoire et celle

de ce cadavre, lui dit alors Dzoû'l

Noûn

; et pour-quoi ce rire après tant de larmes ?

Qui es-tu ?

Dzoû'l Noûn.

Par Allah I si tu n'étais pas

un

des Justes, je ne dirais rien. Celui-ci est

mon

fils et la prunelle de

mes

yeux,

n

fut

un

prodigue dans sa jeunesse, s'habillant des habits de la vanité, et il n'y a pas eu de

mal

qu'il n'ait fait, de péché qu'il n'ait

avi-dement

recherché. Il a déployé devant la face de son Seigneur l'étendard de l'iniquité et de la trans-gression. Soudain, il lui vint une maladie qui dura trois jours.

Quand

il se vit perdu, il

me

dit : <

O

mère,je te.prie, au

nom

deDieu,si je meurs, qu'au-cun de

mes

amis, de

mes

frères, de

mes

parents, ni de

mes

voisins ne sache

ma

mort, car ils n'auraient pas pitié de

moi

à cause de

mes

mauvaises actions, de

ma

stupidité, de la multitude de

mes

péchés. » Et il gémit :

Les péchés m'ont détourné

du

jeûne et de

la prière.

Mon

corps est devenu malade et je suis

mort

avant de mourir.

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