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PARTIE I LA LOI DU LIVRE ET L’ÉCOSYSTÈME DU LIVRE AU QUÉBEC

3. Évolution de la vente de livres au Québec

3.2 Les données de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec

Les données pour 2013 indiquent une hausse des ventes globales de livres (toutes catégories d’établissements confondues) de 1,5 % (par rapport à 2012)16. Toutefois, en dollars constants de 2013, le marché n’a connu, indique Allaire, aucun gain, étant revenu à la situation observée en 2001. De plus, le taux de croissance annuel moyen (TCAM), qui permet de mieux observer les tendances sur le moyen terme, permet de constater une baisse de 2,5 % entre 2009 et 2013. La répartition selon les différents points de vente est la suivante : Éditeurs : 16,1 % (hausse de 3,2 %) ; Distributeurs : 2,8 % (hausse de 8,4 %) ; Librairies : 64,3 % (hausse de 1,1 %) ; Grandes surfaces : 10,7 % (hausse de 0,5 %) ; Autres points de vente : 6,2 % (baisse de 0,8 %). L’indice TCAM des éditeurs est en baisse de 10,4 %, celui des distributeurs est relativement stable à 0,4 %, celui des librairies est en baisse de 0,5 %, celui des grandes surfaces est en baisse de 3,9 %, tandis que celui des autres points de vente est en hausse de 4,6 %.

Si on examine plus précisément les différents types de librairies, la part de marché des librairies à succursales (au sein des ventes des librairies) est passée de 48,4 % en 2009 à 52,5 % en 2013, avec une hausse de 3,4 % entre 2012 et 2013, tandis que celle des librairies indépendantes a décliné de 31,7 % à 25,5 %. Elles ont notamment connu une baisse de 7,0 % entre 2012 et 2013. Les librairies scolaires sont relativement stables, de 19,9 % à 22,0 % (hausse de 6,4 % entre 2012 et 2013). On peut ainsi constater que la baisse de 0,5 % de l’ensemble des librairies est essentiellement attribuable à celle, très importante, des librairies indépendantes. De façon encore plus globale, la hausse de 1,5 % des ventes de livres est principalement associée à la hausse chez les librairies à succursales, les librairies scolaires et quelque peu les éditeurs et les distributeurs.

Une recherche plus approfondie portant spécifiquement, notamment, sur le marché des librairies, gagnerait à être réalisée. C’est que les facteurs explicatifs des variations observées ne sont pas toujours évidents. Il est clair que la diminution observée chez les librairies indépendantes est liée à la fermeture, durant les dernières années, de nombreux établissements. Qui plus est, outre les grandes surfaces et les autres points de vente, la concurrence provient aussi de plus en plus des librairies à succursales. Mais quelles sont les proportions associées à chacun de ces facteurs ?

16 Allaire, Benoit (2014) « Les ventes de livres de 2009 à 2013 », Optique culture, n 35, Québec, Institut de la statistique du

Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec : www.stat.gouv.qc.ca/observatoire. Une note méthodologique bien développée indique par ailleurs de précieuses précisions – et précautions (limites) – méthodologiques concernant l’Enquête mensuelle sur la vente de livres neufs réalisée par l’OCCQ.

Synthèse

 Le nombre d’éditeurs agréés québécois a connu une croissance de 176 % durant les trois dernières décennies.

La Loi du livre a créé un contexte économique favorable au développement des entreprises de l’industrie, notamment avec le marché institutionnel réservé aux librairies agréées ainsi que l’agrément, nécessaire afin d’avoir accès aux divers programmes de subvention.

 Les distributeurs agréés ont connu une diminution importante, passant de 12 à 3 au cours des dix dernières années. Cela n’équivaut toutefois pas à une diminution du nombre total de distributeurs de livres au Québec. En effet, l’agrément les concerne moins, tandis que les tabelles sont désuètes depuis 2000.

 Les librairies se sont multipliées jusqu’en 1995-1996, avant de connaître une lente diminution par la suite, plus intense depuis 2005-2006. Il s’agit principalement des librairies indépendantes. Plusieurs facteurs peuvent être avancés, notamment la concurrence accrue des librairies à succursales, des grandes surfaces et des autres points de vente (pharmacies, dépanneurs, papeteries, etc.). Certaines librairies sont également très dépendantes des ventes institutionnelles, tandis que d’autres tardent à prendre le virage Web.

 Le nombre de librairies est à la baisse dans toutes les régions du Québec, une tendance plus prononcée dans les régions centrales entre 1991 et 2000, et les régions satellites de 2001 à 2011.  La fréquentation des librairies est (au prorata de la population) nettement plus accentuée dans les régions centrales, et ce malgré une très bonne couverture territoriale. Une part importante de la population québécoise affirme ne jamais fréquenter de librairies.

 Le prix moyen du livre édité au Québec a connu une augmentation de 11,5 % entre 1999 et 2011.

 En matière de tabelles, on constate qu’il n’y a ni pratiques de « dumping », ni pratiques de fixation de prix abusifs de la part des importateurs de livres du Québec. L’« esprit » de la Loi du livre, en matière de tabelles, est donc respecté. Le livre importé est toutefois vendu en moyenne 38,5 % plus cher au Québec que dans son marché d’origine.

 De 1995 à 2007, la proportion de la population ayant accès à une bibliothèque a progressé de 91,1 % à 95,3 %. Le nombre de livres disponibles par habitant est passé de 2,1 à 3,0 livres. La proportion d’usagers inscrits s’établit à 35,8 % (2007).

 Si la couverture territoriale des bibliothèques publiques est pratiquement complète, leur utilisation est extrêmement variable et, dans plusieurs régions, faible. Les régions centrales sont celles où on les fréquente davantage, et les régions périphériques le moins. Les régions centrales sont les seules qui présentent un équilibre entre les personnes qui y vont jamais et rarement et celles qui les fréquentent quelquefois et souvent. Tous les autres types de région présentent un portrait majoritaire de personnes qui n’y vont jamais ou rarement.

 Les femmes fréquentent davantage les bibliothèques que les hommes, le niveau d’études est marquant tandis que le revenu du ménage joue un rôle, les personnes plus fortunées y allant davantage. La langue parlée n’exerce pas d’influence.

 Si les niveaux de fréquentation des salons du livre ne sont pas particulièrement élevés, on note cependant un relatif équilibre entre les types de région, les régions périphériques étant même pratiquement à égalité avec les régions centrales. On observe également cet équilibre concernant les principales variables sociodémographiques (sexe, âge, niveau d’études, langue parlée, revenus).

 Les ventes de livres du réseau de librairies ont connu une progression de 1991 à 2012, passant de 293 450 000 $ en 1991 à 311 420 000 $ en 1999, puis à 444 278 173 $ en 2011 et 437 238 297 $ en 2012, soit une progression totale de 49 %.

 Les ventes de livres du réseau de la grande diffusion sont de leur côté passées de 56 131 000 $ en 1991 à 52 359 000 $ en 1999, puis à 117 211 106 $ en 2011 et 116 267 422 $ en 2012, soit une progression de 107 % pour la période.

 Les ventes de livres du réseau de librairies ont connu durant les dernières années une baisse assez significative (- 3 %), passant de 450 356 414 $ (2008) à 437 238 297 $ (2012). Cette baisse des ventes de livres en librairies est accompagnée d’une hausse des ventes de livres du réseau de la grande diffusion, hausse attribuable, notamment, à la progression des ventes effectuées par les « Autres points de ventes » (épiceries, pharmacies, quincailleries, dépanneurs, etc.).

 On observe une hausse de 1,5 % des ventes globales de livres en 2013 (par rapport à 2012). En dollars constants de 2013, la situation est toutefois identique à celle observée en 2001. Il y baisse de 2,5 % entre 2009 et 2013 en tenant compte du taux de croissance annuel moyen.  Répartition selon les différents points de vente en 2013 : Éditeurs : 16,1 % (hausse de 3,2 %) ;

Distributeurs : 2,8 % (hausse de 8,4 %) ; Librairies : 64,3 % (hausse de 1,1 %) ; Grandes surfaces : 10,7 % (hausse de 0,5 %) ; Autres points de vente : 6,2 % (baisse de 0,8 %).

 La part de marché des librairies à succursales (au sein des ventes des librairies) est passée de 48,4 % en 2009 à 52,5 % en 2013, tandis que celle des librairies indépendantes a décliné de 31,7 % à 25,5 %. Les librairies scolaires sont relativement stables, de 19,9 % à 22,0 %.

 De nombreux facteurs peuvent expliquer la baisse de ventes de livres au sein des librairies indépendantes : diminution des établissements, concurrence des grandes surfaces et des autres points de vente, concurrence des librairies à succursales… Manquant de données sur ces questions, des recherches plus approfondies gagneraient à être entreprises.

C

HAPITRE

2

D

ES DISCOURS AFFIRMÉS ET CONTRASTÉS

C

ONSIDÉRATIONS CONCERNANT LA

L

OI DU LIVRE

Introduction

Ce chapitre, de nature qualitative, porte sur les entretiens réalisés en 2012 et 2013 auprès d’acteurs de l’écosystème du livre au Québec. Les entretiens semi-dirigés constituent en effet une voie d’accès privilégiée afin de connaître et de mieux comprendre les perceptions que les acteurs ont de leur propre situation et de l’environnement au sein duquel ils évoluent, principalement ici en lien avec la Loi du livre. Ils permettent également de bien repérer les similitudes et différences entre les positions de chacun.

Six types d’acteurs ont été identifiés : écrivains, éditeurs, distributeurs, spécialistes, libraires et responsables de bibliothèques. L’analyse des perceptions développées par les lecteurs de livres aurait été très pertinente mais aurait nécessité un dispositif méthodologique débordant le cadre de cette recherche. Cependant, la plupart des acteurs ont mentionné les lecteurs dans leurs propos.

43 personnes ont été rencontrées, incluant tous les représentants des principales associations des différents acteurs. La typologie des espaces culturels régionaux (voir le chapitre 1) a également guidé nos choix, avec des personnes provenant des quatre types de régions : Centrale : Montréal et Québec ; Satellite : Laurentides ; Intermédiaire : Centre-du-Québec, Mauricie ; Périphérique : Saguenay‒Lac- Saint-Jean, Bas-Saint-Laurent, Gaspésie‒Îles-de-la-Madeleine. Certains interlocuteurs ont été rencontrés en groupe de deux ou trois personnes ; ils sont toutefois traités ici comme une seule entrée.

Le questionnaire développé comporte 14 questions se déclinant en plusieurs sous-questions (voir l’annexe A). Deux parties structurent le questionnaire : la Loi du livre et le numérique. La partie numérique est traitée dans le chapitre 4 du présent rapport. Un questionnaire complémentaire, plus « spécifique », a également été envoyé par courriel.

Ce projet de recherche a obtenu l’approbation du Comité d’éthique de la recherche avec des sujets humains de l’INRS. Il garantit la confidentialité ainsi que l’anonymat des entretiens effectués. Afin d’assurer l’anonymat des personnes rencontrées et de simplifier la lecture, les participants sont identifiés selon le type d’acteur et au masculin singulier.

L’analyse des entretiens a été effectuée en deux étapes. Nous avons d’abord réalisé un codage de chacun des entretiens (analyse verticale) selon les thématiques principales de la recherche. Cela a permis de rassembler les différentes positions des individus selon leur catégorie d’acteur. Une analyse

transversale a ensuite été effectuée, visant à identifier les éléments convergents et divergents, de même que les différents degrés de nuances, entre les catégories d’acteurs rencontrés.

Nous avons initialement rédigé six analyses spécifiques, par type d’acteur, portant sur tous les thèmes abordés, pour ensuite les compiler en un seul chapitre, présenté ici. Les questions de l’entretien relatives au numérique ont été traitées selon la même méthode.

L’analyse est structurée en différentes thématiques associées à la Loi du livre : évaluation générale, écosystème du livre, agrément, tabelles, remises, office, territoire, acteurs, propositions. Chaque thématique comprend plusieurs sous-thèmes mis en lumière par le biais des propos des acteurs. L’évaluation générale dessine de grandes tendances qui sont par la suite détaillées. Nous nous attachons, dans la rédaction de ce chapitre, à souligner les éléments de consensus ainsi que les accords et désaccords selon les acteurs. Nous indiquons la proportion d’individus en accord avec une proposition et leur domaine d’action afin de contextualiser les propos. Nous rapportons également des commentaires et remarques même s’ils n’ont pas été discutés par tous les intervenants. La diversité de notre échantillon nous a permis de relever des cas problématiques particuliers aptes à éclairer des logiques plus larges et pertinentes pour la compréhension de l’écosystème du livre québécois. Il est également important à nos yeux de pouvoir relever les avis alternatifs aux consensus, souvent révélateurs de tensions et de négociations présentes dans l’écosystème. Nous avons veillé à ne relayer que des propos en lien avec des faits vérifiables. De nombreux acteurs ont témoigné d’une vision assez large de ce qui pouvait concerner la Loi du livre ; nous avons réalisé un arbitrage afin de permettre au lecteur de prendre en considération les dynamiques complexes que les acteurs de terrain abordent tout en restant centré sur la Loi du livre et ses effets.