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Chapitre II – Matériel et méthodes

1. Documentation

1.1. Sources écrites et iconographiques

L’hypogée I du Mont-Aimé n’a fait l’objet d’aucune publication d’ensemble, hormis une courte note figurant dans les informations archéologiques de Gallia Préhistoire (Chertier, 1983). Le contexte chrono- culturel de la tombe, étayé par des datations absolues, a été récemment précisé dans un article traitant d’un aspect particulier de la pathologie osseuse relative au groupe humain inhumé (Donat et al., 2019). Le mobilier archéologique a été en partie étudié dans le cadre de travaux universitaires consacrés à l’outillage lithique (Langry-François, 2004), ainsi qu’aux objets de parure (Polloni, 2008).

Après la fouille de l’hypogée, l’étude des restes humains (inédite) fut confiée à D. Gambier (CNRS, PACEA) qui privilégia trois approches consistant l’une à restituer la structure par âge et par sexe du groupe humain inhumé, l’autre en une analyse préliminaire de la répartition spatiale des vestiges osseux, dans laquelle l’auteur fournit un décompte précis des os et dents de chacune des deux salles de l’hypogée, et, la dernière, en une analyse morphologique et métrique des éléments crâniens suffisamment bien conservés (blocs craniofaciaux et mandibules). Un court inventaire des pièces pathologiques les plus remarquables complète l’étude. L’ensemble de ces informations a été consigné dans un document dactylographié (15 pages, 12 tableaux et 7 figures) qui accompagne le rapport de fin d’opération rédigé par B. Chertier (1986), actuellement conservé au Service Régional de l’Archéologie de Châlons-en-Champagne.

Ce rapport présente sommairement (8 pages) l’architecture et le remplissage de la tombe, un décompte des restes humains (assorti d’estimations du NMI), ainsi que l’assemblage mobilier (sous forme d’inventaire). À ce document viennent s’ajouter les archives de fouilles, qui comprennent quatre carnets consignant l’inventaire et les coordonnées (x, y et z) des vestiges archéologiques, 49 relevés planimétriques à l’échelle 1/2 de chacune des unités topographiques définies à la fouille (m2, avec pour chacun de 1 à 5 niveaux de décapages ;

Fig. 16), ainsi qu’un plan d’ensemble de la cavité (sans les vestiges archéologiques) et des relevés des profils

de la chambre funéraire (6 documents). Aucune photographie n’accompagne ces archives. En revanche, 33 plans ont été réalisés après la fouille, sur lesquels figure la répartition du mobilier et de la plupart des restes osseux représentés schématiquement (bâtonnets pour les os longs, triangles pour les os plats des ceintures scapulaire et pelvienne, etc.), répartis par type d’os et par grande région anatomique (crâne, membres supérieurs et inférieurs, etc.). Ces plans schématiques ont d’abord été réalisés sur papier millimétré (échelle 1/20), puis remis au propre sur calque (traçage au Rotring).

Les investigations archéologiques menées dans l’hypogée II du Mont-Aimé ont donné lieu à deux rapports rédigés à l’issue de chacune des campagnes de fouille (mai-juin 1988 et septembre 1988-mai 1989 ; Mazière et Crubézy, 1988, 1989), ainsi qu’à deux publications préliminaires présentant l’architecture du monument, son remplissage, une partie du mobilier archéologique et des hypothèses sur le fonctionnement de la sépulture (Crubézy et Mazière, 1990, 1991). Ces publications ont été précédées d’une notice parue dans les

Bulletins de la Société Préhistorique Française (Crubézy et Mazière, 1988). Le mobilier archéologique a

depuis été intégralement réexaminé, dans le cadre de divers travaux universitaires et d’un Programme Collectif de Recherches (Le IIIe millénaire dans le Centre-Nord de la France, Cottiaux, R., et Salanova, L. dir.), et

l’assemblage a été publié dans sa totalité (Donat et al., 2014).

Les restes humains, dont l’étude a été initiée par E. Crubézy (Crubézy et Mazière, 1990, 1991), ont fait l’objet d’un diplôme d’études approfondies (DEA) consacré au recrutement et au fonctionnement de la

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tombe (Donat, 2002). La présente étude s’appuie sur ces divers travaux, auxquels vient s’ajouter la documentation de terrain (15 classeurs de fouille) dans laquelle figure l’inventaire précis des vestiges ainsi que leurs coordonnées (x, y, z). Les plans de répartition de l’ensemble des vestiges archéologiques, établis pour chaque m2, n’ont pas été retrouvés au moment de l’étude (hormis une mise au propre d’un relevé de terrain),

ce qui a eu d’évidentes incidences sur le travail entrepris. Les quelques photographies à notre disposition sont celles présentées dans les rapports établis à l’issue de la fouille, les originaux n’ayant pu être retrouvés.

Figure 16. Relevé de terrain de l’une des unités topographiques (m2) de la chambre funéraire

de l’hypogée I du Mont-Aimé (carré D4, décapage 1).

1.2. Les assemblages osseux

L’hypogée I a livré près de 7000 vestiges humains, qui présentent un remarquable état de conservation, la grande majorité d’entre eux s’étant révélés entiers (5896/6729 = 87,6 %). Et parmi les os incomplets, la part manquante excède rarement plus du quart de la pièce. En outre, les os ne sont pas ou peu altérés, en dehors de discrètes traces de dissolution et de fissurations longitudinales. Quelques diaphyses portent des traces de grignotage dues à des rongeurs. Cinq fragments d’os présentent des traces de feu, sous la forme de points de chauffe localisés (coloration noire). En revanche, aucune altération d’origine humaine, comme des stries de découpe ou des traces de coup, parfois rencontrées sur les restes humains anciens, n’a été décelée. L’assemblage osseux décrit ne reflète toutefois qu’imparfaitement les vestiges humains recueillis au moment de la fouille. En effet, la confrontation entre les inventaires réalisés lors de l’étude en laboratoire et ceux consignés à la fouille révèle des manques significatifs concernant l’ensemble des dents isolées ainsi que les os coxaux, la plupart des os des mains et, à un moindre degré, les éléments du squelette de l’avant-pied.

Les vestiges humains mis au jour dans l’hypogée II du Mont-Aimé consistent en 20403 pièces, réparties en 19181 restes osseux et 1222 dents (927 éléments isolés de leur support osseux et 295 dents

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implantées sur arcade). Les ossements, qui sont dans l’ensemble peu érodés, en dehors de traces de dissolution peu étendues, présentent des états de conservation variés : 34,2 % (6562/19181) des pièces se sont révélées complètes (ou subcomplètes) et presque autant sont au moins représentées aux trois quarts (5907/19181 = 30,8 %), la plupart des autres os étant conservés à moitié. Par ailleurs, une centaine de vestiges osseux ont subi l’action du feu. Signe de l’activité soutenue de la faune ambiante, plusieurs ossements, des os longs et volumineux comme des éléments de petite taille, portent des traces plus ou moins étendues de grignotages et de griffures dues à des rongeurs et des carnivores. L’état de surface des vestiges humains ne montre aucune altération d’origine humaine.