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6.4 Un mod` ele Influence/R´ eaction pour la simulation

6.4.5 Distinction esprit/corps

Dans le troisi`eme chapitre, nous avons vu que dans les travaux qui s’int´eressent `a la mod´eli- sation d’agents situ´es dans un environnement, l’importance d’une s´eparation claire entre les va- riables relatives au syst`eme conatif et les variables qui mod´elisent la partie physique d’un agent est de plus en plus souvent soulign´ee (cf. section3.4.2 page62) [Magnin, 1996, Souli´e, 2001]. Magnin divise explicitement un agent en deux parties : cerveau et composante physique. Souli´e fait lui aussi une distinction nette entre le syst`eme conatif de l’agent et les variables environnementales en formalisant ce qu’il appelle un lien bidirectionnel (pour la perception et l’action). En fait, on retrouve r´eguli`erement cette distinction dans la litt´erature. R´ecem- ment par exemple, dans [Chang et al. , 2005] les auteurs utilisent cette distinction pour mettre en avant la diff´erence qui existe entre le mod`ele qu’un agent a de son environnement, qu’il

construit par perception, et le mod`ele qui d´efinit la r´ealit´e de l’environnement. Ils proposent ainsi de prendre en compte plusieurs mod´elisations suivant le point de vue consid´er´e, celui de l’agent ou celui de la r´ealit´e : mind model et reality model. De plus, pour faire le pont entre les deux les auteurs d´efinissent un troisi`eme niveau de mod´elisation, concept model, qui permet aux agents de comprendre la r´ealit´e et d’en construire un mod`ele (le mind model ). On retrouve ici l’id´ee que nous avions pr´esent´ee dans la section 6.4.2 et selon laquelle il est int´eressant de d´efinir les donn´ees de perception en fonction de la nature des agents, et non en les construisant `a partir des variables d’´etats environnementales brutes. Par ailleurs, outre l’int´erˆet pratique de ce troisi`eme niveau, celui-ci mat´erialise bien l’id´ee qu’un agent n’a qu’une connaissance subjective de la r´ealit´e qui l’entoure. Il ne connaˆıt pas les choses en soi. Autre exemple r´ecent, dans [Okuyama et al. , 2005] les auteurs proposent un langage de description d’environnement pour les simulations multi-agents, ELMS (Environment description Language for Multi-agent Simulation) qui d´efinit une syntaxe qui implique de d´efinir explicitement non seulement l’environnement mais aussi le corps des agents, les perceptions et les actions. Les auteurs nous rappellent aussi que, du point de vue d’un agent, tous les autres agents font partie de l’environnement.

R´esumons ici bri`evement les avantages d’une telle d´ecomposition. Premi`erement, d’un point de vue g´enie logiciel, il est beaucoup plus simple de modifier ou de substituer les dif- f´erents ´el´ements d’une simulation (agents et/ou environnement) si l’action, la perception, le comportement interne d’un agent et l’environnement sont impl´ement´es de fa¸con modulaire. Deuxi`emement, et c’est le plus important pour nous, d’un point de vue conceptuel il est tr`es important de faire une diff´erence explicite entre les variables (et les fonctions) sur lesquelles l’agent a un contrˆole total, c’est-`a-dire celles qui sont utilis´ees par le syst`eme d´ecisionnel, et les variables qui mod´elisent la partie physique de l’agent et sur lesquelles celui-ci ne doit avoir aucun pouvoir de modification. La figure6.4illustre cette distinction.

Agent Système décisionnel Environnement A = 4 B = 3.2 C = 3 ...

perception délibération action

mémoire Composante physique … X = 1 Y = 4 Z = 0 ...

Variables d’état du système décisionnel Variables sous le seul contrôle de l’agent. Ces variables sont accédées/modifiées uniquement

durant la phase Influence

Variables d’état de la composante physique Variables non contrôlées par l'agent. Ces variables sont modifiées uniquement durant la

phase Réaction

Fig. 6.4 – Distinction esprit/corps dans le contexte du principe Influence/R´eaction.

Dans le contexte du principe Influence/R´eaction, cette distinction est donc tout `a fait fondamentale. En effet, le physique d’un agent faisant partie int´egrante de l’environnement, il doit ˆetre modifi´e lors de la phase de r´eaction. La position ou les points de vie d’un agent sont des exemples repr´esentatifs de variables appartenant au domaine physique. Un agent mobile verra sa position changer uniquement si son mouvement n’a pas ´et´e contrari´e. Un agent

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d´esireux de manger, ne verra son niveau de vie augment´e que s’il a effectivement mang´e et qu’aucune autre action ne l’en a empˆech´e. A l’oppos´e, l’´etat interne d’un agent repr´esente quant `

a lui l’ensemble des variables modifi´ees et utilis´ees par le syst`eme d´ecisionnel, respectivement lors des processus de Memorization et de Decision. Typiquement, des variables li´ees `a un m´ecanisme de r´etroaction positive font partie de l’´etat interne. Nous formalisons ici ces deux facettes de l’agent de la fa¸con suivante :

– ´etat interne : sa∈ Sao`u Sa d´ecrit l’ensemble des ´etats internes possibles pour un agent.

– ´etat physique : φa∈ Φa avec Φa∈ Σ

Etant donn´e que Φa ∈ Σ, on voit bien ici que la perception d’un agent concerne autant

les variables de l’environnement que son propre ´etat physique ou celui des autres, sachant que la perception d´erive en partie de Σ. Par ailleurs, on voit que la notation utilis´ee pour d´ecrire l’´etat global du syst`eme doit ˆetre augment´ee de mani`ere `a signifier que Sa est un ensemble

particulier distingu´e de Σ et de Γ. En fait, il s’agit de sp´ecifier le fait que les variables d’´etat qui appartiennent `a l’architecture interne d’un agent ne sont pas modifi´ees pendant la r´eaction et que celles-ci sont uniquement sous le contrˆole de l’agent : elles ne sont ni dans Σ ni dans Γ. Ainsi, si l’on note ω(t) ∈ Ω l’´etat total du syst`eme `a l’instant t, celui-ci est en fait une combinaison telle que ω(t) =< ∪ni=1si(t) × δ(t) >. Cependant, afin de ne pas alourdir la

notation nous ne mentionnerons pas explicitement l’´etat total du syst`eme Ω dans nos futures ´equations. Il suffit de garder `a l’esprit que Sa n’appartient pas `a ∆ et que l’´etat interne d’un

agent est uniquement modifi´e durant la phase influence.