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Les dispositifs techniques de protection

Dans le document Gestion des risques (Page 89-95)

La protection des actifs matériels

4.1. Les dispositifs techniques de protection

L’événement dommageable s’étant produit, les dispositifs techniques de protec-tion ont pour but de combattre le développement, la propagaprotec-tion, et donc de réduire les effets immédiats du sinistre. Nous avons tous à l’esprit les systèmes de protection classiques contre l’incendie, qui ont pour effet d’agir sur deux des trois éléments du fameux « triangle du feu », à savoir combustible et comburant (oxy-gène), l’action sur le troisième élément – la source de chaleur – étant du domaine de la prévention. Mais n’oublions pas que l’incendie, même s’il reste la cause pre-mière de destruction des actifs corporels, n’est que l’une des sources de risque possibles, ainsi que nous l’avons vu ci-avant. Ainsi une pompe d’évacuation des eaux pluviales (inondation) ou une toiture légère (explosion) sont aussi des dis-positifs techniques de protection des biens, même s’ils ne visent pas l’incendie.

La conception et le choix d’un dispositif de protection, quel qu’il soit, doivent reposer sur trois principes essentiels :

1. Adéquation avec le sinistre prévisible, et avec l’environnement d’usage, 2. Fiabilité dans le temps,

3. Cohérence avec les dispositifs connexes ou complémentaires.

L’assurance française s’implique d’ailleurs depuis très longtemps dans la certifi-cation des matériels de protection (marque de qualité A2P – Assurance Préven-tion ProtecPréven-tion – depuis 1984) et des entreprises chargées de leur installaPréven-tion, dans les domaines non couverts par d’autres certifications, comme c’est par exemple le cas pour les extincteurs. Depuis 1984, l’APSAD a adhéré à l’European Fire & Security Group (EFSG) qui vise à adopter une démarche commune de cer-tification des produits de sécurité.

Le compartimentage

Le compartimentage horizontal et/ou vertical des locaux limite la propagation du feu ou son alimentation en air frais. Il facilite l’évacuation des occupants et l’intervention des secours. C’est ainsi que recommandé par les assureurs, il est aussi requis par la loi pour les Etablissements Recevant du Public (ERP), les Immeubles de Grande Hauteur (IGH) et les parcs de stationnement souterrains.

Pour être efficace, le compartimentage doit être réalisé par des barrières fixes (planchers, murs, cloisons) ou mobiles (portes, ouvrants extérieurs) réunissant trois qualités complémentaires :

S’opposer à la propagation du feu,

Avoir une stabilité structurelle propre,

Etre parfaitement intègre.

Une porte isoplane ne possède évidemment pas la 1ère qualité. Un mur en brique supportant la charpente de l’atelier ne possède pas la 2ème qualité. Un plancher traversé par des gaines non colmatées ou un mur percé d’une porte maintenue

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ouverte ne possèdent pas la 3ème qualité, même s’ils sont intrinsèquement résistants au feu. Des règles strictes président donc à la conception des compar-timentages. On se rapportera en particulier aux règles R15 et R16 de l’APSAD sur les ouvrages séparatifs coupe-feu et les portes coupe-feu. Ces règles ayant pour objet la protection des biens, elles diffèrent des exigences légales concernant la protection des personnes. Quelles qu’elles soient, leur respect est impératif, car la fausse confiance en un mauvais compartimentage est pire que l’absence de compartimentage.

Un compartimentage possédant indéniablement les trois qualités ci-dessus est constitué par...rien ! En effet, une zone libre est un excellent obstacle à la propa-gation du feu, en particulier par rayonnement puisque l’énergie reçue par rayon-nement varie en raison inverse du carré de la distance. Technique difficilement utilisable dans un bâtiment, ne serait-ce qu’à cause de la surface perdue, elle est particulièrement recommandée lors de l’implantation des bâtiments qui devraient être au moins à 10 m les uns des autres, distance portée à 20 m voire 30 m si l’un ou les deux bâtiments sont en matériaux inflammables.

Les extincteurs mobiles

Un extincteur mobile est un réservoir portatif ou sur roues (> 20 kg) contenant un agent pulvérulent (sels d’ammonium, bicarbonate de sodium ou de potassium), gazeux (CO2, halons) ou liquide (eau, mousse) projeté sur le feu sous l’effet d’une pression interne et agissant par suppression du comburant (air) au voisi-nage du feu. Le type d’extincteur dépend de la nature du combustible. Les extincteurs à liquide seront utilisés sur les feux de solides (bois, tissus, etc) ; ceux à gaz sur les feux de liquides ou de solides liquéfiables (alcools, solvants, huiles, peintures, etc) ; enfin ceux à poudre pouvant agir – avec une efficacité d’ailleurs aléatoire – sur les feux de combustibles gazeux, mais pouvant aussi être utilisés sur les feux de liquides ou solides liquéfiables. Les dispositions de choix et d’ins-tallation des extincteurs mobiles sont précisées dans la règle R4 de l’APSAD. Il faut compter un extincteur pour chaque 200 m2 d’une même activité, sachant en outre que l’on ne doit pas parcourir plus de 15 m pour atteindre un extincteur.

La facilité d’emploi de l’extincteur – sous réserve de la formation de l’utilisateur – est contre balancée par son autonomie faible et la nécessité de s’approcher du feu pour le combattre efficacement.

Une installation d’extincteurs mobiles coûte de 1 à 2 € HT/m2. Les extincteurs doivent être vérifiés une fois par an par un installateur agréé (coût : environ 0,2 €/m2/an).

Les robinets d’incendie armés (RIA)

Un robinet d’incendie armé est composé d’un tuyau semi-rigide sur dévidoir (fixe, orientable ou pivotant), d’une lance à robinet diffuseur et d’un robinet d’arrêt de l’alimentation en eau. La règle R5 des assureurs et la norme NF S

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201 prévoient des diamètres de l’orifice du robinet diffuseur variant de 19 à 33 mm selon la classe de risque. Différentes sources d’eau sont admises (réseau publics, réservoirs gravitaires ou sous pression, pompes d’aspiration dans un réservoir ou un cours d’eau, installation sprinklers), dans la mesures où la source choisie peut alimenter pendant 20 minutes au moins la moitié des RIA, y compris le plus défavorisé, avec un minimum de deux RIA et un maximum de quatre RIA.

Selon la règle R5, chaque point de la surface à protéger doit pouvoir être atteint par deux jets au moins. La distance entre deux RIA les plus proches ne peut excé-der la longueur cumulée de leurs tuyaux.

La réglementation prévoit des dispositions spécifiques aux établissements rece-vant du public (ERP), aux immeubles de grande hauteur (IGH) et aux installa-tions classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

Plus puissant que l’extincteur (débit de l’ordre de 10m3/h), le RIA permet de combattre différents types de feux à plus grande distance (15 m). Son efficacité est cependant dépendante de la réactivité et de la compétence des opérateurs.

Le jet d’eau est cause d’un risque d’électrocution.

Un RIA coûte environ 2.000 €. Une installation coûte de 2 à 4 € HT/m2 selon le diamètre de l’orifice.

Les réseaux d’extinction automatique

Le réseau d’extinction automatique (aussi appelé réseau sprinklers) est destiné à déceler un foyer d’incendie, de le combattre ou au moins d’en éviter le déve-loppement jusqu’à l’intervention déclenchée par le système d’alarme associé. Il comporte donc les éléments suivants :

Un réservoir de produit extincteur (en général de l’eau),

Un réseau de distribution muni de têtes d’arrosage qui s’ouvrent selon le type de tête à une température fixée à l’avance (de 68°C à 141°C),

Un dispositif d’alarme relié si possible à un poste de surveillance et/ou d’intervention permanente.

Le réseau de distribution est généralement rempli en permanence d’eau sous pression. Il peut aussi n’être alimenté en eau qu’au moment de l’incendie, ce qui présente l’avantage d’éviter le gel des canalisations ou le déclenchement intem-pestif des têtes si la température ambiante est naturellement élevée, mais aug-mente le temps de réaction du système.

La règle R1 de l’APSAD définit les règles d’installation des systèmes d’extinction automatique selon la nature des activités à protéger. Elle définit aussi l’entretien et les vérifications périodiques du système.

Un réseau d’extinction automatique est un instrument efficace et s’impose lors-que le rislors-que de départ de feu et surtout de développement rapide du sinistre sont importants. Il est particulièrement adapté aux bâtiments de grandes

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sions ou mal compartimentés, ou encore lorsque les structures porteuses ont une faible résistance au feu.

Ce n’est cependant pas la panacée. Il faut donc se garder de le recommander ex abrupto : seule une analyse de risque permet de savoir si un réseau de sprinklers est la protection à la fois la plus adaptée et la plus économique. On gardera pré-sent à l’esprit qu’une installation de sprinklers coûte de 10 à 20 € HT/m2 protégé pour un risque courant et de 15 à 40 € HT/m2 protégé pour un risque très dange-reux (une tête couvre 9 à 12 m2). Sa vérification semestrielle et son entretien annuel représentent sur le long terme près de 10 % par an de l’investissement ini-tial. Sa durée de vie peut être très longue, mais les règles des assureurs en impo-sent la révision et la remise aux normes au bout de trente ans.

Autres systèmes :

Systèmes d’extinction à poudre : La poudre contenue dans un réservoir est dispersée sur la zone en feu. Particulièrement adaptée aux feux de liquides et aux incendies impliquant du matériel électrique, les poudres ont l’inconvénient de laisser un résidu qui requiert un nettoyage ultérieur. On ne les utilisera donc pas sur des équipements fragiles, et en particulier les matériels informatiques.

Systèmes d’extinction au dioxyde de carbone : Les systèmes d’extinction au CO2 conviennent particulièrement aux enceintes closes relativement étanches ou à la protection ponctuelle de machines. L’extinction est obtenue par réduc-tion du taux d’oxygène dans l’air, la concentraréduc-tion en CO2 devant être mainte-nue pendant une durée suffisante (1 à 4 minutes), ce qui justifie un local étanche et résistant à la surpression créée par le gaz.

Une attention particulière doit être apportée à la sécurité des personnes, car la concentration en CO2 requise pour l’extinction met en danger la vie des person-nes dans la zone noyée par le gaz. Il est donc indispensable de mettre en place un système d’alarme permettant une évacuation rapide et interdisant l’accès au local après déclenchement du système d’extinction.

Systèmes d’extinction à mousse : Particulièrement efficaces sur les feux de réservoirs d’hydrocarbures, les systèmes à mousse éteignent le feu en l’étouffant par une couche de mousse composée de bulles de gaz inerte. Encore faut-il que le liquide en feu ait une densité supérieure à celle de la mousse et ne réagisse pas avec cette dernière.

Systèmes d’extinction aux halons : Les halons ont la particularité d’arrêter la réaction chimique de la combustion. Ils sont très efficaces à des concentrations bien plus faibles que le CO2. Comme ce dernier, ils doivent être utilisés dans des locaux étanches. Cependant, les halons sont toxiques et certains contribuent à la destruction de la couche d’ozone. Leur usage sera prochainement interdit. On utilise donc désormais des gaz de substitution (FM 200, FE 13, Inergen, Argonite) plus chers que les halons, mais sans effet sur l’environnement.

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La détection incendie

Les systèmes automatiques de détection incendie permettent une alarme pré-coce. Les services d’intervention pourront ainsi intervenir plus tôt et limiter le développement de l’incendie. Il est donc indispensable que la détection soit associée à un système automatique (par exemple sprinkler) ou manuel (équipe d’intervention, pompiers) de lutte contre le feu. Le système de détection doit aussi être adapté au type de feu susceptible de se déclarer. Les détecteurs, qui doivent être localisés au plus près de la zone de risque, sont principalement de l’un des types suivants :

Détecteurs thermiques réagissant soit à un dépassement de seuil de tempé-rature (thermostatiques) ou à un gradient de tempétempé-rature (thermo vélocimétriques) ;

Détecteurs de fumée, optiques ou ioniques ;

Détecteurs de flamme (infra rouge ou ultra violet).

Une installation de détection est coûteuse (10 € HT/m2). Sa vérification et sa maintenance sont elles aussi coûteuses, surtout en environnement industriel (vapeurs, poussières). On réservera donc la détection aux locaux difficiles à pro-téger ou aux matériels pour lesquels une détection précoce des départs de feu est indispensable.

La règle APSAD R7 définit les conditions d’installation et de vérification d’une installation de détection incendie.

Les exutoires de fumée et de chaleur

Un exutoire est un dispositif permettant en cas d’incendie l’évacuation des fumées et des gaz chauds, facilitant ainsi l’évacuation des occupants et l’inter-vention des services de secours, et limitant les dégâts causés par la chaleur, la fumée et les divers produits de la combustion. A l’inverse, les exutoires peuvent retarder l’entrée en service des systèmes d’extinction automatique, puisqu’ils réduisent la chaleur ambiante. La règle R17 de l’APSAD fixe les dispositions de sélection et d’installation des exutoires. Il faut prévoir une surface utile d’évacua-tion de l’ordre de 2 % de la surface couverte, un exutoire ayant une surface utile variant de 0,5 m2 à 6 m2 au maximum.

Le coût d’une installation d’exutoires est très variable selon le type et la surface utile des exutoires. Il faut compter de 3.000 à 4.000 € pour un exutoire moyen (2 à 3 m2 de surface utile), installation comprise.

La protection contre la foudre

La foudre cause environ 15.000 incendies par an en France. Le nombre d’impacts par an et par km2 varie de 1/2 à 5 selon les régions (norme NFC 17-102). Les Alpes de Haute Provence enregistrent environ 36 jours d’orage par an.

A l’opposé, le centre de la France (Loiret) n’entend le tonnerre que 8 jours par an. Le degré kéraunique moyen de notre pays est de 25. Dans la plupart des cas, le coup de foudre se produit alors que le bas du cumulo-nimbus est chargé

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tivement, et se développe du haut vers le bas. On dit qu’il est négatif descendant.

En montagne, ou dans le cas de pylônes ou d’immeubles de grande hauteur, l’effet d’ionisation au voisinage de la pointe crée une décharge qui va se propa-ger jusqu’au bas du nuage. On a alors un coup ascendant.

La foudre est un courant électrique de haute fréquence et de très forte intensité (jusqu’à 200.000 A). Elle a en donc tous les effets, en particulier :

Echauffements par effet Joule,

Destruction d’équipements électriques par montées en potentiel rapides,

Etincelles en risques d’inflammation à proximité des descentes de paraton-nerres,

Claquage des équipements électriques par différence de potentiel créés par effets électromagnétiques.

Les accidents corporels dus à la foudre, bien que peu fréquents, sont souvent très graves.

Malgré ces risques, peu d’entreprises font une étude globale de leur risque et se contentent d’installer des équipements de protection ponctuels des bâtiments, équipements et machines, souvent à la suite d’incidents.

Comme pour la plupart des risques, le traitement du risque de foudre doit être global et mettre en jeu les quatre instruments classiques :

• Techniques : amélioration de la qualité des réseaux électriques internes et externes (câbles d’alimentation) et protection par :

– limiteurs de surtension (parafoudres) sur les arrivées d’énergie, de télé-communications, sur les paraboles,

– paratonnerres à tige simple, à fils tendus, à dispositif d’amorçage selon les normes NFC 17-100 et 17-102,

– prises de terre conformes à la norme NFC 15-100.

• Organisationnels : procédures de détection précoce du risque de foudre et de mises en sécurité prévisionnelle des installation et des hommes,

• Juridiques : responsabilisation contractuelle des fournisseurs et partenaires,

• Financiers : transfert financier (assurance) adapté aux événements et de couverture suffisante par rapport aux dégâts redoutés.

Une étude spécifique, similaire à celle imposée aux ICPE par l’arrêté du 28/1/93, pourra utilement servir de modèle.

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