• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1 : ETUDE COMPARATIVES DES CELLULES FOLLICULAIRES

4. Discussion

Les cellules folliculaires dendritiques sont impliquées dans de nombreuses pathologies animales et humaines et notamment dans l’accumulation et la réplication du prion infectieux dans les encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles.

Les anticorps anti-FDC actuellement disponibles ne reconnaissent pas spécifiquement les FDC de tous les organes lymphoïdes bovins, chacun possédant sa propre spécificité d’espèce :

ƒ L’anticorps DRC1 (spécifique des FDC humaines ; Naiem et al., 1983 ; Johnson et al., 1986), les anticorps FDC-M1 et FDC-M2 (spécifiques des FDC de souris ; Kosco et al., 1992) ne reconnaissent pas les FDC bovines.

ƒ L’anticorps CNA-42 dirigé contre un antigène de 120 kDa exprimé par les FDC humaines permet aussi l’identification des FDC de chien, d’agneau et de veau (Raymond et al., 1997). Lezmi et ses collaborateurs (2001) ont décrit le marquage à l’aide du CNA-42 sur les amygdales humaines et sur la rate de mouton. Hormis un marquage en réseau au sein des centres germinatifs, spécifique des FDC, l’antigène reconnu par le CNA-42 est également localisé au niveau de cellules en périphérie des follicules lymphoïdes. Cet anticorps ne semble donc pas spécifique des FDC qu’elles soient humaines ou ovines (Lezmi et al., 2001).

Au sein de notre laboratoire, Thielen (2002) a testé le CNA-42 sur des cryosections d’organes lymphoïdes bovins. Un léger marquage positif mais non reproductible est observé au sein de certains ganglions lymphatiques. Une hypothèse envisageable serait que l’expression de l’antigène détecté par l’anticorps CNA-42 est variable selon les organes lymphoïdes ou selon les circonstances immunologiques.

Comme aucun anticorps ne marquait spécifiquement les FDC bovines et ce au niveau des différents organes lymphoïdes secondaires, la production d’un marqueur spécifique aux FDC bovines s’est révélée indispensable à la poursuite de notre étude.

Une collaboration efficace avec le Centre d’Economie Rural de Marloie nous a permis de produire un anticorps monoclonal spécifique, le FDC-B1. Cet anticorps révèle des structures en réseau dans la zone claire des centres germinatifs, similaire à la distribution des FDC. En effet, les FDC sont identifiables par la mise en évidence de leurs extensions cytoplasmiques emprisonnant les cellules lymphoïdes par un réseau de dendrites. Le pattern observé avec le FDC-B1 sur les tissus lymphoïdes bovins, ovins et caprins est similaire. Le

Page 100

FDC-B1 testé sur des cryosections de tissus lymphoïdes porcins, humains et murins n’a donné aucune réponse.

Afin de localiser le marquage du FDC-B1 au niveau cellulaire et d’éliminer tout doute de superposition de marquage in situ, des agrégats de FDC extraits de différents organes lymphoïdes bovins ont été analysés sur cytospin et par microscopie électronique. L’antigène reconnu par le FDC-B1 est exprimé à la surface membranaire du corps cellulaire et des extensions cytoplasmiques des FDC.

Une observation détaillée des cryosections d’amygdales et des plaques de Peyer de ces espèces, nous révèle qu’un signal positif est aussi observé au niveau des glandes salivaires présentes dans le tissu amygdalien et au niveau du film de mucus à la surface de l’épithélium de type intestinal. Le FDC-B1 pourrait donc se lier à une glycoprotéine.

L’étape suivante a été d’identifier biochimiquement l’antigène reconnu par le FDC-B1.

Vu qu’une protéine membranaire des FDC était suspectée, les membranes d’une population cellulaire enrichie en FDC bovines ont été solubilisées avec des détergents et analysées par Werstern-blot. L’analyse du contenu total en antigène par Western-blot grâce au FDC-B1 a permis de révéler une protéine d’un poids moléculaire de 28kDa.

La spécificité de l’anticorps pour les FDC ainsi démontrée, nous l’avons utilisé dans la suite de nos recherches pour analyser la distribution des FDC au sein des PPJ et des PPI.

L’apparente différence d’infectivité de ces tissus lymphoïdes chez des bovins atteints expérimentalement d’ESB nous a conduit à approfondir les capacités fonctionnelles des FDC isolées à partir des PPJ et des PPI. En effet, la PrPres est observée 6 mois après l’ingestion orale au niveau des macrophages à tingible bodies et, 36 mois après l’inoculation, la distribution de la PrPres est organisée en réseau au sein des centres germinatifs pouvant correspondre au réseau des FDC des PPI (Terry et al., 2003).

Aucune différence morphologique apparente du réseau des FDC entre PPJ et PPI n’est observable après immunomarquage à l’aide du FDC-B1. Comme cela avait été proposé par certains auteurs, la morphologie du réseau des FDC ne peut expliquer la différence d’infectivité de ces deux tissus (Terry et al., 2003). Nos recherches pour révéler des différences fonctionnelles des FDC isolées à partir des PPJ et des PPI n’ont pas apporté d’éléments supplémentaires de réponse.

Les capacités fonctionnelles des FDC évaluées par leur organisation en agrégat après isolement et leur capacité d’exprimer la PrPc ou d’assurer la rétention de complexes immuns

Page 101

ne permettent pas de différencier les FDC des PPJ et des PPI. Notons que l’expression de PrPc par les FDC isolées de PPJ et de PPI a été évaluée ici par un seul anticorps, le 6H4.

L’utilisation d’autres marqueurs, qui couvriraient notamment la région N-terminale de PrPc, permettraient de mettre en évidence des différences potentielles. Cette évaluation sera abordée dans le chapitre 3.

Pourtant, des différences fonctionnelles existent entre les PPJ et les PPI. Les plaques de Peyer iléales fonctionneraient comme un organe lymphoïde primaire, responsable de la génération de la majorité des lymphocytes B et de la diversité du répertoire pré-immun des anticorps (Gerber et al., 1986 ; Reynaud et al., 1991 ; Press et al., 1992). Comme le thymus, organe lymphoïde primaire responsable de la production des lymphocytes T, les PPI involuent à la maturité sexuelle. Par contre, les PPJ persistent pendant toute la vie de l’animal (Mutwiri et al., 1999).

Chez le mouton, les plaques de Peyer iléales participent à la génération du répertoire pré-immun des anticorps (Reynaud et al., 1991). La lymphopoïèse B s’y déroule aux jours de gestation 100-110 en l’absence d’antigènes exogènes (la gestation des moutons est de 150 jours) (Reynolds et al., 1983; Press et al., 1992). En effet, la flore intestinale n’est pas nécessaire à la diversification du répertoire des anticorps chez le mouton. La ligature ou l’excision d’un segment de l’intestin d’agneau excluant son exposition à des organismes commensaux n’arrête pas la mutation des gènes codant pour les anticorps. Ainsi des ligands exogènes ne sont pas requis pour initier et supporter le processus de mutation somatique (Reynaud et al., 1995).

En conclusion, grâce au FDC-B1, validé par différentes techniques immunohistochimiques, aucune différence morphologique relative au réseau des FDC des PPJ et des PPI bovines n’a pu être observée. De plus, la comparaison des critères fonctionnels des FDC isolées à partir des PPJ ou des PPI n’a révélé aucun paramètre responsable de cette différence d’infectiosité constatée entre PPJ et PPI dans les cas expérimentaux d’ESB. D’autres critères d’analyse seront envisagés dans le deuxième chapitre comme la comparaison de la morphologie des deux types de plaques de Peyer, leur innervation et notamment celle des centres germinatifs.

Table des matières Tables des illustrations Liste des principales abréviations Introduction Buts et plan du travail Méthodes générales Chapitre 1 : Etude comparative des FDC des PPJ et des PPI bovines

Chapitre 2 : Innervation des MALT

Chapitre 3 : Expression

d’isoformes de PrPc

Résumé et conclusions générales

Bibliographie

Annexes

Page 103

CHAPITRE 2 : ETUDE DE L’INNERVATION