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DEUXIÈME PARTIE : LES FLUX RESIDENTIELS DE FRANCE VERS

13. R ÔLE DE LA FRONTIÈRE

13.3. Difficultés liées au franchissement de la frontière

Dans l’ensemble, la plupart des migrants disent ne pas avoir fait face à d’importantes difficultés lors de leur installation en Suisse :

Tout a été relativement facile …. Les gens étaient même serviables et j’ai été agréablement surpris du point de

vue administratif. Même les douaniers quand j’ai passé mon véhicule. Tout s’est super bien passé, vraiment.

Lambert

C’était hyper facile. J’ai même été étonné, j’ai trouvé qu’on ne posait pas beaucoup de questions. Là on arrive, on a un contrat de travail et « hop » c’est fait. Neila

Difficultés administratives inhérentes à chaque début dans un nouveau pays mais interlocuteurs toujours très aimables et accueillants ! [Citation tirée de l’enquête par questionnaire]

Les administrations locales facilitent parfois l’installation en Suisse en faisant preuve de compréhension :

Franchement, aucune difficulté majeure. Je ne me suis pas butée à quoi que ce soit. Disons qu’il me fallait un permis pour acheter une maison […]. Je suis allé à la police des habitants et ils ont été arrangeants. Etant donné que j’étais une future habitante du Locle, ils ont fait comme si j’habitais déjà là pour que je puisse devenir propriétaire. Ils m’ont donc délivré le permis B. Donc là, j’ai bénéficié de la sympathie et du bon sens des autorités du Locle. Leslie

Si le franchissement de la frontière et l’installation en Suisse semblent, de manière générale, relativement aisés, certains migrants font néanmoins face à des problèmes à leur arrivée. Les commentaires laissés dans le questionnaire que nous avons envoyé révèlent des difficultés qui concernent parfois les démarches administratives et, de manière plus fréquente, l’accès au marché immobilier :

Aucune liste exhaustive des documents administratifs à fournir et aucun délai indiqué aux expatriés (ni de la part de la commune, ni de la part de l'employé). Il serait bien que l'administration mette en place un document informatif.

Difficile de trouver un logement au début, malgré un contrat à 100% le préavis de 3 mois fait hésiter les agences immobilières.

Formalités administratives parfois assez compliquées, très bon accueil au contrôle des habitants, difficultés pour trouver un logement (gérances exigeantes).

Il est difficile pour un Français de trouver un logement en Suisse. Les bailleurs n'acceptent pas les garants non- suisses. La seule solution est la cité universitaire ou la colocation...

Installation très facilitée grâce aux accords bilatéraux. Personnes qualifiées et sympathiques au contrôle des habitants. Très difficile de trouver un logement surtout avec un permis B et une nationalité étrangère.

Le degré de difficultés que rencontrent les migrants varie en particulier en fonction du type d’autorisation du séjour. Précisons que cette dernière est accordée à condition d’avoir décroché un emploi (et par conséquent un permis de travail). Les détenteurs d’un permis L – autorisation de séjour de courte durée attribuée aux détenteurs d’un contrat de travail temporaire – sont ceux qui font face aux plus grandes difficultés. Il leur est tout d’abord très difficile voire impossible de trouver un logement, les gérances ou les propriétaires rechignant à attribuer un appartement à des personnes possédant un tel permis. Dès lors, les migrants sans travail ou au bénéfice d’un contrat de travail temporaire souhaitant résider en Suisse recourent à diverses stratégies. Certains vivent par exemple en colocation le temps de trouver une place de travail fixe et ainsi d’obtenir un permis B (autorisation de séjour annuelle) :

Larry vu que moi j’étais encore en CDD et que j’avais le permis L, cela aurait été un peu plus difficile pour

trouver un appartement seul. Par contre dans notre recherche, le fait que ma colocataire ait un CDI et donc un permis B a grandement facilité le fait qu’on puisse avoir l’appartement. Parce que j’ai des copains qui ont des problèmes dans leurs recherches à cause de ces histoires de permis. Mais sinon, pas difficulté. Les seules difficultés auxquelles j’ai pu être confronté sont par rapport à cela : le fait de ne pas avoir de permis B. Larry

Un ami m’hébergeait. … Et puis une fois que j’ai trouvé un emploi fixe, j’ai pu faire les démarches auprès de la

commune pour demander les papiers et pour prendre un appartement. Mais avant je ne pouvais pas. Tant qu’on n’a pas de travail, on ne peut pas faire les démarches nécessaires. Donc c’est cela qui me bloquait. Léo

D’autres difficultés sont liées au permis L en sus du logement (impossibilité d’établir un contrat de raccordement téléphonique fixe par exemple). En raison de l’instabilité de leur situation, les détenteurs d’un permis L peinent à se projeter dans l’avenir et se sentent mis à l’écart. Décrocher un emploi fixe devient alors très important puisque cela permet d’obtenir une autorisation de séjour annuelle et renouvelable. Avec cette dernière, la situation se débloque en grande partie notamment pour ce qui est de la recherche d’un appartement :

Quand je suis arrivé ici, j’étais complètement bloqué. Le fait d’avoir un travail fixe, ça a tout décoincé. Léo

J’ai fait deux ans sans embauche définitive. Là je suis avec un permis L. C’est ennuyant parce que tu n’as droit à rien. On n’a même pas le droit d’avoir un abonnement téléphonique. En fait, le problème c’est que cela fait deux ans que je suis là, cela fait deux ans que je paie des impôts tous les mois et tout ça…et je n’ai même pas le droit de…je ne sais pas comment dire… mais tu n’as le droit de rien faire. Tu paies tes impôts, tu vis là, tu fais comme si tu étais un saisonnier mais cela peut durer deux ans. … Là je me retrouve avec une poubelle de voiture et je

ne sais pas si elle va tenir encore longtemps. Je ne peux pas aller dans un garage ou avoir un prêt. Je ne peux rien faire, je suis bloqué tant que je n’ai pas le permis B. C’est quand même embêtant. Lancelot

13.4.

Signification du passage de la frontière