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2 Participation : de la théorie à la mise en application

3. Phase de co-construction : c'est la phase actuelle, sur cette étape tous les membres de

2.3 Comment devenir co-chercheur ?

« Je suis en partie l'image que les autres donnent sur moi »

Il est important de tenir compte du « concept de soi41 qui correspond à l'ensemble des croyances que les individus portent sur eux-mêmes ; les sources de ces connaissances de soi dépendent d'un processus intra personnel, d'autres du processus interpersonnel ». L'image qu'on reçoit de la société

va en partie déterminer nos postures.

Les jeunes qui participent au groupe de recherche sont des experts, c'est dans cet esprit que nous les situons depuis le début de nos rencontres. L'expertise ici est définie comme une expérience et des connaissances acquises sur les dispositifs d'aide dans une longue pratique d'usage. Cependant « positionner » les jeunes en tant qu'experts peut valoriser leur parcours de vie, mais cela ne suffit pas pour que leur place soit légitime au sein du groupe. Pour cette raison, il faut impliquer les jeunes à la démarche en leur confiant des tâches, là encore on fait confiance à leur capacité d'agir, c'est une manière de reconnaître leur pertinence et leur expertise de co-chercheur.

Pour devenir co-chercheur nous identifions deux mécanismes au sein du groupe de travail : celui d'ouvrir la place, et celui de prendre sa place. Le premier correspond à l'ouverture des professionnels de la Chaire Jeunesse et de l'équipe d'Appui à tenir compte de l'arrivée des jeunes participants, en faisant confiance aux techniques participatives. Pour les jeunes, prendre leur place c'est aussi faire confiance à leurs propres capacités d'analyses et ne pas hésiter à faire des propositions.

On devient co-chercheur quand on fait confiance aux compétences et aux potentiels de tous au sein de l'équipe de recherche et quand tous sont en mesure d'effectuer les procédures de recherche (co- élaborer les grilles d'entretiens, effectuer des entretiens, les retranscrire...). Cette opération sociale

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134 d'ouverture et de prise de place se retrouve dans l'éducation populaire, où se priorise les rapports sociaux horizontaux pour favoriser l'échange.

« Participation des jeunes, oui, mais sous quelle forme ? »

Une fois que certains jeunes sont repérés se pose la question sous quelle forme leurs participations est envisagées ? Nous avons vu que la recherche coopérative dispose de différents espaces d'implication. Chaque espace nécessite un niveau d’engagement. Etant donné la diversité des lieux, il convient de considérer les engagements des jeunes non pas à niveaux égaux mais à énergie égales. • L'Atelier recherche coopérative se tient un samedi par mois, le reste du temps on se tient informé des avancés par mail et par téléphone. C'est dans ce cadre que les jeunes co-chercheurs sont sollicités pour apporter leurs connaissances d'usage, enrichir la recherche par leurs remarques pertinentes mais principalement pour co-construire les démarches de recherches.

Jusqu'à présent nous avons effectué trois ateliers :

- le premier atelier se déroule sur deux temps : le premier dédié au travail d'interconnaissance et le second temps centré sur la recherche. Dès le premier atelier nous avons planifié et organisé les prises de dates pour les ateliers à venir.

- le deuxième atelier : nous avons construit le listing d'acteurs comme prévu et délimité l'âge et profil des jeunes à interviewer.

- le troisième atelier : nous avons travaillé sur la méthodologie d'entretien et guide d'entretien. Nous avons fait le choix de nous rencontrer dans des lieux « neutres » afin d'éviter les lieux d'appartenances des acteurs respectifs. Ce choix se justifie pour éviter de tomber sur le biais de l'appartenance institutionnelle. Jusqu'à présent nos rencontres se sont tenues à la MJC Antipodes et à la Maison de Quartier de Villejean. Pour le bien-être de tous, nous veillons à ce que les horaires et le rythme des ateliers soient tenus.

Déplacement à des Colloques toute démarche de recherche nécessite pour le chercheur de se tenir informé et en alerte sur les réflexions qui gravitent autour de la thématique de l'objet d'étude. C'est dans cette perspective qu'un jeune et les professionnels de l'équipe d'Appui et de la Chaire de Recherche Jeunesse sont allés à un colloque tenu à Paris sur les « Jeunes en fugues ». Au colloque le jeune présent a pris à cœur son rôle participatif intervenant lorsque la parole était proposée au public. Une restitution a été présentée aux autres co-chercheurs qui n'étaient pas présents au Colloque. Ce genre d'activité favorise le partage, (essentiel pour tenir la cohésion de

135 l'équipe), et ainsi permet de nourrir les réflexions en plus de compléter la veille documentaire.

Copil : les jeunes ont été informés des deux comités qui ont eu lieu. Toutefois, en raison de leurs engagements dans leurs vie active, ils n'étaient pas présents.

Comex : nous avons pu compter avec la présence d'un des jeunes co-chercheurs au comité d'experts. Pour commencer tous les membres de l'équipe de recherche (jeune, Chaire de recherche Jeunesse et équipe d’Appui) se sont présentés comme co-chercheurs aux autres membres du Comex. En plus nous avions un chevalet indiquant « co-chercheur » et notre Nom. Ce point de « détail » renforce le statut et légitimise l'individu par rapport au groupe. Par ailleurs, il convient d'ajouter que le jeune a pris la parole en public, en s'exprimant avec aisance, en jouant son rôle d'expert de telle manière qu'il est passé pour un professionnel. Pour nous il était important que le jeune prenne sa place en tant qu'expert co-chercheur et non comme un « ex-usager ». L'organisation de ce comité était pensée pour favoriser la participation de tous, indépendamment de son statut socioprofessionnel.

Conclusion

« Ce qu'il faut retenir pour l'instant de la participation »

Pour l'instant nous avons réussi le pari d'impliquer la participation des jeunes à la recherche dans une dynamique de co-construction comme nous l'avions envisagée. En tant que stagiaire, mon rôle a été de : d'apporter un support théorique ; mettre en place ; animer ; et accompagner ce projet. Il convient de retenir les limites et les apports techniques employés par cette expérience, afin de la rendre pérenne jusqu'à fin de la recherche. Nous espérons que ces enseignements puissent servir non seulement à l'équipe de recherche (l'équipe d'appui, Chaire de recherche et jeunes co- chercheurs) mais aussi aux équipes de la SEA35.

Les difficultés, méthodologie employées et ses limites :

Ralentissement des démarches de recherche Mise en place du projet participatif

La mise en œuvre de la participation prend du temps et entraîne un « ralentissement » de la démarche de recherche (en raisons de prises de positions, argumentations des participants etc.). Par exemple, le partenariat des professionnels de la SEA35 et de la Chaire de recherche jeunesse est déjà établi à la différence des jeunes qui intègrent l'équipe de recherche. Pour surmonter cette difficulté la

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méthodologie employée était d'impliquer tous les acteurs à la création de ce volet participatif. Ainsi

les acteurs étaient alertés des freins existants, et de c'était une façon de « faire de la place » aux futures jeunes co-chercheurs.

Ce temps dédié à la co-construction a sans doute ralenti le rythme de la recherche mais a renforcé le partenariat entre acteurs (Chaire de Recherche Jeunesse, l'équipe d'Appui et jeune co-chercheur). Aussi, ce temps a permis à l'équipe de comprendre les difficultés et de réfléchir sur le « comment ? » faire équipe avec les jeunes « co-chercheur ». En filigrane nous pouvons noter la mise en application de la dynamique du pouvoir d'agir.

Participation : Nécessités des Ajustements et Réajustements

Une fois que les jeunes co-chercheurs font partie de la recherche il est nécessaire de prendre en compte les contraintes temporelles de chacun, cela demande un réel travail d'organisation et de coordination.

Pour gérer ces contraintes nous retrouvons chez l'équipe de recherche, de la compréhension et de la capacité à effectuer des réajustements. Finalement si des concessions sont effectuées par tous les participants, c'est que tous y trouvent leurs comptes.

Réfléchir à une veille d'informations

Il faut veiller à ce que les jeunes soient informés et consultés pendant tout le processus de recherche pour qu'ils soient impliqués tout au long de la démarche.

Participation des jeunes connus du service

Au début du projet participatif nous avons envisagé d'intégrer l'expertise des jeunes externes à la SEA35. Encore une fois pour des raisons de temps, nous nous sommes limités à la participation des jeunes connus par le service. Aussi nous avons eu des difficultés pour trouver des jeunes correspondant aux profils de co-chercheurs et cela a également ralentie le processus de recherche. • Les apports

Travail d'interconnaissance

L'équipe de co-chercheurs était composée de profils divers, le travail d'inter connaissance a permis de briser les représentations sociales et les croyances sociales et a favorisé la dynamique participative grâce à la mise en place de la confiance des individus de l'équipe. C'est l'occasion de repérer les valeurs communes des individus et de les mettre en avant. Les relations horizontales établies en équipe favorisent l'engagement des individus.

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Orienter vers la tâche : recherche coopérative

Projeter et planifier la recherche, permet d'impliquer la participation des uns et des autres. La démarche participative renforce les partenariats et permet de redynamiser les pratiques professionnelles des participants. La participation signifie pour les jeunes un moyen de pouvoir être acteur citoyen. Cela est en cohérence avec le projet de service de la SEA35, qui réfléchit sur la mise en place de la participation des usagers depuis 2009.

Pour conclure nous avons tenté de rendre compte de l'importance et l'intérêt de la mise en place du

volet participatif, en présentant la philosophie de cette démarche. Nous avons repéré les enjeux des participants et les freins existants. Nous avons compris comment articuler la philosophie du « pouvoir d'agir » et les concepts psychosociaux à la pratique participative. Nous avons aussi tenu compte des niveaux d'implication des participants et nous avons amené des éléments mis en place tenant compte des limites et des apports méthodologiques. Nous avons enfin atteint l'objectif majeur qui était que les jeunes deviennent de co-chercheur, mais il reste à savoir si ce volet participatif sera pérenne pendant tout au long du processus de recherche. Enfin sur les limites et les apports, pour l'instant nous n'avons pas assez de recul pour tous les lister. Nous pouvons juste affirmer que la méthode participative est fastidieuse et pour cette raison prend plus de temps. Pour les apports nous pouvons aussi affirmer qu'elle rend l'individu plus acteur parce qu'elle fait appel à ses ressources cognitives et psycho-sociales.

Deux idées de préconisations

1/ Un des co-chercheurs devrait continuer à assumer le rôle de co-animateur pour accompagner ce volet participatif.

2/ Le co-animateur pourrait trouver un moyen d'enregistrer les motivations de tous les participants co-chercheurs, afin de comprendre le processus d'engagement et désengagement (éventuels) tout au long de la recherche.

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Annexes

Synthèse du volet participatif appliquée à la recherche coopérative sur « les jeunes en fugue » :

Les enjeux repérés

Pour les jeunes + Pouvoir « rendre » quelque « chose » à l'institution et à la société. + accroître leurs connaissances, l'intérêt pour la démarche de recherche et pour l'objet d'étude.

Pour l'institution + Favoriser l'expression des usagers pour répondre à des préconisations adaptées

+Favoriser la « capacitation »

Pour les professionnels + Accroître connaissances et compréhensions + Favoriser de nouvelles pistes de réflexions.

3 Niveaux d'implication à la démarche de recherche coopérative Premier niveau : Groupe témoins Les jeunes donnent leurs témoignages Deuxième niveau :

Groupe consultation

Les jeunes qui seront consultés pendant les démarches de la recherche (construction de la grille, questionnaire,…)

Troisième niveau : Groupe co- chercheur

Les co-chercheurs sont des jeunes qui ont intégrés la démarche recherche et ils sont inscrit dans une logique de co-construction

Comment devenir co-chercheur ?

1. « briser » les

représentations au sein de l'équipe de travail

- Effectuer un travail d'inter connaissances

- Repérer les compétences des participants et les faire ressortir au sein du groupe

- Privilégier l'horizontalité dans les rapports d'échange (formation « Pouvoir d'agir »), cela favorise les échanges

2. Orientation vers la tâche - Planifier un calendrier commun - Projection du travail en équipe

3. Travail de co-construction - Co-Construire de réflexions, concepts, lectures - Appliquer les propositions effectuées par les jeunes

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Références bibliographiques

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Expertise d'usage

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NEZ http://www.participation-et-democratie.fr/fr/HéloïseNez.pdf

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www.kbs-frb.be/.../KBS.../PUB_1600_MethodesParticipatives.pdf

Définitions sur concepts de représentation sociale.

http://www.cadredesante.com/spip/profession/recherche/La-theorie-des- representations.html

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Annexe 11 :

Mémoire Emilie Caumes