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Cette étape de l’analyse et de l’interprétation permet de répondre à la question de départ et de vérifier si les résultats obtenus correspondent bien aux hypothèses qui ont été posées au début de la recherche. Les chercheurs ont recueilli des données en menant leur enquête de terrain dans ce but. Après avoir déterminé un modèle pour traiter ces données, ils peuvent maintenant se lancer dans une vérification empirique qui validera ou non les premières hypothèses. Cette vérification mettra aussi en évidence des faits et des résultats auxquels les chercheurs ne s’attendaient pas

Définition :

Le traitement des données qualitatives consiste à les trier et les classer en fonction d’une cohérence thématique. C’est un travail par étapes qui demande une grande rigueur car c’est sur ces données traitées que se baseront l’analyse et l’interprétation.

Méthode :

Construction d’une grille d’analyse :

- Lire intégralement tous les entretiens - Anonymiser les entretiens

- Déterminer les thématiques de la grille d’analyse à partir de la lecture des entretiens, des hypothèses et des guides d’entretien

- Inclure des thématiques relatives aux données sociodémographiques et socioprofessionnelles

Traitement des données qualitatives :

- Découper et classer les verbatim (phrases, paragraphes, mot…) dans les cases de la grille d’analyse en fonction des thématiques

- Lire les données par thématique une fois tous les entretiens traités pour les comparer entre elles

Points de vigilance :

- Etre attentif aux évolutions possibles de la grille d’analyse - Travailler en binôme si cela est possible

158 forcément, ils devront alors également interpréter ces résultats inattendus45. A ce stade, il faut donc revenir sur les hypothèses qui ont été posées au départ pour lire les données traitées dans les grilles d’analyse au travers de ce prisme et tenter d’en dégager une nouvelle problématique. Cette dernière orientera l’interprétation que les chercheurs feront des données qu’ils ont recueillies. L’analyse qualitative du discours produit par les personnes interviewées permet de dégager le sens particulier de leurs mots, de leurs expressions et des thèmes qu’ils ont abordés46.

Il n’existe pas à proprement parler de méthode pour interpréter des données qualitatives puisque l’interprétation dépendra toujours de l’objet de la recherche, des hypothèses qui y sont associées et de la discipline dans laquelle cette recherche s’inscrit. Le plus important est de bien savoir ce que l’on veut démontrer et dans le cas précis de cette recherche coopérative, ce que l’on veut communiquer et mettre en relief. En effet, une des volontés de l’équipe de recherche était d’organiser un temps d’échanges à la fin du traitement et d’une première analyse des données. Ce temps d’échange réunirait toutes les personnes qui ont été interviewées et les membres du comité d’experts pour faire un premier état de l’analyse et ainsi s’assurer d’être en accord avec les impressions, les vécus et les attentes de ces personnes. Il est important de pouvoir faire des retours aux personnes qui ont été sollicitées pour un travail de recherche, surtout si elles ont accordé assez de confiance aux chercheurs pour répondre à leurs questions. Sur ce point, il faut d’ailleurs bien garder à l’esprit qu’il y a une certaine inégalité dans ce qui a été demandé aux deux types de populations interviewées, car si les professionnels n’avaient qu’à décrire et expliquer leurs pratiques, les jeunes eux ont eu à révéler une part de leur intimité. Les chercheurs doivent toujours agir dans le respect des personnes qu’ils ont entretenues et ne pas oublier que ce qu’elles ont livré est toujours impliquant et peut avoir un impact direct sur elles. Ceci est d’autant plus important dans la phase d’interprétation des données recueillies. Les chercheurs ne doivent pas apporter des problèmes d’aucune sorte aux personnes qui ont accepté d’être interviewées. La situation d’entretien est basée sur une relation de confiance et cette confiance doit être maintenue durant toutes les phases qui composent la recherche. Les chercheurs peuvent s’appuyer sur l’organisation de ce temps d’échanges pour déterminer le cadre et le déroulement de la phase d’interprétation, tout comme ils doivent s’appuyer sur les instances encadrants la recherche pour poser des échéances. Ils ne doivent pas hésiter à mobiliser tout ce qui peut permettre de poser un cadre précis et formel pour une organisation optimale du travail de recherche. Dans une recherche, il n’y aura pas toujours de temps d’échanges avec les personnes interviewées qui pourra être organisé. Ce temps d’échanges est ici

45 Van Campenhoudt, Luc, Quivy, Raymond, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 2011,

p187.

159 une étape mais aussi un outil pour pouvoir aller jusqu’aux préconisations. Quoiqu’il en soit, les chercheurs doivent organiser leur travail en fonction de ce qu’ils communiqueront sur la recherche, que ce soit des résultats ou des préconisations. La communication est une étape primordiale, cette recherche se fait dans cette perspective et les chercheurs ne doivent pas la perdre de vue.

Dans la phase d’analyse et d’interprétation, il faut refaire le point sur les caractéristiques socioprofessionnelles et sociodémographiques des personnes entretenues mais aussi sur les parcours professionnels et les parcours de vie de ces personnes. Il est important de savoir qui a dit quoi et où cette personne se situe au moment de l’entretien. Les mêmes paroles venant d’un éducateur intervenant en protection judiciaire de la jeunesse et d’un éducateur intervenant dans un foyer de la protection de l’enfance n’auront pas la même valeur, pas le même sens. De même, le niveau d’étude atteint par les jeunes ou les professions et catégories socioprofessionnelles de leurs parents peuvent avoir une influence sur le sens de leurs propos. Cela vaut également pour la façon dont les professionnels sont arrivés là où ils sont, ou pour les différentes étapes par lesquelles sont passées les jeunes avant d’être rencontrés pour l’entretien par exemple. Il faut toujours contextualiser. De plus, dans le cadre de cette recherche, les chercheurs ont affaire à une population particulière de jeunes et à des professionnels qui adoptent et mettent en place des pratiques particulières. Les chercheurs s’intéressent à une situation donnée, ils doivent la rapporter avec précaution parce qu’elle ne décrit qu’une partie de la réalité sociale. Cet effort de contextualisation permettra de nuancer les propos et d’apporter un éclairage sur la population entretenue. De plus, cela témoigne de la rigueur scientifique dans laquelle la recherche s’inscrit.

Comme précisé dans le chapitre précédent, les données recueillies dans les grilles d’analyse seront lues par thématique. Cette lecture croisée permet de faire des liens entre chaque entretien mais aussi entre l’ensemble des entretiens en les comparant et en les mettant en relation. L’interprétation se fait donc directement à partir des verbatim relevés dans les grilles d’analyse. Il s’agit là de donner du sens aux propos des personnes interviewées. Une lecture attentive de chaque thématique composant la grille d’analyse est donc nécessaire pour relever tous les éléments de compréhension qui permettront aux chercheurs de répondre aux questions qui les intéressent. Cette étape peut paraître un peu inquiétante de par son importance mais il ne faut pas oublier que tout le travail effectué jusque-là a déjà permis de bien avancer dans la compréhension des données. Les chercheurs ont déjà beaucoup manipulé le corpus des entretiens et à ce moment du travail de recherche ils vont surtout vérifier et appuyer leurs intuitions, leurs jugements et découvrir quelques éléments qui ont pu échapper à leur attention. Après avoir pu déterminer un plan d’analyse et s’être mis d’accord sur ce qu’ils veulent faire ressortir des données, l’équipe de recherche doit pouvoir se

160 partager la lecture des thématiques et débattre des nouvelles problématiques qui auront pu être dégagées. L’importance du travail d’équipe n’est plus à démontrer, c’est une chance et un atout considérable dans un travail de recherche de cette ampleur. Avec cette lecture attentive, les chercheurs repèreront des éléments qu’ils organiseront sous formes de problématiques. Ils devront ensuite étayer ces problématiques en lien avec des publications, cela peut permettre d’apporter une validation ou un éclairage. Tout comme dans le traitement par les grilles d’analyse, il y aura après cette lecture croisée des données et des éléments qui seront ignorés par les chercheurs. C’est une autre raison pour laquelle ce travail doit être rigoureux et organisé.

Cette étape est difficile mais elle est aussi une des dernières et elle fait suite à un long travail préalable. Les chercheurs ne doivent pas se priver de penser à la satisfaction qui accompagnera l’aboutissement de cette étape.

3.2) Analyser et interpréter des données qualitatives : un exemple