• Aucun résultat trouvé

Deuxième observation : Questionnement devant l’idée d’un rythme moyen

Dans le document Joseph Chbat, (Page 167-172)

Centre du métier

4.1.4 Section 4 : En pensant aux aptitudes de mes élèves .1 L’idée derrière cette section .1 L’idée derrière cette section

4.1.4.3.2 Deuxième observation : Questionnement devant l’idée d’un rythme moyen

Malgré un score relativement élevé devant l’énoncé visant à vérifier si le professeur règle son enseignement en fonction des élèves qui ont un rythme moyen d'apprentissage, l’analyse des commentaires nous fait toucher du doigt la difficulté d’assurer un tel ajustement et le danger que cela peut comporter.

Le respect du rythme moyen des élèves : un idéal plutôt qu’une réalité

Un bon nombre d’intervenants considèrent que respecter le rythme moyen des élèves est un idéal difficile à atteindre. Chacun nuance cette position différemment : pour l’un, c'est une hantise que d'être à un rythme raisonnable, mais il n’est pas sûr d’y arriver. Pour l’autre, même s’il essaie toujours de le faire, il trouve que ce n'est pas toujours facile. Ceci incite certains à faire preuve d’ajustement constant : rattrapage avec les plus faibles et défis lancés aux plus forts (par exemple des lectures supplémentaires).

Le respect du rythme moyen des élèves : un danger à surveiller

Certains insistent sur le caractère problématique du rythme à adopter et parfois même du danger que cela peut cacher comme celui de ne pas couvrir une matière obligatoire ou d’être toujours retardé par ceux qui manquent des cours, et puis comment concilier entre les forts et les faibles, les rapides et les lents? Si on va trop vite, les lents crient au meurtre » et si on va trop lentement, les forts s’ennuient.

Le véritable obstacle : l’hétérogénéité de nos élèves

Certains veulent suivre un même rythme avec tout le monde et laissent la responsabilité aux élèves de s’adapter.

Cela est d’autant plus nécessaire que plusieurs soulèvent la grande hétérogénéité de leurs groupes qui les met devant l’impossibilité de trouver un rythme qui convienne à tout le monde.

Un certain juste milieu, avec un petit plus!

du rythme moyen des élèves, et d’un autre côté, aller un peu plus vite pour les pousser dans le dos. C’est dans ce même sens qu’un intervenant estime qu’il vise à aller toujours un peu plus vite que le rythme moyen pour garder l’attention des gens.

Dans ce qui suit, on peut lire intégralement les divers commentaires des répondants sur cette question pour comprendre l’ensemble des nuances faites par les uns et par les autres.

Les commentaires des répondants

Voici maintenant les commentaires de nos collègues tels qu’ils nous ont été livrés, mais

rassemblés par catégories. En les lisant sans l’intermédiaire d’un interprète, il y a plus de chance de comprendre leur message d’une façon directe.

- Un idéal à atteindre

- […] au début de session, je commence mon enseignement sans savoir le rythme

d'apprentissage des élèves. Depuis 20 ans, il y a eu une modification, notamment la vitesse et la quantité de matière ont augmenté. Les étudiants doivent être sollicités plus rapidement et plus directement. Du moins, j'ai l'impression...

- C'est un objectif que je m'efforce d'atteindre...

- C'est une hantise pour moi que d'être à un rythme raisonnable. Mais je ne suis pas sûr que j'arrive au rythme idéal.

- Des travaux et lectures enrichis sont toujours prévus pour les élèves avancés. - J’essaie dans la mesure du possible, mais cela n'est pas toujours facile.

- Même si je dois parfois faire du rattrapage avec les plus faibles ou donner des défis au plus forts pour convenir à tous.

- Sometimes we are limited by compulsory course content and limited time.

- Un danger à surveiller

- C'est un aspect difficile de l'enseignement. Si on règle sur les plus rapides, ça crie au meurtre. Si on règle sur les plus lents, le monde s'ennuie.

- Il faut être respectueux du rythme d'apprentissage de l'élève mais il faut aussi lui pousser un peu dans le dos sinon, ce serait la loi du moindre effort.

- Je ne crois pas beaucoup au nivelage par le bas

- Je pense qu'à mon niveau d'enseignement, les étudiants sont tous à peu près au même niveau. Si ça devient problématique pour eux de suivre, il est de leur responsabilité de réagir. On

- Le danger en réglant notre enseignement en fonction du rythme d'apprentissage des étudiants, c'est que le cours ne soit pas équivalent d'un groupe à l'autre. J'hésite toujours un peu à faire cela.

- Oui la plupart du temps je respecte le rythme de croisière des élèves. J'ai cependant de la difficulté avec ceux qui manquent des cours et qui ne reprennent pas. Également avec ceux qui ne font pas les pratiques ou les travaux.

- Trop souvent sur les plus faibles au détriment des autres.

- Le problème de l’hétérogénéité

- C'est ce que je vise, MAIS : mes élèves n'ont pas du tout un bagage uniforme : pas les mêmes connaissances de base; ils sont très hétérogènes en terme d'origine ethnique, d'âge, de

responsabilités parentales ou non, de nombre d'heures de travail rémunéré etc.

- C'est un exercice toujours difficile à cause de la très grande hétérogénéité culturelle et intellectuelle des élèves; par exemple, enseigner une matière intellectuelle à des sportifs ou à des élèves d'un groupe d'accueil est plus difficile qu'enseigner à des élèves de type pré-universitaires.

- Des élèves considèrent que "ça va trop vite"; d'autres pourraient "en prendre plus"... Je fais pour le mieux en réalisant qu'il est impossible de m'ajuster à chacun.

- Si le groupe est fort je suis plus exigente.

- Un certain juste milieu

- En général, le contenu à enseigner exige une certaine vitesse de croisière qui demande un rythme d'apprentissage supérieur à moyen. Mais de temps en temps, je favorise des temps libres ou des exercices de compréhension qui permet aux étudiants de faire le point et de solidifier leurs apprentissages. Les plus faibles en bénéficient, de même que ceux qui sont plus avancés. les uns aidant les autres...

- Je dirais que je cherche à imposer un train, un rythme qui est légèrement supérieur à la vitesse moyenne du groupe afin de maintenir l'attention. Le rythme, le débit, les informations

nouvelles doit correspondre approximativement pour moi à celui du lecteur de nouvelles de la télé.

- Je donne mes cours à un rythme normal, pour ceux qui ont plus de difficultés d'apprentissage, je suggère de venir me voir.

- Je règle mon enseignement en fonction du groupe dans son ensemble. Plus le groupe est fort, plus je serai exigeante et moins le groupe est fort, je le base sur l'élève moyen.

- Je vise d'abord les élèves au rythme moyen. Mais j'essaie toujours d'ajouter des démarches pouvant nourrir à la fois les plus faibles et les plus forts.

- Tout en réglant le cours sur la vitesse de croisière moyenne du groupe, il faut alimenter les élèves plus forts pour éviter à tout prix de les démotiver et pousser les autres à se dépasser, notamment au moyen de travaux personnalisés. Il est essentiel aussi de respecter le

programme à couvrir. Les élèves doivent être conscients du fait qu'ils travaillent à se donner des atouts pour leur avenir et non par fatalisme.

Quelques remarques

- Le tour de la question et une vue d’ensemble

Comme devant chaque question, ces commentaires nous donnent une vue assez complète sur la manière dont les collègues du réseau abordent ces questions touchant à leurs pratiques

pédagogiques. Qu’il n’y ait pas d’unanimité sur ces questions, rien de plus normal. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est le tour de la question que ces commentaires permettent de faire. En les lisant, chacun peut y trouver son compte et chacun pourra surtout élargir sa vue devant ces questions qui concernent de près son métier. Cela pourra sans doute se traduire par une remise en question de l’approche adoptée sur le plan personnel et par une ouverture possible à l’une ou l’autre des suggestions positives des collègues.

- Illustration

À titre d’exemple, devant l’énoncé stipulant que l’enseignant(e) adapte son rythme

d’enseignement au rythme moyen des élèves, en analysant les commentaires collectifs, on peut en dégager plusieurs idées maîtresses susceptibles d’intéresser les uns et les autres, selon leurs options personnelles.

o Le problème de l’adaptation

Pour un bon nombre, cette adaptation pose problème et constitue plutôt un idéal à atteindre qu’un acquis à conserver. Cela fait dire à quelqu’un que pour arriver à quelque chose de raisonnable, il doit faire faire du rattrapage aux uns (les faibles), et lancer des défis aux autres (les forts). Un autre souligne la difficulté provenant de l’hétérogénéité de nos élèves qui n’ont pas la même formation de base, ni le même background culturel ou social… Alors comment mettre tout le monde au pas, lorsque la diversité est si grande? C’est là un vrai problème qui nous paraît évident quand on pense à la réalité de nos groupes-classes.

o Le problème de l’absentéisme

En outre, il y a le problème de ceux qui manquent des cours, et l’on sait tous que l’absentéisme chez nos élèves n’est pas accompagné de beaucoup de remords de conscience. En pratique, on

penser à ce que quelqu’un appelle le danger du nivellement par le bas. Par ailleurs, à suivre le rythme des forts, les faibles peuvent crier au meurtre ».

o La difficulté de trouver le centre

Il est entendu que la solution comme toujours devrait se situer quelque part au centre, mais le centre n’est pas facile à trouver ici, surtout qu’il faut poser en même temps la question du programme à couvrir et de la limite du temps pour le faire. Il y a aussi le fait qu’on enseigne la même matière à plus d’un groupe. Alors comment se retrouver d’un groupe à l’autre s’il faut ajuster le rythme à chaque groupe.

o Une tentative intéressante dans ce sens

On pourrait penser que la position au centre est exprimée par le commentaire suivant : Je donne mes cours à un rythme normal, pour ceux qui ont plus de difficultés d'apprentissage, je suggère de venir me voir », mais la notion de normal est plus ou moins claire. On pourrait penser que le normal, c’est l’habituel, c‘est ce à quoi je suis habitué depuis le temps que j’enseigne, et en disant cela, on n’est pas sûr si un effort est fait pour tenir quand même compte de la capacité

d’absorption des élèves. Il est fort possible que ce que le professeur considère normal ne le soit pas pour un bon nombre de ses élèves, même les très bons. Personnellement, je me suis rendu compte de mon rythme d’enseignement à l’occasion de la présence dans un de mes cours d’une interprète pour malentendants. Comme je l’avais dans mon champ de vision et que je devais m’assurer qu’elle avait eu le temps de terminer la traduction des différentes parties de mon discours, j’ai eu à ralentir mon rythme dont je me suis rendu compte qu’il était trop rapide. Mais avant cette situation particulière, j’avais toujours pensé que mon rythme était normal…

o Une attitude d’ouverture aux élèves

Un autre intervenant souligne qu’il reste toujours alerte à la sincérité des élèves. Il sait d’expérience que certains élèves font parfois exprès pour ralentir le rythme du cours pour en avoir moins à faire. Un autre enseignant reconnaît que c’est à l’élève de réagir si le rythme suivi par le professeur ne lui convient pas : il aura alors soit à s’ajuster au rythme, soit à le signaler au professeur pour qu’il fasse de quoi. Et ici, il faut que le professeur guide ses élèves. Encore une fois, je peux référer à un exemple personnel où un bon nombre de mes élèves exigeaient que je leur donne du temps pour copier littéralement le contenu d’acétates électroniques que je leur passais dans le cadre d’un cours théorique. Mais, comme ils avaient droit de consulter en tout temps les fichiers contenant ces acétates sur le site du collège, et comme par ailleurs je ne voulais pas qu’ils transcrivent littéralement ces acétates étant donné que je trouvais beaucoup plus

formateur le fait d’en saisir l’essentiel et de ne pas s’en tenir au mot à mot, j’ai refusé

catégoriquement de leur donner plus de temps que je ne jugeais nécessaire pour qu’ils prennent des notes abrégées.

Un peu dans le même sens, on peut lire le commentaire suivant de l’un de nos collègues : Je dirais que je cherche à imposer un train, un rythme qui est légèrement supérieur à la vitesse moyenne du groupe afin de maintenir l'attention. Le rythme, le débit, les informations nouvelles doit correspondre approximativement pour moi à celui du lecteur de nouvelles de la télé. On voit qu’il y a derrière cette prise de position une intention pédagogique, et c’est peut-être cela qui est le plus important, car il n’y aura jamais une seule réponse à cette question du rythme de

l‘apprentissage, mais ce qu’on demande aux professeurs, c’est d’être conscients de ce qu’ils font et du minimum de temps nécessaire pour rendre l’assimilation possible.

Dans le document Joseph Chbat, (Page 167-172)