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b Le développementlocal fondé sur la production d’e te alit s te h ologi ues

Des approches des dynamiques de développement moins centralisées et moins inductives ont par la suite vu le jour. Le développement y est un processus endogène. L‟État ou les Régions continuent à jouer un rôle mais d‟autres acteurs, principalement les firmes, y prennent part. Les théories élaborées, à la rencontre de l‟économie spatiale et de l‟économie industrielle, ont cherché à comprendre le rôle joué par la proximité physique et les facteurs identitaires dans l‟émergence et le maintien, dans le temps et dans l‟espace, du développement. Les travaux fondateurs ont porté sur les « districts industriels » et les « milieux innovateurs » apparus dans les années 1980 et1990. Ces approches trouvent respectivement leurs racines dans les analyses en termes d‟externalités de MARSHALL (19β0) et de « milieu innovateur » du GREMI121. Districts et milieux innovateurs ont en commun de considérer les organisations productives comme des territoires marquées par des règles et une identité partagées ainsi que par une délimitation spatiale.

Dans cette optique, les concentrations industrielles, renommées sous le vocable de « districts industriels», se fondent sur la « thèse marshallienne selon laquelle les

interactions multiples entre les acteurs locaux conduisent à une amélioration sensible des performances des systèmes industriels » (RALLET et TORRE, 1995 : 9). Les

districts industriels, selon l‟angle d‟approche de l‟économie industrielle qui le caractérise, sont « des entités socio-économiques performantes à l‟exportation,

centrées sur une branche industrielle et reposant sur un tissu dense d‟interactions, souvent de nature informelle, entre petites firmes spécialisées dans les différentes phases du processus productif, un marché local du travail et une communauté de valeurs orientées vers le développement local » (RALLET et TORRE, 1995 : 18)122. Ce concept a donné naissance à celui, proche, de Système Productif Local, pour lequel des firmes, des organismes de R&D s‟implantent dans le même espace et se complètent d‟un système de PME. Les districts industriels, comme les SPL, reposent sur la division du travail dans un même espace et sur la « flexibilité » de la production. Ils s‟inscrivent en rupture avec le modèle fordiste de production. La performance économique des districts industriels (ou des SPL) provient des économies d‟échelle rendues possibles par la combinaison de deux facteurs : d‟une part des apprentissages collectifsde procès industriels ou de technologies spécifiques inscrits sur la durée

121 GREMI : Groupement de Recherches sur les Milieux Innovateurs, lancé par plusieurs économistes européens de

différents pays, sous l‟impulsion de Philippe Aydalot, à la fin des années 1980.

121 (souvent plusieurs générations) ; d‟autre part de la diminution des coûts de transaction. La proximité physique tout autant que le partage de valeurs participent fondamentalement à leur pérennisation. Mais cela relève pour l‟heure d‟une conjecture ou d‟un pari. Ces approches ont sur le plan théorique permis de progresser sur les liens entre infrastructure de transport et développement économique ne considérant les interactions entre système de transport et système productif (BIZERAY et al., 1996). Dans la même perspective, le « milieu innovateur », concept issu de l‟économie spatiale, tente d‟expliquer les performances localisées de l‟innovation. La qualité des coordinations entre acteurs y est également centrale au regard des processus d‟apprentissages collectifs qu‟elles impliquent. « Un milieu innovateur est un

ensemble de relations qui unissent un système local de production, un ensemble d‟acteurs, des représentations et une culture industrielle, générant un processus dynamique localisé d‟apprentissage collectif » (CAMAGNI, 1995 :193). Le concept

de milieu apporte à l‟analyse des processus d‟innovation une dimension historique. Dans cette optique, la question du lien entre infrastructure (en l‟occurrence le canal SNE) et développement se poserait désormais en ces termes : l‟infrastructure peut-elle devenir le support d‟innovations organisationnelles dans les organisations productives et de quelle manière peut-elle susciter une évolution pérenne dans les cultures locales ?

Les démarches territoriales engagées par VNF, on l‟a vu, témoignent de la construction de nouveaux territoires à l‟occasion du projet de canal de la part des acteurs politiques locaux en charges de l‟aménagement du territoire. Le projet de canal devient le support à des coordinations nouvelles en vue d‟actions publiques spécifiques. Toutefois, l‟appropriation de l‟infrastructure par les acteurs publics apparaît commune condition nécessaire mais non suffisante à l‟émergence d‟une dynamique productive : qu‟en est-il des acteurs des systèmes productifs ? S‟engagent- ils eux aussi dans la construction d‟une dynamique productive territorialisée ? Le report modal tant espéré par l‟action publique à l‟occasion du canal SNE se traduire-t- il par la construction de nouveaux territoires (de nouvelles relations ou institutions) par ces acteurs productifs? Répondre à cette question, suppose de disposer des outils analytiques adaptés et de poursuivre la quête de concepts. Celui de développement économique a en particulier été retravaillé à l‟aune des approches en termes de territoire, qui ouvrent à de nouvelles voies d‟analyses des interrelations entre infrastructure de transport et activités économiques.

122 Le problème est que les concepts avancés ne permettent pas de répondre à ces questions dans une approche prospective. Cela tient à leurs limites théoriques. En effet, présupposer que la proximité spatiale est un facteur déterminant du dynamisme productif ou de l‟innovation, ou postuler le territoire au travers d‟une « identité territoriale », et le vérifier empiriquement a posteriori, relève d‟une approche normative qui s‟auto-renforce (RALLET, 1993 : γ70), car l‟hypothèse initiale de l‟existence des districts ou des milieux innovateurs n‟est finalement pas démontée. Ces concepts laissent en effet en suspens la question de « savoir quels sont les

éléments indispensables à l‟apparition de ces phénomènes et pourquoi ce type d‟organisation se manifeste lorsque ces éléments sont réunis » (PLASSARD, 2003 :

68). Par ailleurs, ils survalorisent le facteur proximité spatiale qui, sans être rejeté, mérite d‟être nuancé au vu des moyens modernes de télécommunication et des facilités de transport (RALLET, 1993 : γ77). Le nomadisme des firmes a d‟ailleurs fortement ébranlé le fondement théorique de ces approches, en replaçant les dynamiques locales et la proximité spatiale dans le contexte des stratégiesdes firmes Ŕ de plus en plus à l‟échelle globale, ce qui conduit à relativiser les marges de manœuvres des acteurs territoriaux (PERRAT, ZIMMERMANN, β00γ).

I.2.c. Le développement fondé sur la transformation et la

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