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b La coordination autour d’a tifs sp ifi ues corrélée àdes arrangements institutionnels

Spécification Activation

I.3. b La coordination autour d’a tifs sp ifi ues corrélée àdes arrangements institutionnels

Le système bipolaire de coordination suggéré par COASE, marché versus hiérarchie, s‟est avéré insuffisant pour expliquer l‟existence de formes diverses de coopération inter-firmes maintes fois observées empiriquement. WILLIAMSON, à partir des années 1970, formule l‟hypothèse du rôle déterminant des institutions et de leur nature dans l‟existence et la diversité des formes de partenariats inter-firmes qu‟il regroupe sous le vocable d‟ « organisations hybrides». Celles-ci constituent des modalités de coordination intermédiaires au marché et à la hiérarchie dont le but est de régler les modalités de transfert de droits de propriété qui fonde toute activité économique privée (COASE, 1959 : 14)127. La notion d‟« institution » qui fonde l‟analyse williamsonienne nécessite quelque précision. HODGSON (2006 : β) en donne l‟une des plus consensuelles définitions : « des systèmes de règles sociales établies et

répandues qui structurent les interactions sociales »128.

WILLIAMSON (1985) suggère l‟existence de formes intermédiaires de transactions entre le marché et la firme : les formes hybrides sièges d‟arrangements institutionnels (DAVIS et NORTH, 1971) et de contrats particulierspar lesquels les parties contractantes définissent la répartition des droits de propriété. Ces formes hybrides se définissent alors comme des « organisations entendues au sens large de groupes

127“A private enterprise cannot function unless property rights are created in resources, and when this is done, someone

wishing to use a resource has to pay the owner to obtain it. Chaos disappears; and so does the government except that a legal system to define property rights and to arbitrate disputes is, of course, necessary”: « une entrepriseprivée ne peut pas fonctionner sans que soient créés des droits de propriété relatifs aux ressources, une fois cela fait, celuiqui souhaite utiliser une ressource devra payer pour l‟obtenir. Le chaos disparaît, de même que le gouvernement à moins qu‟un système légal définissant les droits de propriété et arbitrant les conflits ne soit, bien sûr, nécessaire » (COASE, 1959 : 14) cité par WILLIAMSON (1993-a : 6).(Traduction personnelle)

128HODGSON (β006 : β) : “Without doing much violence to the relevant literature, we may define institutions as

systems of established and prevalent social rules that structure social interactions”.Encore aujourd‟hui, comme le souligne HODGSON (β006) le concept ne fait pas l‟unanimité, ne serait-ce que parce qu‟issu des sciences sociales, il

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d‟individus ayant un objectif commun » (CHAVANCE, 2007 : 85). Mais ces contrats,

irrémédiablement incomplets, nécessitent des institutions qui les complètent. Pour WILLIAMSON l‟incomplétude des contrats provient d‟une part de la rationalité limitée des agents - qu‟il emprunte à SIMON Ŕ et d‟autre part de l‟incertitude générée par un environnement dont ils ne peuvent saisir toute l‟étendue et la complexité. Comme par ailleurs, les agents peuvent avoir des comportements opportunistes129 des

« structures de gouvernance » sont indispensables pour définir les conditions de

coopération ou de compétition des entités économiques. Ces formes hybrides donnent lieu à des « relations contractuelles de long terme qui préservent l‟autonomie mais

apportent des garanties supplémentaires aux transactions spécifiques par rapport au marché »130 WILLIAMSON (1993-a : 55). Cette variété de structures de gouvernance strictement privées se complète de structures étatiques que WILLIAMSON (1996) nomme « bureaux ».

Le rôle des institutions est ici déterminant sur les conditions de répartition des actifs et des surplus qu‟ils génèrent car de la qualité des institutions dépend la qualité de la coordination. Selon NORTH (1990 : 140)131« on obtient des institutions efficaces par un système politique (policy) qui incorpore des incitations à créer et à faire respecter des droits de propriété efficaces ».

La TCT offre donc un outil théorique analytique de la stratégie des organisations. Le recours à la voie d‟eau serait alors compris comme conséquence d‟un arrangement institutionnel aux actifs spécifiques. Poursuivre dans cette voie amènerait à caractériser les structures de gouvernance qui encadrent les contrats de transport et de logistique, et à expliquer pourquoi les organisations transactionnelles routières sont plus fréquentes que les organisations transactionnelles fluviales. Il s‟agirait ensuite de rechercher les voies possibles pour un changement, ce que WILLIAMSOM (1985 : 61) appelle le « changement fondamental », et de rechercher les structures de gouvernance qui faciliteraient les investissements dans des actifs spécifiques entre contractants.

Cependant, la TCT n‟apporterait qu‟une réponse incomplète. Elle recèle en effet deux écueils méthodologiques majeurs : le premier réside dansla difficulté à estimer les

129La notion d‟opportunisme est employée telle que WILLIAMSON (β00β : 1β1) la conçoit : « Par opportunisme

j‟entends la recherche d‟intérêt personnel stratégique par le moyen de la tromperie, de la ruse, ou par la divulgation d‟informations incomplètes ou dénaturées. L‟opportunisme est responsable des asymétries d‟information qui

compliquent le fonctionnement des organisations ».

130“Hybrid: long-term contractual relations that preserve autonomy but provide added transaction-specific safeguards

as compared with the market”.Traduction personnelle.

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129 coûts de transaction, le second dansson caractère a-spatial .La TCT est une théorie positive adaptée pour expliquer les choses comme elles se passent, là où elles se passent, ou, comme le résume WILLIAMSON (1993-b)133 lui-même : « what‟s going

on here ?».

La TCT témoigne d‟une évolution paradigmatique par rapport à la théorie néoclassique à deux niveaux. Le premier est de considérer l‟échelle méso- économique, celle de l‟organisation, comme un niveau pertinent de l‟analyse. Le second est de reconnaitre que le marché n‟est pas le seul mode de coordination, et que font sens les coordinations fondées sur les rapports hiérarchiques (dans la suite de COASE) et sur l‟incitation par le biais d‟institutions. Toutefois, ces modes de coordinations restent secondaires par rapport au modèle dominant de coordination qu‟est le marché. En outre, ces théories réduisent l‟activité économique, de manière statique, à la transaction et ne traitent pas des évolutions des modes de coordination inter-firmes, renvoyant cela aux évolutions des institutions, prises comme causalités extérieures.

I.3.c. L’e ast e e t so ial de toute oo di atio

132Certains travaux ont tenté d‟appliquer la TCT aux organisations de transport et de logistique, et en particulier de

répondre à la question de comment développer le transport fluvial, mais leurs résultats ne sont pas probants. La TCT est convoquée par FRANC et VAN DER HORST (2010) ou LENDJEL et al. (β01β) qui constatent l‟implication des armateurs maritimes dans l‟actionnariat des opérateurs de transport fluvial et des gestionnaires des terminaux fluviaux

de transbordement de conteneurs maritimes. Le niveau d‟investissement consenti ainsi que la maîtrise de la qualité des

prestations justifieraient un fort contrôle de la part des compagnies maritimes : celle-ci serait due à la forte spécificité des actifs physiques et humains propres au transport fluvial. Mais FRANC et VAN DER HORST (2010 : 536) pointent que la TCT ne parvient pas à expliquer pourquoi des différences de gouvernance existent d‟un bassin à l‟autre. De leur côté, FISCHMAN et LENDJEL (2011) ont également recours à la TCT pour expliquer la crise que traversent les artisans bateliers en Franceet suggérer la création de nouveaux arrangements institutionnels Ŕet d‟actifs spécifiques correspondants- pour développer le transport fluvial. Selon eux, au déséquilibre structurel des flux induits par la

désindustrialisation du pays, s‟ajoute une organisation imparfaite de l‟enchaînement des voyages résultant de l‟abolition de la règle du “tour de rôle”. La libéralisation du marché du transport fluvial, intervenu en France le 16 Janvier β001, en effet, est pour eux à l‟origine de l‟accroissement des coûts de transaction pour ces bateliers : les coûts

ex-ante de transaction représentent environ 10% aujourd‟hui du montant de la transaction, contre une moyenne de

6,β5% du prix de revient d‟un batelier en 1981 alors qu‟était en vigueur le « tour de rôle ». Pour réduire les coûts de

transaction qui ont augmenté à la suite de la libéralisation du transport fluvial, FISCHMAN et LENDJEL (2011) proposent différentes mesures : « L‟utilisation par une large part des transporteurs d‟une bourse en ligne avec

transmission des contrats signés, d‟une part, et, de l‟autre, la création de référentiels de prix de revient et d‟un outil d‟aide au calcul du coût de revient individuel par un organisme indépendant permettraient d‟aider ces acteurs et les pouvoirs publics à améliorer l‟organisation et l‟efficacité de ce segment de marché ». Ils avancent que ces équipements

(outils) spécifiques auront une influence positive sur la performance des chaînes contractuelles fluviales. Mais cette

posture normative n‟est pas sans poser de problèmes : comment évaluer l‟efficacité d‟une structure de gouvernance,

avant de la mettre en place ? Considérer qu‟une institution nouvelle extérieure aux acteurs de la chaîne logistique va

amener à poser la question des liens de causalité entre l‟existence ou la création de l‟arrangement institutionnel d‟une part et le changement de comportement des acteurs d‟autre part. Mais alors, comme l‟y invite la TCT, il faudra chiffrer les coûts de transaction éludés et les coûts de structure correspondants. Prenons l‟exemple de la bourse de fret suggérée

par FISCHAMAN et LENDJEL : s‟il est aisé de chiffrer le coût de la réalisation d‟un tel outil relevant des technologies

de l‟information (fréquemment déployées de nos jours) il est bien plus délicat de chiffrer l‟investissement à réaliser

pour que les acteurs se l‟approprient (publicité, formation, animation,…) et il est encore plus difficile de saisir si les

agents l‟utiliseront et s‟il leur permettra de réaliser davantage de transactions.

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