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4)Coût des soins, dépassements d’honoraires : limitation pour les patients

III- Dépendance au personnel soignant

1) Dépendance choisie au soignant

- Avoir confiance en soi est primordial pour être acteur dans les choix et les discussions

*9 (§7,p30) : l’investissement des personnes sans domicile fixe dans l’élaboration du projet d’accès aux soins a été progressif, passant par des étapes de réassurance par rapport à la place qu’ils occupent dans le groupe, à la légitimité de leur parole et à leur capacité à intervenir activement dans des champs touchant à l’organisation des soins, habituellement confiés aux experts. Ceci peut s’expliquer par leur histoire, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, par les représentations qu’ils ont du « pouvoir » des acteurs du soin, par crainte de n’être là qu’au titre d’alibi, voire d’être un objet d’instrumentalisation et/ou par une sous-estimation de ce qu’ils peuvent apporter.

*7 (§3,p6) : Les processus de précarisation s’accompagnent souvent de mécanismes d’isolement dans un tableau de souffrance psychique alliant mauvaise image de soi et sentiment d’inutilité sociale

* 13 (§4,p165) : L’exclu d’aujourd’hui a du mal à savoir qui il est, mais en plus, il est sans cesse amené à se demander ce qu’il vaut et si même, il vaut quelque chose. Bousculé dans son identité et atteint dans son estime, il ne peut que douter de lui, ce qui, à l’évidence, ne peut pas le rendre

particulièrement pugnace et entreprenant dans un quelconque projet d’insertion. Dans ces conditions, l’échec sera plus souvent au rendez-vous que la réussite.

*13(§2-3-4,p166) : Syndrome de l’exclusion (…) Il comporte un trépied symptomatique associant honte, désespérance et inhibition affecto-cognitive, qui permet de le reconnaître et de le différencier d’une maladie mentale.

La honte (« sentiment pénible de son infériorité, de son indignité ou de son humiliation devant autrui, de son abaissement dans l’opinion des autres » ) en est le pivot. Liée à la disqualification, elle atteint d’autant plus l’exclu dans son narcissisme qu’elle induit dans l’entourage qui la perçoit un mépris plus ou moins conscient. Inavouable (à la différence de la culpabilité) , la honte condamne à la solitude et au repli sur soi, quand elle ne conduit pas à l’alcoolisme. Elle entraîne le refus de

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communiquer , entrave la rencontre avec l’autre et devient , en elle-même, un facteur d’exclusion. (….)

L’inhibition affecto cognitive est un mécanisme de défense mis en place par l’exclu pour se protéger de la honte et de la désespérance. Il s’efforce de se fermer aux émotions et aux sensations

désagréables pour ne pas être blessé par elles. Comme dans sa situation, elles le sont toutes, il se ferme à tout, quitte à s’anesthésier par l’alcool pour ne plus rien ressentir. Il s’efforce de mettre ses facultés intellectuelles en veilleuse pour ne pas penser à un passé d’inclus qui n’est plus, à un présent où il n’a pas sa place et à un avenir qui est une absence d’avenir. Cette inhibition lui interdit de se projeter sérieusement dans un projet d’insertion, auquel il ne veut ni penser ni croire pour ne pas souffrir de sa situation actuelle ou des déceptions à venir. Liée à l’exclusion, l’inhibition affecto cognitive, elle encore, est facteur d’exclusion.

- Avoir confiance en son médecin est tout aussi important, tout comme le médecin doit pouvoir faire confiance à son patient

*10 (§1,p25) : une communication de qualité est une condition pour élaborer avec le patient un projet de soins ; elle permet une connaissance précise des conditions de vie, les raisons des réticences aux soins, puis l’émergence d’une confiance

*4 (§4,p83) : Or, acquérir un regard qui perçoit les ressources individuelles, celles du milieu et les points d'appui n'est pas chose aisée. A cela s'ajoute le manque de confiance en l'autre et en ses capacités en particulier lorsqu'il est très démuni.

* 4 (§1,p70) : si elle gagne la confiance de l’usager, elle est « le médecin généraliste -coordinateur (auprès de qui patients et intervenants se réfèrent). »

* 6 (§4,p92+§1p93) : Les personnes sans abri auditionnées rapportent des expériences variées. Le manque de confiance des soignants à leur encontre est un premier constat. Ils sont souvent suspectés de chercher le gîte et le couvert. Cette suspicion peut s’expliquer en partie par les comportements et discours des personnes malades sans abri car elles ont tendances à percevoir l’hôpital comme une ressource pour dormir, manger, rencontrer d’autres gens et comme un service de placement en vue d’autres services.

(…)Les professionnels de l’hôpital auditionnés qui ont l’habitude de recevoir beaucoup de personnes sans abri racontent être passés d’une attitude hostile à une approche plus compréhensive en réalisant que ces individus sont véritablement malades et ne sont pas des « profiteurs » *81 (§4,p24) : La médecine doit alors apparaître comme compétente et légitime pour traiter ce symptôme, et le patient doit adhérer au discours médical. Et faute d’avoir pu choisir son interlocuteur, il est plus difficile d’accorder sa confiance à un médecin qui n’a pas été choisi.

*81 (§2,p28) : La CMU modifie la relation avec les professionnels de santé. Elle permet tout d’abord de choisir son interlocuteur (« j’ai accès à tous les soins ») (…) Ainsi le discours médical leur paraît alors plus crédible, parce qu’ils ont choisi leur médecin et qu’ils lui accordent leur confiance

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*6 (§4,p65) : Une étude menée dans les Bouches du Rhône par l’ORS PACA auprès de 434 médecins généralistes montre que la plus grande part des activités en direction des populations démunies semble être assurée par un tiers environ des médecins.(…) Cette diversité possible de la pratique libérale est riche car elle permet unediversité de choix pour les patients. Pourtant elle ne garantit pas une prise en charge de tous etcertains publics à prise en charge plus complexe sont laissés pour compte comme entémoignent les refus de soins cités plus haut. Prendre en charge des publics spécifiquesnécessite en effet une pratique adaptée

*6 (§4,p47) : « Il y a un énorme malentendu entre les travailleurs sociaux et les SDF. Un énorme

malentendu. C’est à dire que chacun ne voit pas les mêmes choses… Et ça, les travailleurs sociaux ont du mal à le comprendre. […] Chez les travailleurs sociaux y a toujours cette idée…que ça ne peut pas venir des gens eux-mêmes ». Ainsi comme le souligne ce sans abri toulousain, c’est le plus souvent

sur un versant déficitaire que sont qualifiées les personnes fréquentant les dispositifs de l’urgence sociale, alors même que certains « usagers » revendiquent « une autonomie, une indépendance, une

liberté qui cadrent mal avec les logiques institutionnelles ». Cet affrontement entre des

représentations des professionnels et des souhaits des usagers qui ne coïncident pas ne peut amener de « coproduction »

* 11 (§2,p27) : nous n’imposons rien, sauf en cas d’urgence vitale et ne mettons en place que les projets de soin que les personnes souhaitent ou sont en capacité d’accepter

* 2 (§1,p14) : Il faut surtout éviter de faire du malade en situation de précarité des assistés chroniques, incapables d’initiatives et attendant tout de l’aide extérieure. Cette formule un peu brutale devrait résumer la situation :“ Les aider oui, les assister, non »

*6 (§3,p65) : Le libre choix du médecin par le patient se conjugue souvent pour les sans chez soi en librechoix du patient par le médecin !

*6 (§8,p145) : Les personnes ont le plus souvent un point de vue sur les dispositifs et la vision misérabiliste dans laquelle elles sont enfermées par les médias ou les professionnels ne permet pas de profiter de leur compétence. Elles se montrent rarement dépendantes mais, au contraire, revendiquent une autonomie qui les oblige à se situer en dehors des dispositifs proposés, jugés souvent infantilisants.

*5 (§2,p14) : les obstacles à l’accès aux soins, quelle que soit leur nature (économique, géographique, symbolique, etc.), apparaissent justifiés d’être levés, en ce qu’ils sont

majoritairement subis et qu’ils impliquent des conséquences telles que la défiance envers le système de santé.

*38 (p .95-96) : Nous étions allés vers lui, nous avions rompu son isolement, cassé sa solitude en créant une relation, pas seulement de confiance mais d’amour, au sens noble du terme, de respect profond. Mais en réalité qu’allait-il se passer pour lui maintenant ? A part ces visites et cette

confiance qu’il nous accordait, que pouvions nous lui proposer ? Peu ou pas de solutions s’ouvraient à lui dans la société. En fait parce que nous avions la conviction que son état nécessitait des soins, et en respectant son rythme, sa capacité à revenir vers nous qui représentions le monde social et la solidarité, nous avons brisé sa solitude. (…)En l’accueillant dans des lieux propres, corrects, qui redonnent le gout de vivre, nous lui montrions notre fraternité et qu’il était notre égal. Mais, de fait, c’était une sorte de leurre car la société se referme et exclut de nouveau ! Si nous ne voulons pas passer pour des menteurs, il faut réapprendre à se battre aux personnes qui sont dans l’exclusion. A défendre leur dignité mais aussi leur citoyenneté !

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*82 (§2,p148) : le respect des volontés individuelles, dans les cadres du soin, doit rester l’élément fondamental qui guide nos actions. En ce sens, l’acte thérapeutique en particulier, la relation soignant –soigné ne peuvent être « corrompus » par des impératifs relevant d’ordre sociaux ou politiques