• Aucun résultat trouvé

au cours de leurs travaux, outre la modélisation des dépenses des départements, Gilbert et Guengant proposent également, à un intervalle de dix ans (1996 et 2006) une classification en trois groupes de départements selon huit variables : les dépenses sociales, en euros par habitant, selon les quatre grands domaines de compétence des départements (enfance-famille ; personnes âgées ; personnes handicapées ; insertion), le revenu moyen des ménages, le potentiel fiscal par habitant, le taux de chômage et la part des personnes âgées de plus de 60 ans. les contrastes entre les départements sont similaires à dix ans d’écart, malgré l’ampleur des réformes intervenues dans le champ des politiques sociales décentralisées sur cette période.

les nouvelles données disponibles décrivant le contexte départemental (encadré 3) permettent d’obtenir une typologie plus riche, qui résume bien les résultats obtenus dans les paragraphes précédents. les classes obtenues présentent une remarquable cohérence

Carte6nParmi les départements de province, cinq groupes (en couleur) s’éloignent fortement de la moyenne

classe B Les départements à pauvreté modérée qui concerne davantage les jeunes classe A Couronne parisienne

(sauf 77 et 93) ; dépenses peu élevées

classe C Les départements à pauvreté modérée attractifs pour les jeunes adultes classe D Les départements proches de la moyenne

classe E Les départements à revenu et potentiel financier élevés (75 et 92) classe F Les départements à pauvreté marquée des personnes âgées classe G L'arc méditerranéen classe H Les départements jeunes à pauvreté élevée

18 • mesurées ici par le rapport interdéciles des niveaux de vie, rapport entre le niveau de vie minimal des 10 % les plus riches et le niveau de vie maximal des 10 % les plus pauvres.

GraPHIques10, 11, 12nDépenses médiane par habitant et domaine d’intervention sociale, selon le groupe de départements, en euros par habitant. Variables de contexte selon le groupe des départements

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Ensemble Classe A Classe B Classe C Classe D Classe E Classe F Classe G Classe H Dépenses totales, en euros

0 10 20 30 40

Ensemble Classe A Classe B Classe C Classe D Classe E Classe F Classe G Classe H Part des moins de 20 ans dans la population pauvre

Part des 75 ans et +

Taux de chômage Niveau de vie médian

Taux de pauvreté

Dépenses par domaine, en milliers d’euros pour le niveau de vie médian, en % pour les autres indicateurs

0 50 100 150 200

Ensemble Classe A Classe B Classe C

Classe A Couronne parisienne

Classe B Les départements à pauvreté modérée qui concerne davantage les jeunes Classe C Les départements de province attractifs pour les jeunes adultes Classe D Les départements proche de la moyenne

Classe E Les départements à revenu et potentiel financier élevés Classe F Les départements à pauvreté marquée des personnes âgées Classe G L’arc méditérranéen

Classe H Les départements jeunes à pauvreté élevée

Classe D Classe E Classe F Classe G Classe H

Dépenses ASE Dépenses PA Dépenses PH Dépenses insertion

Variables de contexte, en euros

spatiale, bien qu’aucune variable purement géogra-phique n’ait été utilisée pour la classification. Pris simul-tanément, le contexte socio-démographique et les dépenses sociales des départements permettent de définir huit classes de départements qui apparaissent sous forme d’ensembles géographiques cohérents. en dehors de l’Île-de-France, cinq ensembles de départe-ments se démarquent fortement de la moyenne natio-nale, en termes de dépenses sociales et de contexte socio-démographique (encadré 5 et carte 6).

les groupes de départements se différencient par leurs niveaux de dépenses et la répartition par domaine de leurs dépenses sociales (graphiques 10 et 11), mais aussi par la structure démographique des départe-ments qui les composent, ainsi que par le niveau de revenu des ménages qui y résident (graphique 12).

l’Île-de-France (la seine-saint-Denis et la seine-et-marne faisant exception) apparaît singulière : les yvelines, l’essonne, le Val-de-marne, et le Val-d’Oise (classe a) constituent le groupe où les dépenses sont les moins élevées. D’un autre côté, Paris et les Hauts de seine (classe e) partagent un niveau de vie médian des ménages nettement supérieur à la moyenne natio-nale, et un potentiel financier par habitant élevé.

Cependant, les dépenses sociales par habitant y dépassent la moyenne nationale et concernent davan-tage l’insertion et la protection de l’enfance.

en dehors de Paris et sa couronne, trente-deux départements se démarquent peu de la moyenne des départements (classe D).

Deux ensembles de départements présentent des dépenses sociales totales par habitant en deçà de la moyenne nationale, tandis que trois présentent des dépenses supérieures (carte 6).

Deux groupes de départements, plus urbains, plus jeunes, moins touchés par la pauvreté que l’ensemble, ont une dépense sociale plus modérée que l’ensem-ble. en particulier, les dépenses consacrées aux personnes âgées sont moins importantes qu’elles ne le sont en moyenne nationale. Ce n’est pas la dépense sociale qui contribue à segmenter cet ensemble en deux groupes, mais des éléments du contexte local (en particulier leur attractivité pour les jeunes en âge d’études post-obligatoires, et leur capacité à offrir des emplois susceptibles de retenir ou d’attirer de jeunes actifs diplômés de l’enseignement supérieur).

les départements de province où la pauvreté est modérée et concerne davantage les jeunes (18 dépar-tements situés, à une exception près, dans la moitié

nord du pays, classe b) ont aussi une dépense sociale inférieure à l’ensemble. la plupart d’entre eux sont sensiblement moins attractifs que les précédents pour les jeunes majeurs, le bas-rhin faisant exception.

Dans les départements à pauvreté modérée attractifs pour les jeunes adultes (16 départements, classe C), le niveau de vie des ménages est supérieur à la moyenne. le solde migratoire résidentiel des 18-25 ans y est très favorable ; la population des jeunes actifs y est plus diplômée. l’espérance de vie y est supérieure à la moyenne.

Hors Île-de-France, les départements des trois groupes où les dépenses sociales sont les plus élevées forment des ensembles géographiquement proches. le taux de pauvreté y est plus fort que dans l’ensemble des départements. Chacun des trois groupes présente cependant une structure spécifique des dépenses sociales par fonction, correspondant à des profils démographiques différents.

les huit départements à pauvreté des personnes âgées marquée (classe F), presque tous situés dans le massif Central et ses contreforts sont plus ruraux, plus âgés. C’est le groupe où la part des moins de 20 ans dans la population pauvre est la plus faible.

rapportées au nombre d’habitants, les dépenses concernant les personnes handicapées et surtout les personnes âgées y dépassent sensiblement la moyenne nationale, celles consacrées à la protec-tion de l’enfance et à l’inserprotec-tion sociale sont en deçà.

ensuite, dans les dix départements de l’arc méditer-ranéen (classe G), les dépenses consacrées aux personnes âgées et surtout à l’insertion dépassent la moyenne française. Celles destinées aux personnes handicapées sont moindres. Ce sont des départe-ments plus pauvres que l’ensemble, où les jeunes sont plus souvent sans diplôme. le taux de chômage y est élevé et les inégalités de revenus plus marquées qu’en moyenne nationale.

enfin, les départements jeunes à pauvreté élevée (la seine saint-Denis et cinq départements du nord de la France, classe H) forment le groupe où les dépenses sociales sont les plus élevées. les jeunes y sont plus fréquemment sans diplôme. l’espérance de vie y est moins longue, le chômage et la pauvreté plus présents. la population pauvre comporte davan-tage de jeunes que dans l’ensemble des départe-ments. le niveau de vie des ménages y est en dessous de la moyenne nationale et le solde migra-toire y est déficitaire.

bibliographie

•Bailleau G., Trespeux F., 2009, « Les bénéficiaires de l’aide sociale départementale en 2008 », DREES, Études et Résultats, n° 700.

•Cazain S., Donné S., Hennion M., Nauze-Fichet E., 2008, « Les effectifs du RMI: tendances d’évolution et répartitions territoriales », RMI, l’état des lieux, Lelièvre M., Nauze-Fichet E. (sous la dir. de), La découverte.

•Chauvel L., 1995, « Sur les strobiloïdes, courbes de répartition : jalons pour une analyse inter-nationale et diachronique des inégalités économiques », document de travail OFCE, 95-03.

•Clément É., 2010, « Les dépenses d’aide sociale départementale en 2008 », DREES, Études et Résultats, n° 714.

•CNAF, 2009, Cahier des données sociales 2008.

•CNIS, 2009, rapport n° 118 du groupe de travail « Indicateurs sociaux départementaux » et son résumé : chroniques n° 11.

•Cytermann L., 2010, « Communes, intercommunalités et politiques sociales », CNAF, Informa-tions Socialesn° 162.

•Danet S. (sous la dir. de), 2006, « L’État de santé de la population en France en 2006 », Dispa-rités régionales de santé.

•Danet S. (sous la dir. de), 2010, « L’État de santé de la population en France, Suivi des objec-tifs annexés à la loi de santé publique »rapport 2009-2010.

•Davezies L., Korsu E., 2004, « Pauvreté et dynamiques territoriales », ONPES, Les Travaux 2003-2004, La Documentation Française.

•DGCL, 2010, « Les compétences transférées dans les finances des Départements et des Régions : retour sur la décentralisation »Bulletin d’information statistiquen° 72, juin.

•DGCL, 2010, Rapport de l’Observatoire des finances locales, Les finances des collectivités locales en 2010 État des lieux, la Documentation Française.

•Dutheil N., 2003, « L’action sociale des communes de 100 à moins de 5 000 habitants », DREES, Études et Résultats, n° 271.

•Dutheil N., 2004, « L’action sociale des communes de 5 000 à moins de 200 000 habitants », DREES, Études et Résultats, n° 307.

•Fréret S., 2008, « Une analyse des déterminants de la dépense d’action sociale départemen-tale », Trésor-éco, n° 48.

•Gilbert G., Guengant A., Rocaboy Y., Le Maux B., Moret Bailly D., Vervisch L.-A., 2010, « Dispa-rités et déterminants des dépenses sociales des départements », à paraître.

•IGAS, 2006, Contribution à la cartographie de l’action sociale, rapport RM-2006-165P présenté par Delpal B. et Le Coz G.

•Jeger F., 2005, « L’APA : une analyse des disparités départementales en 2003 », DREES, Études et Résultats, n° 372.

•Léon O., 2010, « Pauvreté : différents profils de régions et de départements », INSEE, la France et ses régions, p. 19-28.

•Lelièvre M., Nauze-Fichet E. (sous la dir. de), 2008, RMI, l’état des lieux, La Découverte.

•Mauguin J., 2007, « Les disparités départementales en matière d’aide sociale », DREES, Études et Résultats, n° 602

•Mendras H., 1994, La seconde révolution française, Gallimard.

•Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), 2002, « Approche par la géographie, pauvreté et territoires, un éclairage pluriel », Les Travaux 2001-2002, La Documentation Française, cahier 1, p. 251-320.

•Sautory O., 2008, « Orientations récentes des politiques d’insertion des Conseils généraux », RMI, l’état des lieux, Lelièvre M., Nauze-Fichet E. (sous la dir. de), La découverte.

annexe 1 • La source principale utilisée : les enquêtes annuelles Aide sociale

l’article 25 de la loi du 7 janvier 1983 fait obligation aux collectivités locales d’élaborer et de transmettre à l’État les statistiques en matière d’action sociale et de santé liées à l’exercice des compétences transférées.

Chaque année, la Drees envoie aux conseils généraux un questionnaire destiné à collecter des informa-tions sur les bénéficiaires au 31 décembre et les dépenses obligatoires relevant de leurs compétences.