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DÉLÉGATION PARTIELLE DES ACQUISITIONS À BERLIN

Dans le document 53-54 : Service public (Page 59-61)

elle à la dissolution d’un socle commun

DÉLÉGATION PARTIELLE DES ACQUISITIONS À BERLIN

À Berlin, dans un contexte social et budgétaire difficile, le maintien des horaires d’ouverture et la réalisation d’ac- tions en faveur de la lecture en direction d’une popula- tion défavorisée ont amené le personnel d’une biblio- thèque pour la jeunesse à un constat : il devenait délicat d’assurer un travail de veille et de sélection de qualité. En 2004, la délégation du choix des livres, à partir de grilles d’acquisitions détaillées, à une librairie locale spécialisée dans le secteur jeunesse et très au fait des problématiques du quartier, a permis au personnel de se consacrer pleinement aux tâches de médiation, tout en gardant en interne une partie des acquisitions (10 à 15 %) pour affiner les commandes. Le bilan établi par la bibliothèque est satisfaisant 1.

1. Christiane Bornett, « L’externalisation du choix des livres », BBF, 2008, n° 2, p. 25-27. En ligne : http://bbf.enssib.fr (consulté le 5/11/2010).

constitution de “grilles d’office” à partir d’une liste d’ouvrages pré-sélectionnés (l’“office” est alors sans retour) 49 ».

En conclusion, au-delà de la question de savoir s’il est « pratique » ou « économique » d’externaliser tout ou partie des acquisitions, l’importance accordée aux partenariats avec le privé dépend des valeurs et des compétences que l’on veut privilégier pour les bibliothèques de demain et du rôle qu’on souhaite leur attribuer au sein de l’espace public. La mutuali- sation des ressources pourrait être un moyen de renforcer les réseaux et les partenariats entre bibliothèques et de favoriser une meilleure gestion de leurs ressources ; toute évolution pose aussi des questions en termes de formation initiale et continue. Une voie médiane reste à trouver en s’inspirant de modèles qui ont chacun leur pertinence et leurs atouts : la bibliothèque de référence où le bibliothécaire, détenteur du choix, est le garant et le responsable de la collection, et le centre culturel ultramoderne, lieu de vie et de découverte des nouvelles tech- nologies, au cœur de l’information, où le bibliothécaire est tout à la fois « navigateur » et « médiateur documentaire 50 ». Il est indubitablement possible d’évoluer tout en conservant un certain nombre de principes intangibles en cohérence avec l’esprit d’une profession qui, tous types de bibliothèques confondus, n’a de cesse de placer l’usager et la mission même de service public au centre de ses préoccupations.

récent rapport publié par le ministère de la Culture 47 apporte un

éclairage intéressant : malgré la mise en place d’une législation visant à favoriser le maintien des petites librairies et la diversité du paysage éditorial 48, les réformes successives du Code des marchés publics ont considérablement alourdi les procédures et entraîné des surcoûts humains et matériels qui découragent les petites structures de répondre aux appels d’offre. La multipli- cation des commandes permanentes et des offices serait donc logiquement dangereuse pour les librairies locales. Toutefois, l’allotissement peut être un atout pour préserver la diversité des fournisseurs, et plus particulièrement les lots d’offices, « à condition toutefois que les ouvrages ne soient pas envoyés sys- tématiquement en bibliothèque (ce qui implique des coûts de transport et de manutention importants), mais qu’ils puissent être consultés en librairie. Une modalité, qui permet de valo- riser le conseil du libraire pour ce type de lot, est de prévoir la 47. L’accès des librairies aux marchés d’achats de livres des bibliothèques – état des lieux après une décennie de modifications du cadre législatif et réglemen- taire, ministère de la Culture et de la Communication, Direction générale des médias et des industries culturelles, Service du livre et de la lecture, 2010. En ligne : www.ddm.gouv.fr/IMG/pdf/Acces_Librairie_complet.pdf (consulté le 29/10/2010).

48. En 1981, la loi Lang sur le prix unique du livre accorde aux bibliothèques publiques un régime dérogatoire pour les achats de livres, afin de favoriser le développement des réseaux de lecture publique. Puis la loi du 18 juin 2003 relative à la rémunération du prêt en bibliothèque plafonne les rabais dont bénéficient les collectivités publiques sur les achats. Le but de ces mesures est de préserver les petites structures de la concurrence engendrée par la suren- chère des rabais ; la loi de 2003 « a bel et bien donné un coup d’arrêt à l’éviction des librairies des marchés publics ». (Ibid., Avant-propos de Nicolas Georges et Patrick Volpilhac, p. 5.)

49. Ibid., p. 98-99. 50. Cécile Touitou, Op.cit. À la bibliothèque d’Amsterdam.

© Anne

V

DOSSIER

MICHEL FAUCHIÉ Lecture numérique en bibliothèque ? Expérimental, mon cher Watson 59 rique ; changer d’épaule prendrait

le chemin d’une petite évolution « culturelle ». Évolution consubs- tantielle la plus emblématique de la galaxie numérique : le livre.

Dans le choc des évolutions cultures/loisirs, le modèle de la bibliothèque est forcément remis en cause. Mais telle n’est pas la ques- tion posée ici. Sauf que l’alternative est la suivante : « toucher au livre » nous fait craindre que les détrac- teurs de la bibliothèque n’arrivent à leurs fins, à savoir réduire ladite bibliothèque à un passage imposé par la matérialité du livre ; « ne rien changer » nous fait basculer dans le camp des soumis : nous perdrions nos attributs de médiateurs, voire de propulseurs.

Il faut donc bien bouger en cadence : à celle du monde qui nous entoure, mais également en rythme.

Les expériences de proposition de livres numériques en bibliothèque sont encore assez rares. Et pour cause : l’offre est loin de répondre à une demande. En même temps que les bibliothécaires approchent la chose numérique avec prudence,

Au bruit des feuilles qu’on tourne et à l’odeur du papier, répon- dent les apparitions des pixels pour un égal plaisir de lire, et les fugitifs écrans apaisés des découvertes du « non-imprimé ».

Le livre numérique a-t-il trouvé son modèle économique ? Ses lecteurs ? Ses médiateurs ? Imaginer le ou les services d’accès au livre numérique en bibliothèque en questionnant la chaîne du livre est-il réaliste aujourd’hui ?

Dans les bibliothèques, on est partagé entre la prudence (mère de toutes les sûretés culturelles) et l’expérimentation. Être prudent : analyser et observer les changements rapides et profonds autour du livre, et les réponses aux questions. Expérimenter : discerner les pistes novatrices, ouvertes à la diffusion des savoirs.

Bâtir enfin : imaginer le ou les services d’accès au livre numérique en bibliothèque en questionnant la chaîne du livre.

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