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Le bien-être est fortement corrélé avec la notion de santé, sans être vraiment défini pour autant. Cette notion semble de plus en plus fréquente dans la littérature scientifique, sous des formes variées. C’est pour ça que nous allons essayer de préciser ici ce terme.

I - A) Les concepts de bien-être

I - A - a) Différentes approches

A l’heure actuelle, du fait de la complexité du concept, il est difficile de donner une définition reconnue et partagée du bien-être (Dodge, Daly, Huyton, & Sanders, 2012 ; World Health Organization, 2012). Néanmoins, de nombreux auteurs ont essayé d’en cerner les différentes approches. Gallagher, Lopez et Preacher (2009) estiment que le bien-être est structuré autour de 3 modèles : le bien-être hédonique (ou subjectif), le bien-être eudémonique (ou psychologique) et le bien-être social.

i - Le bien-être subjectif

Les recherches sur le bien-être subjectif sont apparues à la fin des années 50, dans le but de développer des indicateurs de qualité de vie. Ces indicateurs devant être basés sur des données subjectives (Keyes, Shmotkin, & Ryff, 2002). D’après Lucas et Diener (1999), le bien-être subjectif renvoie à la façon dont les individus vont évaluer et ressentir leur vie. Cette évaluation prend en compte une dimension cognitive liée à la satisfaction de vie, et une dimension affective liée aux émotions. Les notions de bonheur et de satisfaction y sont rattachées. Certains auteurs parlent plutôt de bien-être hédonique, comme regroupant le plaisir et la satisfaction (Ryan & Deci, 2001).

ii - Le bien-être psychologique

Le bien-être psychologique, parfois appelé eudémonique, renvoie à l’épanouissement personnel et à la réalisation de soi (Ryan & Deci, 2001). Carol Ryff propose d’analyser 6 dimensions lorsqu’on adopte une approche eudémonique : l’acceptation de soi, les

59 relations positives avec les autres, l’autonomie, la maîtrise de son environnement, les buts dans la vie, le développement personnel (Ryff, 1989).

Notons tout de même que pour certains auteurs, le bien-être psychologique renvoie aux approches eudémonique et hédonique (Dagenais-Desmarais & Savoie, 2012).

iii - Le bien-être social

Le bien-être social renvoie aux relations positives que l’individu a avec son entourage. Keyes (1998) a proposé 5 dimensions du bien-être social. La première est l’intégration sociale. Elle correspond au fait de se sentir membre d’un groupe, d’une communauté et de partager des points communs avec son entourage. La seconde, l’acception (ou reconnaissance) sociale, qui est la capacité à se sentir bien avec les autres. Cette capacité se manifeste par la confiance envers les autres, le fait que les autres puissent faire preuve d’attention. C’est aussi avoir une vision de la nature humaine positive. La troisième dimension est la contribution sociale. Elle correspond au sentiment d’être utile à la société, de participer au bien commun. Ensuite, la quatrième dimension concerne la réalisation sociale, qui correspond à l’évaluation par l’individu du futur de la société, de son potentiel. Cette dimension intègre aussi la capacité de l’individu à être bénéficiaire de cette évolution. Enfin, la cinquième dimension est la cohérence sociale. Elle revient à la perception de la qualité, de l’organisation et du fonctionnement du monde social (Keyes, 1998).

I - A - b) Une hiérarchie « des » bien-être ?

Heginbotham et de Newbigging (2014), proposent d’aller un peu plus loin dans les différentes approches du bien-être. En effet, ils ont recensé cinq définitions majoritaires du bien-être, qu’ils ont classées et mises en relation avec la hiérarchie des besoins proposée par Maslow (1943). En effet, Maslow a ordonné les différents besoins auxquels aspirent les individus : les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, le besoin d’amour et d’appartenance, le besoin d’estime et le besoin d’accomplissement personnel. En se basant sur cette hiérarchie des besoins, Heginbotham et Newbigging proposent une hiérarchie des différents bien-être (cf. Figure 6 ci-dessous).

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Figure 6 - Adaptation de la hiérarchie des besoins de Maslow reflétant les cinq formes de bien-être (Heginbotham & Newbigging, 2014)

Aux trois notions présentées précédemment, s’ajoutent celles de bien-être économique et bien-être émotionnel.

i - Le bien-être économique

Le bien-être économique renvoie aux ressources matérielles auxquelles ont accès les individus. Les auteurs signalent l’importance de la littérature dans ce domaine à l’échelle de la société, mais elle reste plus faible à l’échelle individuelle et/ou familiale. Les indicateurs « objectifs » que l’on retrouve dans les enquêtes sur le bien-être (cf. le point I-B) font principalement partie de cette catégorie (revenus, mortalité infantile, taux de pauvreté, etc.). Un indicateur qui semble relativement reconnu dans le monde de l’économie (mais nous ne développerons pas cet aspect) est celui présenté par Osberg et Sharpe, et qui prend en compte 4 composantes principales : les flux de consommations, les stocks de richesse, la distribution des richesses et la sécurité économique (Osberg & Sharpe, 2005). ii - Le bien-être émotionnel Bien-être psychologique (développement personnel, créativité, ouverture sur le monde) Bien-être émotionnel (confiance, réalisation de

soi, respect de soi etdes autres, responsabilité)

Bien-être social et familial (relations familiales et amicales, relations

communautaires, accès à l'emploi)

Bien-être subjectif

(sécurité de l'emploi, revenus, perception de son corps, avoir une famille, santé physique, perception des lois et

de l'ordre public)

Bien-être économique

(Accès à la nourriture et à l'eau, avoir un abri, pouvoir être au chaud, pouvoir dormir)

61 Nous ne nous attarderons pas sur la notion de bien-être émotionnel, puisqu’elle ne semble pas définie précisément dans la littérature scientifique, malgré une occurrence relativement élevée d’articles la mentionnant. Selon Heginbotham et Newbigging (2014), il renvoie à la capacité de l’individu à comprendre la valeur de ses émotions et de les utiliser positivement. Dans le champ de la promotion de la santé, Clarke et Barry (2015) rapprochent le bien-être émotionnel de la santé mentale positive (avec une dimension sociale en plus). Nous reviendrons sur la santé mentale dans un prochain chapitre.