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Nous allons étudier chacune des 18 propositions du questionnaire et établir ou non ça pertinence au regard des questions de santé publique, de bien-être et des relations entre thématiques de santé. Pour plus de clarté, nous avons traité certaines propositions ensemble.

 Proposition 1 : « Dormir suffisamment la nuit »

Le sommeil relève avant tout d’un besoin physiologique. Il joue un rôle dans la régulation des rythmes biologiques, il permet entre autres de favoriser le développement cognitif, il diminue les risques de sensibilité à l’obésité ou aux infections (Giordanella, 2006). Une carence en sommeil peut avoir des effets nuisibles pour le jeune (Lin & Yi, 2015), et certaines activités peuvent réduire le temps de sommeil (Beck, Richard, Godeau, & Léger, 2011 ; Godeau, Navarro, & Arnaud, 2012). L’utilisation des écrans, tels que le téléphone, la télévision ou l’ordinateur, ont une influence significative en ce qui concerne le temps de sommeil. Notons à titre d’exemple que, d’après l’enquête HBSC (Godeau et al., 2012), on estime la dette de sommeil des élèves de 3ème à 1h30 pour les filles, et 1h53 pour les garçons. Cette

being" OR "well-being" OR "welfare" OR "positive mental health")

47 Les articles en questions étant « What constitutes the best sex life for gay and bisexual men? Implications

for HIV prevention », de Bourne A. et al, 2013 ; « Accounting for the Richness of Daily Activities”, de White & Dolan, 2009.

150 affirmation renvoie donc à des aspects familiaux, environnementaux et sociaux notamment.

 Propositions liées aux relations avec les pairs : « 2. Partager des moments avec des amis » et « 14. Respecter les règles de vie de groupe »

Maslow (1943) intègre dans ses travaux le besoin d’amour et d’affection comme troisième besoin essentiel (après les besoins physiologiques et de sécurité). Il souligne notamment l’importance pour un individu d’appartenir à un groupe, et d’être reconnu par ce groupe (quatrième besoin). Sur le plan scolaire, des liens existent entre l’investissement des élèves et la nature de leurs relations avec les pairs. Les élèves parvenant le mieux à adapter leurs relations avec leurs pairs accordent plus d’importance à leur scolarité. Au contraire, les élèves « extrêmes » dans leurs relations auront plus tendance que les autres à se démobiliser, soit parce qu’ils se sentent exclus, soit parce qu’ils se concentrent sur les relations, au détriment du parcours scolaire. Enfin, les élèves peu acceptés auront tendance à répondre aux attentes scolaires (Hernandez et al., 2012). Cette notion d’amitié dépasse la simple relation aux pairs. Des enfants bénéficiant de relations amicales seront plus aptes à développer des compétences de protections et de résilience face à des phénomènes de harcèlement (Kendrick et al., 2012). En revanche, des enfants victimes de solitude auront plus de risques de montrer des signes de dépression et seront plus sujets au suicide (dans leur vie de jeune, mais aussi dans leur future vie d’adulte) (Holt-Lunstad, Smith, Baker, Harris, & Stephenson, 2015 ; Schinka et al., 2012).

Par ailleurs, les pairs ont aussi un rôle en ce qui concerne les différentes conduites des jeunes. Par exemple, sur la consommation de produits psychotropes (Currie et al., 2004 ; Legleye, Beck, Spilka, & Le Nezet, 2007 ; Legleye, Spilka, Le Nezet, Hassler, & Choquet, 2009), sur les comportements à risques liés à la sécurité routière (Bantuelle & Demeulemeester, 2008), ou encore sur la prévention et les risques du suicide (World Health Organization, 2014b) (d’après l’INSEE 9 695 décès en France en 2012, dont 33 jeunes de moins de 14 ans, et 463 de 15 à 24 ans sont le fait de suicide (Institut National de la Statistique et des Études Économiques, s. d.)).

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 Propositions liées aux relations familiales : « 3. Respecter mes parents », « 9. Parler et échanger avec ma famille » et « 15. Manger le repas du soir en famille »

La famille est omniprésente dans la santé et le bien-être des adolescents, tant sur le plan du bonheur (Gaspar de Matos, Simões, Batista-Foguet, & Cottraux, 2010) que des conduites à risques (Nelson, Patience, & MacDonald, 1999), voire de comportements violents (Krug, Dahlberg, Mercy, Zwi, & Lozano-Ascencio, 2002). Au niveau des consommations de produits psychotropes, de nombreuses études ont montré les relations qu’il pouvait y avoir avec le milieu familial (Currie et al., 2004 ; Legleye et al., 2007). Les jeunes ayant des relations considérées comme « non satisfaisantes » avec leurs parents auront plus de risques de consommer des produits psychoactifs. Dans le même temps, des jeunes qui vont consommer des produits psychoactifs peuvent avoir leurs relations avec leurs parents qui se dégradent (Ledoux, Miller, Choquet, & Plant, 2002). A l’inverse, la perception du contrôle des parents – et dans une moindre mesure le soutien affectif – sont des déterminants de la consommation de tabac et de drogue (Choquet, Hassler, Morin, Falissard, & Chau, 2007). Pouvoir s’appuyer sur la famille afin de lutter contre certaines problématiques de santé augmente les chances de résultats positifs (du Roscoät, Clément, & Lamboy, 2013).

 Propositions liées à des compétences psychosociales : « 4. Être bien dans ma peau », « 8. Me sentir respecté(e) en tant que fille ou garçon », « 10. Avoir confiance en moi », « 13. Me sentir détendu(e), calme, déstressé(e) » et « 16. Être encouragé dans ce que je fais »

La santé mentale, prise dans une dimension positive et supérieure à la simple absence de maladie mentale, est à la base du bien-être (Herrman, Saxena, & Moodie, 2005). Elle « permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la

vie, de travailler avec succès et de manière productive et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté » (World Health Organization, 2014a). Ce concept englobe les notions

de développement psychologique, émotionnel, intellectuel, social et spirituel (Barry, 2009). L’importance d’une santé mentale positive est soulignée en prévention du

152 suicide, avec notamment quelques caractéristiques personnelles, telles que l’équilibre émotionnel, l’estime de soi, la gestion du stress, etc. (World Health Organization, 2014b). On notera aussi l’importance de l’entourage (familles et/ou pairs) lors de la promotion de la santé mentale positive (Barry, 2007).

 Propositions liées aux consommations de produits psychotropes « 5. Fumer* » et « 17. Être ivre lors d’une fête, soirée* »

Les consommations de tabac et d’alcool font parties des principales causes de mortalité évitable (Haut Conseil de la Santé Publique, 2013 ; Office for National Statistics, 2015). A titre indicatif, en France, on attribue 78 000 décès dus au tabac en 2010 (Ribassin-Majed & Hill, 2015), et 49 048 dus à la consommation d’alcool en 2009 (Guérin et al., 2013). Parallèlement, ces pratiques ont des implications culturelles et sociales fortes (Currie et al., 2004 ; Godeau et al., 2012 ; Legleye et al., 2007, 2009).

 Proposition 6 : « Passer + de 3 heures/jour devant un écran* »

Les recherches sur les effets de l’écran proposent des résultats variables. Passer du temps devant les écrans peut avoir des effets néfastes à long terme sur le développement de l’enfant, que ce soit au niveau scolaire, du langage, du comportement, du sommeil ou encore de l’attention (Harlé & Desmurget, 2012). Mais l’utilisation des écrans a aussi des effets positifs sur la santé des jeunes, notamment en ce qui concerne la socialisation (Hilgard, Engelhardt, & Bartholow, 2013).

En revanche, contrairement à certaines idées reçues, le temps passé devant les écrans n’a pas une corrélation négative simple avec le manque d’activité physique. Par exemple, si les adolescents qui passent le plus de temps devant un écran de télévision ou d’ordinateur ont une plus faible activité physique, les jeunes qui consomment le plus de jeux vidéos déclarent une activité physique plus fréquente. De plus, la pratique d’une activité physique supérieure à 2h ou plus par semaine n’a pas de lien significatif avec le temps passé devant la télévision ou l’ordinateur. Ces résultats sont à nuancer, puisque pour les filles, on note une corrélation entre la fréquence d’activité physique et le temps passé devant les écrans (Godeau et al., 2012).

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 Proposition 7 : « Prendre un petit déjeuner le matin »

La question de la nutrition fait aussi partie des besoins physiologiques et vitaux. Cette question trouve toute sa place ici, notamment par le fait qu’il existe une corrélation entre les habitudes alimentaires en général et la prise de petit déjeuner le matin chez les collégiens (Godeau et al., 2012). La famille fait partie des déterminants concernant la prise de petit-déjeuner par les jeunes (He et al., 2014 ; Manios et al., 2015). Enfin, il convient de noter que différentes études montrent un lien entre une prise régulière du petit déjeuner et la diminution du risque de surpoids (Goyal & Julka, 2014 ; Watanabe et al., 2014).

 Proposition 11 : « Mettre ma ceinture de sécurité à l’arrière en voiture »

D’après le bilan 2012 de l’observatoire national interministériel de la sécurité routière « […] un automobiliste sur cinq décède alors qu’il ne porte pas la ceinture de sécurité soit

354 personnes en 2012 […]. Parmi les occupants ceinturés victimes d’accidents corporels, seuls 2,1 % sont tués alors que cette part est de 17,3 % parmi ceux n’étant pas ou mal attachés. »

(Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, 2013, p. 37). Si on ajoute à ces nombres que 3 557 décès sont dus aux accidents de la route en 2014 (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, 2015), nous trouvons la pertinence d’une telle question dans ce questionnaire. Cette question de la sécurité routière est d’autant plus pertinente qu’elle fait appelle à d’autres déterminants, tels que le rôle des parents (Brookland, Begg, Langley, & Ameratunga, 2014), ou l’origine socio-économique des élèves (Ramaesh, Clement, Rennie, Gaston, & others, 2015).

 Proposition 12 : « Écouter fort la musique avec ou sans casque audio* »

La question de l’écoute de musique à volume élevé préoccupe de plus en plus. Le nombre de jeunes concernés par des pertes auditives augmente (Krug, 2015). L’OMS estime à 1,1 milliard de jeunes dans le monde risquant une perte d’audition du fait de leurs pratiques d’écoutes.

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 Proposition 18 : « Faire plusieurs trajets/jour (au – 10 mn) à pied »

La pertinence de cette question par rapport à la santé des jeunes se trouve principalement dans l’importance de l’activité physique recommandée. L’inactivité physique augmente le risque de mortalité prématurée (Institut national de la Santé et de la Recherche Médicale, 2008 ; Lee et al., 2012). De plus, une pratique régulière permet de lutter contre différentes pathologies (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2…) et a un impact positif sur la santé mentale des jeunes (Institut national de la Santé et de la Recherche Médicale, 2008).