• Aucun résultat trouvé

« J’ai décidé de me marier lorsque

la femme de mon

père a refusé de

payer mes frais

de scolarité et le

seul travail que

j’ai pu trouver

là-bas était dans

l’agriculture. »

Tanzanie

Ce programme en faveur des femmes afri-caines dans la recherche et le développement agricoles vise à renforcer les compétences de recherche et de leadership des femmes afri-caines dans le domaine de la science agricole, en les rendant à même de contribuer plus effi-cacement, à l’aide de partenariats de mentorat, à un renforcement de leurs compétences scien-tifiques et un développement de leurs capacités de leadership.

Vulgarisation agricole

La vulgarisation agricole est née de la néces-sité de répondre aux besoins d’information des agriculteurs dans une multitude d’envi-ronnements à travers le monde. Leurs besoins étaient alors assez semblables à ceux des jeunes Africains intégrant aujourd’hui la population active rurale et urbaine. Une bonne partie des enseignements tirés à propos des méthodes efficaces de vulgarisation peut être utilisée pour concevoir des services de conseil et des programmes d’accompagnement pour les jeunes, tant dans l’agriculture que dans d’autres domaines d’activité.

Les premiers modèles de vulgarisation agri-cole étaient centralisés, publics et linéaires.

Dans le modèle de base, un agent de vulgari-sation formé parcourait une vaste région pour transmettre des messages aux agriculteurs, qui appliquaient ensuite les conseils reçus pour améliorer leurs activités. Les lacunes de ce modèle sont apparues clairement au fil des années, en particulier en Afrique. Les princi-pales concernaient le coût, la qualité et la per-tinence. Les programmes de vulgarisation agri-cole de conception classique sont désormais très rares, même si le terme est encore utilisé et appliqué aux approches non traditionnelles.

Les programmes plus récents permettent aux agriculteurs de préciser les informations dont ils ont besoin et de sélectionner le fournisseur (Encadré 4.12, voir Davis, 2008). La trans-mission de l’information est encore toujours reconnue comme un bien public, et l’État assume une partie de son coût, en particu-lier pour les petits exploitants agricoles et les pauvres. Les conseils peuvent être fournis par des fonctionnaires, des conseillers privés, des ONG ou les médias, en fonction des besoins des agriculteurs. Les nouveaux systèmes sont

décentralisés, intégrés avec le secteur privé, coordonnés avec la recherche agricole et adap-tés aux contextes locaux. La vulgarisation est considérée comme partie intégrante d’un plus large système d’innovation.

Les services de vulgarisation agricole peuvent contribuer de manière significa-tive au succès des jeunes agriculteurs, mais la conception de programmes efficaces reste une question ouverte. Plusieurs approches ont été tentées et examinées dans des contextes diffé-rents, mais une évaluation rigoureuse s’avère problématique (Davis, 2008). Par exemple, les approches participatives, fondées sur des groupes gagnent du terrain. Elles ont le poten-tiel nécessaire pour surmonter les obstacles à la participation, favoriser l’inclusion et conduire à des services davantage axés sur la demande.

De nombreux pays africains, comme le Kenya, le Mozambique et l’Ouganda, offrent des ser-vices pluralistes (utilisant toute une variété de prestataires).

En plus du mode de prestation des services de vulgarisation, de nombreux autres facteurs influencent les résultats dans l’agriculture. Les effets de propagation sont difficiles à détec-ter ou à isoler. Des biais de sélection peuvent apparaître, même dans des environnements contrôlés, et des programmes fonctionnant bien à grande échelle peuvent être pervertis par le clientélisme et le favoritisme (Anderson et Feder, 2004). Bien que la plupart des experts conviennent que des services de conseil ou de vulgarisation sont essentiels sous l’une ou l’autre forme, en particulier à la lumière des défis auxquels sont confrontés les jeunes qui s’engagent dans l’agriculture en Afrique, la profession n’a pas encore une vision claire de la meilleure approche à adopter pour la concep-tion des programmes.

Les besoins de conseils et de formation propres à chaque parcours d’emploi dans l’agriculture peuvent déterminer l’approche qui fonctionnera le mieux. Par exemple, en Éthiopie et en Ouganda, les programmes de formation à des compétences dans les cultures d’exportation à fort rapport économique (horticulture et floriculture, respectivement) produisent une main-d’œuvre pour ces sous-secteurs exigeants. Les personnes engagées dans les Parcours 3 et 4 (ayant un emploi

salarié à temps partiel ou plein) pourraient tirer le plus de profit de ce type de formation.

Pour celles engagées dans les Parcours 1 et 2, les fermes-écoles peuvent être utiles. Elles existent dans de nombreux pays et appliquent

« une méthode participative d’apprentissage, de développement technologique et de diffu-sion, basée sur les principes de l’apprentissage

des adultes, tels que l’apprentissage expérien-tiel » (Banque mondiale, 2012a). Une étude récente réalisée en Afrique de l’Est a constaté que ces écoles conviennent particulièrement bien aux femmes, aux personnes peu alpha-bétisées et aux agriculteurs ayant des exploita-tions de taille moyenne. Les agriculteurs ayant fréquenté ces écoles obtiennent des résultats

La question de savoir si les services de vulgarisation agricole ont avantage à être fournis par le secteur public (le modèle traditionnel), le secteur privé ou une série de prestataires continue de faire débat en raison des résultats mitigés obte-nus avec le modèle traditionnel.a Cette incertitude a com-pliqué les efforts entrepris pour généraliser l’adoption de technologies agricoles améliorées et pour accroître la pro-ductivité agricole. Les modèles de vulgarisation plus récents, qui sont menés par les agriculteurs et renforcent la qualité de la prestation des services à l’aide de mesures incitatives et d’autres innovations, s’avèrent plus efficaces que les méthodes traditionnelles, mais peuvent, eux aussi, rencon-trer des difficultés et des obstacles entravant leur efficacité.

L’impact des approches novatrices faisant appel aux culteurs pour améliorer les résultats de la vulgarisation agri-cole a été récemment évalué à grande échelle. Au Malawi et au Mozambique, des essais contrôlés randomisés ont testé plusieurs modalités de mise en œuvre d’une diffusion des pratiques agricoles par des pairs ou des meneurs. Dans les deux cas, les communautés désignaient des agriculteurs pairs ou meneurs, qui étaient formés à l’utilisation des tech-niques de gestion durable des terres et chargés de les trans-mettre à d’autres agriculteurs de leur village à travers des démonstrations.

Au Malawi, le statut social (pairs ou meneurs) et le genre du communicateur étaient sélectionnés de manière aléatoire et une petite incitation matérielle basée sur les performances était octroyée à un sous-ensemble des communicateurs. Le projet désignait des communicateurs « miroirs » dans des villages de contrôle pour permettre une approche contre-factuelle. Au Mozambique, les agriculteurs « meneurs », en majorité des hommes, avaient déjà été désignés par l’équipe du projet dans tous les villages concernés, au moment de la collecte des données de référence. L’intervention avait formé à la gestion durable des terres un sous-ensemble aléatoire de ces « meneurs». Pour introduire une variation liée au genre, une agricultrice meneuse avait été ajoutée à un sous-ensemble aléatoire de villages de traitement, étant donné qu’il était impossible de rétrograder le meneur choisi

précédemment. Des petites incitations matérielles et socia-les basées sur socia-les performances étaient distribuées dans un sous-ensemble de villages de traitement.

Les résultats de ces larges expériences pilotes indiquent que les agricultrices peuvent être aussi bonnes que leurs homologues masculins pour transmettre une nouvelle tech-nologie à leurs pairs et les inciter à l’adopter. L’ajout d’une communicatrice à un modèle centré sur les hommes de pres-tation des services de vulgarisation peut ajouter de la valeur et modifier le nombre des bénéficiaires masculins et fémi-nins. Les données relatives à l’utilisation d’incitations basées sur les performances suggèrent que la prestation des services à la communauté est plus coûteuse pour les femmes meneu-ses, étant donné qu’elles sont plus réactives aux incitations.

Enfin, bien que leurs performances soient équivalentes, et dans certains cas supérieures à celle des communicateurs masculins, les communicatrices souffrent encore de discrimi-nation et sont considérées comme de moins bonnes ensei-gnantes que les hommes.

Dans l’ensemble, ces résultats suggèrent que les projets de développement plaçant l’adoption de nouvelles techniques agricoles au cœur de leur théorie du changement peuvent envisager de faire appel à des interventions d’agriculture inspirée par des pairs et des meneurs pour stimuler leurs rendements. Étant donné que les meneuses semblent réus-sir aussi bien que les meneurs à amener les agriculteurs à connaître et à adopter de nouvelles techniques, permettre aux femmes d’assumer ce rôle peut non seulement accroître l’équité, mais aussi avoir une valeur ajoutée. Les incitations basées sur les performances peuvent être importantes pour amener les femmes responsables à consacrer plus de temps et d’efforts au travail avec leur communauté.

a. Par exemple, Birkhaeuser, Evenson et Feder, 1991 n’ont détecté aucune relation significative entre la prestation des services classiques de vulgarisation et la productivité agricole en Afrique, tandis qu’Evenson, 2001 et Dercon et coll., 2009 ont identifié quelques succès. Anderson et Feder, 2003 proposent une enquête organisationnelle pour identifier le modèle de vulgarisation (public ou privé) susceptible de produire les meilleurs résultats.

Innovations dans la vulgarisation agricole : prendre appui sur les agriculteurs pour améliorer la prestation des services

E n c a d r é 4 . 1 2

significativement différents en ce qui concerne la valeur des cultures produite par unité de sur-face, la valeur obtenue par tête de bétail et les revenus agricoles par habitant (Davis et coll., 2010). Pour les personnes engagées dans le Par-cours 1 qui adoptent une approche plus entre-preneuriale de l’agriculture familiale, le passage à l’entreprise agricole familiale peut être assisté par des services d’appui au développement des agroentreprises locales, fournissant des conseils orientés vers l’entreprise. Bien que la presta-tion et l’utilisapresta-tion de ces services soient encore relativement neuves, les effets attendus pour les agriculteurs et entrepreneurs à petite échelle comprennent un accroissement des revenus ruraux (à la fois directs et dus à l’emploi) et une amélioration de l’activité entrepreneuriale à petite échelle (Banque mondiale, 2012a). Ces services pourraient également aider les jeunes à combiner l’emploi indépendant avec une occu-pation agricole à temps partiel (Parcours 3).

Les organisations de producteurs peuvent être un moyen très efficace de renforcer les compétences et l’expertise entrepreneuriale de leurs membres en améliorant l’accès aux conseils et à la formation. Une fois de plus, la capacité de s’auto-organiser et de participer de manière efficace à ces organisations exige une bonne éducation de base.

Priorités d’un agenda en faveur des diverses compétences

L’agenda visant à satisfaire les besoins de compétences des jeunes Africains est vaste et les ressources pour le mettre en œuvre sont très restreintes. La priorité doit être accordée à l’amélioration de la qualité de l’enseigne-ment fondal’enseigne-mental et au maintien des jeunes à l’école pendant suffisamment de temps pour qu’ils acquièrent les compétences de base. Les programmes agricoles doivent être renforcés dans l’enseignement supérieur pour produire une nouvelle génération de scientifiques et d’enseignants dans tous les domaines. Sur la scène intermédiaire de la vulgarisation et de la sensibilisation, l’accent doit être mis en même temps sur la fourniture de ressources aux uti-lisateurs finaux de l’information, afin qu’ils puissent chercher l’aide dont ils ont besoin, et sur une évaluation minutieuse et un affichage transparent de la satisfaction des utilisateurs par rapport aux différents canaux

d’informa-tion. L’approche alternative visant à trouver un nouveau style de vulgarisation, unitaire et fortement structuré, largement applicable à tous, a peu de chances de produire de bons résultats. Dans la conception d’un agenda pour les compétences des jeunes ruraux africains, il faut distinguer les besoins des jeunes adultes appartenant déjà à la population active, dont l’éducation élémentaire est incomplète, et des enfants appelés à entrer plus tard sur le mar-ché du travail. Pour les très jeunes, l’urgence est d’améliorer les écoles pour un meilleur appren-tissage. Les jeunes qui ont déjà dépassé l’âge de la scolarité ont besoin d’une combinaison de programmes de remédiation à court terme pour la lecture, l’écriture et le calcul appliqués, et d’un accès au mentorat, à l’apprentissage et à des flux d’information en temps oppor-tun, éventuellement fournis à l’aide de médias électroniques.

Les programmes agricoles délivrent trop peu, trop

lentement, pour faire face aux besoins des jeunes Africains

Déjà en 2003, les chefs d’État africains se sont réunis à Maputo, au Mozambique, et se sont engagés à accorder une attention renouvelée et des ressources à l’agriculture. La promesse a été faite dans le cadre du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) de l’Union africaine et du Nou-veau partenariat pour le développement de l’Afrique.20 Le cadre du PDDAA reconnaît qu’en raison de l’ampleur de l’agenda pour l’agriculture, des points d’entrée multiples et des investissements publics complémentaires sont nécessaires dans plusieurs domaines (Encadré 4.13).

Avant la flambée des prix alimentaires en 2008, l’engagement d’accroître les dépenses publiques dans l’agriculture n’était pas large-ment respecté, mais entre 2003 et 2008, des études techniques ont été réalisées en vue de la conception d’un cadre pour le réinvestissement dans l’agriculture au titre du PDDAA. Lorsque la hausse des prix des denrées alimentaires a réveillé l’attention des dirigeants mondiaux et africains, le cadre conceptuel était prêt pour

« Interrogé sur