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Les débats intellectuels à la fin de la décennie 1990

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 134-143)

Ce projet nous explique le passage à l’idéologie actuelle (1992-2008)

A. Les débats intellectuels à la fin de la décennie 1990

Le débat sur la définition des intellectuels (zhishifenzi) a une histoire longue et détaillée en Chine. Eddy U1 a beaucoup travaillé sur l’origine du terme et a conclu que les années 20 doivent être vues comme leur apparition réelle. Sur ce point nous suivrons Jean-Philippe Béja2 qui estime que le mouvement du 4 mai 1919 marque l’entrée de l’intelligentsia (en tant que groupe social) sur la scène politique. La participation politique des intellectuels chinois, comme elle a été décrite en détail par Merle Goldman, est passée d’une soumission totale à un retrait total à l’ère maoïste.

Bien que la plupart des intellectuels aient été réhabilités pendant la période des réformes, leur triste histoire récente, les privant de dignité, d’indépendance et même d’identité, rappelle constamment à la plupart d’entre eux de ne pas s’en prendre directement au Parti-Etat de peur d’être marginalisé, contraint à l’exil voir envoyé en camp de rééductaion.

Avec le nationalisme réintroduit par le Parti-Etat en 1991, la participation des intellectuels peut être vue comme la deuxième étape de l’accélération de l’idéologie en Chine. Mais l’implication des intellectuels a amené plus de débats sur le nationalisme. Ces débats étaient vus comme une extension des principaux débats intellectuels en Chine après la décennie 1980 qui opposait les « libéraux » d’une part aux « non-libéraux » d’autre part et, enfin, quelques chercheurs suggèrent une possible « troisième voie » entre ces deux positions. C’est ce que le graphique 1.9 tente de synthétiser.

 

1 Cité par SHEN Simon, op.cit.

2 BEJA Jean-Philippe, « Les intellectuels et le pouvoir dans la Chine des réformes » conférence donnée au CERIUM, Université de Montréal, 11 avril 2006, http://www.cerium.ca/article1581.html

Graphique 1.9 : Le débat intellectuel dans la Chine contemporaine :   libéraux et non‐libéraux 

Source: SHEN Simon, op.cit.

1. La culture (les intellectuels) dans la Chine des réformes. Philosophie de l’Etat ou gouvernance pragmatique et technique ?

La question de la pensée politique, du rôle des intellectuels dans la Chine des réformes n’est pas purement rhétorique. Il ne s’agit pas ici d’un travail de philologie mais bien d’un questionnement politique. La répression sanglante des manifestations

Non‐libéraux Gauchisme 

économique 

Gauchistes néo‐

autoritaristes 

Neo  Confucéens Nouvelle 

gauche 

Nationalistes 

Libéraux Libéraux

Libéraux  continentaux

Libéraux d’outre‐

mer et expatriés

étudiantes de la place Tiananmen au printemps 1989, l’effondrement de la plupart des régimes communistes entre 1989 et 1991 et le choix assumé d’un passage à une économie de marché en Chine à partir de 1992, au cours de la décennie quatre-vingt-dix tous les fondements de la pensée politique du régime sont sapés les uns après les autres. Se pose donc la question de savoir si on va assister à un débat qui permettra un nouveau questionnement de la pensée politique chinoise ou si le gouvernement refusera d’admettre les faits et s’enfermera dans une vision purement technicienne du politique. D’autre part, il convient de savoir ce que ces différents débats intellectuels ont apporté, dans quelle mesure ils ont fait évoluer la réflexion sur la notion d’Etat dans la Chine des réformes.

a. tentative de reprise en main par les communistes conservateurs.

Après la répression de Tiananmen l’aile libérale du parti est écartée du pouvoir et les postes qu’ils occupaient sont attribués aux conservateurs. C’est tout à fait notable dans les domaines idéologiques et culturels. Les principaux intellectuels libéraux sont démis : Hu Qili (membre permanent du Bureau politique), Hu Jiwei (le rédacteur en chef du Quotidien du peuple), Zhu Houze (ministre de la propagande) et Wang Meng (écrivain célèbre et ministre de la culture). Tous les secteurs stratégiques dans le domaine culturel sont alors aux mains des communistes orthodoxes : ministère de la Culture, Association des travailleurs culturels et artistiques (wenlian), Association des écrivains (Zuojia xiehui), etc. Les conservateurs vont commencer une véritable chasse aux libéraux1. Les principaux leaders du mouvement étudiant de 1989 sont arrêtés tout comme de nombreux intellectuels libéraux (mais les intellectuels contrairement aux leaders étudiants resteront moins longtemps en prison). C’est à cette époque que de nombreux intellectuels de premier plan émigrent : Yan Jiaqi, Su Shaozhi, Liu Binyan, Jin Guantao, Liu Zaifu, Su Xiaokang, Fang Lizhi, Hu Ping.

Les conservateurs vont essayer d’opérer un retour à un marxiste orthodoxe. Entre 1989 et 1992, on assiste à une volonté de la part des conservateurs de lancer une campagne idéologique comme aux beaux jours de la révolution culturelle. Mais dans le même temps une partie du PCC s’y oppose et, chose plus inattendue, la population va résister à cette campagne. Le contenu de cette campagne n’a que peu d’intérêt pour

1 Sur ce point voir CHEN Yan, op.cit.

le sujet qui nous préoccupe. En fait, il s’agit surtout de dénoncer les intellectuels libéraux et de glorifier le régime à la manière de ce qui se faisait dans les années 1950 et 1960. Mais quant au fond, cette campagne idéologique lancée par les conservateurs au début des années 1990 n’apporte aucun contenu réel sur la définition de l’Etat. Bref, on est plus dans la dénonciation que dans la construction d’un modèle intellectuel conservateurs qui pourrait se présenter comme une alternative à la politique de réformes telle qu’elle a été pensée et expérimentée à partir de la fin des années 1970.

Cependant, cette campagne a ceci d’intéressant que la population ne va pas s’y soumettre y compris au sein même du Parti. On peut dire que cette campagne trouve son point d’orgue et en même temps s’arrêtera à partir de l’affaire dite du gruau de riz1.

Les conservateurs ont essayé d’attaquer Wang Meng (ancien ministre de la culture et intellectuel réformateur). Sous couvert d’un soi-disant « courrier de lecteur », ils s’en prennent à lui à travers sa nouvelle Le gruau de riz. Les attaques commencent au cours de l’année 1991 alors que la nouvelle était parue en 1989. Mais à la surprise des conservateurs, Wang se défend et, chose plus surprenante vue le contexte de l’époque, ne nombreux intellectuels viennent prendre part au débat pour apporter leur soutien à ce dernier. Ce qui n’était qu’une campagne idéologique des conservateurs en vue d’écarter un adversaire va se retourner contre les communistes orthodoxes et donner lieu au premier débat intellectuel d’envergure depuis les manifestations de 1989. Si les intellectuels se sont tant manifestés, c’est qu’ils contestent la démarche des gauchistes et les accusent de ne pas tenir compte de l’héritage de la révolution culturelle et donc de recommencer les mêmes erreurs. « Pendant toute l’année 1991, des centaines de nouvelles et d’essais paraissent avec des jeux de mots sur « gruau de riz » dans leur titre. Des écrivains de renom y participent, comme Liu Xinxu, Chen Rong, Zhang Kangkang, Zhang Jie. A la fin de l’année, la tendance orthodoxe est contrainte à la défensive : elle est ridiculisée. »2

Cet épisode de la campagne culturelle orthodoxe et l’affaire du gruau de riz montrent la volonté de la part d’une frange du PCC de conserver un Parti-Etat qui décide de tous les aspects de la vie sociale à commencer par le monde des idées et la vie culturelle : c’est-à-dire un totalitarisme tel qu’il a pu s’exprimer lors de l’âge d’or du

1 Pour le détail de l’affaire voir chapitre 3 section 2

2 CHEN Yan, op.cit, page 133

communisme chinois (1949-1955) ou pendant la révolution culturelle. La réaction de la part de la société civile (bas) et des intellectuels (intermédiaire) est révélatrice d’une conception politique de la question. Au-delà de l’aspect purement littéraire de l’affaire du gruau de riz s’exprime la volonté d’affirmer l’existence d’un corps social affranchi du politique. Certes, les intellectuels qui participent à la campagne ne se font pas d’illusion après la répression sanglante de Tiananem, le Parti n’est pas près de laisser une partie de son pouvoir à la société civile. Mais disons que les corps intermédiaire et de base de la société chinoise (pour reprendre la terminologie de Shen1) défendent les gains acquis au cours de la libéralisation qui a eu lieu dans les années 1980 c’est-à-dire une semi-société civile où l’individu lambda n’est plus contraint d’adhérer aux idées du Parti dans la mesure où il ne s’y oppose pas.

Mais c’est l’incapacité de la ligne dure du Parti à assurer la pérennité du régime qui les condamne à abandonner le pouvoir au profit d’une ligne plus pragmatique, prête à accepter l’économie de marché sans pour autant revenir sur le monopole du PCC.

Avec le voyage de Deng Xiaoping dans le Sud : « Ainsi débute la deuxième vague de la réforme économique, qui déchirera la société chinoise à la fois sur le plan matériel et spirituel. Elle ouvre une période où les intellectuels sont écartés du processus de décision, où il n’y as plus ni dessein politique ni justification idéologique. Autant la réforme de la décennie quatre-vingt était perçue comme un processus de libéralisation de la société du joug totalitaire, autant la relance de la réforme des années quatre-vingt-dix est comprise comme un moyen pour le régime de se racheter. La perspective ouverte par l’appel de Deng dans ce début des années quatre-vingt-dix signifie pour les uns un avenir radieux d’enrichissement, et pour les autres le chemin de la décadence. »2

C’est dans ce contexte que naissent des réflexions sur le déclin moral de la Chine mais aussi la justification de l’autoritarisme et donc la théorie de l’asiatisme.

1 SHEN Simon, op.cit.

2 Ibid, page 135

2. La question du conservatisme

a. les non libéraux

Beaucoup d’intellectuels chinois pensent que la démocratie, les moyens de subsistance du peuple et le nationalisme _ ce qui est presque équivalent aux Trois principes du peuple (ou triple démisme) de Sun Yat-sen _ ont marqué les trois grandes lignes de division parmi eux. Différentes entités sont regroupées dans ce qu’il est convenu d’appeler une école « non-libérale ». Mais on peut cependant les distinguer les unes des autres1. Il convient de revenir sur les origines de ces différents courants non-libéraux pour bien les comprendre. Les différents sous-groupes sont représentés par les néo-confucéens, les néo-autoritariens, les nouveaux gauchistes et les nationalistes « authentiques ».

§1.Les nouveaux gauchistes/néo-autoritariens

Le noyau dur du groupe non-libéral est connu comme « nouveaux gauchistes ». Le terme de nouvelle gauche trouve son origine aux Etats-Unis dans les années soixante et est l’œuvre du sociologue Charles Mills dans sa Lettre à la nouvelle gauche. La manière dont la nouvelle gauche en Chine diffère de la « vieille gauche » _ les marxistes dogmatiques chinois, les maoïstes et les communistes comme Hu Qiaomu ou Deng Liqun _ reste sujet à controverses. Quelques puissent être les différences, il apparaît que la nouvelle gauche fustige les valeurs aliénées de la vie moderne d’une part, et l’autoritarisme absolu d’autre part, alors que l’ancienne gauche toujours plus marginalisée adhère toujours à la même ligne marxiste-léniniste-maoïste. 2

Quatre membres de la nouvelle gauche, parfois appelés la « Bande des quatre »3 sont les représentants les plus importants de ce courant : l’ancien professeur de l’université de Yale Wang Shaoguang, le philosophe Cui Zhiyan, le professeur de littérature Gan Yang et le rédacteur en chef du journal Dushu(Reading) Wang Hui. Le développement de ce courant de pensée connaît deux étapes qui se font chacune dans des contextes très différents. La première étape est leur critique de la politique de privatisation du reaganisme et du thatchérisme comme en témoigne l’article de Wang

1 Ibid.

2 Ibid.

3 A ne pas confondre avec la « Bande des quatre » de la révolution culturelle.

Shaogung publié en 1991 : « Developing a strong and powerful democratic country »1. À ce niveau, ils sont classés parmi les néo-autoritariens ou les néo-conservateurs.

Cette seconde étiquette suppose des liens plus resserrés avec les néo-confucéens dans la mesure où leur argument principal visait le renforcement du pouvoir de l’Etat.

L’étude de l’universitaire taïwanais Zu Zhiguo2 sur le néo-conservatisme continental représente l’une des introductions les plus en vue de ce courant au monde extérieur sans qu’il utilise l’étiquette de nouvelle gauche. L’idée était en opposition directe avec l’ « agenda » de démocratiser la Chine selon une thérapie de choc, idée qui était défendue avec enthousiasme par les libéraux exilés après 1989. La seconde étape est orientée sur les questions économiques par une remise en cause du capitalisme, de la modernisation et des déséquilibres sociaux. L’article de Wang Hui « Contemporary Chinese ideological situation and issues of modernisation »3 publié en 1997 peut être considéré comme le point de départ de cette deuxième étape. Certains penseurs aujourd’hui considérés comme des libéraux, comme Xiao Gongqin, ont alors été considérés comme des néo-autoritariens : leur défection _ au lieu d’une loyauté continue d’une étape à l’autre, comme Gan le suppose _ a été due à leur désapprobation quant à l’orientation économique de ce groupe.

Il est important de noter que l’étiquette de « nouveau gauchiste », bien qu’elle soit perçue de manière positive voire glorieuse par les activistes sur internet, n’a pas été acceptée unanimement par les membres du groupe. Gang Yang a insisté sur le fait que le terme de « libéraux de gauche » était bien plus approprié (et parlant) pour eux, parce qu’ils étaient aussi tous issus de ce courant libéral des années quatre-vingt.

Leurs positions étaient, en fait, « plus proches des libéraux du New Deal aux Etats-Unis », et ils n’étaient pas seuls au niveau international car les prix Nobels James Tobin et Kenneth Arrow partagent leurs idées. D’après Gan, les intellectuels chinois qualifiés de libéraux devraient être appelés « libéraux de droite » (droitiers si on veut bien marquer l’opposition avec les « néo-gauchistes ») ou « libertariens » car ils appartiennent à la même école que les conservateurs américains4. Dans une conversation avec Simon Shen, Wang Shaoguang avouait ne pas prendre ces

1 WANG Shaogung, « Gongmin Shehui De Fanyi (Réflexions sur la société civile), Ershiyi Shiji (XXI°

siècle), n°8, décembre 1991, pages 102 à 114.

2 ZU Zhiguo, cité par Shen in SHEN Simon, op.cit

3 WANG Hui, « Dangdai Zhongguo De Sixiang Zhuangkuang Yu Xiandaixing Wenti (The

Contemporary Chinese Ideological Situation and Issuses of Modernization) » in Sihuochongwen De Beijing (Pékin Renaissant), Pékin, Renmin Wenxue Chubanshe, 2000.

4 Gang Yang cité par Shen in SHEN Simon, op.cit.

étiquettes très au sérieux et considérait ce titre comme un simple « chapeau » donné par son ancien collègue de Yale.

§2. Les nationalistes authentiques

On inclut dans la catégorie des « non-libéraux » les personnes qui sont étiquetées comme des intellectuels nationalistes et qui parlent exclusivement du nationalisme chinois. Selon Wang Xiaodong1 l’un des leader de ce courant nationaliste, les principales raisons qui ont fait de la Chine une victime au cours des derniers siècles sont le manque de lebensraum (l’espace vital) et de ressources naturelles, ainsi qu’un environnement hostile, une science et des technologies en retard, des difficultés à réaliser la modernisation politique et l’altération de l’esprit national. Pour structurer ces critères en termes thématiques, comme le résume assez justement le libéral Ren Bingqiang, la cosmologie du nationalisme de Wang peut être vue comme agressive car elle peut impliquer la théorie hitlérienne du lebensraum pour le peuple chinois, un darwinisme social dans la compétition entre les peuples sur la scène internationale et un esprit similaire au Bushido (shanwu jingshen) qui vise à promouvoir le respect pour la chose militaire. Les idées de Wang ne sont pas inconnues en Occident : il est l’une des voix de Chine les mieux accueillies et les plus citées par des médias occidentaux comme The Independant ou Le Monde.

Enfin de manière notable de nombreux nouveaux gauchistes ont l’habitude de dénoncer la version extrême du nationalisme chinois. Wang Hui, par exemple, a déjà essayé de prendre ses distances avec les nationalistes en déclarant que le nationalisme chinois, représenté par la littérature populaire comme La Chine peut dire non2, était seulement un produit de consommation, et que l’idéologie du nationalisme était seulement une conséquence négative de la mondialisation. Très souvent, cependant, les idées des nationalistes fusionnent avec celles de la nouvelle gauche et des néo-confucéens. Alors que les arguments nationalistes comme ceux de Wang Xiaodong mixent souvent l’anticapitalisme à l’anti-américanisme, les idées anticapitalistes de la nouvelle gauche remontent au dédain confucéen pour la classe marchande. La plupart des commentateurs ont du mal à distinguer entre eux (c’est-à-dire entre la nouvelle

1 l’ouvrage qu’il a cosigné avec Fang Ning est le manifeste d’une nouvelle vague de nationalisme chinois à l’ère de la globalisation.

WANG Xiaodong et FANG Ning, Qianqiuhua Yinying Xia De Zhongguo Zhu Ru (China’s road under the shadow of globalisation), Pékin, Zhongguo Shehuikexue, Chubanshe, 1999.

2 Zhang Zangzang, Zhang Xiaobo, Song Qiang, Tang Zhengyu, Qiao Bian et Gu Qingsheng, Zhonguo keyi shuo bu (La Chine peut dire non), 1996, Pékin

gauche, les néo-confucéens et les nationalistes) et pensent que le « nouveau nationalisme » est vu comme un courant au sein de la nouvelle gauche pour être différenciée de l’ « ancienne gauche ». Les libéraux estiment logique de considérer les nationalistes, les étatistes, les militaristes et les gauchistes comme une nouvelle

« ligue jurée »1.

3. La question du libéralisme

Le libéralisme, popularisé par John Locke au XVI° siècle, est un concept politique aux définitions multiples. Le libéralisme est ici défini d’une manière conventionnelle : comme la croyance en l’établissement de limites au pouvoir politique existant en instaurant un ensemble de valeurs universelles au dessus de l’autoritarisme comme la liberté, les droits de l’homme et l’autodétermination. Les quatre attributs du libéralisme contemporain comme l’a résumé John Gray (l’individualisme, l’égalitarisme, l’universalisme et le réformisme) sont un bon point de repère quand on parle du libéralisme contemporain en Chine.

Beaucoup de libéraux contemporains chinois s’identifient avec le mouvement du 4 mai 1919 et le sentiment anti-confucéen que ce mouvement prônait. Après la fin de la révolution culturelle, comme Fewsmith l’a constaté, les idées libérales ont été progressivement remises au goût du jour : « les libéraux se sont faits les champions de la réforme ce qui ne signifiait pas seulement la transition vers l’économie de marché et la libéralisation politique (et une éventuelle démocratisation) mais [ce qui signifiait]

aussi de s’opposer aux personnes, aux idées et aux forces qu’ils voyaient comme maintenant l’ordre ancien. » Dans le milieu des années 80 il y a eu une tendance parmi les intellectuels libéraux à dénier le socialisme et son héritage chinois, une tendance représentée par la série télévisée « L’élégie du fleuve » (Heshang) produite par cinq libéraux qui sont désormais connus comme intellectuels expatriés. Empruntant à la terminologie certes datée de Max Weber (comme par exemple « le mode de production asiatique » ou « la bureaucratie hydraulique ») Heshang s’en prend naturellement à deux adversaires : les néo-gauchistes et les néo-confucéens. Après les incidents de Tiananmen et les réactions contre l’élégie du fleuve, le libéralisme s’est renouvelé dans les années 1990 et les libéraux ont accepté d’une manière générale

1 SHEN Simon, op.cit.

l’importance d’adhérer à la culture chinoise. La position des libéraux contemporains a été expliquée par le penseur libéral Xu Yougu1 et se résume en six facteurs : l’introduction de l’économie de marché, les leçons et les grandes souffrances de la révolution culturelle, la dissolution du bloc communiste dans le monde, l’expérience et la réussite de Taiwan, le renforcement et le renouveau de l’héritage libéral par le retour des Chinois de l’étranger et l’impact des traductions et des publications. La position des libéraux sur les sujets majeurs est bien plus claire que celle de leurs rivaux : favoriser les mécanismes de marché, critiquer l’intervention de l’Etat et

l’importance d’adhérer à la culture chinoise. La position des libéraux contemporains a été expliquée par le penseur libéral Xu Yougu1 et se résume en six facteurs : l’introduction de l’économie de marché, les leçons et les grandes souffrances de la révolution culturelle, la dissolution du bloc communiste dans le monde, l’expérience et la réussite de Taiwan, le renforcement et le renouveau de l’héritage libéral par le retour des Chinois de l’étranger et l’impact des traductions et des publications. La position des libéraux sur les sujets majeurs est bien plus claire que celle de leurs rivaux : favoriser les mécanismes de marché, critiquer l’intervention de l’Etat et

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