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Cyberespace et extension de l’espace public : une démocratie à géométrie variable

23 1.1 L’espace public : définitions et enjeu

1.3 Cyberespace et extension de l’espace public : une démocratie à géométrie variable

L’apparition de toute nouvelle technologie de communication amène immanquablement à reconsidérer les limites de l’espace public et à envisager l’expansion de son périmètre. Internet n’échappe pas à cette logique : son avènementP40FP40F

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suscite à la fois des prévisions optimistes à outrance (Rheingold 1993; Stewart 1996) ou à l’inverse, des constats dystopiques (Stoll 1995; Birkerts 1996), autant dans les publications scientifiques que dans les écrits destinés au grand public. De telles positions déterministes sont hasardeuses sur le plan théorique. Les discussions sur le sujet se sont d’ailleurs progressivement nuancées au fil des développements d’Internet, nous y reviendrons plus loin.

Pour le moment, soulignons seulement que le web, par son extraordinaire flexibilité, tend surtout à exacerber des tensions déjà présentes dans une société. Il ne peut donc être à lui seul responsable d’un renversement soudain des pratiques sociales de l’ensemble d’une population (Castells 2001 : 6). Nous nous garderons de concevoir le web comme une entité fixe, homogène et prévisible puisque c’est précisément dans son inachèvement qu’il est intéressant à examiner, comme un objet en train de se faire. Enfin, spécifions que l’extension de l’espace public par les nouvelles technologies constitue une question qui ne s’approche pas aisément en raison de la complexité des enjeux qu’elle recèle, allant de la protection de la vie privée à la cybergouvernance. Nous avons donc choisi d’insister ici sur les notions d’échange et de mobilisation collective dans le cyberespace, incontournables pour l’examen des controverses en ligne.

La circulation sans précédent permise par Internet, le web et ses plateformes de partage, ainsi que la vitesse inégalée à laquelle transitent dorénavant des flux d’images et d’idées invitent à croire que nous assistons à une nouvelle ère communicationnelle où les individus n’ont plus à se présenter physiquement à autrui pour apparaître. La coprésence des acteurs n’est plus requise pour que des informations soient transmises, cette intervention étant médiée au moyen de prolongements technologiques. Le processus de dématérialisation des médias s’est toutefois amorcé bien avant la venue du web. Au début des années soixante, Marshall McLuhan analysait

17 Internet est l’ensemble des protocoles soutenant le réseau, ou en d’autres mots l’infrastructure sur laquelle s’appuie

le World Wide Web (communément désigné sous l’appellation web), qui est à son tour formé par les ressources reliées au moyen d’hyperliens accessibles en ligne. Le web n’est donc qu’un des services permis par Internet, comme l’est aussi le courrier électronique par exemple. Dans le cadre de cette thèse, nous considérerons Internet à partir de sa phase de popularisation amorcée au début des années 1990, bien que ses premiers balbutiements remontent aux années 1970.

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déjà les effets de ces bouleversements dans ses célèbres ouvrages The Gutenberg Galaxy : The Making of Typographic Man (1962) et Understanding Media : The Extensions of Man (1964). L’invention de l’imprimerie, de la radio et de la télévision ont tour à tour amené des changements significatifs dans les modes de transmission de l’information, transformant de ce fait le paysage médiatique et l’espace public.P41FP41F

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Mais, plus que tout autre média, le web compresse formidablement l’espace et le tempsP42FP42F

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, modifiant l’échelle et la vitesse à laquelle sont diffusés les contenus numériques.

Cela donne non seulement lieu à une configuration nouvelle du fait public, mais également à l’amplification d’un phénomène connu sous l’appellation d’« effondrement des contextes » (context collapse). Initiée par le professeur d’anthropologie culturelle Michael Wesch en 2009, cette expression a d’abord été utilisée pour désigner les effets induits par la plateforme de partage de vidéos YouTube sur la manière dont les usagers s’adressent à leurs publics.P43FP43F

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La mobilité sans précédent des images numériques et transmissibles, doublée de l’accélération de la vitesse à laquelle transitent les informations, s’incarne remarquablement à travers la pratique du vlog (blogue vidéo) selon le chercheur. Il décrit la compression de l’espace et du temps qui s’opère dans ce type de communication en ces termes :

[A]n infinite number of contexts collapsing upon one another into that single moment of recording. The images, actions and words captured by the lens at any moment can be transported to anywhere on the planet and preserved (the performer must assume) for all time. The little glass lens becomes the gateweay to a black hole sucking all of time and space— virtually all possible contexts—in on itself (Wesch 2009 : 23).

La lentille de la webcam et, par extension, le web agissent ainsi à la manière d’un portail, permettant le passage d’un régime de visibilité à un autre.

Le rapport à l’espace et au temps se complexifie, se reconfigure, sans pour autant rendre les distances et les temporalités entièrement négligeables lors de la création et de la mise ligne de matériel numérique. Ce changement d’échelle bouscule aussi la notion de public : il y a confrontation de multiples contextes de réception au sein d’un même média, l’audience étant potentiellement infinie. La notion d’effondrement des contextes peut toutefois s’appliquer à

18 Il s’agit là d’une question fort bien documentée (Meyrowitz 1985; Dahlgren 1995).

19 La compression du temps opérée par les médias électroniques est souvent mise en parallèle avec la théorie de la

dromologie de Paul Virilio (1977), qui décrit les effets de la vitesse sur la perception humaine. Mais l’on attribue habituellement la notion de compression de l’espace et du temps au théoricien David Harvey, qui en fait un thème phare de son ouvrage The Condition of Postmodernity : An Enquiry Into the Origins of Cultural Change (1990).

20 Bien que Wesch soit considéré comme le responsable de l’entrée de cette formule dans la théorie des médias, danah

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plusieurs types d’interventions ayant lieu dans le web, particulièrement dans les médias sociaux. Alice E. Marwick et danah boydP44FP44F

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(2010) ont étudié ces dynamiques à l’œuvre sur Twitter, où il est possible de s’adresser simultanément à un nombre de personnes extrêmement grand, et ce, avec très peu de restrictions. Elles ont remarqué que les internautes se créent des « audiences imaginées » pour orienter la nature de leurs publications.

Ce phénomène n’est pas propre au web : la presse écrite, la photographie et la radio ont engendré des effets analogues dès le XIXPP

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siècle. Il se peut simplement que l’effondrement des contextes soit plus facile à observer dans le cyberespace en raison de la facilité d’accès aux données liées à la production et à la consultation de contenus numériques (comme le nombre de vues, de partages ou de « suiveurs »). Bien qu’il s’inscrive dans la continuité de processus médiatiques amorcés il y a longtemps, Internet et les objets qu’il permet de produire instaure néanmoins des formes inédites de communication et de sociabilité, si l’on considère par exemple l’expansion fulgurante de la blogosphère ou l’omniprésence des médias socionumériques dans les débats contemporains. Bien que l’incidence à long terme des pratiques d’échange et de diffusion en ligne reste à déterminer et que le rôle qu’elles exercent dans la poursuite de la démocratie ne fasse pas l’unanimité auprès des chercheurs, ces phénomènes ne peuvent cependant être ignorés : ils témoignent vraisemblablement d’un changement de paradigme. Avant de s’attarder aux aspects d’Internet lui conférant le caractère d’espace public, voyons d’abord quelques positions critiques émises à l’égard de son potentiel transformateur.

Certains auteurs prétendent que l’importance accordée à Internet dans la poursuite du progrès démocratique et de la justice sociale est démesurément grande. Ils s’élèvent ainsi contre une vision trop optimiste du web, perçu comme le remède suprême aux formes d’oppression les plus diverses. Il faut bien admettre que ces technologies de connexion ne servent pas que les idéaux des forces progressistes, elles peuvent aussi profiter à des entreprises moins louables comme la surveillance des populations par des gouvernements (totalitaires ou non), le recrutement par des organisations terroristes ou la transmission de messages haineux issus de groupes d’intérêts ultra-conservateurs. Cette position méfiante envers les propriétés libératrices du web est notamment défendue par Evgeny Morozov, l’un des penseurs des Internet studies les plus influents sur la scène internationale à l’heure actuelle.P45FP45F

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Sans être fataliste, il soutient qu’il est vain de nier la dimension obscure du web :

21 L’usage des minuscules est délibéré.

22 Correspondant pour de nombreux magazines d’affaires publiques, il est également l’auteur de deux ouvrages sur la

question du déterminisme technologique, The Net Delusion : The Dark Side of Internet Freedom (2011) et To Save Everything Click Here : The Folly of Technological Solutionism (2013).

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The idea that the Internet favors the oppressed rather that the oppressor is marred by what I call cyber-utopianism: a naïve belief in the emancipatory nature of online communication that rests on a stubborn refusal to acknowledge its downside (Morozov 2011 : xiii).

Or, les régimes autoritaires et autres forces hostiles à la liberté de parole ne seraient pas les seuls ennemis de la démocratie numérique.

La privatisation croissante qui s’opère dans le cyberespace, se traduisant par le contrôle d’une part importante du web par des multinationales, s’impose également comme un facteur qui irait à l’encontre d’un espace public ouvert et libre. Les partisans d’une sphère publique habermassienne y voient d’ailleurs l’aboutissement du processus de reféodalisation de l’espace public. Cette mainmise des intérêts corporatifs sur le contenu diffusé en ligne est qualifiée de « capitalisme communicatif » par la professeure en science politique Jodi Dean (2003). Selon elle, le web ne serait devenu qu’une simple vitrine pour l’échange marchand, minant ainsi la possibilité d’un véritable échange citoyen dénué d’intérêts monétaires ou partisans. Bien qu’elle soit révélatrice du climat actuel, alors que des gatekeepers d’Internet comme les géants Google et Facebook parviennent à prendre possession des flux d’information générés par les usagers (Musiani 2013),P46FP46F

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cette approche émane d’une perception idéalisée de l’espace public. Pourtant, comme Latour (2005 : 261) le rappelle, l’action est indissociable des intentions qui la précèdent, les individus et les collectifs poursuivant toujours des objectifs qui leur sont propres.

D’autres chercheurs encore invoquent l’aspect restrictif du web ou la « fracture numérique » pour minimiser la portée d’Internet en tant qu’arène publique. Le terme fracture réfère à la disparité d’accès à la connexion Internet, soit entre les membres d’une même société, soit entre les pays développés et les pays émergents. Les clivages sociaux induits par cette faille technologique réduiraient le potentiel du web en tant qu’espace public, qui, en théorie, désignerait ce qui est accessible à tous (Norris 2001). De même, le nombre croissant d’internautes à l’échelle planétaire et l’accélération de la communication n’engendre pas nécessairement l’instauration d’une démocratie meilleure (Chardel 2013 : 27). La démultiplication des voix peut aussi faire en sorte que les échanges deviennent cacophoniquesP47FP47F

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,

23 Par exemple, les dirigeants de Facebook peuvent user librement des images mises en ligne par les millions

d’utilisateurs de ce réseau social ainsi que par ceux d’Instagram (compagnie achetée par le géant des médias sociaux en 2012). [En ligne] https://www.facebook.com/legal/terms https://www.facebook.com/about/privacy/. Consulté le 20 août 2017. Les images publiées en ligne peuvent conséquemment être vendues en toute légalité à des firmes à des fins de publicité par exemple. Pour plus de détails concernant les droits de propriété, consulter « Who Owns Photos and Videos Posted in Facebook, Instagram and Twitter ? » (Law Offices of Craig Delsack 2012).

24 Milad Doueihi (2011 : 28) parle d’une « identité polyphonique » pour qualifier les divers avatars que peut revêtir un

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rendant de ce fait inaudibles les prises de position individuelles : les propos émis dans le cyberespace ne seraient devenues qu’une masse d’opinions indifférenciée. Or, le problème réside peut-être dans les attentes entretenues à l’égard d’Internet. Le web ne vient pas remplacer l’espace public déjà institué, il devrait plutôt être considéré comme une tribune supplémentaire s’ajoutant ou prolongeant les formes d’action et de prise de parole existantes. Il n’a donc pas à remplir tous les critères d’un espace public idéal (ce qu’aucun autre média n’a pu accomplir jusqu’à aujourd’hui, de toute manière) pour être envisagé à l’aune des théories de la publicité. Une autre caractéristique inhérente au web est l’anonymat des internautes, dont l’identité ne se présente plus dans « l’unicité de la forme du corps et du son de la voix » (Arendt 1961 : 236). Ce facteur peut être perçu comme nuisible dans la mesure où, comme dans tout environnement pluraliste, l’authenticité est valorisée. Cependant, la possibilité de l’anonymat dans le web peut aussi être le signe d’une démocratie saine, comme le signale James Bohman (2004) dans son article « Expanding Dialogue : The Internet, the Public Sphere, and Prospects for Transnational Democracy ». Dans plusieurs circonstances, l’anonymat promeut la liberté d’expression, permettant par exemple à des activistes qui participent à des mouvements de résistance ou à des dissidents politiques de faire valoir leur point de vue sans risquer de représailles (Bohman 2004 : 137).P48FP48F

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Non seulement l’identité des internautes est-elle fluctuante, mais leur parole est désincarnée : le cyberespace est un environnement sans corps. Ceci coïncide d’ailleurs tout à fait avec la notion d’une cité où les nécessités corporelles individuelles sont écartées, à l’instar de la polis antique (Saco 2002 : 47).

Plusieurs auteurs voient par conséquent le web comme un espace public de type nouveau où peuvent se déployer des formes novatrices de démocratie, même dans ses déclinaisons les plus radicales, allant du marxisme autonomiste au hacktivism (Dahlberg et Siapera 2007). À cet égard, le spécialiste de la sociologie des médias Dominique Cardon (2010 : 7) affirme que le cyberespace modifierait profondément la manière dont s’articule la publicité : « Internet ne permet pas seulement de communiquer davantage, mieux, plus vite; il élargit formidablement l’espace public et transforme la nature même de la démocratie ». Manuel Castells, autre prolifique auteur dont les thèses sont fondamentales pour le développement des Internet studies, soutient quant à lui que le web revêt un potentiel quasi inépuisable pour le progrès humain car il repose sur la communication en réseaux, phénomène qui aurait d’ailleurs

25 Les plateformes comme Facebook se positionnent cependant très clairement contre l’anonymat des internautes et

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participé à la naissance d’une nouvelle morphologie sociale selon le théoricien : la société en réseaux (Castells 1996 : 469).

Attardons-nous un moment sur les particularités de cette configuration. Un réseau, dans son expression la plus simple, est composé de nœuds interconnectés (Castells 2001 : 1). La répartition de ces nœuds, à travers lesquels transitent des informations, peut prendre différentes formes. Aux deux modèles traditionnels (centralisé et décentralisé), Paul Baran (1964), considéré comme un précurseur d’ARPANETP49FP49F

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, en distingue un troisième : le réseau distribué (fig. 1.1), qui ne dispose d’aucun centre. Basé sur le principe du relai, il a pour but de préserver la communication en cas d’attaque nucléaire : si une connexion est rompue, l’information peut continuer à circuler. Réseaux des réseaux (Terranova 2004 : 53), Internet se présente comme la forme la plus achevée d’un tel schéma de distribution. Sa force se loge dans ses terminaisons, plus susceptibles de générer de nouvelles connexions. Des mouvements de va- et-vient s’opèrent cependant dans l’ensemble du système : des données sont constamment retransmises de l’intérieur vers les extrémités et inversement. La flexibilité se présente comme le trait essentiel du modèle du réseau. Il adapte en effet son architecture aux contingences rencontrées, retraçant à chaque fois ses associations. Ses sièges d’autorité sont changeants, migrant au fil des interactions qui s’opèrent entre les participants. Ouverte et a-centrée, la technologie de connexion Internet est fondamentalement neutre (Cardon 2010 : 16-17).

Figure 1.1 Diagrammes utilisés par Baran pour illustrer les types de réseaux dans

« On Distributed Communication Networks », 1964.

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Misant sur la répartition des pouvoirs, cette forme de connexion supplée au modèle des médias de masse, permettant à tous de prendre part à l’échange :

The real difference between the Internet and all preceding media forms is the role it gives to people: millions connected in many-to-many relationships and interactions. In Internet, common space is a direct result of synergy and connectivity (Tubella 2005 : 257).

À la forme de communication de type « un-à-plusieurs », sur laquelle sont basées la radio, la presse et la télévision, s’ajoute avec le web le modèle du « plusieurs-à-plusieurs ». De nouveaux liens peuvent ainsi être établis entre les acteurs, dès lors investis de capacités d’action inégalées dans l’histoire.

Introduit au milieu des années 2000, le web 2.0 signe le tournant participatif d’Internet. Caractérisé par l’interactivité et le contenu généré par les usagers, il s’agit d’un environnement où les internautes peuvent être à la fois émetteurs, récepteurs et relais (Chardel 2013 : 57). Les rôles traditionnels de la communication de masse tendent alors à être brouillés : l’auditoire peut se diviser en publics, les individus n’étant plus contraints d’être des spectateurs passifs. Dans Audiences and Publics : When Cultural Engagement Matters (2005), Sonia Livingstone remet toutefois en question l’opposition traditionnelle entre public actif et auditoire passif véhiculée par les études sur les médias de masse. Les conséquences de ce bouleversement technologique sont majeures, le web devenant d’une certaine façon plus public qu’il ne l’était auparavant. Le web participatif instituerait une « cité » de type nouveau en prenant appui sur le potentiel des « liens faibles ». Inauguré par le sociologue Mark S. Granovetter en 1973 dans un article intitulé « The Strength of Weak Ties », ce principe sociologique exerce toujours une grande influence dans le milieu scientifique à l’heure actuelle, notamment dans les sciences de la communication et de l’administration ainsi que les recherches en marketing. Dans un réseau social, un lien fort est une personne avec qui l’on partage du temps, des intérêts, des amitiés. C’est un individu qui évolue dans un cercle rapproché, tandis qu’un lien faible peut être une simple connaissance avec qui l’on entretient une relation de moindre intensité, un « ami Facebook » que l’on ne fréquente pas à l’extérieur du web ou un individu dont on suit les tweets, par exemple. Granovetter affirme que les liens faibles sont supérieurs aux liens forts dans de nombreuses situations, étant plus susceptibles de transmettre de l’information de manière efficace et d’atteindre de vastes réseaux d’acteurs. Des liens faibles, par exemple un voisin et un collègue de travail, ne possèdent généralement pas de liens communs, ce qui permet de faire parvenir des renseignements à un nombre de personnes accru, contrairement à des liens forts

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qui auraient fait circuler l’information à l’intérieur d’un cercle déjà averti ou plus restreint. En somme, l’auteur démontre comment s’opère la redistribution d’une information jusqu’aux extrémités d’un circuit.

Les médias sociaux se présentent comme des aires idéales pour l’analyse d’un tel phénomène, comme en témoignent plusieurs études (Gilbert et Karahalios 2009; Bakshy, Marlow, Rosenn et Adamic 2012; Grabowicz, Ramasco, Moro, Pujol et Eguiluz 2012; Pfeffer, Zorbach et Carley 2013). Ils fournissent en effet un exemple probant de l’importance des liens faibles dans la transmission de contenus variés dans le web (textes, vidéos, images, mèmesP50FP50F

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). Dans un article qui fait désormais autorité dans le domaine des Internet studies, boyd (2011 : 46) définit les caractéristiques des contenus circulant dans les groupes d’internautes qui interagissent dans les médias sociaux, qualifiés par l’auteure de publics en réseaux : ils sont durables, étant automatiquement enregistrés et archivés; reproductibles, pouvant être dupliqués à l’infini; extensibles, s’adaptant à de fortes variations de trafic et enfin repérables par l’entremise des moteurs de recherche. Ceci étant dit, ces aspects ne sont pas spécifiques aux médias sociaux, ils peuvent très bien s’appliquer à une grande partie de ce qui se trouve dans le web.