• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 3. LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

9. Critères de scientificité de la thèse

Dans la recherche qualitative, une démarche d’analyse rigoureuse et systématique est essentielle pour garantir la scientificité des résultats. La crédibilité de la recherche dépend ainsi largement de la qualité ainsi que de l’authenticité des interprétations que fait le chercheur à partir des témoignages recueillis auprès des participants (Alexandre, 2013). Trois critères de scientificité sont généralement admis dans les recherches qualitatives : la validité interne, la validité externe et la fiabilité (Drapeau, 2004). Dans notre recherche, nous nous sommes inspirés de ces critères de scientificité tels que définis par Anne Laperrière (Laperrière, 1997). Selon cette auteure, le critère de la validité interne dans les méthodes qualitatives réside dans la

justesse et la pertinence du lien que le chercheur établit entre ses données empiriques et leur interprétation. Aussi poursuit-elle, c’est par « un travail minutieux et en contexte que le chercheur peut dégager le sens des évènements en vue de l’analyse des phénomènes humains » (Laperrière, 1997). Le chercheur dispose de plusieurs moyens pour établir le critère de validité interne : la prise en compte de la subjectivité humaine, l’observation en contexte naturel ainsi que la concordance entre les observations empiriques et leur interprétation (Laperrière, 1997). De manière concrète, le respect de ces critères peut être atteint à partir d’une double codification, un debriefing par les pairs ou encore la triangulation des données.

Ce projet de thèse ne s’inscrivant pas dans le cadre d’une équipe de recherche, il nous était difficile de recourir au double codage des données par un tiers. En conséquence, nous avons opté pour différentes approches pour assurer un codage rigoureux et juste. Tout d’abord nous avons eu recours au debriefing par les pairs comme moyen de vérification. De manière concrète, nous avons discuté du codage et des analyses avec des collègues étudiants au doctorat ayant une expérience des méthodes de recherche qualitative ou une expérience de recherche en santé mondiale. Pour cela, nous avons participé à deux séances du « journal club de bioéthique » des Programmes de Bioéthique du Département de Médecine Sociale et Préventive au cours desquelles nous avons présenté l’évolution de notre recherche à des pairs étudiants et à des professeurs. Nous avons également présenté nos travaux dans deux colloques organisés par l’Association des étudiants en bioéthique de l’Université de Montréal afin de confronter nos idées à la réflexion de nos pairs. Par ailleurs, tout au long du processus de codification et d’analyse, nous avons discuté de nos idées avec notre directrice de recherche. Enfin, pour assurer la cohérence et la validité de notre codage, nous avons procédé à un test intra-codage dans lequel nous avons nous même procédé au double-codage des entrevues. Nous avons obtenu

un taux de fidélité de 75% entre ces deux étapes. Ce taux pouvant être jugé acceptable considérant qu’un consensus est reconnu autour d’un taux de fidélité au moins à 70% pour le test intra-codage (Miles et Huberman, 2003; Van der Maren, 2004). Par la suite, nous avons finalisé l’étape du codage des entrevues. Enfin, précisons que le double codage réalisé par une même personne est jugé acceptable pour assurer la validité interne des résultats de la recherche lorsque les différentes étapes de l’analyse sont respectées de manière systématique et transparente (Barbour, 2001; Ranney et al., 2015).

Le critère de la validité externe renvoie à l’application des résultats de notre recherche à d’autres contextes. Cependant sur cette question, Anne Laperrière souligne le manque de consensus parmi les chercheurs ayant recours aux méthodes qualitatives. Tandis que certains auteurs réfutent toute possibilité de généralisation des résultats en arguant de la singularité des phénomènes humains, d’autres au contraire y sont favorables (Laperrière, 1997). Pour ces derniers, la généralisation des résultats est possible lorsque :

• « La recherche permet une spécification des caractéristiques du contexte et de la population de la recherche originale;

• La profondeur et l’exhaustivité socio-symbolique de l’analyse permet sa généralisation; • La profondeur des processus sociaux est mise à jour » (Laperrière, 1997)13.

Pour ce qui concerne notre étude, la généralisation des résultats serait difficilement réalisable, s’agissant d’un projet de recherche exploratoire. Aussi, la nature de notre échantillon

13 Laperrière, A. (1997). Les critères de scientificité des méthodes qualitatives. Dans J. Poupart, J.-P. Deslauriers, A. Laperrière, R. Mayer & A. P. Pires (dir.), La recherche qualitative : enjeux épistémologiques et méthodologiques. p.387

constitué en majorité de cliniciens chercheurs pourrait constituer un obstacle. Cependant la validité externe pourrait être établie dans le contexte d’une nouvelle recherche permettant de valider nos résultats auprès d’une cohorte plus élargie. En effet, comme il apparaît dans les chapitres de revue de littérature, de méthodologie et de présentation des résultats, nous avons spécifié des caractéristiques du contexte et de la population à l’étude, ouvrant la possibilité à d’autres chercheurs de vérifier nos conclusions auprès d’un échantillon plus grand.

Le troisième critère de scientificité est la fiabilité. Selon Anne Laperrière (1997), pour atteindre ce critère, les approches qualitatives mettent l’accent sur de multiples perspectives dans l’appréhension des phénomènes sociaux dont notamment la concordance des données ou des perspectives chez les personnes étudiées. Au cours de l’analyse de nos données, nous avons pu mesurer la concordance de certains thèmes évoqués par les participants avec le cadre théorique de la thèse. C’est par exemple les défis inhérents au financement des recherche ou au contexte institutionnel ainsi que leurs conséquences sur les partenariats.