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CHAPITRE 3 CADRE MÉTHODOLOGIQUE

3.5 Critères de validité

Dans tout projet de recherche, il est fondamental d’établir comment le processus méthodologique est valide. Quatre critères permettent d’évaluer la véracité d’une recherche qualitative : la crédibilité, la transférabilité, la fiabilité et la confirmation externe (Lincoln et Guba, 1985).

La crédibilité des résultats de l’étude de cas est reliée à la quantité suffisante de données et la forme des liens entre les données et les arguments de la chercheure (Charmaz, 2006). La transparence dans l’interprétation des données représente un facteur important de persuasion du lecteur scientifique de la crédibilité de l’interprétation des données (Kvale, 2002). La crédibilité de cette recherche s’appuie sur la présentation de l’analyse et de la rigueur de la documentation de la démarche afin de répondre à la question suivante : dans quelle mesure ces données rendent-elles compte de la réalité objective (Demers, 2003)?

La transférabilité des résultats provenant des deux cas est attestée par une description de l’échantillon et du contexte suffisamment étoffée et expliquée pour permettre des comparaisons avec d’autres échantillons par d’autres chercheurs (Miles et Huberman, 2003). La description détaillée du contexte ainsi que l’analyse du phénomène de participation régionale selon le point de vue central et régional permet de donner suffisamment d’information pour permettre au lecteur de déterminer si les idées présentées dans cette thèse s’appliquent à d’autres situations (Langley, 1999).

La fiabilité est liée à la cohérence de l’étude (Miles et Huberman, 2003). La clarté de la question de recherche, l’accord de la stratégie de recherche en regard de cette question, la description explicite de notre rôle dans cette recherche et la démonstration que les résultats sont appuyés sur plusieurs sources de données constituent tous des éléments servant à assurer la fiabilité de l’étude (Miles et

134 Huberman, 2003). En raison de la proximité de l’objet, l’étude de cas a l’avantage d’une validité interne forte (Giroux, 2003)

En ce qui concerne l’assurance de la neutralité de notre interprétation par une confirmation externe, nous avons envoyé un brouillon de chaque étude de cas à un participant de chaque organisation qui a confirmé la validité de notre explication. De plus, nous avons complété une seconde entrevue avec deux directeurs régionaux en août 2008 pour corroborer ou pour infirmer notre lecture de certains éléments dégagés dans l’analyse comparée des deux cas.

Toute étude a ses limites. Une recherche exploratoire ne permet pas d’envisager comment un phénomène peut varier comme une recherche qui mets à l’épreuve une hypothèse, ce qui rend plus difficile pour le chercheur de répondre à la question « so what? » (Hardy, 2001). Le but d’une recherche exploratoire c’est de comprendre le sens d’un phénomène alors qu’une recherche centrée sur l’explication du phénomène détermine une relation cause-effet autour du phénomène (Heracleous, 2004). Ce sens est nécessairement contextuel et la complexité du monde naturel fait en sorte que plusieurs théories peuvent s’appliquer à un même phénomène (Laperrière, 1997b). L’analyse discursive vise à identifier les thèmes dans le discours qui influencent les pratiques sociales (Heracleous, 2004) et à ce titre, est une approche complémentaire à une démarche déductive (Phillips et Oswick, 2012). L’analyse du discours nous permet de comprendre la vie organisationnelle (Putnam et Fairhurst, 2001). Nous étudions dans cette thèse un microcontexte bien précis, une réunion de cadres de direction et nous ne comptons pas généraliser à partir d’un tel cas. Le contexte devient important dans l’interprétation du sens donné à la participation par les acteurs, non seulement leur position dans l’organisation, mais aussi leurs intérêts, leurs valeurs et leurs intentions (Fairclough, 2003) : « It is very difficult to be precise about the processes involved in meaning-making for the obvious reason that they are

135 mainly going on in people’s heads, and there are no direct ways to accessing them » (Fairclough, 2003, p. 11). Notre habilité à connaître la signification réelle est alors limitée (Fairclough, 2003).

Porter le double rôle de chercheure et de praticienne apporte son lot d’avantages, notamment la connaissance du contexte de la fonction publique fédérale, mais aussi son lot de désavantages, celui d’être moins versé dans la recherche scientifique. De plus, l’effet du chercheur sur la production des données est aussi un élément important à considérer : « Toute recherche implique une interaction entre observateur et observé : l’observation change en effet l’objet observé, et vice versa » (Laperrière, 1997b, p. 370). D’une part, d’avoir un membre de la fonction publique qui questionne un autre membre de l’administration publique donne l’impression de parler à un collègue et peut avoir l’effet de s’ouvrir un peu plus dans les entrevues. D’autre part, ces propos sont coproduits et sont d’emblée subjectifs (Grenier et Pauget, 2007). De plus, toute observation humaine est sélective, conditionnée par l’expérience, les intérêts et les attentes du chercheur (Robson, 2002) et nous reconnaissons qu’en ce sens, notre interprétation, comme celle de tout chercheur, est biaisée. Notre interprétation construit aussi le sens des résultats. L’itération dans l’analyse des données permet d’obtenir une meilleure interprétation des significations générées.

3.6 Conclusion

Cette thèse en management public repose sur une étude qualitative qui compare deux cas dans deux organisations aux caractéristiques structurelles différentes, une qui est déconcentrée, le Ministère, et une qui est concentrée, l’Agence. Trois méthodes servent à la collecte des données : l’observation non participante de réunion de cadres supérieurs, les entrevues semi-dirigées des participants aux réunions, ainsi que l’analyse des documents institutionnels des deux organisations. L’observation de

136 deux réunions de cadres de direction dans l’administration publique canadienne constitue une contribution empirique intéressante. L’utilisation d’un cadre analytique discursif permet de discerner l’expression de participation dans les conversations pendant ces réunions et pendant les entrevues avec les participants présents. Les cas du Ministère et de l’Agence sont présentés dans les deux prochains chapitres.

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