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Comme dans l'analyse mécanique précédente, cette section vise à appliquer des mo- dèles simpliés pour déterminer les ordres de grandeur des phénomènes de cristallisation dans le procédé.

3.3.a État initial du PEEK

Premièrement, il faut souligner que le PEEK, bien que semi-cristallin, présente une cristallinité maximum peu élevée. Cogswell [Cogswell, 1992] propose une valeur maxi- male de χmax= 40%. Les eets de la cristallisation sur les propriétés du PEEK, que ce

soit thermique ou mécanique ne seront donc pas aussi importants qu'avec des polymères semi-cristallins dont la cristallinité maximum est plus importante (70% pour le PET, par exemple). D'autre part, l'état initial des directeurs d'énergie dépend fortement de l'histoire thermo-mécanique qu'ils ont subi. Suivant le procédé de mise en forme utilisé, les directeurs peuvent donc présenter des cristallinités très diérentes. Néanmoins, à l'heure actuelle les procédés de fabrication sont encore relativement lents. Les plaques utilisées dans l'étude préliminaire, par exemple, ont été consolidées à l'aide de cycles thermiques de quelques heures. La cristallinité des directeurs avant le procédé de sou- dage ultrasons est donc élevée.

3.3.b Cristallisation thermique

Modèles existants De nombreux modèles cinétiques permettent de décrire la cristal- lisation des polymères. Le modèle d'Avrami [Avrami, 1939,Avrami, 1940,Avrami, 1941] s'applique pour un cas isotherme, le modèle d'Osawa [Ozawa, 1971] pour des rampes de température. Des modèles plus généraux, tels que le modèle de Nakamura [Naka- mura et al., 1972,Nakamura et al., 1973], permettent de décrire la cristallisation induite par un cycle quelconque de température. Une étude de la cristallisation thermique du PEEK peut être trouvée dans [Bas et al., 1995,Lamethe, 2004,Nicodeau, 2005].

Grandes vitesses de refroidissement L'estimation du refroidissement de l'inter- face après soudage, eectuée section 3.1.b (p. 37), permet d'évaluer le refroidissement à plus de 100K/s. Toutefois, la caractérisation de la cristallisation a de telles vitesses de

refroidissement est inédite. La DSC ne peut, par exemple, pas être utilisée au dessus de 1K/s, au risque de voir apparaître des gradients thermiques dans l'échantillon. Une

analyse a posteriori, telle que l'analyse par diraction ou par densimétrie, permettrait de déterminer la cristallisation nale de l'interface. Ce travail est actuellement en cours.

Néanmoins, la vitesse de refroidissement est extrêmement élevée par rapport aux identications de cinétiques de cristallisation eectuées par Nicodeau [Nicodeau, 2005], Lamèthe [Lamethe, 2004] ou Bas [Bas et al., 1995]. La cristallisation thermique est donc vraisemblablement très faible. De plus, la section 1.1.c montre que la chaleur latente de cristallisation a des eets négligeables sur la thermique.

3.3.c Cristallisation induite par la mécanique

Outre la cristallisation thermique, la déformation d'un polymère entraîne des dé- placements des chaînes macromoléculaires qui peuvent inuencer grandement la vitesse de cristallisation.

La cristallisation des polymères induite par la mécanique fait l'objet de nombreuses études [Chien et Weiss, 1988, Ammar, 2001, Marco, 2003]. Pratiquement, la vitesse de cristallisation peut être augmentée d'un ordre de grandeur par l'écoulement.

Inuence de l'écoulement Pour le procédé considéré ici, l'ordre de grandeur du taux de déformation équivalent D2

eq = 2D : D peut être estimé à l'aide des équa-

tions (I.24) et (I.30) à :

Deq∼ 4 s−1. (I.32)

D'après les travaux de Chien et Weiss [Chien et Weiss, 1988], la vitesse de cristallisation peut alors être augmentée d'un facteur dix environ. Ceci explique que l'état nal de la zone soudée, discuté section I. 2.3.c (p. 33), n'est pas amorphe.

Inuence des vibrations Les eets de la vibration de la sonotrode sur la cristalli- sation sont quant à eux inconnus. Le taux de déformation équivalent est élevé du fait de la fréquence élevée des vibrations. Par contre, la déformation elle même est faible (quelques pourcents), ce qui laisse supposer que la cristallisation induite reste faible. Cette hypothèse est également confortée par le fait que la vibration entraîne des dé- formations alternées dont l'eet moyen sur la cristallisation est probablement limité. Conscient de la nécessité d'études complémentaires, l'approche retenue par la suite ne considère pas ces eets de cristallisation induite.

Finalement, durant la phase initiale du procédé, où les directeurs chauent fondent puis s'écoulent, la température de fusion est atteinte très rapidement. Les phénomènes de cristallisation sont donc négligeables. Seule la thermo-mécanique de la zone soudée sera modélisée.

Bilan

Les ordres de grandeurs estimés dans cette section permettent de dénir l'approche retenue. La modélisation de la dissipation d'énergie trouvée dans la littérature ne prend en compte que la vibration due à la sonotrode. Néanmoins, l'écoulement entraîne un changement de géométrie du directeur. Ce changement de géométrie inuence gran- dement la dissipation d'énergie et la thermique. C'est pourquoi cette étude propose une modélisation thermo-mécanique de la phase de chauage et d'écoulement. Le pro- blème mécanique traité est un problème complexe d'écoulement sous vibrations. Il faut néanmoins garder à l'esprit qu'une analyse de la phase suivante de refroidissement sera nécessaire pour la caractérisation de l'adhésion. Ceci à l'aide de considérations microscopiques telles que la diusion ou la cristallisation.

Proposition de modélisation de

l'écoulement à l'interface à l'aide

d'une méthode d'homogénéisation

temporelle

Sommaire 1 Mise en équation . . . 44 1.1 Mécanique . . . 44 1.2 Thermique . . . 48 1.3 Bilan . . . 49 2 Homogénéisation temporelle . . . 50 2.1 Deux variables de temps indépendantes . . . 52 2.2 Analyse dimensionnelle . . . 53 2.3 Développements asymptotiques . . . 57 2.4 Identication . . . 58 2.5 Bilan . . . 62 3 Résultats et discussion . . . 66 3.1 Cas test uniforme . . . 66 3.2 Perspectives d'extension du modèle . . . 73 3.3 Modélisation simpliée . . . 75

Fig. II.1: Domaine de résolution.

1 Mise en équation

Cette partie propose une modélisation de la thermo-mécanique de l'écoulement dans la zone de soudage. L'écriture du problème mécanique va naturellement faire apparaître une condition limite multi-échelle. Le travail présenté ici fait en grande partie l'objet de l'article [Levy et al., 2010].

Domaine L'étude se restreint à un domaine Ω, formé du picot et de son voisinage. Ce voisinage est susamment grand pour appliquer des conditions limites que l'on suppose connues. Ce domaine est déni sur la gure II.1. Nous appellerons par la suite Γ = Γsup∪ Γσ∪ Γ0 la frontière du domaine Ω.