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4 Présentation de la zone d’étude et des organisations concernées

4.2 Présentations des deux organisations concernées par la recherche : l’association Musow jigitugu-

4.2.2 Présentation de l’union Si yiriwa des productrices de beurre de karité de Dioïla

4.2.2.1 La création, les buts, les objectifs et les caractéristiques des membres de l’union Si yiriwa

Selon l’article 2 des statuts, l’union des productrices de karité Si yiriwa de Dioïla est fondée sur les principes d’union, de solidarité et d’entraide mutuelles. Elle adhère aux principes coopératifs que sont : « l’adhésion

libre, la gestion démocratique, l’équité dans la gestion éventuelle des résultats économiques, l’intérêt limité au capital, l’éducation et l’inter coopération » (article 2 des statuts de Si yiriwa). Ainsi, le développement économique et social des membres est au cœur des actions entreprises par l’union. Cette dernière est créée en 2005 en même temps que le CAFE. Contrairement à Toubacoro où la création du CAFE est l’œuvre des femmes, le centre karité de Dioïla est créé par le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille (MPFEF) à travers le projet karité élaboré par le département pour l’appui aux initiatives des femmes qui évoluent dans la chaine de valeur karité67. Le centre karité de Dioïla appartient à l’union Si yiriwa et sert de

trait d’union entre les coopératives productrices de karité de la localité et les marchés : local, national et international dans une perspective de réaliser des économies d’échelles au sein de la filière (source : dépliant de présentation du centre).

Pour les buts et les objectifs du centre karité de l’union Si yiriwa de Dioïla rappelons d’abord que le CAFE de Dioïla est le lieu où s’exerce les activités de l’union. À ce titre, il a pour but d’assurer la promotion et la valorisation de la filière karité dans le cercle de Dioïla en vue d’une meilleure autonomisation économique des productrices. Le centre a donc une vocation économique et mène des activités susceptibles d’améliorer les revenus des membres de sa structure de gestion.

Selon le dépliant de présentation du centre qui nous a été remis lors de notre phase terrain, les objectifs visés par le centre karité sont :

- produire et commercialiser des amandes, du beurre, et d’autres produits dérivés ;

- former les membres des coopératives primaires sur les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication du beurre selon les normes exigées par les marchés ;

- appuyer l’organisation et la structuration des coopératives qui lui fournissent la matière première pour en faire des entrepreneures dynamiques.

Le centre Karité de l’union Si yiriwa a donc un statut d’entreprise de transformation. Il appartient à cette union et est appuyé par le projet karité du MPFEF.

Pour ce qui concerne l’union en tant qu’organisation, elle a les objectifs suivants selon les statuts : - l’amélioration des conditions de vie des membres ;

- l’amélioration de la production et de la productivité du beurre de karité ; - la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres ;

- l’amélioration du « savoir » et du « savoir-faire » de ses membres ;

67 Dans nos données de l’enquête terrain, il est ressorti que les centres d’autopromotion sont créés pour les actrices de la filière karité, et par le département. Dans tout le Mali, ils sont au nombre de huit à travers la zone de production par excellence : à Koulikoro nous avons le centre de Dioïla qui est le plus grand producteur et le centre de Bancoumana. Dans le cercle de Kayes existe un centre, celui de Kita. À Sikasso, ils sont au nombre de deux : le centre de Sikasso même et celui Tousséguela dans le cercle de Kolondiéba. Enfin, à Ségou nous avons un centre à Ségou, un autre à San et un dernier à Bla. Il faut noter que Bla et San sont des cercles de la région de Ségou.

- l’amélioration du niveau d’équipement de ses membres ;

- la promotion de l’inter coopération en établissant des circuits de commercialisation et d’échange avec les sociétés nationales et étrangères.

Pour être membre de Si yiriwa, il faut d’abord être une coopérative de productrices de beurre de karité et payer la somme de 10 000 FCFA à l’adhésion. Selon les responsables, l’union a 33 sociétés coopératives comme membres avec un effectif d’environ 3334 productrices de beurre de karité dans les villages à la base. Ces 33 sociétés coopératives sont réparties dans 33 villages dont le plus proche est à 5 km du centre et le plus loin se situe à plus de 70 km. Culturellement, les membres de Si yiriwa sont divisées en deux groupes : un groupe constitué par les femmes qui viennent des villages les plus lointains et qui restent encore très soudées aux us et coutumes de leur localité, et un autre groupe qui rassemble les femmes venant des villages très proches et celles qui résident à Dioïla ville et qui sont sous l’influence de la modernisation. Ce dernier groupe a tendance à perdre beaucoup de repères de la coutume et reste à cheval entre la tradition et la modernité. Nous avons remarqué qu’il est plus aisé de parler de changement avec les femmes de ce groupe qu’avec celles qui sont encore plus ancrées dans la tradition.

Sur le plan des activités, les membres de Si yiriwa sont toutes des ramasseuses de noix de karité, des productrices d’amandes et de beurre de karité. Dans tous les villages, les femmes produisent des céréales (maïs, riz, etc.) pour la gestion des périodes de soudures. Aussi, les membres des coopératives de base possèdent des jardins potagers dans lesquels elles produisent des légumes destinés à la consommation familiale ou à la vente. En plus du maraîchage, certaines femmes produisent du charbon de bois qu’elles vendent sur place ou à Dioïla les jours de foire. D’autres font également du petit commerce avec la vente des condiments et des légumes. Dans certains villages, les membres produisent du sésame, pratiquent l’aviculture traditionnelle et le petit élevage. La vente des produits issus de ces activités fournit des revenus supplémentaires aux membres qui deviennent plus aptes à tenir leurs engagements vis-à-vis des organisations de base et des CAFE. En effet, les organisations fonctionnent avec les cotisations des membres et des recettes provenant des ventes. Donc, plus les femmes ont des revenus mieux elles payent leurs cotisations, ce qui leur évite de faire des cumuls d’impayés.

4.2.2.2 L’administration, la gestion et le contrôle de l’union Si yiriwa de Dioïla

La gestion et le fonctionnement du centre karité sont assurés par les organes dirigeants de l’union appuyés par une équipe technique. L’union Si yiriwa fonctionne conformément à la loi No 01-076 du 18 juillet 2001

régissant les sociétés coopératives en République du Mali. Cette loi stipule en son article 64 que « les Unions sont des sociétés coopératives du second degré » (Présidence de la République du mali, 2001, p. 13), à ce titre, elles fonctionnent avec la même loi que les sociétés coopératives de premier degré. Elles sont créées

pour la gestion des intérêts communs des sociétés coopératives membres, et leur fonctionnement est assuré par une assemblée générale (AG), un conseil d’administration (CA) et un comité de surveillance (CS) auquel peuvent s’ajouter d’autres comités en fonction des besoins de l’union (Présidence de la République du mali, 2001).

Conformément aux statuts qui émanent de la loi coopérative du Mali, l’assemblée générale (l’AG) de Si yiriwa se fait à la fin de chaque année. Cette rencontre annuelle a pour objectif de valider ou de rejeter le rapport bilan du CA de l’année qui se termine. L’AG est « l’organe de délibération et de décision » (article 21 des statuts). Elle a également pour rôle d’analyser et d’amender le programme d’activités de l’année suivante et son plan d’action proposés par le CA. Elle valide ou rejette le budget proposé par le CA et avec l’appui du gestionnaire. En dehors des rencontres annuelles, l’AG se réunit en session extraordinaire en cas d’urgence ou à la demande des 2/3 des membres. Les déléguées organisent des AG au niveau des coopératives de bases et recensent les besoins et propositions de la base qu’elles font remonter jusqu’à l’union avec leur participation aux AG de l’union. Les décisions sont prises à main levée à la majorité simple des membres qui sont présentes à la réunion. En cas d’égalité, celle de la présidente est prépondérante conformément à l’article 28 de la loi coopérative en vigueur au Mali. L’AG de Si yiriwa compte 66 membres68 soit deux

déléguées par coopérative. Le CA et le CS sont constitués respectivement de 1169 et 3 membres, toutes élues

parmi les déléguées70. Ces déléguées viennent des structures adhérentes en règle vis-à-vis de l’union, et

remplissant les conditions d’éligibilité exigées par la loi selon l’article 12 des statuts de l’union71. Les décisions

68 Dans les statuts il est prévu 99 membres soit 3 déléguées par coopérative, cependant l’insuffisance de fonds a poussé l’AG à réduire ses membres à 66.

69 Le CA est composé de (article 13 des statuts) : - une présidente ;

- une vice-présidente ;

- une trésorière générale et son adjointe ; - une secrétaire administrative

- deux secrétaires à l’information et à l’organisation ;

- deux secrétaires à la production, à la commercialisation et aux affaires financières ; - une secrétaire aux affaires sociales et aux conflits ;

- une secrétaire aux relations extérieures.

70 Comme à Toubacoro, à Dioïla aussi les déléguées ne sont pas toutes des présidentes.

71 L’article 12 des statuts se réfère à l’article 31 de la loi No 01-076 du 18 juillet 2001 régissant les sociétés coopératives en République du Mali qui donne les conditions suivantes :

– être de nationalité malienne ; – jouir de leurs droits civiques et civils ;

– résider effectivement dans le ressort territorial de la société coopérative ; – n’avoir pas été condamné à une peine afflictive ou infamante pour crime ;

– n’avoir pas fait l’objet d’une déclaration de faillite conformément à la réglementation commerciale en vigueur ;

– ne pas participer de façon permanente ou occasionnelle à une activité concurrente ou connexe de celle de la coopérative. En cas de litige, le caractère de concurrence est apprécié par l’Administration chargée des sociétés coopératives.

sont prises en AG, et sous le contrôle du CS, le CA se charge de leur exécution avec l’appui d’une équipe technique et d’une équipe d’appui72. Cette équipe technique est composée de quatre postes qui sont :

- une responsable aux approvisionnements qui veille au bon approvisionnement du centre en matières premières ;

- une responsable de la production chargée de l’organisation et du fonctionnement correct de la production ;

- des assistantes de production qui contribuent à la réalisation de toutes les opérations de transformation et occupent des rôles interchangeables ;

- une responsable à la commercialisation chargée de la vente des produits finis.

L’équipe d’appui comprend un gestionnaire chargé de la gestion financière et un gardien qui joue également le rôle de meunier. Les membres de l’équipe d’appui sont des employés de l’union et perçoivent chacun un salaire. Par contre les membres de l’équipe technique viennent des coopératives de base, et ne perçoivent qu’une indemnité compensatrice fixée par l’AG (article 14 des statuts).

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