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Accroître l'autonomisation économique pour soutenir l'empowerment des femmes rurales au Mali : étude de deux structures collectives féminines de la région de Koulikoro (l'association «Musow jigitugu-ton» des productrices de farines infantiles de la commun

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Accroître l’autonomisation économique pour soutenir l’empowerment des

femmes rurales au Mali : étude de deux structures collectives féminines de

la région de Koulikoro (l’association Musow jigitugu-ton des productrices de

farines infantiles de la commune de Toubacoro et l’union Si yiriwa des

productrices de beurre de Karité du Cercle de Dioïla)

Mémoire

Yattara Maïmounatou Altini

Maîtrise sur mesure en développement rural intégré

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Accroître l’autonomisation économique pour soutenir l’empowerment des

femmes rurales au Mali : étude de deux structures collectives féminines de

la région de Koulikoro (l’association Musow jigitugu-ton des productrices de

farines infantiles de la commune de Toubacoro et l’union Si yiriwa des

productrices de beurre de Karité du Cercle de Dioïla)

Mémoire

Yattara Maïmounatou Altini

Sous la direction de :

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Résumé

Au Mali, les femmes rurales constituent des actrices incontournables dans la production agricole, secteur sur lequel repose l’économie du pays. Pour un développement inclusif, et partant de la logique que l’autonomisation économique des femmes entrainerait leur empowerment, les centres d’autopromotion ont été mis en place par le gouvernement malien et ses partenaires dans les cercles et les communes afin de mieux promouvoir les femmes rurales. Cette étude a pour objectif de vérifier cette prémisse en saisissant les changements au niveau de l’empowerment des femmes occasionnés par les activités d’autonomisation économique au sein des centres d’autopromotion de l’association Musow jigitugu-ton de Toubacoro et de l’union Si yiriwa de Dioïla. Sur la base d’une démarche qualitative, des entrevues individuelles et des focus

group ont été réalisés avec 31 femmes, 1 gestionnaire et 10 responsables des structures partenaires. Les

résultats ont montré que les activités des centres favorisent l’autonomisation économique des femmes membres, cependant, des efforts restent à fournir pour une gestion autonome des revenus générés par les femmes afin de mieux maintenir leur autopromotion. Les résultats ont également permis de montrer que l’autonomisation économique est un vecteur de l’empowerment des femmes rurales. Toutefois, ce processus reste très affecté par la domination masculine encore profondément intégrée par les femmes. On retient aussi que les approches des partenaires sont défaillantes et que des mesures doivent être entreprises pour une meilleure intégration du genre dans toutes les actions si l’on veut que les centres d’autopromotion remplissent bien leurs rôles.

Mots-clés : autonomisation économique des femmes, empowerment des femmes, centre d’autopromotion, femmes rurales, domination masculine.

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Abstract

Rural women in Mali are essential actors in agriculture, which is the most important field of the country’s economy. To promote inclusive development and women’s economic empowerment, the Malian government and local municipalities have set “self-promotion centers” to promote rural women empowerment. This study examines the self-promotion centers of the association "Musow jigitugu-ton" of Toubacoro and the union "Si yiriwa" of Dioïla. The main objective of the study is to investigate the impact of economic empowerment activities in women's empowerment. Using a qualitative approach, individual interviews and focus groups were carried out with 31 women, 1 manager and 10 managers of the partner organisations. The results indicate that activities of the centers improved women economic empowerment who are members, but efforts are still needed to manage the income generated by women in order to maintain their self-promotion. The results also show that economic empowerment is a vehicle for the empowerment of rural women. However, this process is still very much affected by the male dominance deeply integrated by women. Partners' approaches are failing in this regard and some measures must be taken to integrate gender approach in all actions if self-promotion centers are to fulfill their roles.

Keywords: women economic empowerment, women empowerment, self-promotion center, rural women, male dominance.

(5)

Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières ... v

Liste des tableaux ... x

Liste des figures ... xi

Liste des acronymes ... xii

Dédicaces ... xiii

Remerciements ... xiv

Première partie ... 1

1 Introduction ... 2

1.1 Situation des femmes rurales au Mali ... 3

1.1.1 Au plan juridique ... 3

1.1.2 Sur le plan de l’éducation et de la formation ... 3

1.1.3 Sur le plan sanitaire ... 4

1.1.4 Sur le plan agricole ... 5

1.1.5 Sur le plan de l’emploi ... 6

1.1.6 Vie politique et participation aux décisions ... 7

1.1.7 Les violences à l’égard des femmes ... 8

1.2 Les stratégies de promotion féminine et la suppression des inégalités entre les sexes ... 9

1.2.1 L’empowerment, une réponse prônée par la communauté internationale pour réduire les inégalités entre les sexes ... 9

1.2.2 Les stratégies du gouvernement malien pour la promotion des femmes et la réduction des inégalités entre les sexes ... 11

1.3 Pertinence de l’étude et question de recherche ... 14

2 Cadre théorique ... 17

2.1 Les théories féministes ... 17

2.1.1 Les différents courants marquant le féminisme... 17

2.1.2 Typologie des féminismes ... 18

2.2 Les approches d’intégration des femmes dans le développement ... 21

2.2.1 L’approche intégration des femmes au développement (IFD) ... 22

2.2.2 L’approche femme et développement (FED) ... 22

2.2.3 L’approche genre et développement (GED) ... 23

2.2.4 L’approche genre et développement dans les pays du Sud ... 25

2.3 Le concept de l’autonomisation économique des femmes et son importance ... 27

2.4 Le concept d’empowerment des femmes ... 29

(6)

2.4.2 Les types de pouvoirs liés à l’empowerment... 32

2.4.3 Les niveaux d’observation de l’empowerment retenus pour la recherche ... 34

2.5 Conclusions ... 38

3 Présentation de la méthodologie ... 39

3.1 L’approche méthodologique employée ... 39

3.2 Les types de données recherchées et les indicateurs ayant servi à la collecte des données ... 41

3.3 La population à l’étude et le choix de la population d’enquête ... 45

3.3.1 Le Choix de la région et des cas (les centres d’autopromotion des femmes) ... 45

3.3.2 Le choix de la population d’enquête ... 46

3.4 Le choix des instruments de collecte de données ... 47

3.4.1 La recherche documentaire ... 48

3.4.2 L’observation ... 48

3.4.3 Les entrevues semi-dirigées ... 49

3.5 Le déroulement de la collecte des données ... 50

3.6 L’analyse des données ... 52

3.7 Conclusions ... 53

Deuxième partie ... 55

4 Présentation de la zone d’étude et des organisations concernées ... 56

4.1 Réalités sociodémographiques et économiques des femmes concernées par l’étude ... 56

4.1.1 Présentation de la commune rurale de Toubacoro ... 57

4.1.1.1 La situation administrative et géographique de la commune de Toubacoro ... 57

4.1.1.2 Les données sociodémographiques ... 58

4.1.1.3 Les activités économiques de la population de Toubacoro et les contraintes rencontrées par celle-ci 59 4.1.1.4 La situation politique ... 60

4.1.2 Présentation du cercle de Dioïla ... 61

4.1.2.1 La situation administrative et géographique du cercle de Dioïla ... 61

4.1.2.2 Les données sociodémographiques ... 62

4.1.2.3 Les activités économiques de la population de Dioïla et les contraintes rencontrées par celle-ci 62 4.1.2.4 La situation politique ... 64

4.1.3 Conclusions : ... 65

4.2 Présentations des deux organisations concernées par la recherche : l’association Musow jigitugu-ton et l’union Si yiriwa ... 65

4.2.1 Présentation de l’association Musow jigitugu-ton de Toubacoro ... 66

4.2.1.1 La création, les buts, les objectifs et les caractéristiques des membres ... 66

4.2.1.2 L’administration, la gestion et le contrôle de l’association ... 67

(7)

4.2.1.4 La réalisation des activités/décisions, les ressources et l’engagement des membres ... 69

4.2.1.5 La commercialisation des produits ... 71

4.2.1.6 Le leadership et le niveau de confiance des membres ... 72

4.2.1.7 Les immobiliers, les équipements, le matériel et les installations... 72

4.2.1.8 Les formations reçues ... 73

4.2.1.9 Conclusions ... 74

4.2.2 Présentation de l’union Si yiriwa des productrices de beurre de karité de Dioïla ... 74

4.2.2.1 La création, les buts, les objectifs et les caractéristiques des membres de l’union Si yiriwa de Dioïla 74 4.2.2.2 L’administration, la gestion et le contrôle de l’union Si yiriwa de Dioïla... 76

4.2.2.3 Les partenaires de Si yiriwa ... 78

4.2.2.4 La réalisation des activités/décisions, les ressources et l’engagement des membres de Si yiriwa 78 4.2.2.5 La commercialisation des produits de l’union Si yiriwa ... 81

4.2.2.6 Le leadership et le niveau de confiance des membres ... 82

4.2.2.7 Les immobiliers, les équipements, le matériel et les installations... 82

4.2.2.8 Les Formations reçues ... 83

4.2.2.9 Conclusions ... 83

5 Profil des femmes et des partenaires rencontrés-es dans les deux localités ... 85

5.1 Caractéristiques de la population d’enquête ... 85

5.1.1 Description des femmes et leurs responsables ayant participé à la recherche ... 85

5.1.2 Description des structures partenaires qui ont participé à la recherche ... 89

5.1.2.1 Descriptions des partenaires identifiés à Toubacoro ... 90

5.1.2.2 Description des partenaires identifiés à Dioïla ... 93

5.1.3 Conclusions ... 95

5.2 Activités réalisées dans les ménages des femmes rencontrées, ressources, acteurs et actrices impliqués-es dans la gestion des ressources. ... 95

5.2.1 Activités réalisées par les femmes et les hommes dans les ménages des femmes rencontrées à Toubacoro et à Dioïla ... 96

5.2.2 Accès des hommes et des femmes aux ressources et aux facteurs de production et leur contrôle sur celles-ci ... 103

5.2.3 Conclusions : ... 107

6 Autonomisation économique et empowerment des femmes dans les CAFE de Toubacoro et Dioïla .... 108

6.1 Les centres d’autopromotion et l’autonomisation économique des femmes rurales : cas de Toubacoro et de Dioïla ... 108

6.1.1 Utilisation des revenus des femmes et des hommes ... 108

6.1.2 Influence des activités d’autonomisation économique des CAFE de Toubacoro et de Dioïla sur les revenus de femmes membres ... 111

(8)

6.2 Autonomisation économique et empowerment : expériences des femmes des CAFE de Toubacoro

et de Dioïla ... 112

6.2.1 Influence des activités d’autonomisation économique des CAFE sur les dimensions de l’empowerment des femmes membres ... 112

6.2.1.1 Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir de » de l’empowerment des femmes ... 113

6.2.1.2 Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir intérieur » de l’empowerment des femmes ... 119

6.2.1.3 Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir avec » de l’empowerment des femmes ... 123

6.2.1.4 Conclusions ... 125

6.2.2 Les représentations sociales concernant l’empowerment et la domination masculine dans les communautés rurales concernées ... 126

6.2.2.1 Les représentations sociales des femmes concernant l’empowerment ... 126

6.2.2.2 Les représentations sociales des femmes concernant la domination masculine ... 128

6.3 Les contraintes des femmes des CAFE de Toubacoro et de Dioïla et les solutions possibles ... 130

6.4 Conclusions ... 133

7 Discussions et interprétations des résultats ... 134

7.1 Les CAFE et leurs organisations de base : des atouts et des inconvénients pour la promotion des femmes rurales ... 134

7.1.1 Les CAFE, un privilège, mais aussi un handicap pour les femmes rurales ... 134

7.1.2 Les CAFE et l’accès à la terre et au crédit des femmes rurales ... 136

7.1.3 La formation, l’information, et l’apprentissage des femmes rurales à travers les CAFE. ... 138

7.2 L’autonomisation économique et l’empowerment des femmes rurales à travers les CAFE : des progrès et des limites ... 139

7.2.1 Une timide autonomisation économique des femmes rurales ... 139

7.2.2 Une autonomisation économique entravée par la répartition sexuelle des activités et l’accroissement des dépenses familiales ... 140

7.2.3 Les CAFE et l’empowerment des femmes rurales : un dynamisme des pouvoirs s’observe .... 141

7.2.4 Des insuffisances représentationnelles qui freinent le processus d’empowerment ... 143

7.3 Empowerment des femmes rurales à travers les CAFE : des facteurs entravant et des facteurs facilitants ... 145

7.3.1 Les facteurs favorables à l’empowerment des femmes au niveau des CAFE de Toubacoro et de Dioïla 146 7.3.1.1 L’approche genre et développement ... 146

7.3.1.2 L’évolution des mentalités de certains hommes ... 147 7.3.1.3 Des lois, des conventions et des cadres favorables à l’empowerment des femmes rurales

147

7.3.2 Les facteurs défavorables à l’empowerment des femmes des CAFE de Toubacoro et de Dioïla 149

(9)

7.3.2.1 Le poids de la tradition sur la vie sociopolitique et économique des femmes ... 149

7.3.2.2 La faible application des instruments nationaux et internationaux par le gouvernement et ses partenaires ... 150

7.3.2.3 Des partenaires avec des approches peu adaptées ... 152

7.3.2.4 L’analphabétisme des femmes et les agents et agentes peu formés-es ... 154

8 Conclusion générale ... 157

Bibliographie ... 162

Annexe 1 : exemple de guide d’entretien adressé aux responsables des organisations des femmes lors des focus group ... 169

Annexe 2 : exemple de guide d’entretien adressé aux femmes dans les associations/coopératives à la base ... 173

Annexe 3 : exemple de guide d’entretien adressé aux responsables des structures partenaires ... 176

Annexe 4 : exemple de feuillet d’information pour le consentement verbal pour les focus group avec les responsables des femmes dans les centres d’autopromotion ... 178

(10)

Liste des tableaux

Tableau 1 : grille des indicateurs servant à observer le « pouvoir de » des femmes --- 43

Tableau 2 : grille des indicateurs servant à observer le « pouvoir intérieur » des femmes --- 44

Tableau 3 : grille des indicateurs servant à observer le « pouvoir avec » des femmes --- 45

Tableau 4 : Structures membres de l’association Musow jigitugu-ton de Toubacoro --- 67

Tableau 5 : description de la population d’enquête (femmes membres et responsables) --- 86

Tableau 6 : description de la population d’enquête (partenaires des CAFE de Toubacoro et de Dioïla) 89 Tableau 7 : activités réalisées dans les ménages des femmes rencontrées à Toubacoro et à Dioïla (saison sèche) --- 98

Tableau 8 : Accès des hommes et des femmes aux ressources et le contrôle qu’ils/elles exercent sur celles-ci (Toubacoro et Dioïla) --- 105

Tableau 9 : Utilisations des revenus des femmes et des hommes (Toubacoro et Dioïla) --- 109

Tableau 10 : Influence des activités des CAFE sur les revenus des femmes (Toubacoro et Dioïla) ---- 111

Tableau 11 : Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir de » individuel et collectif --- 113

Tableau 12 : Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir intérieur » --- 120

Tableau 13 : Influence des activités d’autonomisation économique sur le « pouvoir avec » collectif - 123 Tableau 14 : Les représentations sociales des femmes rencontrées à Toubacoro et à Dioïla concernant la domination masculine dans leurs communautés rurales --- 128

Tableau 15 : les contraintes à l’empowerment des femmes au niveau des CAFE de Toubacoro et de Dioïla et les solutions possibles identifiées par les femmes et par les partenaires --- 131

(11)

Liste des figures

Figure 1 : Carte de la région de Koulikoro avec indication de la commune de Toubacoro dans le cercle de Banamba ... 57 Figure 2 : Carte de Koulikoro indiquant la région de Dioïla ... 61

(12)

Liste des acronymes

AG : Assemblée générale

ANICT : Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales ASPROFER : Association professionnelle des femmes rurales

BNDA : Banque nationale de développement de l’agriculture CA : Conseil d’administration

CAEB : Conseils et appui pour l’éducation de base CAFE : Centre d’auto promotion des femmes CCF : Centre culturel français

CÉRUL : Comité d’éthique de la recherche avec les êtres humains CMDT : Compagnie malienne de développement des textiles

CNDIFE : Centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant

CPS/SSDSPF : Cellule de planification et de statistiques/Secteur santé, Développement social et promotion de la Famille

CS : comité de surveillance

CSA : Commissariat à la sécurité alimentaire CSCOM : Centre de santé communautaire

CSPEEDA : Centre sahélien de prestation d’étude, d’écodéveloppement et Démocratie appliquée DESS : Diplôme d’études supérieures spécialisées

DRI : Développement rural intégré

DRPFEF : Direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ECOM : École communautaire

EPC : Épargne pour le changement

FAFE : Fond d’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant FED : Femme et développement

FENAFER : Fédération nationale des femmes rurales

FIER : Projet de formation professionnelle, insertion des et appui à l’insertion des jeunes ruraux GED : Genre et développement

G-FORCE : Groupe de formation, consultation et études IDG : Indice du Développement de Genre

IDH : Indice de développement humain

IFD : Intégration des femmes dans le développement IIG : Indice d’Inégalité de Genre

IMADEL : Initiative malienne d’appui au développement local

INSTAT/MPATP : Institut National de la Statistique/Ministère de la Planification, de l’Aménagement du territoire et de la Population

MAFE : Maison de la femme et de l’enfant

MPFEF : Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille OCDE : Organisation de coopération et de développement économique ONG : Organisation non gouvernementale

ONU : Organisation des Nations unies PNG : Politique nationale genre

PROMISAM : Projet de mobilisation des initiatives en matière de sécurité alimentaire au Mali RGPH : Recensement général de la population et de l’habitat

SLPFEF : Service local de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille UL : Université Laval

UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture UNDP : United nations development programme

(13)

Dédicaces

Je dédie ce travail à mon mari : Adama BERTHÉ

Grâce à toi, j’ai pu trouver l’énergie et la motivation nécessaires pour persévérer dans mes études.

À mon père Yattara Altini, tu as toujours cru à mes capacités et tu m’as encouragée à faire de longues études universitaires. Ce travail est le fruit de ces encouragements.

À ma mère N’Tirgni Adizatou grâce à ton amour et à tes sacrifices j’ai pu avoir une belle vie professionnelle. Enfin à mes enfants : Abdoul Razak, Rahina, Mahamadou Oton et Djénéba.

(14)

Remerciements

En tant que musulmane, je commence cette partie par rendre grâce au bon Dieu pour avoir permis la réalisation de cette recherche. En effet, étudier à des milliers de kilomètres de sa famille n’est jamais une tâche facile surtout pour une femme âgée. J’ai eu des moments de doute et de découragements, mais grâce à Dieu je suis arrivée à bout de chemin.

Grâce au Projet formation agricole pour la sécurité alimentaire au Mali (FASAM), la réalisation de cette recherche a été rendue possible. Mes remerciements vont ainsi à l’endroit de toute l’équipe du FASAM tant à Québec qu’au Mali.

Pour toute recherche qui entre dans une formation universitaire, il est important d’avoir un encadrement de qualité, ce qui n’a pas fait défaut dans mon cas. Je remercie particulièrement le Pr Patrick Mundler mon directeur de recherche et directeur du programme DESS en développement rural intégré de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’université Laval. Je ne pourrai jamais vous remercier assez pour votre rigueur scientifique, votre générosité, votre soutien moral, votre disponibilité, et votre confiance en moi. Vous avez été toujours là pour me rappeler que « tout va bien aller ». Grâce à vos encouragements, j’ai pu avoir l’énergie et l’espoir pour finir ce travail.

Deux personnes ont été toujours présentes dans cette recherche à travers le comité d’encadrement qu’ils font avec mon directeur de recherche. Leurs conseils techniques, leurs encouragements et leur disponibilité n’ont jamais fait défaut. Mes sincères remerciements vont à l’endroit de Monsieur Luc Audebrand et de Madame Isabelle Auclair tous les deux à la Faculté des sciences de l’administration de l’UL. Au même titre que mon directeur de recherche, vous avez cru à mes capacités et à ma vision. Merci pour votre contribution à cette fierté que je ressens avec ce travail.

Sans la collaboration avec mon institution de provenance, cette formation n’allait jamais voir le jour. Mes remerciements vont à l’endroit de la direction de l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou pour le choix et la confiance portée à ma personne pour cette formation. Je remercie également tout le corps professoral de l’IPR/IFRA Katibougou pour la formation de base reçue. Je tiens également à remercier tous les professeurs de l’UL pour la qualité de l’enseignement reçu.

Mention spéciale à toutes ces braves femmes des centres d’autopromotion de Toubacoro et de Dioïla avec lesquelles j’ai travaillé lors de ma phase terrain. Merci pour votre engagement dans les travaux et j’ose espérer que ce mémoire servira pour changer certaines pratiques au sein de vos centres. Je remercie également le personnel de la direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Koulikoro, et tous les responsables des services partenaires qui ont bien voulu partager leurs informations. Mes sincères remerciements vont à l’endroit du maire de Toubacoro et celui de Dioïla pour l’accueil chaleureux et pour leur disponibilité. Je n’oublierai jamais le gestionnaire du centre de Dioïla et mes logeurs et logeuses à Toubacoro et à Dioïla pour leur hospitalité.

Enfin, je dis merci à tous nos collègues étudiants de l’UL pour leur soutien moral et technique. Grâce à bon nombre d’entre vous, j’ai pu améliorer mess capacités en informatique.

(15)

Première partie

(16)

1 Introduction

En Afrique, il a été constaté que l’élimination des inégalités basées sur le genre et l’autonomisation des femmes pourraient augmenter le potentiel productif d’un milliard d’Africains-es et favoriser de manière considérable le développement du continent (Groupe de la Banque Africaine de Développement, 2015). De ce fait, investir dans les femmes est un moyen efficace de promouvoir le développement humain durable, car cela leur permettra d’améliorer leur qualité de vie et celle de leurs enfants, ce qui produit des effets multiplicateurs à chaque génération. Cependant, sur le continent, les femmes font face à diverses contraintes culturelles et institutionnelles qui entravent la réalisation de leur plein potentiel (Groupe de la Banque Africaine de Développement, 2015). Au Mali, pays situé dans l’ouest du continent, la situation n’est pas en marge de cette situation africaine. Les estimations concernant la population du Mali ont donné 16 319 000 habitant-e-s en 2012 avec 51 % de femmes et 49 % d’hommes. Dans cette population, 74,5 % résident en milieu rural (Cellule de Planification et de Statistique [CPS/SSDSPF], Institut National de la Statistique [INSTAT/MPATP], INFO-STAT et ICF International, 2014). L’économie du pays repose essentiellement sur le secteur rural (agriculture, élevage, foresterie et pêche). Ce secteur occupe plus de 80 % de la population active et contribue en moyenne pour 40 à 45 % au PIB avec un taux de croissance moyen de 3,6 % par an (Ministère du Développement Rural, 2014).

Dans ce secteur, les femmes rurales jouent un grand rôle et s’occupent généralement du petit élevage, de toutes les activités de transformation et de commercialisation des produits agricoles et interviennent autant dans les champs collectifs que sur leurs parcelles individuelles (Touré, 2011). Les femmes rurales sont également actives dans le domaine du maraîchage et les produits issus des activités maraîchères leur permettent de contribuer à l’alimentation de leurs familles et l’obtention de revenus par la commercialisation. Pour ce qui est de l’exploitation des ressources forestières, elles constituent les principales utilisatrices et leur intervention se manifeste par la recherche de bois, la cueillette des fruits et plantes médicinales, la protection des ressources naturelles, la conservation des sols et l’entretien des forêts classées. Certains produits de cueillette sont vendus et procurent des revenus aux femmes (Béridogo, Doumbia, Gakou, & Djourté, 2007). Selon les mêmes auteurs, les femmes maliennes ont plus de responsabilités que les hommes et s’occupent de l’éducation et du bien-être des enfants ainsi que de l’entretien des personnes âgées. Cette division sexuelle du travail a pour conséquences, la féminisation et la non-reconnaissance de la surcharge qui s’arrime à l’exacerbation des inégalités genrées.

Malgré le rôle important que les femmes rurales jouent dans les divers secteurs agricoles, elles ne jouissent pas pleinement de leurs droits et font l’objet de multiples discriminations. En effet, dans la culture malienne et particulièrement dans le milieu bambara, l’organisation sociale est marquée par le respect de la hiérarchie qui

(17)

donne une place de premier rang aux hommes par rapport aux femmes et aux personnes âgées par rapport aux jeunes (Kato, 2005). Cette situation défavorise les femmes rurales, particulièrement les plus jeunes, qui bénéficient de moins de possibilités et d’opportunités par rapport aux hommes.

1.1 Situation des femmes rurales au Mali

Au Mali, la force de la tradition et l’absence d’une bonne application des lois et textes en vigueur dans le pays font que les femmes rurales sont victimes de diverses formes de discriminations et les inégalités qui en découlent anéantissent leur pleine participation au développement du pays. Dans cette section est abordée la situation des femmes rurales dans divers domaines : le droit, l’éducation, la santé, la place prise dans la production agricole et l’emploi, la participation à la vie politique et au processus de décision. Nous traiterons également des questions de violence physique et psychologique dont les femmes sont victimes.

1.1.1 Au plan juridique

La constitution de 1992 interdit toute forme de discrimination basée sur l’origine, le sexe, la couleur, la langue, la race, la religion ou même l’opinion politique. D’importants instruments régionaux et internationaux en faveur de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes ont été ratifiés par l’état malien1 (Touré, 2011). Malgré

cette disposition prise dans la constitution pour favoriser l’égalité des sexes, les lois et les textes nationaux minutieusement élaborés, ainsi que les instruments internationaux ratifiés par le gouvernement malien, les femmes jouissent faiblement de leurs droits (Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, 2011b). Le droit coutumier qui est très souvent défavorable aux femmes est fortement appliqué en milieu rural au détriment de la loi et fragilise l’harmonisation de la législation nationale avec les instruments internationaux (Touré, 2011). Par ailleurs, les femmes rurales sont en majorité analphabètes et méconnaissent les lois et textes en vigueur (Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, 2011b).

1.1.2

Sur le plan de l’éducation et de la formation

L’éducation et la formation sont les processus au cours desquels les hommes et les femmes d’une société construisent des compétences qui leur permettent de faire de bons choix concernant leur vie et celle de leur communauté, mais aussi de gérer les situations de façon responsable. Selon une des participantes de l’étude de Kato et al. (2005, p. 25) : « quand le travail d’intellectuel se présente, celles qui ont appris peuvent le faire,

alors que celles qui n’ont rien appris doivent rester à côté regarder les gens qui sont en train de travailler »2.

1 Parmi eux, on retiendra selon Touré (2011) : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et ses protocoles, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et son Protocole relatif aux Droits des Femmes en Afrique (Protocole de Maputo).

(18)

Pour le Groupe de la Banque Africaine de Développement (2015), en matière d’éducation et de formation, le manque d’égalité dans les opportunités constitue un facteur de perpétuation des inégalités dans le marché du travail et dans les revenus. Pour tout pays, le développement rime avec une population compétente. Force est de constater qu’au Mali, bien que les disparités s’atténuent progressivement, des écarts existent encore, et les femmes et filles sont les plus défavorisées.

En 2014, les taux bruts de scolarisation des filles et des garçons s’élèvent respectivement à 70,4 % et 74,1 % (Institut national de la statistique du Mali, 2014, p. 32). Selon la même source, les taux nets de scolarisation sont plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural, et représentent 80,6 % contre 47,9 %. En outre, les garçons sont relativement plus scolarisés que les filles avec 57,0 % contre 53,6 % (Institut national de la statistique du Mali, 2014). Cette tendance s’observe au niveau des deux cycles avec de légères baisses des taux au secondaire. Le taux d’alphabétisation des quinze (15) ans et plus pour la même année 2014 est de 41,5 % pour les hommes et 21,5 % pour les femmes (INSTAT-Mali, 2014, p. 37). Au niveau supérieur, les disparités sont toutes autres et l’on note une présence très faible des filles dans les filières scientifiques : généralement, les universités sont en ville donc loin des villages. Les facteurs socioculturels jouent en défaveur du maintien des filles à l’école (Barry, 2016) et beaucoup de familles restent réticentes à envoyer leurs filles loin du foyer pour étudier. Au Mali, envoyer une fille à l’école est considéré comme investir pour une autre famille, car la fille est appelée à se marier et partir vivre dans une nouvelle famille (Béridogo et al., 2007). Pour ces raisons, tous les efforts sont centrés sur l’éducation et la réussite des garçons qui eux restent en famille et constituent un soutien pour celle-ci. En outre les mariages et grossesses précoces, les travaux domestiques et de production sont aussi d’autres causes qui expliquent les écarts observés entre les filles/femmes et les garçons/hommes. Par ailleurs en raison des nombreuses responsabilités qui réduisent de manière considérable la disponibilité des femmes rurales auxquelles s’ajoute la faiblesse de leurs revenus, la participation de celles-ci aux séances de formation est très faible et l’acquisition de nouvelles compétences s’avère plus compliquée pour elles (Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, 2011b).

1.1.3 Sur le plan sanitaire

Très souvent, on a l’habitude d’entendre certaines personnes dire que, pour un pays, le développement durable est étroitement lié à une population compétente et en bonne santé. Dans un pays, la santé des personnes devient alors un des piliers importants sur lesquels s’appuie le processus. Cette question de santé est aussi problématique lorsqu’il s’agit des femmes rurales aux capacités et revenus limités. Selon le Groupe de la Banque Africaine de Développement (2015), diverses études ont montré que la formation et le revenu sont des facteurs qui permettent aux femmes d’acquérir du pouvoir et de jouer sur les relations inégalitaires.

(19)

De plus, dans ces conditions, elles s’occupent bien de leur santé et gèrent mieux leur fécondité. Les femmes rurales en contexte malien ont un accès très limité aux services de santé, notamment en raison de la distance entre leur domicile et le centre de santé desservant leur localité. En effet, des études effectuées par le département de la santé ont montré que dans le pays, plus on s’éloigne des centres urbains, plus les agents et les services de santé deviennent rares. Sur une population de 2 510 485 habitants (hommes et femmes) situés à 15 km du centre, seulement 330 151 habitants ont accès aux structures de santé soit un taux de 11 % (Centre National de Documentation et d’Information sur la Femme et l’Enfant [CNDIFE], 2014). L’indice synthétique de fécondité reste par ailleurs très élevé dans le pays avec 6,0 enfants en moyenne par femme. Il est de 6,5 enfants pour le monde rural contre 4,9 enfants pour les villes (CNDIFE, 2014). Aussi, les consultations prénatales (CPN) ne sont pas couvertes à 100 % pour ce qui concerne les femmes rurales et, sur une population cible en CPN de 144 250 femmes en 2014, 115 241 ont effectué leur CPN 1 soit un pourcentage de 80 %. Sur cette même population cible, 88 166 femmes ont accouché dans les Centres de Santé Communautaire (CSCOM) et 8 939 accouchements dans les Centres de Santé de Référence (CSRÉF) soit respectivement 61 % et 6 % (CNDIFE, 2014). Diverses raisons expliquent ces insuffisances, on peut citer entre autres : l’obtention de la permission d’aller se faire soigner auprès des maris ; avoir l’argent pour le traitement ; la longue distance entre le domicile et le centre de santé ou le fait de ne pas vouloir y aller seule (CPS/SSDSPF, INSTAT/MPATP, INFO-STAT et ICF International, 2014).

1.1.4 Sur le plan agricole

Comme nous l’avons signalé plus haut, l’agriculture est le secteur clé sur lequel repose l’économie malienne et les femmes occupent une place d’importance incontestable bien que leurs rôles soient peu reconnus et peu valorisés. En dépit de leur place et de leur rôle dans le secteur et du fait qu’elles participent à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans le pays à travers la production céréalière et maraîchère, la situation des femmes rurales au Mali ne leur permet pas d’être capables de transformer les relations inégalitaires et parvenir à faire leurs choix au même titre que les hommes. Elles ont un accès très limité à la terre et aux autres moyens de production tels que la main-d’œuvre et le matériel agricole. La superficie moyenne de parcelle de céréales par propriétaire est seulement de 0,6 hectare pour les femmes contre 2,1 ha pour le sexe opposé (CNDIFE, 2014) et ce, malgré les dispositions prises dans la loi d’orientation agricole (LOA) qui stipule en son article 89 que « […] les femmes, les jeunes et tout groupe de population déclarée vulnérable par l’État, bénéficient de mesures de discrimination positive dans l’attribution des parcelles au niveau des zones aménagées sur fonds publics. […] » (Assemblée nationale du Mali, 2006, p. 16). Cette disposition a été jugée salutaire par les organisations de femmes et les partenaires au développement, toutefois, son application se heurte à des blocages par les règles traditionnelles encore vivantes en milieu rural.

(20)

À cette difficulté majeure s’ajoutent d’autres, non moins importantes, telles que : l’insuffisance dans l’acquisition et l’utilisation des intrants et équipements agricoles modernes ; le manque de formation aux techniques culturales ; le faible accès au crédit et à l’eau ; le manque d’équipements pour la transformation et la conservation des produits agricoles et enfin le problème d’écoulement des produits (Béridogo et al., 2007, p. 42).

1.1.5

Sur le plan de l’emploi

Au Mali l’analphabétisme et le faible niveau de formation des femmes font qu’elles restent cantonnées dans le secteur informel. Il a été constaté que « Le travail indépendant est la principale activité économique dans les zones rurales, occupant 95 % des travailleurs ruraux, dont 51,2 % d’hommes et 48,7 % de femmes »(Touré, 2011, p. 4)

.

Pour l’auteure, les femmes occupent les emplois les moins formels et les plus précaires et se retrouvent (en plus de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche), dans le commerce, les activités domestiques et de transformation des produits agricoles ainsi que l’hôtellerie et la restauration. Rappelons-le, la tradition fait que les hommes sont les chefs des familles, mais l’équilibre et la stabilité de celles-ci reposent sur les femmes (CPS/SSDSPF, INSTAT/MPATP, INFO-STAT et ICF International, 2014), et ce, bien que leurs niveaux de formation et de revenu soient assez faibles. Pour cela, beaucoup de femmes trouvent nécessaire de réaliser des activités génératrices de revenus afin de pouvoir subvenir à certains besoins vitaux de leur famille et bien jouer leur rôle, qui demeure un rôle socialement construit. Elles se retrouvent alors avec des emplois non sécurisés et très mal payés. Or, selon Touré

(

2011)

,

au Mali les femmes ont un faible accès au crédit

bancaire et à la microfinance, et l’entrepreneuriat féminin est concentré dans l’informel.

De plus, très peu de femmes peuvent être considérées comme des entrepreneures en raison de la taille trop petite de leur entreprise, et de leur incapacité financière à l’étendre ou à la développer. Ce qui s’explique en général par le « faible niveau de qualification des emplois féminins, les inégalités dans la rémunération, les disparités en matière de temps consacré aux activités économiques de marché, le sous-emploi et les emplois précaires » (Touré, 2011, p. 5). De ce fait, les femmes émergent difficilement, car elles sont pénalisées à plusieurs titres par rapport aux hommes selon l’auteur. En milieu rural, elles ne sont pas rémunérées pour l’essentiel de leurs efforts. Il faut signaler que 77 % des femmes du milieu agricole qui travaillent déclarent ne recevoir aucune forme de rémunération. Seulement 18 % d’entre elles travaillent pour leur propre compte (Ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, 2011, p. 28)

.

En somme, au Mali, parmi

les pauvres, les femmes sont les plus pauvres à cause du contrôle qu’exercent les hommes sur les ressources (Rosander, 2004) et de leur faible accès à l’emploi. Pour instaurer un développement durable inclusif, il convient donc de prendre en considération les rapports inégalitaires hommes-femmes dans le but de favoriser une pleine participation des femmes et des hommes au processus.

(21)

1.1.6 Vie politique et participation aux décisions

La gouvernance est le domaine au travers duquel la participation des femmes peut favoriser une bonne influence sur les décisions susceptibles d’améliorer leur condition de vie. L’intégration systématique des femmes dans le processus de prises de décisions assurant leur participation équitable ne peut que renforcer les fondements démocratiques dans un pays. Pour une réussite des politiques, les acteurs et actrices du domaine doivent valoriser le travail et la performance des femmes et des hommes en situation de marginalisation (Barry, 2016). Pour l’auteure, les décideurs qui veulent réussir leurs politiques, doivent prendre appui sur les expériences et les besoins des femmes et des hommes dans la société et établir un processus participatif et équitable basé sur la reconnaissance et la réduction des inégalités de genre. Malheureusement, là aussi les femmes maliennes sont sous-représentées et participent moins que les hommes à la gestion du pouvoir et à la prise de décision.

Au Mali, bien que l’on constate que la gestion de certains départements ministériels est assurée par des femmes, elles sont encore peu nombreuses à investir les instances de décision tant dans la gestion des affaires publiques et privées que dans la politique (Barry, 2016). Dans le pays, nous avons seulement « (3 femmes sur 121 dirigeants de partis politiques), à l’Assemblée nationale (132 hommes contre 15 femmes) et dans la représentation au niveau local (9 847 conseillers communaux hommes pour 927 femmes). Le système judiciaire est aussi largement dominé par les hommes » (Touré, 2011, p. 8). Par ailleurs, « […] de nombreuses Africaines vivent encore selon des systèmes de valeurs traditionnels, et sont soumises à une législation obsolète qui les considère comme des citoyens de catégorie inférieure et empêche leur voix de se faire entendre vraiment dans les instances dirigeantes des sociétés africaines » (Groupe de la Banque Africaine de Développement, 2015, p. 25). Le Mali ne reste pas en marge de cette situation et, en milieu rural, la tradition donne peu de pouvoir de décision aux femmes qui participent peu aux débats lors des assemblées villageoises et, si leur participation devient nécessaire, elle est le plus souvent tributaire de l’autorisation d’une tierce personne (Barry, 2016).

Cependant, il convient de signaler que les récentes élections communales de novembre 2016 ont connu l’application de la loi N° 2015-052/du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Cette loi entre en ligne droite dans les préoccupations de ONU-Femmes qui défend la réalisation de la parité d’ici 2020 à tous les niveaux de la vie politique, économique et publique (ONU Femmes, 2016). Au Mali, cette disposition légale stipule le respect d’un quota de 30 % à l’un ou l’autre sexe dans les postes nominatifs et électifs. Ainsi, dans la région de Koulikoro, en 2016, sur 1 115 conseillers/conseillères élus-es, 482 sont des femmes soit un taux de 31,33 % (Direction

(22)

régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, 2016, p. 2). Ces changements peuvent constituer un espoir pour l’amélioration de la participation des femmes au processus de décision.

1.1.7

Les violences à l’égard des femmes

Les violences constituent une menace, un frein à l’autonomisation des femmes, et au Mali les femmes rurales font l’objet de plusieurs types de violences. L’avenir des filles est souvent élaboré, en dehors de toute bonne scolarisation, ou toute information sur leur droit. Cette situation limite dramatiquement leur capacité d’insertion comme citoyen modèle dans la vie sociale du pays. Ceci devient une exclusion des femmes qui expose certaines d’entre elles à toute sorte de violences physiques et psychologiques (CPS/SSDSPF, INSTAT/MPATP, INFO-STAT et ICF International, 2014). Les femmes font alors, l’objet de multiples violences non déclarées à cause de la force de la tradition et de la forte tolérance des populations envers plusieurs types de « violences au sein du couple, harcèlement sexuel, mariages précoces ou forcés, excision » (Touré, 2011, p. 8). Parmi ces violences, l’excision pratiquée en général sur les petites filles est la plus répandue et la plus décriée. L’excision est une pratique quasi généralisée au Mali et elle concerne 91 % des femmes de 15 à 49 ans (CPS/SSDSPF, INSTAT/MPATP), INFO-STAT et ICF International, 2014, p. 291). Malgré tous les efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires, et bien que le Programme National de Lutte contre la Pratique de l’Excision (PNLE) existe et constitue un acquis important, le Mali n’a pas encore légiféré sur l’interdiction des mutilations génitales féminines à l’instar de certains pays voisins (Barry, 2016). Si les femmes sont les excisées et les exciseuses, la décision est fortement influencée par les hommes qui sont à majorité favorable au maintien de la pratique (CPS/SSDSPF, INSTAT/MPATP, INFO-STAT et ICF International, 2014).

Les mentalités connaissent des changements positifs avec la modernité, surtout avec les jeunes femmes qui « […] ne conçoivent plus leurs relations avec les hommes tout à fait de la même façon que leur mère et leur grand-mère » (Rondeau, 1994, p. 328). Selon la même source, bon nombre d’entre elles développent des stratégies pour augmenter leurs revenus et réduire leurs responsabilités budgétaires afin de mieux orienter leur vie. Malgré ces efforts de leur part, la situation des femmes rurales au Mali reste moins favorable à leur épanouissement. Elles continuent d’être la couche la plus exposée aux conséquences des crises. En cas d’insécurité alimentaire, elles sont mariées de façon précoce pour réduire les bouches à nourrir dans les ménages. Concernant le mariage précoce, signalons que le taux de prévalence est de 60,80 % au Mali en 2015 (Koné, 2015 en ligne). Elles sont également retirées de l’école pour la réalisation d’activités génératrices de revenus en vue de soutenir les besoins vitaux des membres de leur famille, et, lorsque les hommes vont en exode, les mères se trouvent à la tête des familles dont elles doivent assurer la survie (Ashton, Prodi, & Puri, 2013).

(23)

Avec toutes ces contraintes ici détaillées concernant la situation des femmes rurales au Mali, il est important de porter une attention particulière au sujet afin de trouver les voies et moyens nécessaires à leur réhabilitation et réduire les inégalités les concernant, gage de leur pleine participation au développement durable inclusif. Le gouvernement malien et ses partenaires entreprennent d’innombrables efforts pour une amélioration de la situation. Cependant, les femmes rurales continuent d’être victimes d’inégalités de tout ordre. En 2015, l’Indice de Développement Humain (IDH) du Mali est de 0,419 (Jahan, 2015, p. 31) ; il est de 0,442 en 2016 (Jahan, 2016, p. 27) et n’a pratiquement pas connu d’amélioration. Selon Jahan (2015), l’IDH a une limite supérieure de 1,0 et celui du Mali est inférieur à 0,5 ce qui dénote des faiblesses en matière de qualité de vie, d’éducation et de revenu à travers le travail ou l’emploi. Malheureusement en se référant aux valeurs de 2015 et 2016 ci-dessus citées, on remarque que cet indice bouge peu pour le cas du Mali et appelle à plus d’efforts pour l’égalité des sexes. L’Indice du Développement de Genre (IDG) et l’Indice d’Inégalité de Genre (IIG) du pays sont respectivement de 0,776 et 0,677 en 2015. Ces valeurs sont de 0,786 et 0,689 en 2016. Concernant ces deux indices, « l’IDG compare les valeurs de l’IDH pour les femmes et pour les hommes » alors que « l’IIG met en évidence l’autonomisation des femmes » (Jahan, 2015, p. 3). De ce fait, « [...] plus la valeur de l’IIG est élevée, plus les disparités entre les femmes et les hommes sont importantes et plus grande est la perte pour le développement humain » (UNDP, 2015, en ligne). Ces valeurs élevées ont classé le Mali 179e en 2015 et 175è en 2016 sur 188 pays classés (Jahan, 2015, p. 31, 2016, p. 27), d’où les efforts de l’état et de ses partenaires pour tenter de renverser la situation.

1.2 Les stratégies de promotion féminine et la suppression des inégalités

entre les sexes

Dans cette sous-section, nous aborderons la question de l’empowerment des femmes en tant qu’action envisageable par la communauté internationale pour une meilleure réduction (ou une suppression) des inégalités entre les sexes. Nous aborderons également les stratégies du gouvernement malien en matière de promotion de la femme en général et celle de la femme rurale en particulier, ce qui nous conduira à notre question de recherche.

1.2.1

L’empowerment, une réponse prônée par la communauté internationale

pour réduire les inégalités entre les sexes

Les organisations internationales et diverses études féministes prônent l’empowerment des femmes pour le renforcement de leurs capacités à faire leurs propres choix et pour un développement durable inclusif basé sur la participation de toutes les couches de la population, notamment les pauvres.

Plusieurs définitions ont été données au concept d’empowerment, nous y reviendrons plus loin. Retenons ici que le concept prend appui sur la notion de pouvoir : il renvoie à la façon de réfléchir ce pouvoir en termes de « capacités à faire des choix » et dépend de la manière dont les relations sociales influencent la

(24)

transformation de ces choix en actions par les individus ou groupes (Calvès, 2009, p. 742). Le concept est composé de quatre types de pouvoir qui constituent également des dimensions : le « pouvoir sur », « le pouvoir de », « le pouvoir avec » et le « pouvoir intérieur » (Charlier & Caubergs, 2007, p. 10).

Le concept d’empowerment, à cause de sa popularité en raison de son contenu, occupe une place importante dans de nombreuses politiques et interventions visant à favoriser la promotion des populations pauvres ou marginalisées notamment les femmes (Hofmann, 2003). En conséquence, le concept occupe une place prépondérante dans le processus de développement selon Hofmann (2003, p. 1) pour qui « les inégalités entre hommes et femmes représentent un facteur transversal par rapport à l’ensemble des facteurs déterminants de la pauvreté ». L’empowerment est donc le processus qui permet aux populations pauvres, particulièrement les femmes, de réduire leur vulnérabilité et sortir de la pauvreté. En ce sens, il devient incontournable dans une optique de développement durable, ce qui explique l’intégration du concept dans les objectifs de plusieurs programmes concernant les pays du Sud selon l’auteure.

Dans nos différentes lectures, nous avons compris que le concept d’empowerment est global et revêt plusieurs dimensions (Charlier, 2006 a ; Kabeer, 2002 ; Varghese, 2011). Ces dimensions peuvent être individuelles comme « l’aspect émancipatoire des femmes » ou collectives mettant l’accent sur « l’organisation de la société » (Charlier, 2006a, p. 21). D’autres dimensions telles que le « pouvoir sur », le « pouvoir de », le « pouvoir avec », le « pouvoir intérieur » sont signalées par (Charlier, 2006a, p. 15 ; Charlier & Caubergs, 2007, p. 10). Nous les aborderons plus loin puisque cette notion est centrale pour notre étude. Pour Kabeer (2002, p. 256), l’empowerment comprend trois dimensions essentielles à savoir : les « ressources » qui constituent les conditions humaines, matérielles, ou sociales ; la « capacité d’action » ou la « prise de décision individuelle » qui est le processus qui explique les actions qui déterminent les choix des individus et les « résultats » du processus (Kabeer, 2002, p. 257). L’empowerment économique, socioculturel, familial ou interpersonnel, juridique, politique et psychologique sont autant de dimensions que souligne Varghese (2011). Cependant, « […] ces dimensions sont très étendues et, à l’intérieur de chaque dimension existent des sous-domaines dans lesquels les femmes peuvent être habilitées3 » (Varghese, 2011, p. 40). Ces dimensions

constituent en même temps des moyens ou des entrées pour parvenir à l’empowerment des femmes.

Actuellement, vu le degré de pauvreté des pays en développement les institutions internationales préconisent l’entrée économique pour un meilleur empowerment des femmes sans revenu, notamment celles des milieux ruraux. Pour ONU-Femme, « […] l’autonomisation économique est la voie la plus sûre vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive4 ». Pour ces institutions, l’autonomisation

3 Traduction libre

(25)

économique permet aux femmes d’acquérir des compétences et les ressources nécessaires pour l’exercice d’activités génératrices de revenus. L’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) considère l’autonomisation économique des femmes, comme un facteur positif pour le développement durable. Les femmes peuvent en conséquence accumuler du pouvoir et accroitre leur capacité de négociation et d’action sur la scolarisation, la santé et l’alimentation des enfants en plus des impacts directs sur l’économie et la réduction de la pauvreté (Organisation de Coopération et de Développement Économique [OCDE], 2011).

Convaincus que l’empowerment des femmes passe par l’autonomisation économique « […] des gouvernements, des donateurs, des organisations de la société civile et des entreprises mettent davantage l’accent sur l’autonomisation économique des femmes » (Affaires étrangères, commerce et développement Canada, 2013, p. 4). Le Mali ne reste pas en marge et c’est ce que nous aborderons dans la section qui suit.

1.2.2 Les stratégies du gouvernement malien pour la promotion des femmes et la

réduction des inégalités entre les sexes

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali et l’élaboration du programme d’action de Beijing en 1995 5, le

gouvernement malien et ses partenaires ont toujours fourni des efforts dans le but d’établir une égalité entre les sexes dans le pays. Ces efforts sont axés sur l’amélioration de la santé des femmes et des enfants, la scolarisation des filles et l’alphabétisation des adultes, la participation des femmes à la vie politique et aux prises de décisions, l’appui aux activités génératrices de revenus des femmes, la promotion de l’enfant, entre autres (Béridogo et al., 2007 ; République du Mali, 2014). Le pays a également élaboré, avec l’appui de ses partenaires, plusieurs textes et instruments et ratifié diverses conventions en vue de parvenir à l’égalité des sexes6 (Barry, 2016).

Au cours de ces dernières années, les efforts du gouvernement sont orientés vers l’autonomisation économique des femmes. Ce choix coïncide avec l’adoption des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont l’objectif trois vise « la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Dans le

5 Ce programme d’action est issu de la quatrième rencontre internationale concernant les femmes. Elle s’est tenue à Beijing en 1995 après celles organisées à Mexico en 1975 (première conférence), à Copenhague en 1980 (deuxième conférence), et à Nairobi en 1985 (troisième conférence) (Defour, 2013). Elle marque un véritable tournant dans la lutte en faveur des femmes en ce sens où c’est cette conférence, qui « marque l’entrée officielle du concept de genre dans la boite à outils des féministes préoccupées des situations des femmes en contexte de développement » (Labrecque, 2010, p.4). L’adhésion des gouvernements au programme ou plan d’action de Beijing a fait du genre « une composante obligatoire des institutions publiques » d’où la transversalisation (Labrecque, 2010, p.5).

6 La constitution de 1992 ; la politique nationale genre (PNG) ; le cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) ; la Convention sur l’Élimination de toutes les formes de Discrimination à l’Égard des Femmes (CÉDÉF ou CEDAW) ; la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et le protocole à la charte relatif aux droits des femmes ratifiés par le Mali ; la Déclaration des Chefs d’États africains sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’interdiction des mutilations génitales féminines (Barry, 2016).

(26)

cadre de ces efforts, plusieurs actions en faveur de la promotion des femmes en général et celles du milieu rural en particulier ont été entreprises par le gouvernement et ses partenaires en vue de promouvoir leur autonomisation économique et parvenir à réduire les inégalités entre les deux sexes. On note la création des maisons de la femme et de l’enfant au niveau de chaque région ; le soutien à la création des centres d’autopromotion des femmes pour la réalisation d’activités génératrices de revenus par les femmes rurales dans certains cercles et communes ; la mise en place en 2015, du fond d’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant (FAFE) d’un montant d’un milliard de francs CFA (2 222 223 CAD7), dont la

deuxième édition est en cours.

À ceci s’ajoute le soutien sans faille d’ONU-Femmes pour une représentation massive des femmes aux élections en vue d’améliorer le niveau de représentativité des femmes dans les instances politiques nationales. Il faut noter que le FAFE a été créé par la loi n° 2012-02 du 23 janvier 2012 cependant sa mise en œuvre a été retardée par la crise de mars 2012. Il constitue une réponse à l’appel de l’Union Africaine déclarant l’année 2015 « année de l’autonomisation de la femme » (Traoré, 2015 en ligne). Le FAFE vise trois objectifs à savoir : le renforcement des opportunités économiques des femmes, leur participation politique au niveau local et national ainsi que la promotion des droits de l’enfant (Diaouré, 2015 en ligne). Le fond « est financé par le budget national, les apports des partenaires techniques et financiers, les dons et legs ainsi que les apports des intérêts » (Traoré, 2015 en ligne). Il est composé de trois guichets dont le premier s’occupe du « financement des actions de développement de l’entrepreneuriat féminin afin de consolider la participation des femmes au développement ». Ce guichet prend en compte les « entreprises existantes » et les « nouvelles initiatives » de même que « le financement des activités génératrices de revenus des groupements, des associations et des GIE ». Le second guichet prend en charge le « financement des actions de renforcement du leadership féminin et de la participation politique des femmes » et enfin le troisième guichet s’occupe du financement des « actions de réinsertion socioéconomique des enfants en situation difficile » (Traoré, 2015 en ligne).

Les maisons de la femme et de l’enfant (MAFE) et les centres d’autopromotion des femmes (CAFE) sont créés respectivement par les décrets n° 12-125P/RM et n° 12-126P/RM du 5 mars 2010. Toutes ces structures ont pour vocation de favoriser l’autonomie des femmes et l’épanouissement des enfants en milieu rural selon les décrets référencés ci-dessus à travers la promotion des activités économiques et socioculturelles.

(27)

Dans la région de Koulikoro concernée par cette étude, il existe une MAFE et quatre CAFE : le CAFE de Naréna dans le cercle de Kangaba et celui de Diédjè dans le cercle de Kati tous les deux créés par la Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (DRPFEF) ; le CAFE de Dioïla créé en 2005, bien avant le décret par le ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille à travers le projet Karité et ses partenaires (dépliant de présentation du centre) ; et enfin le centre d’autopromotion des femmes de Toubacoro dans le cercle de Banamba créé par les femmes elles-mêmes en 20138. Signalons qu’au Mali, le territoire est découpé en régions qui sont officiellement au nombre de dix9. Les

régions sont à leur tour subdivisées en cercles découpés à leur tour en communes à l’intérieur desquelles on rencontre des villages10.

Des avancées timides ont été remarquées, dans le cadre de l’exécution du plan relatif aux engagements de Beijing. On peut signaler (République du Mali, 2014) :

- la mise en place d’un ministère responsable de la promotion de la femme et de la famille ayant pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de la promotion de la femme. Sur le territoire, cette mission est assurée par ses directions régionales ;

- le rehaussement du taux de scolarisation des filles au primaire de l’éducation nationale. En effet, le taux brut de scolarisation des filles au primaire est passé de 18,9 % en 1990 à 70,90 % en 2013 contre 33,2 % en 1990 et 68,50 % en 2013 pour les garçons (République du Mali, 2014, p. 17) ; - la baisse de la mortalité infantile qui s’explique par une diminution du taux de mortalité de 1 % par an

avec l’amélioration des conditions dans les structures sanitaires selon la même source ;

- l’appui à l’autonomisation des femmes par l’élaboration et l’adoption d’une politique nationale genre et d’une stratégie de planification budgétaire sensible au genre ;

- des mesures instituées par la loi N° 2015-052 du 18 décembre 2015 pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives qui commencent déjà à faire effet au Mali avec l’application d’un quota de 30 % dans lesdites fonctions.

Cependant, comme nous l’avons vu dans la section 1-1, les avancées sont lentes en matière d’égalité entre les sexes dans le pays et depuis la crise sociopolitique et économique de 2012 le pays connait une véritable impasse en matière de financement qui limite considérablement les interventions du gouvernement.

8 Ces informations ont été recueillies auprès du chef de division promotion de la femme, de la DRPFEF-Koulikoro lors de notre phase exploratoire en été 2016.

9 Il s’agit respectivement des régions de : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal qui sont les anciennes régions auxquelles s’ajoutent deux autres nouvelles qui sont en cours de formation avec la loi No 2012-018 du 02 mars 2012 portant création de circonscriptions administratives du Mali. Il s’agit des régions de Ménaka et Taoudéni (Secrétariat général du gouvernement, 2012). La loi est votée par l’Assemblée nationale, mais jusqu’à présent ces régions ne sont pas officiellement installées à cause de la crise du Nord Mali.

(28)

1.3

Pertinence de l’étude et question de recherche

Au Mali, la documentation sur l’empowerment et l’autonomisation économique des femmes est très pauvre et les études dans le domaine sont rares. Pour mieux argumenter cette partie, nous nous appuierons sur les résultats du stage obligatoire du DESS en Développement rural intégré (DRI) de l’Université Laval réalisé dans le pays et dans la région de Koulikoro en été 2016. Lors de ce stage, réalisé au sein de la Direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille (DRPFEF), l’organisation a souhaité la tenue d’échanges avec les acteurs et actrices de la région concernés-es par l’autonomisation économique des femmes, dans le but de dégager les difficultés rencontrées par ceux/celles-ci et d’obtenir des recommandations de leur part. Pour la DRPFEF, il est temps d’aller vers les femmes et leur donner les moyens et l’occasion de s’exprimer sur le sujet de l’autonomisation économique des femmes dans la région afin de permettre l’élaboration d’actions mieux ciblées et compatibles aux réalités dans lesquelles elles évoluent. Ces entretiens ont conduit à l’élaboration d’une longue liste de contraintes qui pèsent sur l’autonomisation économique des femmes, dont les plus importantes sont : l’insuffisance des revenus, le faible accès à la terre, l’analphabétisme et l’insuffisance de compétences, le faible accès au crédit, le faible niveau d’équipement pour ne citer que celles-ci.

À la suite du stage, les différentes analyses réalisées ont guidé nos réflexions sur l’importance accordée à l’autonomisation économique des femmes pour leur empowerment. Comme nous l’avons signalé ci-haut, les institutions internationales et les gouvernements s’appuient sur la thèse qu’une autonomisation économique des femmes favorise directement une amélioration de leurs pouvoirs d’action et de choix, donc leur

empowerment. Depuis les objectifs du millénaire jusqu’aux objectifs du développement durable,

l’autonomisation économique des femmes figure parmi les priorités des gouvernements des pays du Sud, dont celui du Mali. Cependant, nous avons constaté grâce à la documentation disponible et aux entretiens réalisés avec les différentes structures rencontrées lors du stage, que les difficultés citées ci-dessus constituent des points qui sont toujours mis en avant dès qu’on aborde la question de l’empowerment des femmes. Puisque les choses bougent peu malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, nous nous demandons si l’entrée par l’autonomisation économique est la plus pertinente pour favoriser l’empowerment des femmes. Selon Kabeer (2002, p. 256), « […], il ne s’agit pas seulement des ressources économiques conventionnelles telles que la terre, l’équipement, les finances, les fonds de roulement, etc. ; mais aussi des diverses ressources humaines et sociales permettant d’améliorer la capacité à faire des choix ».

Cette recherche est une modeste contribution à la compréhension de la situation, et à l’enrichissement de la documentation concernant le sujet. Par ailleurs ce mémoire constitue un document de base non seulement pour les deux CAFE, mais aussi pour les futurs chercheurs et chercheures ainsi que pour les partenaires qui s’intéresseront à l’empowerment des femmes rurales à travers les CAFE. Notre recherche s’intéresse au cas

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spécifique de l’empowerment des femmes rurales au Mali principalement dans les centres d’autopromotion de la région de Koulikoro. Elle se donne pour mission de répondre à la question de recherche suivante :

Dans quelles mesures les activités d’autonomisation économique des femmes rurales par les centres d’autopromotion favorisent-elles les différentes dimensions de leur empowerment  ?

Deux centres d’autopromotion des femmes de la région de Koulikoro sont retenus pour répondre à cette question de recherche : le centre d’autopromotion de l’association des productrices de farines infantiles

Musow jigitugu-ton11 de la commune de Toubacoro dans le cercle de Banamba, et celui de l’Union Si yiriwa12

des sociétés coopératives des productrices de beurre de karité et de savon à base de beurre de karité dans le cercle de Dioïla. En effet, ces deux centres d’autopromotion constituent des références en matière de promotion féminine pour la région et leur perte constituerait un échec considérable dans le domaine. Le CAFE de Dioïla est créé à travers le projet karité qui est une initiative du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille avec ses partenaires. Le CAFE bénéficiait à sa création en 2005 de l’appui du projet qui a pris en charge la construction des locaux, l’équipement et le fonctionnement du centre. Depuis 2011 ce dernier fonctionne sur fond propre bien que les membres font face à de grandes difficultés notamment financières. Celui de Toubacoro a été une initiative des femmes elles-mêmes dans le but d’avoir un lieu à elles seules pour leurs réunions et leurs activités. Ce centre d’autopromotion fonctionne également sur fond propre avec les mêmes difficultés signalées ci-dessus. En s’intéressant à ces deux centres d’autopromotion, cette étude veut analyser les rouages des stratégies d’autonomisation économique des femmes rurales développées par les CAFE et leurs partenaires et étudier l’influence de cette autonomisation économique des femmes rurales sur les pouvoirs de leur empowerment.

Les objectifs de cette recherche sont :

Fondamentalement, notre recherche vise les objectifs suivants :

- Analyser les résultats obtenus par les stratégies d’autonomisation économique des femmes rurales au sein des centres d’autopromotion sur leur empowerment ;

- Analyser les difficultés qui freinent l’autonomisation économique des femmes rurales dans la région de Koulikoro à travers les centres d’autopromotion de Toubacoro et de Dioïla.

11 Musow jigitugu-ton est une expression bambara qui signifie : le groupe sur lequel les femmes peuvent fonder leur espoir. Cette expression se décompose en : Musow  qui veut dire les femmes, jigitugu veut dire fonder son espoir sur et ton qui signifie groupe.

12 Expression bambara également qui signifie : la promotion ou le développement du karité. Si signifie karité et yiriwa veut dire développement ou promotion.

Figure

Tableau 1 : grille des indicateurs servant à observer le « pouvoir de » des femmes
Figure 1 : Carte de la région de Koulikoro avec indication de la commune de Toubacoro dans le cercle de  Banamba
Tableau 4 : Structures membres de l’association Musow jigitugu-ton de Toubacoro
Tableau 5 : description de la population d’enquête (femmes membres et responsables)
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