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5 Profil des femmes et des partenaires rencontrés-es dans les deux localités

5.2 Activités réalisées dans les ménages des femmes rencontrées, ressources, acteurs et actrices

5.2.2 Accès des hommes et des femmes aux ressources et aux facteurs de production et leur contrôle

À Toubacoro aussi bien qu’à Dioïla, les femmes ont besoin de ressources pour mieux répondre aux besoins de leurs activités et bien jouer leurs rôles en tant que membres tant dans les structures de base qu’au niveau du centre. Ces ressources sont constituées par « la terre, la main-d’œuvre, l’information, la formation, le crédit, les techniques, les équipements, l’organisation et autres services utilisés dans le cadre des activités de développement » (Nimaga, 2010, p. 14). Aussi, pour mieux analyser l’empowerment des femmes concernées par cette étude, un regard doit être porté sur les ressources nécessaires à leurs activités et dont disposent leurs communautés. De plus, l’accès à ces ressources par les femmes dans un contexte de domination masculine et le contrôle qu’elles exercent sur celles-ci constituent d’autres aspects importants pour la compréhension du sujet. Nous avons donc fait attention à ces points pour tout ce qui concerne les activités de production importantes pour les hommes et pour les femmes des deux localités. Pour ce faire, nous avons utilisé le tableau du profil d’accès et de contrôle toujours de la fiche 4 de l’Association Adéquation. L’accès signifie ici « la permission », « la liberté » ou « le droit » d’utiliser les ressources et le contrôle, le « droit de décisions » concernant celles-ci (Association Adéquations, 2009, p. 4). Aussi, nous nous sommes focalisée essentiellement sur les activités de productions qui se faisaient lors la collecte de nos données de terrain. Avec l’analyse des données, la remarque est que beaucoup de ressources reviennent pour différentes

activités et nous avons donc fait une synthèse de toutes les ressources nécessaires dans le tableau 8. Également, nous avons omis les filles et les garçons puisque leur accès et leur contrôle sont quasiment nuls. Les croix sont également utilisées à ce niveau aussi pour pondérer l’accès et le contrôle de chaque catégorie. Dans les deux localités, les femmes réalisent pratiquement les mêmes activités, et les données collectées ont fourni les ressources suivantes : la terre, l’eau, l’argent comptant et le crédit pour le financement des activités, la main-d’œuvre (familiale et salariale), le petit matériel (composé des dabas, pelles, pioches, brouettes, arrosoirs, binettes, appareils de traitement et autres), le matériel lourd telles les machines, les intrants (composés des semences, des engrais et des pesticides), la fumure organique, les soins vétérinaires, l’aliment bétail, le temps libre (dégagé pour participer aux formations ou réaliser des activités génératrices de revenus) et la formation. La pondération des catégories retenues a donné le tableau 8 qui suit. Les différences entre les deux localités sont très insignifiantes et s’expliquent par de légères différences dans l’accès à certaines ressources telles que la main d’œuvre, le crédit et le matériel. Avec la bonification du prix des amandes, la situation des femmes du CAFE de Dioïla concernant l’accès à ces ressources s’améliore faiblement.

Tableau 8 : Accès des hommes et des femmes aux ressources et le contrôle qu’ils/elles exercent sur celles-ci (Toubacoro et Dioïla)

Ressources Accès Contrôle

Femmes Hommes Femmes Hommes

Adultes Femmes âgées Adultes Hommes âgés Adultes Femmes âgées Adultes Hommes âgés Terre * ** ** ** - * ** ** Eau ** ** ** ** * ** ** ** Financement - Argent comptant - Crédit * * ** * ** ** ** ** * * ** * ** ** ** ** Main-d’œuvre - Familiale - Salariale * - ** * ** ** ** ** - - ** * ** ** ** ** Petit matériel * ** ** ** * ** ** ** Matériel lourd * * ** ** - - ** ** Intrants * ** ** ** ** ** ** ** Fumure organique * ** ** ** - * ** ** Soins vétérinaires * * * * - * * * Aliment bétail * * * * - * * * Temps * ** ** ** - ** ** ** Formation * ** ** ** - ** ** **

Source : Yattara, M.A (2017), données de l’enquête terrain, réalisé avec les outils de l'Association Adéquations (2009, p. 4)

* : faible accès/contrôle ; et ** : accès/contrôle grand.

L’analyse du tableau 8 est plutôt basée sur la situation des femmes puisque les hommes adultes et âgés n’ont pas de problèmes d’accès aux ressources et ils exercent un contrôle total sur celles-ci à part les soins vétérinaires et l’aliment bétail. Cette particularité dans les deux localités s’explique par l’insuffisance de spécialistes pour le cas des soins vétérinaires et la rareté ou la cherté sur les marchés intérieurs et proches pour le cas de l’aliment du bétail. Le grand accès des hommes aux ressources et leur grand contrôle sur celles-ci s’explique par le fait qu’ils sont les chefs des unités de production agricole (UPA102) auxquelles

appartient tout le matériel agricole et au sein desquelles « […] s’organisent l’accès à la terre et les travaux champêtres […] » (Levasseur, 2003, p. 60). Ils sont donc les grands décideurs pour tout ce qui concerne la vie et le développement de l’UPA.

102 L’UPA correspond à l’« unité économique de production » et comprend « l’ensemble des membres qui cultivent au moins un champ en commun » (Levasseur, 2003, p. 60). Elle est différente de la famille en milieu bambara qui est « qui fait plutôt référence à tous les membres portant le même nom et ayant un ancêtre commun, c’est-à-dire le clan »(Levasseur, 2003, p. 60).

Nous remarquons avec le tableau 8 que, pour l’accès aux ressources, les jeunes femmes ont pratiquement un accès faible à toutes les ressources sauf l’eau où l’accessibilité est importante pour cette catégorie. Cela s’explique par la présence dans les localités concernées, de multiples points d’eau constitués des cours d’eaux, des puits traditionnels et à grand diamètre et des forages. Cependant, l’accès à la terre des femmes est faible par rapport aux hommes et dans le groupe des femmes, il est meilleur pour les femmes âgées à cause de leur statut. En saison pluvieuse les femmes obtiennent des petites parcelles par l’entremise de leurs maris sur lesquelles elles produisent leurs céréales et légumineuses. En saison sèche, elles ont également des petites parcelles près des cours d’eau qui leur permettent de produire des légumes destinés à la consommation et à la vente. Cet accès est plus grand chez les femmes âgées qui à cause de leur statut obtiennent des parcelles plus grandes et plus proches des habitations. Elles ont également un certain contrôle sur la terre, bien que celui soit faible contrairement aux hommes toutes catégories confondues qui sont les propriétaires des terres.

Les dépenses familiales limitent l’épargne et l’investissement chez les jeunes femmes. Le financement des activités très tributaire de l’épargne est limité chez cette catégorie qui n’exerce aucun contrôle sur son propre revenu103. Ce qui n’est pas le cas chez les femmes âgées qui exercent un parfait contrôle sur leur argent. Elles

ont cependant un accès/contrôle limité au crédit à cause de la garantie à fournir. Pour la main d’œuvre, seulement les jeunes femmes ont des difficultés d’accès et de contrôle puisque les parcelles de l’UPA et celles des femmes âgées priment sur leurs parcelles qui sont les dernières concernant les travaux champêtres. La main-d’œuvre privée coûte cher et seules les femmes âgées peuvent s’en procurer rarement. Les jeunes femmes arrivent à se procurer du petit matériel indispensable à leurs travaux cependant lorsque les besoins de l’UPA sont importants, ce matériel est confisqué même si le besoin se fait sentir chez elles aussi d’où leur faible contrôle sur leur propre bien. Le matériel lourd reste de l’ordre de l’UPA, donc des hommes et seulement les femmes âgées ont dans quelques rares cas accès à cause de leur statut. Grâce aux partenaires (publics et privés), les femmes ont accès aux semences et aux engrais (mais à Toubacoro, c’est rare pour le cas de l’engrais) qu’elles utilisent comme bon leur semble sur leurs parcelles. Les femmes âgées ont la possibilité d’en payer plus sur les marchés avec leurs économies. Le troupeau aussi appartient à l’UPA et l’accès à la fumure de manière individuelle est très peu probable sauf pour les femmes âgées. Par ailleurs, les jeunes femmes arrivent à dégager très peu de temps pour mieux faire leurs activités à cause des charges que leur belle-famille leur impose. Leur participation aux formations ou à d’autres activités de renforcement de capacités reste alors faible.

103 Pour les jeunes femmes, les besoins des enfants sont primordiaux, et c’est seulement après qu’elles pensent investir dans une activité.

5.2.3 Conclusions :

Les résultats montrent que les femmes ont plus de charges que les hommes aussi bien à Toubacoro qu’à Dioïla. Cette charge est plus grande pour les jeunes femmes que pour les autres sous-catégories du groupe des femmes. Par contre, pour les ressources, les hommes et les femmes utilisent dans les deux localités des ressources dont certaines sont semblables pour les deux catégories et d’autres non. Les ressources les plus performantes sont du domaine des hommes alors que les femmes se débrouillent avec les ressources à performance faible. Elles ont moins de contrôle sur celles-ci malgré leur contribution incommensurable dans la survie des familles. Les points détaillés dans les deux sections de ce chapitre concernant les occupations des femmes et des hommes dégagent de nombreuses inégalités entre les hommes et les femmes de Toubacoro et Dioïla. Ces inégalités s’expriment par :

- des hommes qui sont moins occupés (surtout en saison sèche) par rapport aux femmes ; - des femmes qui participent plus que les hommes aux dépenses familiales ;

- des femmes moins outillées que les hommes ;

- des femmes ayant moins accès aux ressources et qui exercent moins de contrôle sur celles-ci ; - des hommes qui décident tout, même ce qui concerne la vie des femmes ;

- des femmes âgées qui ont plus de pouvoir que les jeunes femmes ;

- de jeunes femmes qui contribuent plus à la survie des familles alors qu’elles disposent de peu de ressources et de revenus.

6 Autonomisation économique et empowerment des femmes

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