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Counseling et système de référence du point de vue des intervenants

CHAPITRE 4: RÉSULTATS

4.3. Objectif 2 : Comprendre les barrières et les facteurs facilitants du parcours de

4.4.6. Counseling et système de référence du point de vue des intervenants

Cette partie présente, dans un premier temps, les résultats issus des entrevues réalisées auprès de neuf intervenants qui ont répondu à quatre questions en fonction de leur champ d’expertise. Les questions portaient respectivement sur la gestion des informations des tests positifs, le système de référence des personnes dépistées VIH+, le counseling avant et après le test du dépistage du VIH ainsi que la surveillance ou le soin obligatoire de l’infection au VIH. Les parcours de soins sont ensuite examinés à la lumière de ces résultats et les informations issues de l’analyse documentaire lesquelles ont été présentées au point 1.3.3 de la recension des écrits.

4.4.6.1. Counseling en matière du dépistage du VIH

Les résultats obtenus montrent que le counseling, prétest et post-test, dans le cadre de l’EMR, est peu pratiqué malgré que les personnes complètent le formulaire qui témoigne de sa dispensation. Ce formulaire, signé conjointement par le médecin désigné et la personne qui fait le dépistage, est exigé pourtant comme preuve lors de la transmission du rapport aux

services de l’immigration Canada. La pratique de l’EMR, incluant le test de dépistage du VIH, se déroule dans la réalité comme une formalité administrative accomplie par le médecin désigné de l’immigration. Selon les intervenants de la santé publique interviewés (Interv sp1 et Interv sp2), les résultats d’une enquête (Silvain, 2008) menée auprès des cinq médecins désignés montrent que peu de médecins désignés s’attardent à dispenser le counseling pré et post-test qui est pourtant une recommandation des LDCITS. Ces résultats révèlent également que quatre médecins sur cinq affirment que le médecin désigné a l’obligation d’annoncer les résultats de tests et de référer la personne à une équipe de soins pour sa prise en charge. Cependant, il est difficile, à ce niveau, de retracer la personne si elle ne se présente pas à la deuxième visite pour s’enquérir des résultats. Le suivi auprès du médecin de référence n’est pas non plus du ressort du médecin désigné de l’immigration Canada. Il n’est pas tenu de vérifier si la personne a concrétisé la recommandation et la consultation à la source de soins de référence (Silvain, 2008). Sans le counseling, comme nous le dit l’intervenante communautaire, la personne peut se décourager et ne pas se présenter au niveau du service où elle a été référée :

Je pense que le problème n’est pas nécessairement lié aux références. Il n’y a pas de réel counseling avant le test. [ ] C’est un véritable choc pour la personne et c’est là que souvent il y a des difficultés euh la personne a des difficultés à aller chercher les services». Interv. Com.01.

Les organismes communautaires à Montréal assurent une prise en charge psychosociale lorsqu’ils sont avisés d’un cas. Ils accompagnent la PVVIH dans la gestion de la vie et sa prise en charge par les services de santé. Selon un intervenant (Interv. Com 02), ils contribuent également dans le maintien de l’adhésion au traitement par les ARV. Les intervenants communautaires de Granby et Joliette (Interv.Com 03 et Interv.com 04) interviennent plus dans l’accueil des réfugiés et jouent un rôle important dans l’orientation et l’accompagnement des immigrants malades vers les sources de soins.

4.4.6.2. Référence des PVVIH+ vers les services de soins

Selon les intervenants de la santé publique (Interv. sp1 et Interv. sp2), il n’existe pas de mécanisme de référence ou de suivi au niveau du programme de surveillance de l’infection au VIH. La référence de la PVVIH vers les sources de soins pour ces personnes, dépistées à l’extérieur ou à l’intérieur du Canada, dépend de la connaissance et des liens de collaboration

qu’a le médecin désigné qui le consulte dans le cadre de l’EMR (Interv.sp1). Elle n’est donc pas faite de façon uniforme. À travers les résultats de cette étude, on a pu voir effectivement des différences dans les références vers les sources de soins chez des participants provenant d’un même point de services. Pour faciliter la prise en charge des PVVIH, l’idéal serait d’établir une collaboration et une déclaration nominale des cas entre les services de l’immigration et les directions de santé publique régionale du lieu de résidence de l’immigrant, comme le soutient ci-dessous l’intervenant de la santé publique:

«Il faudrait d’après moi encourager [ ] afin que les tests du Québec permettent qu’au niveau des responsables de santé publique des régions où s’installent généralement la majorité des immigrants que ces responsables soient informés de manière nominale à chaque fois qu’il y a une personne qui vient s’installer dans leur région». Interv.sp2.

Même si la fréquentation des PVVIH, pour la catégorie des réfugiés, dans certains centres, laisse croire à une prise en charge de la majorité des PVVIH, comme l’affirme un intervenant (Interv.clinique2), il demeure cependant difficile de déterminer la proportion des PVVIH, toutes catégories d’immigrants confondues, qui sont suivis dans le système de santé. 4.4.6.3. Déclaration obligatoire et notification nominale des personnes dépistées VIH+

Une des questions (voir annexe 9) explorait l’opinion des intervenants sur la notification nominale des personnes dépistées VIH+. Cinq intervenants sur neuf se sont prononcés contre la déclaration obligatoire (MADO) ou le fait que l’infection au VIH devrait être une maladie à surveillance ou à soins obligatoires (MASO). Les arguments avancés comparent le VHI à la tuberculose et reposent sur le mode de transmission aérienne, la contagiosité de la tuberculose et la nécessité d’un contact sexuel pour la transmission du VIH. Pour une intervenante (Interv. Com. 01), les méthodes coercitives sont à proscrire pour favoriser le traitement des PVVIH. Les stratégies visant à renforcer le counseling avant et surtout après le test de dépistage, selon une intervenante, seraient plus appropriées comme moyen pour attirer et retenir les PVVIH dans les soins (Interv. Com. 01). Quant à ceux (quatre intervenants sur neuf) qui prônent la déclaration obligatoire à des fins de suivi médical de la PVVIH, les arguments reposent sur les avantages à se soigner perçus, les barrières d’accès aux soins et les caractéristiques du groupe visé. Selon une intervenante, peu d’accent est mis sur les responsabilités de la personne envers elle-même, comme elle nous le dit ci-dessous :

Donc ils ont des droits, mais ils ont des responsabilités. [ ] Malheureusement on s’est arrêté à la responsabilité envers l’autre personne, envers le public, envers la population, mais envers soi-même, malheureusement il n’y en a pas. Le jour où on arrivera à dire : vous avez une responsabilité de vous faire soigner parce que vous êtes malades, envers soi-même ça sera l’idéal. Ouais. C’est comme une société, en fait, si on n’a pas le droit de se suicider, on n’a pas le droit de ne pas se faire soigner. Si les médecins n’ont pas le droit d’euthanasier quelqu’un, pourquoi on doit s’euthanasier soi-même? Interv.com. 02.

Pour leur offrir l’aide qu’ils ont besoin à l’arrivée, il s’avèrerait nécessaire qu’il y ait un dossier médical qui les accompagne. Les informations qu’il contiendrait aideront les organismes communautaires chargés d’accueil des nouveaux arrivants à orienter les immigrants, dont l’état de santé nécessite un suivi, vers les services de soins appropriés (Interv. Com. 04).

La perspective des PVVIH à ce sujet n’a pas été explorée de façon systématique. Cependant, deux participants (F, 57 ans; H, 50ans).ont exprimé de façon ponctuelle leur point de vue là-dessus. Ils soutiennent que le VIH devrait être une maladie à soins obligatoires pour bénéficier du traitement. Pour ces participants (F, 57 ans; H, 50ans), ne pas se soigner est considéré comme un suicide progressif. Le caractère obligatoire aiderait les PVVIH à s’acquitter de ce devoir envers eux-mêmes d’abord et envers autrui ensuite, comme le rapporte un des participant:

Je pense que ça devrait être à soins obligatoires, je pense que j’avais déjà dit à mon médecin, je lui ai dit bon, qu’on suggère aux gens de se soigner ou de ne pas se soigner, je ne sais pas pourquoi les gens choisiront de ne pas se soigner? Sauf s’ils décident de, d’avoir un suicide progressif? Je ne sais pas, on devrait quasiment rendre obligatoire les soins, je pense. H, 50ans, #101.