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6. Activités d’enseignement, encadrement d’étudiants et direction de

6.2. Contributions et animations dans le cadre de formations supérieures

Dans le prolongement de la thèse (1996-1998), j’ai été sollicité pour des interventions d’enseignement dans le cadre de formations d’ingénieurs et de formations doctorales, interventions ayant pour objet l’analyse des dynamiques de mise en valeur des espaces ruraux et périurbains. J’ai ainsi donné des cours sur l’analyse des paysages au Centre National d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes, ainsi que des interventions sur l’analyse des dynamiques d’occupation du sol à l’ENGREF Montpellier, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier, ainsi qu’au laboratoire commun de télédétection CEMAGREF/ENGREF de Montpellier (formation organisée pour les gestionnaires de parcs naturels).

Dans le cadre de la formation doctorale “Structures et Dynamiques Spatiales”, liée à l’UMR Espace, j’ai eu en charge l’animation d’un groupe d’enseignants-chercheurs, de chercheurs et d’étudiants de 3ème cycle en géographie qui réfléchissait sur la prise en compte de la non- linéarité en géographie23. J’ai ainsi été amené à faire des interventions tant sur des questions conceptuelles (comme l’identification et la caractérisation des événements qui perturbent le fonctionnement des systèmes spatiaux) qu’instrumentales (présentation d’outils de simulation des dynamiques territoriales comme la micro-simulation ou les SMA).

Depuis mon recrutement au CIRAD en novembre 1999, mes affectations permanentes au Cameroun, puis au Mali ont rendu moins aisées mes participations à des enseignements en France. Il ne s’agissait pas que d’une question d’organisation du temps (avec une nécessaire adéquation entre mes dates de retours en France et celles des formations), ou de financements. D’une part, l’éloignement géographique a mis un frein aux activités de recherche en réseaux de proximité qui étaient une base à la participation aux enseignements, notamment dans les facultés françaises de géographie. D’autre part, ces affectations ont été accompagnées d’une inflexion des domaines de recherche, en réponse aux demandes des partenaires du Sud et aux enjeux prioritaires de la société locale en matière de recherche développement.

23 L’activité de ce groupe, nommé EPEES (comme Espaces Post-Euclidiens et Evénements Spatiaux), a été

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D’interventions particulièrement ciblées sur l’analyse des dynamiques spatiales et leur modélisation, j’ai re-orienté mes participations à des formations en fonction des besoins que j’ai pu identifier dans les pays du Sahel. Dans un premier temps, j’ai élaboré un cours général sur la gestion des espaces ruraux tropicaux. A titre personnel, cela m’a conduit à revenir sur certains travaux fondamentaux de la géographie tropicale africaine et rurale, en particulier en Afrique de l’Ouest (principalement Paul Pélissier, Claude Sautter, Jean Gallais, Jean-Pierre Raison, Chantal Blanc-Pamard, Christian Seignobos, André Lericollais, parmi d’autres) et à expliciter le cheminement qui a conduit les géographes du concept de gestion de terroir dans les années 1970 à celui de gestion concertée des territoires depuis les années 1990. Deux problématiques servent d’illustration à ce cours : d’une part l’intégration territoriale24 entre l’agriculture et l’élevage en zone de savane, d’autre part la décentralisation et le transfert de compétences en matière de gestion des ressources ligneuses. Mon étroite collaboration avec la jeune équipe d’enseignants chercheurs de la formation “Forêts des Régions Tropicales” de l’ENGREF Montpellier, au cours de mes 3 années d’affectation au Cameroun pour le CIRAD entre 1999 et 2002, m’a permis de mettre au point et de dispenser ce cours à des étudiants de Master 2 de l’ENGREF (8 heures de cours à une classe d’une vingtaine d’individus en 2003 et 2004).

Ce cours a été une première étape, pour ainsi dire un passage naturel, vers la construction d’un module d’enseignement sur la décentralisation et l’aménagement du territoire en Afrique de l’Ouest. En effet, depuis les années 1990, le processus de décentralisation a été mis en œuvre dans les pays de cette région. Bien que diversement appliqué et toujours en cours d’ajustement, ce processus modifie les rapports des habitants à leurs territoires et en particulier les modalités d’accès aux espaces et aux ressources qu’ils portent. Il place les questions de gouvernance au cœur de la gestion des ressources naturelles, bien que n’étant qu’une des modalités des règles qui s’exercent en tout lieu où les acteurs exploitent les ressources. Toutefois, même si elle est actuellement l’objet de beaucoup de débats et d’efforts, sur le plan national et international, la décentralisation n’est pas le seul outil dont disposent les Etats pour tenter d’améliorer la gestion des ressources naturelles selon les principes du développement durable. Bien que beaucoup moins à la mode actuellement, semblant appartenir à un autre temps, celui des Etats africains au sortir des indépendances,

24 L’idée d’intégration territoriale a été développée dans un article paru dans l’Espace Géo (Gautier et al.,

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l’aménagement du territoire national demeure un outil indispensable pour garantir un développement équitable entre les régions (rééquilibrage territorial) et soucieux d’un intérêt collectif sur le long terme (planification). Peut-il y avoir décentralisation réussie sans aménagement du territoire ?

Il nous a semblé en tout cas fécond, à Géraud Magrin25 et à moi-même, de construire un cours autour de ces deux concepts clés et d’enseigner quelques grandes questions de géographie relatives à la gestion des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest, sous l’angle de ces deux concepts d’aménagement du territoire et de décentralisation plus ou moins bien articulés suivant les thématiques : rapports villes-campagnes, gestion des ressources pastorales et intégration agriculture-élevage, gestion des ressources ligneuses et approvisionnement des villes en bois-énergie, gestion des ressources énergétiques. Ce cours de 30 heures est dispensé aux étudiants de Master 2 “Aménagement, environnement et développement” de l’Université de Saint Louis du Sénégal chaque année depuis 2005, avec la perspective de le proposer à d’autres universités de la sous-région et/ou d’attirer des étudiants de cette sous-région et, depuis le passage en système LMD de l’Université de Saint Louis, la possibilité d’étendre ce module à 50 heures.

Toutefois, ce module “décentralisation et aménagement du territoire” ne doit être pas être considéré comme une finalité d’enseignement : le fait que les processus de décentralisation soient actuellement actifs en Afrique de l’Ouest et qu’inversement l’aménagement du territoire peine à retrouver ses lettres de noblesse rend actuellement la réunion de ces deux termes particulièrement stimulante pour amener des étudiants en géographie à réfléchir sur leur discipline et son utilité politique et sociale.

Mon ambition générale, pour ce qui concerne l’enseignement, est cependant autre. Il s’agit de contribuer à ce que des étudiants en géographie puissent se construire une démarche d’accompagnement à la gestion concertée des territoires dans une optique de développement durable. Cet enseignement embrasse l’analyse des processus de jeu sur le territoire concerné (nature des processus, dimensions spatio-temporelles, liens entre

25 Géraud Magrin est géographe, chercheur au CIRAD, actuellement affecté à l’Université Paris I Panthéon/la

Sorbonne, mais il a été précédemment en poste à l’Université Gaston Berger de Saint Louis du Sénégal, après avoir fait sa thèse sur le Sud du Tchad, dans le cadre du PRASAC, au moment où j’étais moi-même affecté dans cette région des savanes d’Afrique Centrale. C’est à lui que je dois cette ambition d’enseignement que nous partageons. Qu’il soit ici grandement remercié, professeur stimulant et amical d’un apprenti enseignant.

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processus de différents niveaux géographiques), la définition concertée des enjeux de gestion territoriale, la négociation des objectifs d’un projet territorial et l’accompagnement de ce projet de gestion. Il me semble en effet important non seulement d’enseigner les méthodes et outils de la géographie, mais aussi de discuter de leurs intérêts et limites dans le cadre de projets de gestion territoriale, où les points de vue d’intervenants individuels doivent s’articuler dans un projet territorial collectif.