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2.2 Minimisation de la durée d’un conflit

2.2.4 Continuité géométrique

τfi,b sif leader τfi,b sinon et τ e= τfi,e si f leader τfi,e sinon

La formulation obtenue en utilisant les vitesses de type pire-cas est pré-sentée dans le modèle 5.

Modèle 5 (Approximation de la durée des conflits en poursuite, PNL).

min ρS s.c. : TiftifTif TiftifTif ρS = tjti si N Vp ≥ |ti fti f| 0 sinon siVl=Vp ρS =min(τeti, tjti)+ siVl > Vp ρS =min(tjτb, tjti)+ siVl < Vp sgn(tiftif) =sgn(tjftjf) tif, tif, ρS∈R

A l’instar de la reformulation du modèle pour la minimisation de la durée d’un conflit en croisement 3, le modèle 5 bien que non-linéaire, est formulé avec les opérateurs max, min et| · | pouvant être reformulés avec des tech-niques issues de la programmation mathématique. Dans la section suivante, nous montrons comment les modèles pour la résolution des conflits en croi-sement et en poursuite s’articulent lorsqu’une paire de vols est déclarée en conflit potentiel dans ces deux types de conflit simultanément.

2.2.4 Continuité géométrique

Dans cette section nous considérons le cas où des vols qui sont à la fois impliqués dans un conflit en croisement et un conflit en poursuite. Ces situations peuvent surgir à l’entrée d’une route commune à deux vols [67]. Dans ce cas de figure, l’angle entre les trajectoires des vols est non nul

avant le point d’intersection et nul après. Pour traiter ce type de conflit hybride, il nous faut établir la continuité entre les modèles de croisement et de poursuite en point donné. Supposons que les trajectoires de f et f

s’intersectent avec une angle de confluenceθ6= 0 eniet que les vols partagent la même trajectoire ensuite (voir figure 2.9). Le conflit en croisement, s’il a lieu, peut être traité avec le modèle 3. En revanche, si les vols sont également en conflit de type poursuite, il nous faut reformuler la condition de séparation à l’entrée du segment commun, la contrainte 2.25, qui peut être substituée par la contrainte :

Λif f(tif, tif)≥ |tiftif| (2.27) où Λi

f f(ti

f, ti

f) correspond à la fonction utilisée dans le modèle 3. Cette reformulation permet d’établir une continuité entre les modèles de croise-ment et de poursuite et généralise ainsi notre approche des réseaux aériens.

Dans ce chapitre nous avons introduit les principales contraintes d’un modèle de régulation de vitesse et proposé plusieurs modèles pour réduire les conflit aériens en fonction de leur géométrie. Pour chaque type de conflit, nous avons développé des modèles pour traiter les conflits à deux avions. Les formulations initiales de ces modèles étant fortement non-linéaires, nous avons proposé des approximations de type pire-cas afin d’obtenir des modèles adaptés à la résolution sur de grandes instances de trafic. C’est l’objet du chapitre suivant, qui traite de l’extension de ces modèles à l’ensemble du réseau aérien.

i j

0

vol f’ vol f

Chapitre 3

Détection et minimisation

des conflits sur l’ensemble du

trafic aérien

Sommaire

3.1 Détection des conflits potentiels . . . . 69 3.1.1 Le réseau aérien . . . 72 3.1.2 Un algorithme pour détecter les conflits potentiels 75 3.2 Minimisation des conflits par la PLNE . . . . . 85 3.2.1 Réduction des conflits en croisement . . . 86 3.2.2 Réduction des conflits en poursuite . . . 96

Dans le chapitre précédent, nous avons développé des modèles pour ré-duire les conflits à deux avionsvia des modulations de vitesse et dérivé des critères d’optimisation spécifiques à chaque type de conflit aérien. Nous sou-haitons maintenant étendre ces modèles vers des situations plus générales. Dans la réalité il est possible que trois vols ou plus soient en conflit poten-tiel au même point de l’espace. Un même vol f peut également rencontrer plusieurs situations de conflit le long de sa trajectoire :f peut être en conflit avec f au pointi, puis avec f′′ en j; ces vols forment alors un cluster. La difficulté pour traiter les vols au sein d’uncluster est que la réduction d’un conflit influence potentiellement celles des autres. Pour traiter cet aspect du problème de la résolution de conflit, nous proposons d’utiliser des méthodes d’optimisation globale. L’objectif des méthodes d’optimisation globale est de résoudre un problème d’optimisation en tenant compte de la totalité du système observé, e.g. le trafic aérien dans son ensemble sur un horizon de

temps donné. Dans la gestion du trafic aérien, l’aspect dynamique du sys-tème observé - lié à l’évolution continue du trafic - joue un rôle central : les décisions prisent par les gestionnaires du trafic (les contrôleurs) doivent inévitablement anticiper l’évolution du trafic dans son ensemble. L’usage de l’optimisation globale nous permet de prendre les meilleures décisions pos-sibles lorsque le système est observé dans son ensemble. Dans ce chapitre nous présenterons premièrement 3.1 un algorithme de détection de conflit basé sur la géométrie du réseau aérien. Une fois l’ensemble des conflits poten-tiels identifié, nous développerons la résolution du problème d’optimisation associé 3.2. La mise en oeuvre de méthodes d’optimisation globale requiert un formalisme mathématique efficace, pour y parvenir, nous proposons de reformuler les modèles génériques en PLNE.

3.1 Détection des conflits potentiels

Dans le monde opérationnel, ce sont les contrôleurs aériens qui sont en charge de surveiller le trafic afin d’anticiper les potentielles pertes de sépara-tion. Au cours de leur carrière, chaque contrôleur affine sa propre méthode pour évaluer si deux vols sont susceptibles d’être en conflit ou non dans un futur proche mais il existe tout de même des méthodes génériques pour détecter les conflits potentiels. Ainsi lorsque deux vols se dirigent vers la même zone de l’espace aérien, la comparaison des niveaux de vols des deux aéronefs est un filtre efficace. De façon générale, si deux vols en croisière ne volent pas au même niveau de vol, ceux-ci sont a priori séparés - car les niveaux de vols sont tabulés en respectant les normes de l’OACI. Les vols en montée ou en descente sont, en revanche, plus difficiles à appréhender et requièrent une attention toute particulière. Le dénominateur commun à toutes les méthodes de détection de conflits est la prévision de trajectoire des vols. Pour les contrôleurs, elle se matérialise souvent à l’aide d’un vec-teur vitesse indiquant pour chaque vol la direction visée et sa vitesse - les contrôleurs peuvent ainsi extrapoler la future position des vols à l’aide du vecteur vitesse visible sur leur écran radar [68]. Généralement, les vecteurs vitesse permettent aux contrôleurs d’extrapoler mentalement les trajectoires de vols pour les prochaines 2 à 10 minutes. Dans le monde opérationnel, le caractère incertain de la gestion du trafic aérien introduit un obstacle sup-plémentaire : l’incertitude sur la prévision de trajectoire des vols, c’est-à-dire l’erreur faite sur l’estimation de la future position des aéronefs. L’un des en-jeux de la détection des conflits potentiels est de trouver un équilibre entre une prévision de trajectoire à long terme qui peut potentiellement générer

un nombre considérable de fausses alertes - c’est-à-dire un conflit potentiel n’aboutissant pas à un conflit effectif si aucune action des contrôleurs n’est exercée - et une courte prévision de trajectoire qui risque de rendre impos-sible l’élimination de certains conflits potentiels. Les causes de ce phénomène et son impact sur la détection et la réduction des conflits potentiels sont dé-taillées au chapitre suivant, dans la section 4.1.1. Dans cette partie, nous nous attacherons à préciser l’algorithme employé pour construire l’ensemble des conflits potentiels, sans tenir compte de l’incertitude sur la prévision de trajectoire.

D’un point de vue théorique, la détection des conflits potentiels re-quiert l’observation de l’ensemble de l’espace aérien pour garantir qu’aucun conflit n’échappe au processus de contrôle. Pour ce faire, une méthode brute consiste à comparer deux à deux les trajectoires de l’ensemble de vols dans un horizon de temps donné. Dans la pratique, cette approche peut s’avérer extrêmement coûteuse en temps de calcul et en mémoire ; en particulier si l’on cherche à prévoir les conflits avec un grand horizon d’anticipation [9]. Sin vols sont observés, n(n−1)/2 comparaisons sont alors nécessaires, ce qui pose un problème combinatoire lorsque n devient grand : une journée réelle de trafic au dessus de l’Europe peut contenir jusqu’à 30,000 plans de vol et, aux heures de pointe, plus de 3,000 aéronefs évoluent simultanément dans l’espace aérien européen, ce qui correspond à près de 4,5 millions de comparaisons. La comparaison des trajectoires peut être réalisée en estimant la distance minimale entre chaque paire de vols sur l’horizon de temps consi-déré. Si la trajectoire des vols n’est pas discrétisée, dans l’espace ou dans le temps, cette opération représente à elle seule un obstacle en terme de temps de calcul [69]. Parmi les heuristiques mises en oeuvre pour réduire la complexité du problème de la détection des conflits potentiels, l’usage de la triangulation de Delaunay pour dresser et maintenir une liste des voisins les plus proches a été testé par Chiang et al [70] et par Krozel et al [71]. En construisant un graphe des plus proches voisins pour chaque vol, il suffit de faire évoluer le graphe dynamiquement et de vérifier si la distance du plus proche voisin viole la norme de séparation pour détecter les conflits potentiels. Bien que d’une complexité logarithmique, cet algorithme souffre toutefois d’une forte instabilité numérique, en particulier lorsqu’il est appli-qué dans l’espace tridimensionnel. Pour être traité efficacement, c’est-à-dire dans un temps relativement court - de l’ordre de quelques minutes [71] - et avec précision, le problème de la détection des conflits peut être abordé en fonction du type de prévision de trajectoire utilisé pour estimer les futures positions des aéronefs. Comme le suggère l’état de l’art établi par Kuchar

et Yang [34] sur les algorithmes de détection et résolution de conflits, nous pouvons distinguer trois types d’approches :

Nominale la trajectoire des vols est estimée à partir d’un modèle ciné-matique déterministe et n’intègre pas les éventuelles modifications de trajectoire dûes aux manoeuvres de résolution de conflit et/ou à l’in-certitude,

Probabiliste la trajectoire des vols et,a posteriori, la probabilité de conflit sont estimés à partir de modèles statistiques,

Pire-cas la trajectoire des vols est estimée en envisageant le pire scénario, c’est-à-dire maximisant le risque de conflit.

Parmi ces approches, la prévision de trajectoire nominale est la méthode la plus utilisée, si bien que de nombreux modèles de détection et résolution de conflit fonctionnent avec ce type de prévision [34]. Les algorithmes de dé-tection de conflit probabilistes ont été largement étudiés dans le paradigme du free flight, où les vols suivent des routes directes et sont tenus d’assurer eux-mêmes leur séparation [72], [73], [74]. En promouvant l’usage de routes directes, le free flight s’expose à des configurations de trafic difficilement prévisibles, les modèles probabilistes représentent alors un moyen de réduire la combinatoire des problèmes rencontrés. Les approches de type pire-cas sont celles les plus susceptibles de générer des fausses alertes et d’induire de nombreuses manoeuvres de résolution de conflits. En revanche, ce type d’approche vise à minimiser le risque qu’un conflit potentiel ne soit pas pris en compte par l’algorithme de détection des conflits. La charge de travail des contrôleurs aériens dépend de multiple facteurs ; en particulier, elle est liée à leur perception du trafic, par conséquent le doute qu’ils sont susceptibles d’exprimer en présence d’un conflit potentiel contribue à augmenter l’ef-fort cognitif nécessaire [16]. Le but ultime de notre modèle étant de réguler la charge de travail des contrôleurs aériens, l’usage d’une approche de type pire-cas pour détecter les conflits potentiels est adapté à notre modèle. Nous choisissons donc d’utiliser une prévision de trajectoire au sens du pire-cas pour détecter les conflits potentiels.

La gestion des trajectoires 4D est au coeur des projets SESAR et Next-Gen, ainsi il est plausible d’envisager que les plans de vol évolueront progres-sivement vers des routes déposées intégrant les trois dimensions de l’espace ainsi qu’une composante temporelle [75]. Toutefois, dans le but de dévelop-per une approche aussi réaliste que possible, nous choisissons de reproduire les conditions de contrôle du trafic actuelles : dans cette perspective, nous considérons que les trajectoires des vols sont déterminées par leur plan de

vol. Un plan de vol contient notamment deux éléments : une liste de balises (route) ainsi qu’un niveau de vol de référence (RFL). Les balises n’ayant pas d’altitude attitrée, elles sont caractérisées par leurs coordonnées sur la surface terrestre. La prévision de trajectoire alors consiste à prévoir l’alti-tude et l’heure de passage d’un vol au dessus d’une balise appartenant à son parcours. Dans ces conditions, seules les positions 2D des balises étant connues, il faut donc extrapoler la trajectoire des vols en tenant compte des RFL visés. De tels modules de prévisions de trajectoire existent et nous détaillerons le fonctionnement du module utilisé lors des simulations dans la section 4.3.1. En supposant les trajectoires des vols rectilignes entre deux balises consécutives, la détection de conflit peut s’effectuer en se concentrant sur le voisinage des points d’intersection entre ces trajectoires [9]. Dans le monde opérationnel, les contrôleurs aériens surveillent l’évolution des tra-jectoires des vols et s’appuient sur la connaissance de leurs plans de vols pour anticiper les mouvements aériens. Notre approche pour la détection des conflits est donc suffisamment réaliste pour notre étude car nos mo-dèles pour réduire les conflits ne modifient pas les trajectoires 3D des vols (les modifications s’effectuent dans le temps uniquement). La gestion des perturbations ayant une incidence sur la trajectoire des avions peut être envisagée de différentes manières dans notre modèle ; cette question est dis-cutée dans la section 4.2.

Dans les sections suivantes, nous proposons d’établir un algorithme pour détecter les conflits potentiels afin de pouvoir ensuite appliquer les modèles de réduction des conflits présentés au chapitre précédent. Nous commençons par formaliser en termes mathématiques le réseau aérien considéré, avant de présenter notre algorithme pour la détection des conflits potentiels.