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Chapitre IV : Effets du temps partiel sur la conciliation des temps sociau

4.2 La construction du score de propension : le choix des variables

La méthodologie sur le choix des variables à intégrer dans le score de propension n’est pas stabilisée dans la littérature. On repère plusieurs stratégies dans le choix des variables. Certaines études sélectionnent les variables expliquant l’entrée dans le dispositif (dans l’étude -le fait d’être à temps partiel-) (Brookhart et al, 2006), d’autres sélectionnent les variables corrélées à la fois aux résultats et au traitement (Austin, 2007) ou les variables uniquement corrélées aux résultats (Perkins et al, 2000) ou encore l’ensemble des variables disponibles dans la base de données (Labarère, 2008). Cette dernière stratégie conduit à augmenter la probabilité d’entrer dans le traitement mais le surajustement lié à l’inclusion de toutes les variables disponibles accroît la variance des estimateurs (Schneeweiss et al. 2017).

A l’instar de l’étude de Stone et al (1995) sur les parcours de soins des patients atteints de pneumonie, il semble plus cohérent de sélectionner uniquement les variables cliniquement pertinentes pour l’estimation du score de propension. Il convient de retenir pour cela toutes les variables qui influencent simultanément le fait d’être à temps partiel et les résultats (c’est-à-dire la conciliation des temps sociaux et les répercussions de l’aide sur la santé), afin d’améliorer la précision du modèle et d’augmenter le nombre d’individus appariés (Smith et Todd, 2005 ; Brookhart et al. 2006 ; Caliendo et Kopeinig, 2008). Selon ces mêmes auteurs, l’inclusion de variables supplémentaires qui ne sont pas

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liées au fait d’être à temps partiel ou aux résultats pourrait réduire le support commun de l’étude et augmenter la variance des estimations. A l’inverse, l’omission de certaines variables importantes peut augmenter significativement le biais des résultats estimés (Heckman et al. 1997). Ainsi, la disponibilité des données influence fortement la qualité des estimations. Par ailleurs, la contrainte d’exogénéité des variables sélectionnées dans le modèle signifie que ces dernières ne doivent pas être affectées par le fait d’être à temps partiel (Caliendo et Kopeinig, 2008 ; Givord 2010). Rappelons pour finir que l’objectif de l’estimation du score de propension n’est pas de prédire le mieux possible le fait d’être à temps partiel, mais de rendre les groupes comparables au niveau des facteurs de confusion (Caliendo et Kopeinig, 2008).

La littérature permet d’identifier plusieurs types de déterminants du recours au temps partiel. Tout d’abord les caractéristiques démographiques de l’aidant jouent sur le recours au temps partiel. Les femmes, les plus de 55 ans ou les moins de 25 ans, les personnes d’origines étrangères et les personnes atteintes de handicap ou de maladies chroniques recourent davantage au temps partiel (C Bourreau-Dubois, 2001 ; CES 2008 ; Kjedstad et al, 2012). Ensuite, les caractéristiques de l’emploi et du niveau d’études impactent le recours au temps partiel. Les personnes travaillant dans le secteur tertiaire et notamment dans la fonction publique, les secteurs des services et de l’action sanitaire et sociale, les employés et ouvriers, les personnes ayant un contrat à durée déterminée ainsi que les personnes ayant de faibles diplômes ont davantage recours au temps partiel (CES, 2008). Les caractéristiques de la famille jouent également sur le statut de l’emploi. En effet, les personnes en couple, avec des enfants à charge et qui ont un conjoint occupant un poste qualifié et rémunéré sont également plus souvent à temps partiel (Bourreau- Dubois, 2001). Pour finir, nous ajoutons les caractéristiques de l’aidé et de l’aide qui doivent refléter les besoins d’aide, l’intensité d’aide et le fardeau de l’aide. Les restrictions d’activités déterminent le besoin d’aide. De plus, le fait d’être cohabitant avec la personne aidée tend à augmenter l’intensité d’aide (Weber, 2015). Par ailleurs, l’âge de l’aidé, son entourage familial et le fait qu’elle puisse percevoir des prestations de compensation du handicap joue sur la configuration d’aide. Parmi ces 4 catégories de déterminants, on retrouve ceux qui reflètent les responsabilités familiales et d’aide et qui conduisent davantage à une demande de temps partiel long, les déterminants reflétant un besoin de cumul emploi-formation ou de transition vers la retraite et finalement les déterminants qui conduisent à un temps partiel imposé à l’embauche (figure 1).

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Figure 1: Déterminants du temps partiel subi et choisi

Si l’enquête ne nous permet pas de distinguer les aidants à temps partiel ‘choisi’ de ceux à temps partiel subi, le fait d’inclure dans le score de propension les déterminants spécifiques au temps partiel subi et choisi permet indirectement de comparer les individus qui ont le plus de chances de partager le même statut de temps partiel. Par exemple, les aidants qualifiés à temps partiel, en couple et avec une famille nombreuse – et donc qui ont plus de chance de choisir le temps partiel- seront comparés aux aidants à temps plein partageant les mêmes caractéristiques ; de la même manière que les aidants à temps partiel faiblement qualifiés, jeunes et ayant des emplois d’employés ou d’ouvriers seront comparés aux aidants à temps plein partageant les mêmes caractéristiques.

Nous identifions d’autre part les déterminants liés à la conciliation des temps sociaux et au vécu de l’aide. Concernant la conciliation des temps sociaux, les caractéristiques sociodémographiques des individus peuvent rendre la conciliation plus difficile, notamment pour les femmes de moins de 45 ans (Garner et al. 2005 ; Brousse 2015). Les caractéristiques de l’emploi et du niveau d’études jouent également sur la conciliation des temps sociaux. En effet, les emplois moins qualifiés (Jany-Catrice 2006), le statut d’emploi

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(les CDD et l’intérim), les horaires atypiques de travail ainsi que le statut de travailleur indépendant complexifient la conciliation des temps sociaux (Garner et al. 2005). Pour finir, les responsabilités familiales et d’aide jouent fortement sur la conciliation des temps sociaux. Le fait d’avoir des enfants, de vivre en couple et de cohabiter avec la personne aidée rend la conciliation plus difficile (Garner et al. 2005 ; Bauer et Sousa-Posa 2015 ; Brousse 2015). Concernant le vécu de l’aide, les caractéristiques de l’aidant, et en particulier le fait d’être une femme, âgée et de vivre en couple, jouent négativement sur la santé des aidants et leur fardeau global (Pinquart et Sörensen 2007 ; Soullier 2012 ; Bauer et Sousa-Posa 2015). Les caractéristiques de l’aide, et notamment l’intensité et la diversité de l’aide, la cohabitation avec la personne aidée et le réseau d’aide, impactent également le vécu de l’aide (Soullier 2012 ; Bauer et Sousa-Posa 2015). Pour finir, les caractéristiques des personnes aidées (personnes atteintes de démences ou de troubles du comportement, degré de perte d’autonomie et de dépendance) sont liées au vécu de l’aide (Soullier 2012 ; Bauer et Sousa-Posa 2015).

En plus des caractéristiques observables corrélées à la fois au fait d’être à temps partiel et aux variables de résultats (facteurs de confusion), nous contrôlons pour une partie des inobservables avec l’introduction d’une variable reflétant la prédisposition à aider des aidants. Celle-ci vise à contrôler le fait que les aidants à temps partiel aient potentiellement des préférences plus fortes pour l’activité d’aide que les aidants à temps plein (tableau 6).

Le score de propension est calculé à partir de régression logistique. La probabilité d’entrer à temps partiel s’écrit: 𝑞(𝑥𝑖) = 𝑙𝑜𝑔 𝑒(𝑥𝑖)

1−𝑒(𝑥𝑖).. Les variables retenues pour la

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Tableau 6: Variables retenues pour la construction du score de propension

Caractéristiques démographiques de l’aidant Femmes

Age de l’aidant : Moins de 40 ans ; entre 40et 54 ans ; plus de 55 ans Être atteint de maladies chroniques49

Santé subjective (mauvaise ou santé subjective moyenne vs bonne santé subjective) Caractéristiques emploi et études de l’aidant

Catégorie socioprofessionnelle : être employé ou ouvrier

Diplôme de l’aidant (sans diplôme – diplôme inférieur au BAC – BAC - supérieur au BAC) Caractéristiques de la famille de l’aidant

Nombre d’enfant

Type de conjoint (sans conjoint ; conjoint sans emploi ; conjoint employé ou ouvrier ; conjoint avec autre emploi)

Caractéristiques de l’aide et de l’aidé

Ancienneté de l’aide (Moins 3ans, 3-8 ans, plus de 8 ans, depuis toujours) En cohabitation avec l’aidé

Sommes des restrictions d’activités de l’aidé50

Prestation de compensation du handicap (PCH, APA, ACTP) (proxy de l’aide professionnelle)

Personne aidée vit seule

Age aidé (moins 60 ans, plus 60 ans) Contrôle des préférences

Consentement à payer

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Résultats

Dans cette partie, nous estimons dans un premier temps le score de propension puis nous évaluons sa qualité et dans un deuxième temps, nous estimons l’effet moyen du temps partiel.