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Nicolas SARKOZY

2. La construction de l’ethos politique 1 L’ethos de solidarité

N. Sarkozy construit un ethos de solidarité dans cette PDF en appelant à plusieurs reprises les électeurs au rassemblement autour de lui, et à la solidarité entre les différentes composantes du peuple français, mais aussi par d’autres procédés qui seront exposés et analysés infra.

(séq.1) (1) Samedi 21 et dimanche 22 avril, vous avez été plus de 11 millions en métropole, en Outre-mer, à l’étranger, à m’apporter vos suffrages. Un immense espoir s’est levé dans le pays. Il est celui de Français de toutes conditions, de toutes opinions et de toutes origines. Il dépasse tous les clivages des partis.

(séq.1) (2) Je veux vous remercier de m’avoir fait confiance et vous dire que j’ai entendu vos inquiétudes et vous espérances. Plus que jamais, je veux y être fidèle. Plus que jamais, je veux y répondre. Plus que jamais, je veux y agir. Je ne vous décevrai pas.

(séq.1) (3) À quelques jours du second tour, je veux me tourner spécialement vers vous tous qui avez voté pour un autre candidat au premier tour. Je vous propose de nous rejoindre et de tous nous unir. La France a profondément besoin du rassemblement du peuple français pour relever les immenses défis qui sont les siens aujourd’hui.

(Séq.1) (4) Ce rêve de réussite et de solidarité, c’est le rêve français. C’est celui qui est, je le sais, au fond du cœur de chacun d’entre vous.

(Séq.2) (5) Vous voulez une France fraternelle, une France qui ne laisse personne au bord de la route, Une France qui aide les plus fragiles, les personnes handicapées, les personnes âgées, les exclus, ceux qui traversent une période difficile, une France, au fond, où ceux qui sont forts mettent leur force, leur talent et leur énergie au service de ceux qui sont faibles.

NICOLAS SARKOZY 2007 2ND TOUR

(séq.3) (6) Grâce aux richesses que nous produirons, nous mettrons en œuvre de grandes politiques de solidarité pour lutter contre la pauvreté des enfants.

(séq.4) (7) Le travail qui est devant nous est important. Mais il est tout à fait faisable. Nous le ferons ensemble, sereinement, dans la concentration, mais aussi dans la décision et l’action. Rapidement, nous pouvons obtenir de vrais changements dans notre pays, plus d’emploi, plus de pouvoir d’achat, plus de réussite scolaire et universitaire, plus d’égalité des chances, plus de justice, plus de liberté d’agir, de créer, de vivre, plus de développement durable, plus de solidarité.

(séq.4) (8) Si je suis élu, je ne serai le Président d’aucun clan, d’aucun parti, d’aucune idéologie. Je serai le Président de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté. Je serai le Président du peuple français, qui veut que notre pays change pour rester fidèle à son histoire et à ses valeurs.

Dans l’énoncé (1), qui ouvre la PDF, N. Sarkozy souligne, approximativement, le nombre de votes qu’il a obtenus au premier tour, tout en se présentant comme le candidat ayant réussi à réunir un grand nombre de Français, quelles que soient leurs origines ou leurs opinions politiques. Ensuite, en (3), il appelle les Français qui n’ont pas voté pour lui au premier tour à se rassembler, non seulement autour de lui, mais aussi autour de lui et de ceux qui ont voté pour lui au premier tour : en effet, il ne dit pas me rejoindre mais nous rejoindre. L’emploi de nous dans ce contexte permet au candidat de s’afficher comme étant d’ores et déjà l’élu pour une partie des électeurs. En (2), le candidat de l’UMP remercie tous ceux qui ont voté pour lui, tout en affirmant qu’il était bien un candidat à l’écoute des problèmes et des ambitions des citoyens, qu’il va tout faire afin de rendre leur vie meilleure et qu’ils ne seront pas déçus s’ils l’élisent.

En (4), (6) et (7), le candidat emploie trois fois le mot solidarité, d’abord, il la définit comme étant le rêve de chaque Français, ensuite, il promet, par l’emploi de la locution verbale mettre en œuvre conjuguée à la P4, d’appliquer une politique de solidarité qui permet d’aider les moins favorisés à améliorer leurs conditions de vie. En (6), il affirme vouloir, comme tout le peuple français, une France fraternelle où les plus favorisés tendent les mains aux moins favorisés, et où les forts se mettent au service des faibles. Ainsi, il montre qu’il partage avec tous les citoyens l’idée d’une France fraternelle.

Après s’être affiché comme le candidat de tous les Français au début de la PDF, dans l’énoncé (8), qui clôt presque la PDF, il revient sur cette idée en déclarant vouloir être le président de tous les Français, et non seulement de ceux qui le soutiennent et partagent avec lui ses idées politiques.

Tous ces appels au rassemblement et à la solidarité par l’emploi à plusieurs reprises des mots comme solidarité, fraternité, ensemble, égalité et unir, outre la

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volonté affichée maintes fois d’être le président de tous, ont pour objectif de permettre au candidat de construire un ethos de solidarité, autrement dit, de réunir les électeurs derrière un seul objectif, celui de gagner les élections pour que ses promesses, qui sont, selon lui, les rêves des Français, se réalisent.

2.2. L’ethos de chef

N. Sarkozy tient aussi, dans cette PDF, à construire un ethos de chef, premièrement, en se montrant comme le garant des valeurs de la République, et deuxièmement, en s’engageant à améliorer la vie des Français, comme dans les énoncés suivants :

(Séq.1) (9) Ma conviction profonde, c’est que nous le pouvons. Mais ma conviction plus profonde encore, c’est que c’est en changeant que nous resterons nous mêmes, fidèles à nos valeurs qui ont fait notre force au cours des siècles, fidèles à notre identité nationale, fidèles à notre vocation européenne, fidèles à notre idéal profond de fraternité.

(séq.3) (10) Je renforcerai les pouvoirs du parlement et je donnerai aux partenaires sociaux les moyens de trouver ensemble les meilleures solutions.

(séq.3) (11) Je veux aussi remettre les bonnes valeurs au centre de la société : le mérite, le travail, la récompense, l’autorité, le respect, le sens des autres et du bien commun.

(Séq.4) (12) Pour tous les Français, je veux plus de formation, plus de protection, plus de soutien, plus de justice, plus d’égalité des chances. Mais je veux aussi remettre les bonnes valeurs au centre de la société : le mérite, le travail, la récompense, l’autorité, le respect et le sens du bien commun. Je vous le dis avec franchise : la France ne peut pas continuer à en faire toujours plus pour ceux qui fraudent, abusent, ne veulent pas travailler, et toujours moins pour ceux qui travaillent, font des efforts, respectent les principes essentiels d’une vie en société.

Dans l’énoncé (9), N. Sarkozy se pose en guide qui veut mener des grandes

réformes qui permettent d’améliorer la vie du peuple français. Il dit avoir la certitude de pouvoir le faire. De plus, il assure les plus conservateurs, par l’emploi de l’adjectif

fidèles, que ces réformes ne nuiront pas aux valeurs auxquelles les Français sont

attachés, mais les renfonceront.

Dans les énoncés (10), (11) et (12), le candidat réaffirme sa volonté d’être le président qui garantira à son peuple un avenir meilleur, en lui promettant une meilleure protection et une meilleure formation. Il sera le président d’une société, où seulement ceux qui travaillent et respectent les lois et les principes de la nation seront récompensés et respectés, et où il n’y aura pas de place pour tous ceux qui profitent des défauts des systèmes pour les contourner et vivre de la fraude.

Dans les énoncés précédents, d’abord, N. Sarkozy se pose en garant des valeurs qui ont fait la force de la nation. Ensuite, il promet aux Français de mener des réformes qui leur permettront d’améliorer le niveau de vie. Enfin, il donne sa propre

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vision de la société exemplaire basée sur des valeurs comme l’autorité et le respect. Tous ces procédés permettent au candidat de construire un ethos de chef, l’ethos de celui qui est prêt à tout pour protéger son peuple contre tous les types de difficultés, mais aussi, de celui qui, certes, gouvernera le pays de main ferme, mais pas de façon solitaire, car il renforcera les pouvoirs législatifs.

2.3. L’ethos de vertu

Le candidat tient aussi à construire, de manière moins marquée, un ethos de vertu :

(séq.3) (13) Je vous propose une démocratie irréprochable au service de la France et des Français, transparente dans l’exercice du pouvoir, impartiale dans les nominations, plus équilibrée entre les différents pouvoirs, où chacun est respecté et où les idées sont débattues.

Dans l’énoncé (13), le candidat de l’UMP s’engage à proposer un type de gouvernance dont les principes de base sont la transparence et l’impartialité. Effectivement, tout homme politique aimerait être reconnu par ces principes, qui reflètent une certaine vertu, car gouverner dans la transparence veut dire ne pas craindre de devoir rendre des comptes devant les gens, et donc d’être quelqu’un digne de confiance, autrement dit, de mériter le vote des électeurs.

Synthèse

Cette PDF est construite globalement à partir d’une textualisation en soi-même. En effet, N. Sarkozy emploie beaucoup le pronom personnel de P1, surtout, avant l’auxiliaire être, le semi-auxiliaire vouloir, le verbe d’opinion savoir, et quelques verbes d’engagement : demander, donner et renforcer, et utilise un peu moins le pronom personnel de P5 pour s’adresser aux électeurs. Ceci lui permet de mettre en valeur son image de chef face au peuple. Or, le candidat emploie le pronom personnel de P4, qui est un outil de la textualisation en même de manière légèrement plus importante que les deux premiers, et emploie quelques énoncés à l’infinitif, cherchant par là, à adoucir le mode de textualisation en soi-même, afin de construire un rapport d’empathie avec les électeurs.

Quant à la construction de l’ethos politique, le candidat insiste sur sa volonté de construire un rapport de solidarité avec les électeurs, en effet, outre la dominance de

nous inclusif, il se déclare comme le candidat de tous, employant plusieurs fois, à

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ensemble, afin d’inciter les électeurs à se réunir autour de lui, pour, selon lui, le bien

de la France, qui serait son élection à la présidence de la République. Ensuite, il renforce aussi l’ethos de chef, en se posant comme le garant des valeurs de la République, et en promettant de nouvelles réformes par l’emploi des verbes d’engagement conjugués à la P1 (16 au total). Enfin, il travaille aussi l’ethos de vertu en promettant de gouverner dans la transparence.