• Aucun résultat trouvé

6 Méthodologie

6.3 Constitution de l’échantillon

6.3.1 Le choix de la communauté et du lieu de réalisation

Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons plus spécifiquement aux élèves d’une école primaire située dans une communauté innue. Ce choix se fonde sur le fait que les Innus forment la nation autochtone la plus populeuse au Québec. D’autre part, il y a un haut taux de décrochage scolaire chez les jeunes Innus éloignés des grands centres. Notre décision d’en faire une étude microscopique, soit directement auprès des élèves d’une école particulière, relève de notre intérêt à comprendre comment se construit leur identité dans ce contexte précis.

Nous avons choisi de cerner uniquement les sujets originaires de Mani-Utenam. En effet, bien qu’il y ait neuf (9) communautés innues au Québec, l’identité varie selon chacun des contextes locaux (Pilote, 2010) et la réalité d’une communauté à l’autre est assurément unique, notamment en ce qui a trait au degré d’acculturation. Par conséquent, cette étude étant effectuée à petite échelle, il était impossible que les résultats soient représentatifs de toute la population innue du Québec.

La communauté innue d’Uashat mak Mani-Utenam est l’une des 9 communautés de la nation innue installée entre le Lac-Saint-Jean et Schefferville. Elle fut créée officiellement en 1906 suite à l’implantation d’une petite chapelle par les oblats. Sa création entraina plusieurs débats houleux, notamment en raison du fait que la réserve se situait sur un territoire propice au développement de la ville de Sept-Îles. D’ailleurs, la cohabitation avec les résidents de Sept-Îles s’avère toujours difficile à ce jour (Guay, 2017). Le gouvernement fédéral tenta pendant plusieurs années de déplacer les Innus vers un site situé à 16 kilomètres d’Uashat : la réserve de Mani-Utenam. À l’époque, le gouvernement pensait y regrouper tous les Innus de la région. Or, si les Innus de la rivière Moisie ont accepté de s’installer dans la nouvelle réserve, ceux d’Uashat ont toujours revendiqué leur droit de demeurer sur les terres qui leur avaient été concédées en 1906. Aujourd’hui, bien que 16 kilomètres les séparent, les habitants d’Uashat et de Mani-Utenam ne forment qu’une seule communauté qui compte une population de 4532 personnes (Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC), 2015). Population qui s’avère très jeune puisque selon les données du recensement de 2011, un peu plus de 52% de la population

était âgée en deçà de 25 ans. Par ailleurs, 87% des jeunes âgés de 20 à 24 ans n’auraient pas terminé leurs études secondaires (Statistique Canada, 2011). Le portrait de cette communauté ne serait pas complet sans la mention du fait que la langue première de plus de 85% de sa population est la langue innue, enseignée à raison d’une à deux heures par semaine à l’école (Guay, 2017). Élément fort important à prendre en compte pour notre étude. Entre la réserve de Mashteuiatsh située près des grands centres urbains et celle de Matimekush très éloignée au nord, il y a tout un monde de différences entre ces deux extrêmes au niveau de la langue innue. Sur la Basse-Côte-Nord, cette langue vernaculaire est parlée par presque tous alors qu’elle est fortement en péril au Lac-Saint-Jean. Les Innus parlent d’un recul de dix ans par communauté au niveau de l’acculturation (Kurtness et Hervé, 2014). Plus on monte vers le nord, plus on a de chances d’entendre les gens parler la langue innue. Or, Uashat mak Mani-Utenam est situé au milieu de ce continuum linguistique, ce qui ne sera pas sans impact au niveau identitaire. Impact qui s’avérait fort intéressant de découvrir dans le cadre de notre étude.

6.3.2 Recrutement des participants et caractéristiques de l’échantillon

Notre intervention pédagogique s’est fait dans une classe à double niveau de cinquième et sixième année. L’étude comprend alors des élèves de cette classe, âgés entre dix et treize ans. Au total, l’échantillon du projet de recherche est constitué de 19 participants sur une classe de 21 élèves : 11 filles dont huit sont en sixième année et trois sont en cinquième année ainsi que huit garçons dont cinq sont en sixième année et trois sont en cinquième année. Tous les participants sont originaires de la communauté de Mani-Utenam et sont à la fois locuteurs de langue innue et de langue française.

Les membres de notre échantillon ayant répondu au premier entretien ont été invités à participer à un second échange, après notre intervention. Sur les 19 participants initiaux, 14 se sont montrés à la fois intéressés et disponibles pour participer au deuxième entretien. Sur ces 14 participants, on compte 6 filles en sixième année, 3 filles en cinquième année, 3 garçons en sixième année et 2 garçons en cinquième année.

Huit entretiens réalisés avec quatre sujets ont été retenus pour ce mémoire, selon les critères de sélection suivants :

− Les sujets sont originaires de Mani-Utenam et vivent toujours dans la communauté ; − Les sujets fréquentent l’école primaire choisie ;


− Les sujets ont accepté de participer aux deux entretiens individuels, soit avant et après l’intervention pédagogique dans leur classe ; (14 sujets sur 19)

− Les sujets ont participé à l’ensemble des périodes d’enseignement du français visées par l’intervention menée en collaboration entre la chercheure et les membres de l’école dans le cadre de la présente recherche au cours du mois de mai 2017. (4 sujets sur les 14 ayant participés aux deux entretiens)