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CHAPITRE 1: CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE DE L’ÉTUDE

1.3 L’épidémie du VIH dans le monde et en Afrique

1.3.5 Conseil et dépistage volontaire du VIH et connaissance du statut sérologique

Le CDV du VIH est une composante centrale de tout programme de lutte contre le VIH. Il constitue un outil préventif qui vise la réduction des comportements à risque et une porte d’entrée pour le traitement et les soins appropriés. Cependant, l’adoption du CDV représente aussi un des défis importants des programmes de lutte contre le VIH [66].

Au fil des années, la disponibilité des structures offrant le CDV du VIH s’est accrue. De même, les modalités d’offre des services CDV du VIH se sont diversifiées, favorisant substantiellement l’accès des populations aux services de prévention. Au Bénin comme dans nombre des pays d’Afrique subsaharienne, bien que le nombre de personnes recourant au CDV ait augmenté, la connaissance du statut sérologique reste globalement insuffisante. Par exemple, en 2009, le pourcentage médian des femmes TS au Bénin ayant fait un test de dépistage du VIH au cours des 12 derniers mois était estimé à 38 % [67].

Malgré une intensification considérable du dépistage du VIH en Afrique subsaharienne ces dix dernières années, diverses enquêtes réalisées auprès des ménages entre 2007 et 2011 dans cette région ont révélé que 36 % de la population n’avaient jamais subi de test de dépistage du VIH [8]. Plusieurs pays reconnaissent la nécessité d’accroître la connaissance du statut sérologique et d’encourager le diagnostic précoce de l’infection. L’intensification de la thérapie antirétrovirale constitue aussi une des stratégies pour réduire la circulation du virus au sein d’un environnement ou d’une population et permet de diminuer le

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connaissance préalable du statut sérologique, donc de recourir au CDV du VIH. C’est pourquoi le CDV du VIH est recommandé au moins une fois par an, chez les personnes séronégatives dans les régions et au sein des populations à forte prévalence [18, 67]. Au Bénin, selon les directives du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), les femmes TS sont encouragées à se faire dépister trimestriellement dans les services de santé adaptés (SA). Dans la plupart des SA destinés aux femmes TS, l’offre du CDV est disponible en théorie, mais dans la pratique, l’accès au dépistage varie selon la fonctionnalité des SA et la disponibilité des intrants et des prestataires de soins. Les TS sont parfois référées vers d’autres structures connexes, notamment les unités de consultation prénatale (maternité) ou les unités de laboratoire au sein de centres de santé soutenus par le PNLS dans le cadre de la Prévention de la transmission mère-enfant (PTME). Ces contextes peuvent contribuer à limiter l’accès au dépistage des TS. Ils traduisent aussi en partie la sous-utilisation des services de CDV du VIH dans les établissements de santé formels et le faible pourcentage de dépistage à l’initiative des individus chez les populations clés [8]. Par ailleurs, les programmes de conseil et de dépistage sont parfois inadaptés au contexte local et des écarts considérables subsistent entre les besoins de CDV du VIH et les pratiques existantes [68]. Au Bénin, les femmes enceintes adoptent davantage le CDV du VIH dans le cadre de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, alors que les autres groupes de la population ont moins recours au CDV. En 2010, la majorité des personnes ayant effectué le CDV du VIH étaient des femmes visitant les services de consultations prénatales. La même année chez les TS, moins de la moitié (48 %) avait fait le dépistage du VIH et reçu les résultats du test [69]. Néanmoins en 2012, une proportion encourageante de TS (87%) rapportait avoir déjà effectué un test de dépistage du VIH au Bénin au cours de leur vie selon l’enquête de surveillance de deuxième génération [29]. Toutefois, dans le contexte de la prévention du VIH auprès des femmes TS, continuellement exposées aux risques d’infection du VIH et des autres ITSS, le dépistage régulier demeure le meilleur moyen pour connaître précocement son statut sérologique. Une enquête qualitative réalisée chez les TS au Bénin [70] rapporte l’irrégularité des TS à se faire dépister

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et à se rendre dans les SA. Cette irrégularité serait soutenue par divers facteurs individuels, comme la peur de recevoir un résultat positif, la perception d’une inutilité du test en l’absence de signe de maladie. Des obstacles structurels liés à l'accès aux soins de santé et une certaine crainte de la stigmatisation entraveraient aussi la réalisation du dépistage. La méconnaissance des centres de dépistage ou des services offerts (gratuité), l’éloignement des centres et le coût élevé du transport, la rupture des réactifs et l’inaccessibilité de certains traitements liés aux ruptures des intrants étaient des obstacles récurrents au non-recours rapporté par ces TS.

Ainsi, malgré l’élargissement de l’offre des services de CDV du VIH au plan national, le recours des femmes TS aux centres adaptés et l’adoption du CDV demeurent sous optimaux [69, 71]. Pour développer des interventions efficaces de promotion du CDV du VIH reposant sur les données factuelles, une identification préalable des facteurs associés au CDV chez les TS est essentielle [72]. À notre connaissance, aucune recherche portant sur la compréhension des déterminants et facteurs sous-jacents du CDV du VIH, tant chez les TS que dans la population générale, n’a été réalisée au Bénin.

Le CDV régulier du VIH est plus que jamais un centre d’intérêt chez les populations les plus touchées comme les TS. Le dépistage du VIH et le traitement précoce entraineraient des bénéfices cliniques indéniables pour les individus et des avantages potentiellement énormes pour la santé publique dans le ralentissement de la propagation de l’infection. Le dépistage du VIH suivi du traitement précoce aux ARV des personnes séropositives réduirait le risque de transmission du VIH chez les couples de l’ordre de 96 %, [17] ce qui serait mieux que le port consistant du condom dont le niveau de protection est estimé à environ 80 % [73]. Dans le même registre, les résultats de modélisation mathématique se basant sur le cas de la population adulte de l’Afrique du Sud, un pays en contexte d’épidémie généralisée, soulignent le potentiel de l’utilisation systématique du dépistage et traitement précoce aux ARV comme stratégie complémentaire aux interventions

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comportementales en vue de favoriser l’élimination de la transmission hétérosexuelle du VIH [74].

1.3.6 Services adaptés (SA) et interventions promouvant le dépistage