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Concentration Minimale Inhibitrice (CMI)

283 Annexe 40 Profils de résistance détaillés du souchier d’Escherichia coli humain 284

H. ANNEXE DES ISOLATS D’ESCHERICHIA COLI DE L’ETUDE Nombre d’isolats récoltés par souchier et nombre de souches d’Escherichia

3- Antibiotique et Antibiothérapie

4.2. Mesure de la résistance bactérienne

4.2.1. Méthode de mesure de la résistance bactérienne

4.2.2.1. Concentration Minimale Inhibitrice (CMI)

La concentration minimale inhibitrice (CMI) est définie comme la plus petite concentration capable, in vitro, d’empêcher pendant 18 à 24h la croissance macroscopique d’un inoculum standard de 104 à 106 bactéries/mL. Elle est donc spécifique d’un couple bactérie-antibiotique. On définit aussi les CMI50, CMI75 et la CMI90 correspondant aux concentrations pour lesquelles 50, 75 et 90% des souches testées ne se développent pas (Pannaux, 2012 ; Cazajeux, 2015).

Il existe, selon Baker et al. (1991), trois techniques expérimentales pour la détermination des CMI :

1°- Méthode de dilution de milieu liquide ou solide : on dispose d’une série de tubes contenant des concentrations décroissantes d’antibiotique (dilution par deux) et un milieu de culture. Ces tubes sont ensemencés avec un inoculum standard (104 à 106 bactéries/ml), et mis en culture à 37°C pendant 18 à 24h. La CMI correspond à la concentration dans le tube, où l’on ne peut observer à l’œil nu de croissance bactérienne (Figure 22) (Pannaux, 2012 ; Genthon-Troncy, 2014 ; Cazajeux, 2015).

Figure 22. Détermination de la CMI par méthode de dilution en milieu liquide. (Cazajeux, 2015)

2°- Méthode de diffusion sur disque : dans une boite de pétri, une gélose est ensemencée avec le germe d’intérêt. Des disques imprégnés de diverses concentrations d’antibiotiques, connues, y sont répartis. Les géloses sont incubées pendant 24h à 37°C. On observe alors un disque d’inhibition de la croissance bactérienne. Le diamètre de ce disque doit être mis en relation avec les CMI obtenues par dilution grâce à une courbe de concordance définie pour une concentration en antibiotique donnée (Figure 23) (Pannaux, 2012 ; Genthon-Troncy, 2014 ; Cazajeux, 2015).

65 Figure 23. Détermination de la CMI par méthode de diffusion sur disque. (Cazajeux, 2015)

A gauche la gélose ensemencée : on observe les disques d’inhibition dont le diamètre varie avec la concentration en antibiotique. A droite, la courbe de concordance permet l’interprétation des diamètres

d’inhibition observés.

3°- L’E-test : on dispose d’une boite de pétri gélosée que l’on ensemence avec le germe d’intérêt. On y dépose une bandelette imprégnée d’un gradient de concentrations d’antibiotique. Le tout est incubé pendant 24h à 37°C. Il suffit alors de lire sur la bandelette la CMI (Figure 24) (Pannaux, 2012 ; Genthon-Troncy, 2014 ; Cazajeux, 2015).

Figure 24. Détermination de la CMI par E-test. (Cazajeux, 2015)

La CMI correspond à la première graduation appartenant à l’ellipse d’inhibition.

La CMI est le paramètre roi de la pharmacodynamie antibactérienne, elle donne une bonne approximation de la concentration libre d’antibiotique qu’il est nécessaire d’obtenir dans la biophase. A partir des CMI, il est possible de classer les bactéries en trois catégories : sensible, intermédiaire ou résistante.

Dans une première classification, épidémiologique, une bactérie est définie comme résistante si sa CMI est largement supérieure à celle des souches sauvages de son espèce. On définit alors deux concentrations critiques, ou cutoff épidémiologique : la concentration critique supérieure C et la concentration critique inférieure c. Si, pour une bactérie donnée CMI<c, celle-ci est dite sensible et si CMI>C, elle est dite résistante. Entre les deux elle est de sensibilité intermédiaire (Pannaux, 2012 ; Cazajeux, 2015).

Ces concentrations critiques sont déterminés, pour la médecine humaine mais aussi pour les antibiotiques et les espèces bactériennes d’intérêt vétérinaire, par divers organismes de

66 l’antibiogramme : en Algérie par le « AARN », en France par le « CASFM », en Europe par le « EUCAST », au Danemark par le « NéoSensitabs », en Allemagne par le « DIN », Aux pays-bas par le « CRG », en Norvège par le « AFA », en Espagne par le « MENSURA », en Suède par le « SRGA », au Royaume-Unis par le « BSAC », et aux Etats Unis par le « CLSI » (Whonet 5.6, 2015).

La connaissance des CMI permet ainsi une surveillance épidémiologique de l’apparition des résistances dans les populations bactériennes, en étudiant la distribution des CMI et son évolution au cours du temps.

Cette classification des souches bactérienne à partir des concentrations critiques (supérieures et inférieures) est basée uniquement sur des données épidémiologiques ; elle est à distinguer de la classification à caractère clinique prenant en compte les données des études pharmacocinétiques (dose d’antibiotique cliniquement acceptable) et pharmacodynamiques, permettant d’identifier des cutoffs PK/PD, ainsi que le succès clinique des traitements étudiés permettant d’identifier les cutoffs cliniques. On définit ensuite des concentrations critiques (breakpoints) inférieure et supérieure. Si, pour une bactérie donnée la CMI est plus faible que la concentration critique inférieure, celle-ci est dite cliniquement sensible, le pronostic clinique est alors très favorable avec une probabilité de succès d’environ 90%. Si sa CMI est plus élevée que la concentration critique supérieure, elle est dite cliniquement résistante, et la probabilité de succès clinique est moindre, mais reste de l’ordre de 60% (Cazajeux, 2015). Pour résumer cette approche concernant les valeurs critiques cliniques et épidémiologiques et afin de bien distinguer ces deux valeurs, l’EUCAST défini les valeurs « breakpoints » cliniques et les valeurs « cut-off » épidémiologiques comme ce qui suit :

- Les valeurs « breakpoints » cliniques permettent de classifier un micro-organisme comme cliniquement sensible, intermediaire, ou résistant à un antibiotique donné. L’EUCAST en donne les définitions suivantes :

• Un micro-organisme est défini comme cliniquement sensible par un niveau d’activité antibiotique associé à une forte probabilité de succès thérapeutique ;

• Un micro-organisme est défini comme cliniquement intermédiaire par un niveau d’activité antibiotique associé à un effet thérapeutique incertain ;

• Un micro-organisme est défini comme cliniquement résistant par un niveau d’activité antibiotique associé à une forte probabilité d’échec thérapeutique.

- Les valeurs « cut-off » épidémiologiques permettent de classifier une souche comme étant un type sauvage par opposition au type non-sauvage. L’EUCAST en donne les définitions suivantes :

• Un micro-organisme est défini comme sauvage pour une espèce par l’absence de mécanismes de résistance acquis et mutationnels à l’antibiotique en question. Les micro-organismes de type sauvage peuvent ou non répondre cliniquement au traitement antibiotique.

• Un micro-organisme est défini comme non-sauvage (ou microbiologiquement résistant) pour une espèce par la présence d’un mécanisme de résistance acquis ou mutationnel à l’antibiotique en question. Un micro-organisme de type non-sauvage peut ou non répondre cliniquement au traitement antibiotique (Genthon-Troncy, 2014).

En médecine humaine, ces breakpoints sont établis et régulièrement mis à jour par le CLSI (Clinical and Laboratory Standards Institute) situé aux Etats-Unis ou par l’EUCAST (European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing) en Europe. En médecine vétérinaire, seul le CLSI propose des breakpoints spécifiques aux différentes espèces

67 animales pour les germes d’intérêt vétérinaire. Ces breakpoints ne sont à l’heure actuelle pas utilisés par les laboratoires européens, ainsi les critères de sensibilité proposés sur le terrain sont erronés et expliquent la faible valeur prédictive des antibiogrammes vétérinaires. La mise en place de concentrations critiques vétérinaires à un niveau européen par le groupe VetCAST est en Voie d’application (Cazajeux, 2015).