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Dominique Radrizzani est le nouveau directeur artistique du festival BD-FIL de Lausanne. Entré en fonction le 1er juillet 2014, il reprend le poste après Philippe Duvanel, directeur artistique de 2006 à 2014. Dominique Radrizzani a été interviewé en tant qu'utilisateur. N'étant pas encore en fonction au moment de l'entretien, il n'était pas concerné par la question des archives du festival.

Intérêt et besoins par rapport aux archives et au patrimoine documentaire de la bande dessinée

Dominique Radrizzani n'a pas encore investi son poste et développé concrètement ses projets. Mais il a déjà certaines idées et une réflexion sur l'orientation qu'il souhaiterait donner au festival. S'il entend se positionner dans la continuité de ce qui a été mis en place, une nouveauté qu'il aimerait opérer est d'accentuer la dimension patrimoniale du festival en proposant, par exemple, un regard sur des artistes du passé. Se défendant de vouloir porter un regard passéiste, cette orientation se rapporte pour lui à son envie de susciter une conscience patrimoniale, c'est-à-dire « une conscience du médium

dans sa chronologie, son évolution, une conscience des différents acteurs, des différents aspects de la BD ». Parallèlement à cette idée, il souhaiterait développer des

collaborations avec les musées et autres institutions culturelles (bibliothèques, ...), ce qui permettrait un accueil plus large de la dimension patrimoniale dans le cadre de BD-FIL. Il souhaiterait travailler aussi à la reconnaissance de la bande dessinée comme un

« élément muséable » et la faire accepter en ce sens par ces acteurs du paysage

culturel, ce qui n'est pas gagné selon lui, même si des ouvertures se sont déjà fait jour. L'ancien directeur du musée Jenisch mentionne par exemple le fait que le Musée Cantonal des Beaux-Arts, installé dans le Palais de Rumine, en voisin immédiat du lieu principal du festival, a toujours refusé de prêter ses murs aux expositions du festival ou d'y participer d'une quelconque manière.

Dans cette perspective, D. Radrizzani prévoit de travailler avec les acteurs et les documents du patrimoine, mais il dit n'être pas en mesure d'exprimer concrètement ses intérêts et ses besoins en termes de documents d'archives et d'utilisations y relatives dans le cadre du festival. Il témoigne néanmoins d'un intérêt large pour le

de production, notamment la dimension éditoriale. Il admet cependant douter que porter un discours sur l'édition, par exemple, soit le rôle d'un festival.

Collaborations envisagées avec une institution patrimoniale consacrée à la bande dessinée

Le futur nouveau directeur de BD-FIL se dit très sensible aux richesses du fonds de conservation entretenu par le Centre BD et aux intérêts réciproques d'une collaboration entre les deux entités. Il souhaiterait créer plus de liens entre le Centre BD et le festival. En effet, il pense qu'il serait intéressant d'utiliser la « dynamique » d'un festival pour valoriser certains aspects du fonds de conservation, plutôt « statique » par nature.

« Je pense qu'il faudrait essayer de réunir de la façon la plus harmonieuse les richesses d'un fonds et l'énergie d'un événement. ». Ayant été directeur de musée,

mais également commissaire d'exposition indépendant, il dit avoir une bonne compréhension à la fois des aspects conservation/statique et événementiel/dynamique et espère que ce bagage lui permettra de conduire ce rapprochement. Il est en effet conscient qu'une telle association entre deux entités aux missions différentes présente certaines difficultés. Il relève par exemple que le Centre BD à l'heure actuelle manque peut-être de moyens, notamment de ressources humaines pour se positionner comme un véritable collaborateur de recherche pour le festival (et d'autres utilisateurs). Il insiste par ailleurs sur le fait que Centre BD et BD-FIL ont chacun une sphère de compétences et un champ d'activité distincts et que la relation ne doit pas être pensée en termes « d'inféodation » de l'un par l'autre dans quelque sens que ce soit. Il attend ainsi que le fonds ne soit pas considéré comme une ressource pour servir les intérêts du festival, mais que ce soit aussi une force de proposition, pour des projets ou des secteurs des collections à valoriser à travers le festival.

Intérêts et attentes à l'égard d'une institution patrimoniale consacrée à la bande dessinée

Pour faire rayonner la bande dessinée de manière globale à Lausanne, Dominique Radrizzani imaginerait une sorte de Centre réunissant plusieurs fonctions complémentaires et associées, occupant une certaine place institutionnellement et ayant une large visibilité dans le paysage culturel de la ville. L'image de la Cité d'Angoulême est évoquée. Cela relève pour lui d'une volonté politique : « Le lien de

Lausanne à la bande dessinée aujourd'hui, il ne tient plus que dans ses intentions politiques. A Genève, il y a Töpffer, il y a des librairies, des éditeurs et des créateurs :

c'est vraiment un vivier, ce qu'il n'y a jamais eu à Lausanne, tant du point de vue éditorial, artistique, libraire. » Ainsi, il pense que si la capitale vaudoise veut donner de

l'importance culturellement à la bande dessinée, elle doit s'en donner les moyens et construire quelque chose, en se développant en tant que pôle scientifique sur différentes facettes : la recherche académique, les musées, les archives, etc. et multiplier les approches du medium.

Annexe 20 : Compte-rendu de l'entretien réalisé avec