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Alain Corbellari est professeur associé à la Section de français (Français médiéval) de l'Université de Lausanne (Faculté des Lettres). Il est également membre du Groupe d'étude sur la BD (GrEBD) de l'UNIL.

Ses activités académiques en rapport avec la bande dessinée

Alain Corbellari est professeur de littérature médiévale à la Section de Français de la Faculté des Lettres de l'Université de Lausanne (UNIL). C'est dans ce cadre qu'il s'intéresse à la bande dessinée. Sa perspective est avant tout littéraire, voire historienne dans certains cas. Il collectionne une échantillon de la bande dessinée liée au Moyen-Âge, thème qui a un succès important notamment dans le genre de l'heroic-fantasy, et l'étudie sous différents aspects. Il s'intéresse par exemple aux représentations de personnages célèbres du Moyen-Âge (Charlemagne, Jeanne d'Arc, ...) et surtout à l'utilisation de l'iconographie et des modes de représentation médiévaux dans la bande dessinée (par exemple l'utilisation de vitraux pour introduire des récits dans le récit). Pour lui, le lien entre la bande dessinée et le Moyen-Âge tient aussi dans le fait que l'art médiéval ressemble à la bande dessinée, ce n'est pas seulement que le thème est très présent dans les albums. Il a donc à son actif un certain nombre de publications sur la bande dessinée et le Moyen-Âge et intervient dans différents colloques sur ce sujet. Il introduit en outre ces recherches dans ses enseignements. Dans une perspective historienne, il s'intéresse aussi par exemple à l'utilisation qui est faite de certaines sources historiques par les dessinateurs pour représenter les monuments ou les réalités médiévales.

Il travaille donc essentiellement sur les œuvres de bande dessinée, les albums et les images en particulier. Son principal besoin est l'accès aux documents et aux images qui l'intéressent en rapport avec ses thèmes de recherche. Un fonds de bande dessinée pour lui est précieux dans le sens où il met à disposition des documents que l'on ne trouve pas ailleurs et parce qu'il organise ces documents – ce qui en permet l'accès aux consultants. « Je sais pas si je sors du sujet ou si vous voyez le potentiel

de ce genre de remarques, mais pour moi étudier la bande dessinée c'est pouvoir avoir accès aux documents, pouvoir les classer, ... ». Si actuellement il peut profiter

d'un point de vue plus large, Alain Corbellari reconnaît la nécessité d'un outil de recherche automatique. Ainsi, que les albums soit numérisés, catalogués et indexés, de manière à ce que l'on ait accès à une base de données d'images, dans laquelle on puisse faire des recherches ciblées, c'est ce qui lui semblerait intéressant comme outil à mettre à disposition des chercheurs.

Intérêt et besoins par rapport aux archives et au patrimoine documentaire de la bande dessinée

Ses besoins ne portent donc pas sur un type de documents précis ; il n'est pas généticien et ne s'intéresse pas personnellement aux autres aspects de la bande dessinée en tant que medium (dimension éditoriale, chaîne de production, aspects socio-culturels, ...). Par contre, il pense qu'il y a un noyau de chercheurs à l'UNIL qui travaillent sur la bande dessinée et qui sont bien décidés à développer ces recherches selon diverses approches. En plus des membres du GrEBD, parmi lesquelles il entend figurer89, il pense à l'historien François Vallotton qui s'intéresse beaucoup à l'histoire du livre et de l'édition, notamment romande. Pour sa part, il reconnaît cela dit que des fonds d'auteurs l'intéresseraient néanmoins, par exemple pour avoir accès à la documentation utilisée par les auteurs. Comme il s'intéresse aussi au thème de l'humour, il se dit après tout que pouvoir déceler dans des brouillons, esquisses, scénarios etc. la naissance du récit pourrait être pertinent aussi.

Intérêts et attentes à l'égard d'une institution patrimoniale consacrée à la bande dessinée

Alain Corbellari est donc un fervent utilisateur du Centre BD de la Ville de Lausanne et en apprécie grandement les collections, et surtout le travail de son conservateur. Il reconnaît d'ailleurs qu'il peut bénéficier de certains privilèges et c'est ce qui rend le fonds aussi utile pour lui : « Ce qui pour moi est le plus précieux dans ce fonds c'est la

présence de Cuno Affolter. Parce que Cuno Affolter est gentil, disponible et très savant. C'est-à-dire que si je cherche quelque chose, je lui téléphone ou je lui passe un mail, il me dit 'passe me voir' et il prendra le temps qu'il faudra pour me trouver l'album, la planche, dont j'ai besoin, et il trouve toujours. Donc c'est très bien d'avoir un fonds, c'est tout aussi, voire plus important, d'avoir des conservateurs compétents.

89Au moment de l'interview, Alain Corbellari n'était pas mentionné dans les membres du GrEBD sur le site internet de celui-ci. Selon son fondateur Alain Boillat, est membre du GrEBD toute personne de la Faculté des Lettres de l'UNIL qui s'intéresse à la bande dessinée.

Parce que ce qu'on cherche, évidemment, on trouvera toujours plus vite si les gens qui ont un accès sont serviables, sont pas trop fonctionnaires, nous connaissent aussi – on est quand même pas des milliers... ». Donc bien que tout à fait partisan de la démocratisation de telles ressources, il n'est pas particulièrement en faveur, à titre personnel, d'une trop forte institutionnalisation du Centre BD : « D'une certaine

manière ça va un petit peu à l'encontre d'une institutionnalisation à outrance, parce que dès que vous avez institutionnalisation, vous avez une meilleure protection des documents, vous avez plus de monde qui y travaillent, donc les facilités que j'ai avec Cuno, qui me connaît, qui est d'accord de prendre un quart d'heure pour moi dès que je lui téléphone, et puis qui me prête sans me... en me faisant totalement confiance des documents qui peuvent être rares, voire précieux, eh bien si on institutionnalise, eh bien tout ça je pourrais plus, parce que j'aurais plus les mêmes disponibilités, j'aurais plus les mêmes facilités à obtenir des documents, et donc d'un point de vue strictement égoïste et personnel, le système actuel me va très bien. Maintenant est-ce que c'est la meilleure façon d'avoir un fonds qui soit consultable par beaucoup de monde, c'est pas sûr... ».

Ses attentes à l'égard de cette institution patrimoniale seraient que celle-ci centre ses priorités sur le secteur de la bande dessinée franco-belge. Pour lui, les bandes dessinées américaine et asiatique ne relèvent pas de la vocation première du Centre BD, puisqu'on ne peut pas tout conserver, il faut faire un choix, et dans une perspective patrimoniale il est logique de respecter un ordre de priorité. Ainsi, selon lui, la priorité serait la production suisse, puis franco-belge et européenne, et seulement de manière périphérique le comics et le manga.

Pour le reste, le professeur souhaiterait que le Centre puisse développer une véritable politique d'exposition ; car si des expositions sont déjà réalisées et organisées à la bibliothèque, il manque la possibilité de réaliser des projets plus vastes et pour un plus grand public.

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