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CHAPITRE 4 SYNTHÈSE DES TRAVAUX

4.2 Sélections des scénarios préférés de pyrolyse rapide

4.3.1 Comptabilisation des émissions de CO 2 forestier

Les trois scénarios prenant en compte les opérations forestières sont exploités à deux capacités, soit 360 et 720 bdmt par jour. La figure 4-7 montre la variation du stock de carbone pour les deux intensités de coupe. La récolte commence seulement à la troisième année pour l'usine ayant une capacité de 360 tonnes par jour en raison de l'utilisation du bois de Muskrat Falls au cours des deux premières années. Pour les scénarios à capacité doublée, la récolte commence la deuxième année. Pour cette section, puisque les résultats d’ACV (section 4.2.2) ont été effectués lors de la troisième phase d’implantation, il est considéré que le bois de provenant du barrage hydroélectrique est aussi utilisé durant cette phase d’implantation, contrairement aux résultats technico-économiques de la section 4.2. Ceci avait pour but de considérer l’impact de l’utilisation du bois du barrage hydroélectrique systématiquement dans chacune des méthodes, pour chacun des scénarios.

Figure 4-7: Variation annuelle des stocks de C dans l’écosystème pour deux intensités de récolte L'impact instantané de l'exploitation forestière est représenté sur les puits de biomasse et de matière organique morte (MOM). La somme de ces deux puits correspond à l'écosystème total (lignes noires). Le stock annuel de carbone, calculé par CBM-CFS3, a été soustrait du scénario de référence, qui consiste à ne pas exploiter la vieille forêt naturelle qui continue de croître et d’accumuler du carbone. Une observation importante est que durant les premières années d’exploitation, environ 25% de biomasse (lignes vertes) supplémentaire est extraite de la forêt par rapport aux besoins des usines. Cela s'explique par le fait que 20% des résidus sont laissés sur le lieu de coupe, ce qui explique aussi pourquoi la matière organique morte (MOM) est plus élevée au cours des premières années d'exploitation. De plus, la biomasse continue de croître dans le scénario de référence. Ainsi, il y a une perte de carbone créé par la croissance n’ayant pas eu lieu dans les scénarios de coupe. Cet écart diminue année après année puisque le scénario de référence est une vieille forêt et que la croissance ralentit. Après 90 ans, ce qui correspond à la fin de la phase de croissance de l'épinette noire, le flux annuel dans le stock de biomasses est près de 0 car à partir de ce moment, tout le carbone extrait de la forêt est repris par une autre partie de la forêt en croissance.

Le puits de MOM, en particulier les puits à décomposition « rapide » et « très rapide », comprenant par exemple des aiguilles mortes tombées des arbres et des résidus de récolte, se décompose rapidement. Cela explique la diminution rapide du stock de MOM dans les années qui suivent le

début de la récolte. Aussi, la forêt aménagée contient moins d'arbres (et donc moins de carbone) que le scénario de référence en raison de la récolte constante. Cela explique pourquoi l’impact de la coupe provoque une diminution dans la quantité de MOM année après année comparativement au scénario de référence. Puisqu’il y a moins d’arbres, il y a moins de transfert de carbone de la biomasse vers la matière organique morte par exemple à la fin de l’été lorsque les arbres perdent leurs épines. Pour cette étude de cas, une simulation a démontré qu’il faudrait plus de 1000 ans de récolte pour observer une différence proche de zéro dans les puits de MOM entre la forêt ancienne et la forêt aménagée.

Les résultats de la comptabilisation du CO2 forestier, représenté en Mt de CO2 cumulatif, pour les deux scénarios de coupe, soit 360 et 720 bdmt/jour, sont présentés à la figure 4-8.

Figure 4-8 : Impact de l’exploitation forestière pour deux intensités de récolte au Labrador Les résultats de l’impact de l’exploitation forestière ont été calculés à partir du carbone présent dans l’écosystème total, présenté à la (Figure 4-7: Variation annuelle des stocks de C dans l’écosystème pour deux intensités de récolte). Les mouvements du stock de carbone ont été convertis en CO2 à l’exception du carbone ayant été retiré de la forêt (celui-ci n’est pas représenté sur cette figure puisqu’il sera comptabilisé lors de l’étape de combustion). Il est donc possible de noter qu'il faut environ 35 ans après le début de l’exploitation forestière pour que la forêt aménagée ait capté la même quantité de CO2 que si la forêt naturelle n’avait pas été exploitée. De plus, il y a une dette en carbone forestier (calculé en M. tonne de CO2) qui atteint un sommet autour de 15-20

ans. Cela démontre clairement que l'hypothèse de la neutralité carbone dans la méthodologie de l’ACV ne représente pas la réalité à court terme. Par contre, pour les années d'exploitation suivantes, la forêt aménagée capte chaque année plus de carbone que la forêt naturelle. Ainsi, après une exploitation de 250 ans, la coupe de 360 et 720 tonnes sèches par jour permettrait de capter respectivement 36 et 72 millions de tonnes de CO2 de l’atmosphère, supplémentaire comparativement à une forêt naturelle vieillissante non exploitée. Finalement, les résultats de l’analyse de sensibilité ayant été réalisée sur les paramètres présentés à la section 3.3.3.1 sont présentés à la figure 4-9. Les résultats sont présentés pour l’impact à court terme (valeur de la dette en CO2 forestier; présenté à la figure 4-8) et pour l’impact à long terme (captation annuelle de CO2) de la coupe 360 bdmt/jour.

Figure 4-9 : Analyse de sensibilité : a) dette (CO2 forestier) et b) captation de CO2 annuelle (long terme)

La dette en CO2 forestier (Mt de CO2) est plus sensible que la captation en CO2 annuelle dans le long terme (Mt de CO2 /an). Pour l’impact à court terme, la quantité de résidus laissés sur le site constituent le paramètre le plus sensible. En effet, les résidus se décomposent rapidement et puisque la forêt atteint un régime permanent uniquement autour de 90 ans, l’impact de la décomposition des résidus est beaucoup plus important sur le court terme. Le deuxième paramètre le plus sensible est la température car elle affecte la croissance de la forêt ainsi que le taux de décomposition dans les puits de MOM. À long terme, les deux paramètres les plus sensibles sont les paramètres

spécifiques au Labrador (concernant les paramètres de modélisation de la MOM et la biomasse) et la période de révolution. La période de révolution de 60 ans conduit au même résultat que le scénario de base (période de révolution de 80 ans), mais une augmentation de la période de révolution de 20 ans permettrait de capter plus de CO2 annuellement, à long terme. Ceci s’explique par le fait que la forêt capte plus de carbone avant d’être récoltée et donc, moins d’arbre sont coupé pour suffire à la demande de l’usine.

D'autres scénarios ont également été testés afin de comprendre l'évolution possible des résultats découlant de certaines hypothèses. Premièrement, les feux de forêt ont été modélisés dans les scénarios avec et sans récolte (les superficies perturbées étant les mêmes dans les deux scénarios). Une variation annuelle moyenne de 0,1% du flux de carbone annuel a été observée. Deuxièmement, la déforestation a été prise en compte pour le réseau de routes forestières afin de représenter l’impact dans le cas où l’ancien réseau ne serait pas suffisant. Une diminution moyenne annuelle des flux de carbone de 0,3% par année a été observée au cours des 80 premières années (correspondant à la période de la révolution) et une diminution de 0,04% de 80 à 250 ans. Par conséquent, il est possible d’affirmer que ces deux hypothèses n’affectent pas considérablement les résultats.