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CHAPITRE 2 REVUE DE LA LITTÉRATURE

2.2 Sélection des scénarios de bioraffinage prometteurs

2.2.4 Ambiguïté des critères environnementaux dans l’ADMC

Dans un contexte de développement durable, l’impact environnemental est de plus en plus considéré lors des choix ou des décisions d’investissement dans les compagnies et les gouvernements. Il importe donc d’utiliser de bon moyen de calcul et de représentation des impacts environnementaux afin d’aider les décideurs dans leur processus de prises de décisions. Afin de calculer les impacts environnementaux, l’ACV est un outil intéressant.

Tel que présenté dans la section précédente, l’ACV permet de calculer plusieurs catégories d’impact environnementales et ce, à deux niveaux ; soit « problème ou Mid-point » et « dommage ou End-point ». Il est impossible de considérer tous les critères environnementaux dans un ADMC puisque ceux-ci sont trop nombreux. Il est donc nécessaire de bien choisir les critères environnementaux qui seront utilisés pour représenter chacune des options de bioraffinage lors du panel de décision. Il y a des avantages à utiliser les concepts de l'ADMC lors de la réalisation d’une ACV réalisée dans le but ultime de prendre une décision. En effet, cela facilite la sélection des catégories d'impacts qui seront utilisées pour la comparaison. Cela permet d’avoir une meilleure distinction entre les éléments objectifs et subjectifs de l'ACV et cela permet de donner des lignes directrices pour la collaboration avec les différentes parties prenantes [31, 38].

Cependant, dans les panels de décision ADMC réalisés pour des options de bioraffinage, il a été observé que les critères environnementaux n’obtenaient jamais un poids élevé, et ultimement, une grande contribution dans la décision de la bioraffinerie [33-35]. En effet, les critères économiques obtiennent majoritairement les pondérations les plus élevées et dirigent le choix de la solution préférée. Il a été reconnu que les panelistes ont parfois de la difficulté à comprendre la portée de l’impact environnemental et ceci est particulièrement causé par les unités utilisées en ACV. En effet, celles-ci ne sont pas très communicatives (principalement au niveau mid-point) et il est donc difficile pour les panelistes d’accorder de l’importance à quelque chose de difficilement compréhensible [35].

Liard, 2011 a étudié la question de l’interprétation des critères environnementaux dans un panel de décision ADMC. Elle identifie que malgré les nombreuses discussions qui ont eu lieu lors de l’étape de pondération des critères, « il était difficile pour les panélistes d’évaluer la criticité de chaque problématique représentée par les critères » [35]. Ainsi, il est primordial que les panélistes tiennent compte des résultats pour juger de l’importance de chaque critère. Autrement ceux-ci risqueraient de juger qu’un critère, ayant des impacts négligeables, doit obtenir plus de poids qu’un critère moins important dans son concept, mais dont les impacts sont critiques pour certaines options considérées [35]. En conclusion, les résultats ont démontré qu’il était possible, dans un ADMC, d’augmenter le score des critères environnementaux en haut du classement suite à la pondération des critères. Le fait d’augmenter la pondération des critères environnementaux signifie que les gens du panel étaient conscients de leur importance et donc, que la communication était plus efficace

[35]. Cependant, il reste difficile d’identifier quel est le bon score qui devrait être obtenu par le ou les critères environnementaux dans un panel ADMC.

2.2.4.1 Normalisation des critères environnementaux

La normalisation, définie par la norme ISO 14040, a pour but de comparer les impacts des divers scénarios relativement aux impacts d’un système de référence qui sera choisi par l’analyste (interne ou externe à l’étude). Cette méthode permet donc de communiquer des résultats [32]. Un résultat normalisé permet ainsi d’exprimer l’amplitude d’un impact par rapport à l’impact d’une référence, mais cependant, ne donne aucune importance relative de l’impact [32] par exemple par rapport à une autre catégorie. Pour représenter les impacts environnementaux à l'aide de critères de décision, il est possible d'identifier quatre méthodes différentes [32, 38-43]:

o Chiffres bruts: Présentation des résultats bruts

o Normalisation interne: Comparaison avec les résultats internes (ex.: Portefeuille de produits évités) [38-40].

o Normalisation externe: Comparaison avec un élément choisi de l'extérieur (ex.: nombre de voitures remplacées sur la route) [38-40].

o Distance à cible: Distance entre les résultats et une cible identifiée à atteindre [38, 41-43]. L'utilisation des valeurs brutes issues de l'ACV n'est pas appropriée pour la prise de décision, car les unités sont difficiles à comprendre pour les gens qui ne sont pas spécifiquement formés dans ce domaine [40]. La méthode de normalisation généralement utilisée dans une prise de décision consiste à comparer les résultats du scénario avec ceux des produits remplacés (normalisation interne). Cependant, il a été démontré qu'avec cette méthode, les critères environnementaux peuvent toujours ne pas obtenir des scores élevés, ce qui peut être causé par l'utilisation d'un type de normalisation incorrect dans l’ADMC [32, 34, 35, 40].

Différentes études ont proposé une méthode externe de normalisation en comparant les résultats avec l'impact d'un Canadien moyen sur un an [38, 40]. Cependant, les résultats ont montré que ces facteurs n'étaient pas suffisamment spécifiques au contexte pour fournir des informations pertinentes [40] et que des améliorations restent à apporter avec ce type de normalisation. Un moyen d'évaluer l'ampleur d'un impact environnemental serait d'appliquer un concept de distance à la cible [38], ce qui pourrait être une méthode de normalisation pertinente dans le cadre d’un

ADMC. Cependant, la difficulté reste, comme dans le cas de la normalisation externe, dans l’identification de cibles pertinentes pour chacun des critères représentés [35]. Finalement, la normalisation proposée par Liard a permis d’obtenir, pour les critères environnementaux, le plus haut pointage jamais été observé dans les panels de décision pour les scénarios de bioraffinage. Cependant, les poids n’étaient pas suffisamment élevés pour que les critères environnementaux aient un impact significatif dans le choix de scénarios préférés pour la bioraffinerie [35].

2.2.5 Analyse critique

Lors de la conception de procédés de bioraffinage, plusieurs scénarios sont normalement considérés, principalement causé par le grand éventail de produits possibles, la complexité des chaines de valeurs et la diminution des risques technologiques et de marchés. Cependant, il importe d’éliminer les options non avantageuses et une méthodologie systématique doit être employée à cette fin. Plusieurs études indiquent l'importance d’éliminer les scénarios de bioraffinage non prometteurs avec la méthode de l’Analyse Décisionnelle Multicritères (ADMCD) [24, 33, 34]. L’ADMC est une méthode de décision permettant de considérer plusieurs critères suivant un processus de décision logique. L’ADMC permet de rationaliser le concept de décision tout en fournissant un processus rigoureux et essentiellement, une décision plus équilibrée [34]. Cependant, l'identification de la meilleure normalisation n'est pas évidente et il serait pertinent de comparer différents types de normalisation pour les mêmes critères environnementaux.