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: Comprendre les taux d’intérêts

Dans le document Sommaire MACROÉCONOMIE (Page 32-42)

1. La théorie de la demande d’actifs

Un actif est tout bien qui peut servir de réserve de valeur à savoir monnaie, les titres (actions / obligations), la terre, les immeubles ou même les œuvres d’art. Le choix de la détention d’actif (de la demande d’actif) dépend de 4 paramètres :

- La richesse (le patrimoine de l’agent)

- Le rendement relatif des actifs (on choisit les actifs ayant le meilleur rendement) qui dépend du risque des actifs

- Le risque relatif des actifs - La liquidité relative des actifs 1.1. La richesse

On considère que la demande d’actif est une fonction croissante de la richesse des individus. Tout accroissement de la richesse entraîne un accroissement de la demande d’actif quel que soit l’actif. Ceci est dû au fait que plus un individu est riche et plus il aura un patrimoine important et donc plus il va transformer ce patrimoine en actif. La

richesse est corrélée au revenu, mais ce sont deux choses distinctes.

1.2 Le rendement anticipé

Plus le rendement anticipé d’un actif augmente et plus la demande pour cet actif augmente. Ce qui compte c’est le rendement relatif de l’actif, par rapport aux autres actifs, puisque c’est un choix entre plusieurs actifs. C’est lié à l’espérance de gain

 Exemple : On a une action qui a un rendement de :

- 5% en période de récession (50% de chances) - 15% en période de croissance (50% de chances)

Les agents ont une aversion pour le risque, ils préfèrent toujours l’actif avec un gain certain. Dans l’exemple précédent, si la perspective de récession diminue, le rendement anticipé de l’action augment relativement aux autres actifs, donc la demande d’action augmente. En règle générale, l’augmentation du rendement d’un actif relativement aux autres actifs, ceteris paribus, entraîne une augmentation de la demande pour cet actif.

1.3 Le Risque

Entre deux actifs de même rendement moyen mais dont l’un est certain et l’autre certain, les agents préféreront l’actif certain en raison de l’aversion pour le risque.

Autrement dit la demande pour un actif diminue si l’incertitude augmente à espérance de gain constante.

1.4 La Liquidité

Plus un actif est liquide par rapport aux autres actifs, et plus la demande pour cet actif augmente, le rendement étant le même.

1.5 Théorie de la demande d’actif

C’est un résumé de tous les points précédents. La demande d’un actif est fonction croissante de la richesse, fonction croissante de son rendement anticipé (relativement aux autres actifs), fonction décroissante de son risque anticipé relatif et fonction croissante de sa liquidité relative.

2. Offre et demande sur le marché des obligations

2.1.La courbe de demande

 Exemple d’une obligation 0 coupon, remboursable 1000 € après un an.

Le rendement anticipé Ra dans ce cas-là est égal au taux actuariel.

( )

En fonction du prix d’achat P on va calculer le taux actuariel.

( – )

( )

On montre donc que la variation du prix est concomitante de la variation du taux d’intérêt, et vice versa. Quand le prix des obligations baisse, i et le rendement anticipé croissent. Comme la demande croît avec le rendement anticipé, elle est une fonction décroissante du prix. i est aussi une fonction décroissante du prix.

2.2 La courbe d’offre

La courbe d’offre est une fonction décroissante du taux d’intérêt, donc croissante du prix. Plus le taux d’intérêt est bas, et plus nombreuses sont les entreprises prêtes à s’endetter, par conséquent plus important est l’offre d’obligation. La courbe d’offre est aussi une fonction croissante du prix.

2.3 Equilibre du marché

Le marché sera en équilibre quand l’offre est égale à la demande. Autrement dit, le fonctionnement du marché conduit vers un équilibre unique et stable.

 Exemple : P* prix d’équilibre, I* taux d’intérêt d’équilibre Si P>P* i<i*

Donc l’offre est supérieure à la demande et le prix des obligations à tendance à baisser et cela se poursuit jusqu’au point d’équilibre.

Symétriquement, si P*>P  i < i*

Donc l’offre est supérieure à la demande, le prix a tendance à augmenter, et on se ramène à l’équilibre.

Offre

Prix

Sur le marché des obligations i

P* = 850

I* =17.6%

2.4 Le marché des fonds prêtables

L’offre d’obligation est une demande de fond prêtable et la demande d’obligation est une offre de fonds prêtables et l’offre d’obligation est une demande de fonds

prêtables.

3. Changement des taux d’intérêt d’équilibre

Il faut faire une différence entre le mouvement le long d’une courbe, et le déplacement de la courbe. Le déplacement de la courbe est un changement des quantités demandées ou offertes pour tous les niveaux de prix.

3.1 Déplacement de la demande d’obligation

Le déplacement de la courbe de demande d’obligation dépend de 4 facteurs :

- La richesse : Si la richesse augmente, on a un déplacement de la demande vers la droite, c’est que la demande augmente pour chaque niveau de prix. On observe donc un déplacement de la courbe de demande vers la droite.

- Le rendement anticipé relatif : C’est vrai dans les cas de maturité supérieure à un an. Une anticipation de l’augmentation du taux d’intérêt entraîne une anticipation de baisse du rendement des obligations (baisse du prix de revente de l’obligation). Donc la courbe de demande va se déplacer vers la gauche, parallèlement à elle-même. C'est-à-dire qu’on aura une diminution des quantités

demandées pour tout niveau de prix. Le taux d’inflation anticipé joue sur le rendement par ce qu’il modifie le taux d’intérêt réel. Si le taux d’inflation anticipé augmente, la courbe se déplace vers la gauche, parce que le rendement relatif des obligations par rapport aux actifs réel diminue, ce qui entraine une baisse de la demande d’obligation pour tout niveau de prix.

- Le risque relatif : Toute augmentation du risque entrainera une diminution de la demande, donc déplacement de la courbe vers la gauche parallèlement à elle-même. Les agents éprouvent une aversion pour le risque.

Offre de fonds = demande d’obligations

Demande de fonds = offre d’obligations

Prix

Q* = 300 P* = 850

- La liquidité relative : Toute augmentation de la liquidité des actifs entraine un déplacement de la courbe de demande de ces actifs vers la droite, puisque plus un actif est liquide, plus il est demandé. Tout cela étant toujours relativement aux autres actifs. Donc quand la demande augmente pour tous les niveaux de prix, ceteris paribus, la courbe se déplace vers la droite, et quand la demande diminue pour tous les niveaux de prix, la courbe se déplace vers la gauche.

3.2 Déplacement de l’offre d’obligation

Le déplacement de la courbe d’offre d’obligations dépend de 3 facteurs :

- La rentabilité anticipée des investissements : Si on anticipe une augmentation de la rentabilité des investissements, on aura un déplacement de la courbe d’offre vers la droite. Les investissements étant plus rentables, les entreprises vont davantage s’endetter, donc elles vont offrir des obligations.

- L’inflation anticipée : Si on a une augmentation du taux d’inflation anticipée, on a aussi un déplacement de la courbe d’offre vers la droite. En effet, augmentation du taux d’inflation est synonyme de diminution du taux d’intérêt réel, par conséquent on va plus facilement nous endetter.

- La politique budgétaire : Une augmentation du déficit budgétaire est synonyme d’émission de bons du trésor puisque l’Etat va financer son déficit budgétaire par cette émission. Cela constitue une

augmentation de l’offre d’obligation donc déplacement de la courbe vers la droite.

 Exemple : On suppose une augmentation de l’inflation anticipée, de 5% à 10%

On observera un déplacement vers la gauche de la courbe de demande car le rendement réel des obligations diminue. Simultanément, la courbe d’offre d’obligations va se déplacer vers la droite.

On obtient une baisse du prix d’équilibre. La quantité demandée est plus faible, et l’offre d’obligation va s’accroitre puisque l’augmentation du taux d’inflation signifie une diminution du taux d’intérêt réel. Quand l’inflation anticipée augmente, le taux

d’intérêt nominal augmente, c’est ce qu’on appelle l’effet Fisher. En période d’expansion, la demande d’obligations augmente en raison de l’augmentation de la richesse et car l’expansion est synonyme de l’augmentation du taux de rentabilité des investissements. Les entreprises vont plus investir. En conclusion, les deux courbes se déplacent vers la droite en cas d’expansion.

4. Théorie de la liquidité

Cette théorie élaborée par Keynes sert d’explication du taux d’intérêt d’équilibre. Dans cette théorie, on considère seulement deux catégories d’actifs : la monnaie et les obligations (afin de simplifier le raisonnement). La richesse totale doit être telle que BD+MD=BS+MS

BD : demande d’obligations MD : demande de monnaie BS : offre d’obligations MS : offre de monnaie

Soit les deux marchés sont en équilibre, soit les deux sont en déséquilibre simultanément.

Puisqu’il n’y a que deux actifs, la question du rendement relatif des obligations par rapport aux actifs réels ne se pose pas. Le rendement de la monnaie est nul (on ne prend pas en compte l’inflation) . 100€

aujourd’hui valent 100€ demain.

Le choix entre détenir son patrimoine sous forme monétaire ou sous forme d’obligation dépend du fait que le rendement de l’obligation soit positif ou négatif.

- Soit R>0 : On va préférer détenir son patrimoine sous forme d’obligations

- Soit R<0 : On va préférer détenir son patrimoine sous forme de monnaie

La question est de savoir sous quelle forme va-t-on détenir son patrimoine. Les obligations sont des obligations de rente perpétuelle ( ) et le coupon C=1€ par an.

D’où avec i le taux d’intérêt.

On va comparer le taux d’intérêt avec les dépenses. Selon Keynes, tout individu a un taux d’intérêt anticipé ia et ce taux est insensible aux fluctuations du taux d’intérêt courant.

( )

Coupon Prix de

vente de l’obligatio

Actualisation

Si ia>i (anticipation d’une hausse) Alors

Autrement dit, la dépense est supérieure à la recette donc l’individu n’achètera pas d’obligation et va détenir son patrimoine sous forme monétaire.

En revanche si ia< i, Alors

L’individu va détenir son patrimoine sous forme d’obligations.

En résumé, soit l’individu anticipe une baisse du taux d’intérêt et il détient tout son

patrimoine sous forme d’obligations, soit l’individu anticipe une hausse du taux d’intérêt, et il détient tout son patrimoine sous forme monétaire (c’est du tout ou rien). Puisqu’il anticipe que s’il achète des obligations aujourd’hui, il aura un patrimoine plus élevé dans un an. Sachant que si le taux d’intérêt diminue, le coupon est quant à lui fixe. Le choix de la forme de détention du patrimoine par un individu dépend du taux d’intérêt anticipé.

La demande de monnaie est totalement discontinue. Pourtant, lorsqu’on observe un pays, la demande de monnaie est quasiment continue. Ceci est dû au fait que les individus n’ont pas tous le même taux d’intérêt anticipé.

ia min

(Trappe à liquidités)

Les individus sont tous entre ia max et ia min, toujours au même endroit (ia étant fixe)

ia max i

Patrimoine

ia

Monnaie

i2

i1

i3

À un moment donné, i prend une valeur i1 qui va séparer la population en deux blocs : - Ceux pour qui i<ia et qui veulent de la monnaie

- Ceux pour qui i>ia et qui veulent des obligations

L’anticipation d’une hausse de i revient à anticiper une baisse des prix (étant donné que le coupon est fixé et égal à 1 le cas échéant). Si i=i2 , les individus situés entre i1 et i2 qui anticipaient une hausse de i anticipent maintenant une baisse. Or, le patrimoine de ces individus est petit face au

patrimoine national, donc le glissement donne une allure de continuité à la courbe de demande de monnaie. C’est la demande de monnaie pour motif de spéculation. (/!\ spéculation ne sous-entend pas un pari car on est certain de son propre ia)Plus i diminue, plus cette demande augmente.

Ce qui va déterminer l’équilibre monétaire est le fait que la Banque Centrale fixe la quantité de monnaie en circulation. Supposons que la Banque Centrale souhaite diminuer i. Il faudra qu’elle offre d’avantage de monnaie. Elle doit convaincre les individus de vendre leurs obligations. Or, actuellement (on est à l’équilibre) , les individus détiennent et souhaitent détenir plus d’obligations. Il est nécessaire que la Banque Centrale augmente le prix des obligations.

Donc si P augmente, i diminue

Par conséquent, les individus entre i1 et i3 qui anticipaient une baisse anticipe maintenant une hausse. Ils vont donc vendre leurs obligations. C’est ce que l’on appelle open market.

La demande totale de monnaie : {

( ) ( )(3 façons de l’écrire)

5. Changement du taux d’intérêt d’équilibre dans la théorie de la préférence pour la liquidité 5.1 Déplacement de la demande de monnaie

Effet revenu : Si le revenu augmente, les agents économique vont souhaiter détenir plus de monnaie pour effectuer des transactions, ceteris paribus, ils vont aussi souhaiter détenir plus de monnaie comme réserve de valeur, puisque leur richesse a augmenté. La courbe de demande de monnaie va se déplacer vers la droite.

On a aussi un effet de mouvement des prix.

Effet prix : Lorsque les prix augmentent, ceteris paribus, il faut nécessairement plus de monnaie pour effectuer la même quantité de transaction (en termes de biens et services) et donc la courbe de demande de monnaie se déplace vers la droite.

À l’inverse, si le revenu diminue, on aura un déplacement vers la gauche. Si les prix diminuent, on aura un déplacement vers la gauche.

5.2 Déplacement de l’offre de monnaie

Tout accroissement de l’offre de monnaie déterminé par la banque centrale

provoque un déplacement vers la droite de la courbe d’offre de monnaie et toute diminution entraîne un déplacement vers la gauche de la droite de l’offre de monnaie.

5.3 Changement dans le taux d’intérêt d’équilibre dus à des changements de revenu, de niveau des prix, et de l’offre de monnaie

Comme vu précédemment, si le revenu augmente, on a une augmentation de la demande de monnaie pour motif de transaction, donc une baisse de la quantité de monnaie pour motif de spéculation donc le taux d’intérêt augmente. D’autant plus que si on part d’un revenu d’équilibre Y*.

Chez Keynes, on a Y = cY + C0 + I + G

Si Y augmente alors I ou G augmentent. Soit ∆I > 0, soit ∆G > 0. L’investissement et les dépenses gouvernementales sont financés par les obligations. Il faut donc vendre plus d’obligations afin de les faire augmenter et par conséquent, faire augmenter le revenu national d’équilibre.. On va financer ça par l’émission de nouvelles obligations (soient des entreprises, soit des bons du trésor). Quoi qu’il en soit il faut convaincre les individus qui détiennent de la monnaie à acheter des obligations, en baissant le prix des obligations c'est-à-dire en augmentant le taux d’intérêt. Ainsi, lorsque le revenu national augmente, i augmente.

En cas d’inflation, on aura une augmentation de la demande de monnaie pour motif de transaction donc le taux d’intérêt nominal augmente (moins de monnaie disponible pour le patrimoine). Cependant, ce qui compte pour les individus est le taux d’intérêt réel. Ainsi, l’inflation entraîne une chute du taux d’intérêt réel corrigée par l’augmentation du taux d’intérêt nominal.

Enfin, l’augmentation d’offre de monnaie entraîne une diminution du taux d’intérêt par ce que pour offrir de la monnaie, la BC achète des titres sur le marché monétaire. Donc il faut que la banque centrale amène des individus qui ne voulaient pas vendre leur titre, à les vendre. En achetant des titres, elle augmente la demande et par conséquent les prix, ce qui revient à faire baisser le taux d’intérêt.

5.4 La monnaie et les taux d’intérêts: Critique de Friedman

Selon Friedman, l’augmentation de l’offre de monnaie peut se traduire par une augmentation du taux d’intérêt et non pas par une diminution. Ceci serait dû à plusieurs effets :

- Un effet revenu positif : L’augmentation de l’offre de monnaie entraîne une augmentation du revenu, donc le taux d’intérêt augmente.

- Un effet niveau des prix : L’augmentation de l’offre de monnaie entraîne une augmentation du niveau général des prix, donc le taux d’intérêt augmente.

- Un effet d’inflation anticipée : L’accroissement du niveau général des prix entraîne un accroissement du taux d’inflation anticipé donc le taux d’intérêt augmente. Il s’agit néanmoins d’un effet transitoire si l’inflation ne dure qu’une période, l’effet inflation anticipé qu’arrête.

La hausse des prix est irréversible. (/!\ effet inflation différent de l’effet inflation anticipé

Le résultat final dépendra de l’importance relative des 3 effets. Il y a trois possibilités d’après Friedman.

i2

i

Temps i1

i2

Effet de liquidité

Effet niveau des prix+ effet inflation anticipée

i

Temps i1

i2

Effet de liquidité

Effet niveau des prix+ effet inflation anticipée

i

Temps i1

Anticipations rationnelles

Dans ce dernier cas, on considère que les agents connaissent la théorie économique et les

conséquences d’une augmentation monétaire. Ils anticipent alors l’inflation et demandent un taux de rendement plus élevé pour compenser l’inflation.

Chapitre 4 : La structure par risque et la structure par terme des taux

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