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CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE

4.4 Le codage et l’analyse des données

Puisque nous avions deux modes de collecte de données, soit la collecte de documents et le journal de bord, nous avons réalisé un codage et une analyse des données en deux phases consécutives. La première phase est celle du codage des données documentaires, et la deuxième est celle de l’analyse des données du journal de bord. Notre analyse de données ne suivait pas une trajectoire linéaire, mais demeurait plutôt fidèle à la dynamique itérative de la recherche (Van der Maren, 2004). Notre codage des données documentaires et l’analyse des données du journal de bord sont présentés respectivement aux chapitres 6 et 7. L’interprétation de ces résultats, où nous discutons de la triangulation des données, discussion éclairée par ressources théoriques, fait l’objet du dernier chapitre du présent mémoire.

Codage des documents de formation

L’analyse des plans de cours est une analyse de contenu manifeste, réalisée selon une logique inductive délibératoire, c’est-à-dire que les cadres conceptuels guidaient le processus d’analyse. La première étape consistait à lire puis relire les documents, puis procéder au codage des données recueillies. Nous avons analysé l’ensemble des plans de cours présentés aux Annexes 1 et 2 grâce au logiciel NVivo et à la méthode du repérage de mots-clés. Pour chaque plan de cours, nous avons codé les objectifs d’apprentissage qui se trouvaient dans les plans de cours selon notre interprétation d’une ou plusieurs approches de formation. Ainsi, le cadre conceptuel des approches de formation servait de grille d’analyse primaire. Le modèle écologique a guidé l’analyse des

documents afin de comprendre comment la promotion de l’AP est intégrée à la formation des enseignants. Toutefois, le modèle écologique servait de grille d’analyse secondaire pour montrer comment chaque approche de formation de Paquay (1994) contribue à la promotion de l’AP dans les documents analysés.

Le codage était mixte, c’est-à-dire que nous avons codé les approches par empilage de fréquence, ainsi que par description qualitative des approches. Les différents objectifs de formation contenus dans un plan de cours étaient codés selon une ou plusieurs approches, ce qui permettait de repérer le poids d’une approche au sein d’un document et ultimement dans la formation dans son ensemble. Afin de déterminer à quelle approche les divers éléments d’un plan de cours étaient associés, nous sommes restés fidèles à la description des approches de notre cadre de référence. Nous avons également procédé au codage par repérage de mots-clés, où certains mots-clés nous aidaient à identifier un objectif à une approche. Bien que la description exhaustive des approches dans le cadre conceptuel de Paquay (1994) et l’identification des mots-clés a permis d’apporter une forme de validité à notre codage, l’identification des approches relève de notre interprétation de celles-ci.

Nous avons également fait l’analyse de l’ensemble des mémoires de maitrise des étudiants de la faculté de pédagogie du sport de l’Université Jyväskylä ayant publié leur mémoire en 2018. Puisque ces mémoires sont produits en finnois, nous avons uniquement considéré le résumé des mémoires écrits en anglais. Pour cette analyse, nous avons codé l’ensemble des résumés de chaque projet selon les trois niveaux du modèle écologique de promotion de l’AP et selon différents facteurs de promotion de l’AP abordés dans les mémoires. Demeurant fidèle à la posture interprétativiste à laquelle nous logeons, le codage des facteurs et des niveaux de promotion de l’AP dans les mémoires laissait place à notre interprétation, bien que la description du modèle écologique ait guidé le repérage de ces facteurs. En effet, l’identification des niveaux de promotion de l’AP s’est faite de manière inductive à partir des trois niveaux issus du modèle écologique. Nous avons cependant codé de manière déductive les facteurs d’influence en promotion de l’AP qui émergeaient de l’analyse des mémoires selon certains facteurs présentés dans la description du modèle écologique. Ainsi, à la lecture des mémoires, nous portions attention à différents facteurs qui ont une influence sur la promotion de l’AP (genre, support familial, ethnicité, politiques de santé publique, etc.), et nous avons fait un empilage de fréquence de l’occurrence de chacun de ces

facteurs. Cela nous a permis de dégager les domaines de spécialisation en promotion de l’AP pour les étudiants d’une même cohorte.

Dans notre recherche, l’empilage de fréquences n’a pas été considéré comme une analyse quantitative, et ce bien qu’elle contienne des données métriques. Selon Van der Maren, « les fréquences obtenues à la suite du comptage des apparitions d’événements ou de traits sont aussi des données qualitatives, car les fréquences ne sont que des empilages » (2004, p.85). De plus, la portion comptage de fréquences n’est qu’une portion de notre analyse des données sur la FEEP et occupe une place tout aussi importante que la description qualitative des structures d’admission au programme, que la description qualitative des objectifs de plans de cours ou des données du journal de bord par exemple. Van der Maren (2016) renforce cet argumentaire :

Les recherches en sciences humaines et sociales ne comportent ni données quantitatives ni données qualitatives pures. Dès que l’analyse d’un texte produit la reconnaissance ou l’émergence d’un concept (dans notre cas les approches de formation), le fait de son identification constitue un classement par absence ou présence : on se trouve devant du quasi-qualitatif (p.268).

Ainsi, considérant notre posture épistémologique interprétativiste, considérant notre méthodologie qui repose sur une triangulation avec les données qualitatives du journal de bord, et considérant que nous faisons la description qualitative des approches de formation et des objectifs propres à chaque approche, notre méthodologie est robuste dans une analyse qualitative, et non dans une analyse mixte ou quantitative.

Le codage du journal de bord

Pour l’analyse des données issues de nos expériences personnelles, nous sommes retournés faire la lecture de notre journal de bord et avons tenté d’identifier les éléments centraux du contexte socioculturel qui nous ont semblé expliquer la FEEP et le rapport à l’AP en Finlande. Aucun outil de codage ou grille d’analyse n’a été utilisé pour traiter ces données outre la relecture des données de contexte social compilées selon les schémas de Holmes (1981). Nous avons analysé puis interprété les informations du journal de bord qui nous semblaient les plus pertinentes pour approfondir notre compréhension des approches de formation dans l’application des plans de cours. Nous avons également retenu les informations dans le journal de bord qui permettaient d’identifier

les particularités du contexte finlandais, ce qui nous a permis de répondre à notre deuxième question spécifique de recherche.

Les données colligées dans notre journal de bord nous ont permis de décrire notre interprétation de la manière dont les différentes approches se manifestent et organisent la FEEP, ainsi que le contexte social dans lequel elle prend forme. Nous avons procédé à une validation externe de nos réflexions et de notre interprétation de la mise en œuvre des approches de formation dans les cours de FEEP auprès de deux experts. Des entretiens de validation ont eu lieu le 1er octobre 2019, ainsi que les 21 et 22 novembre 2019 avec un professeur de la mineure en FEEP à l’Université Oulu. Des entretiens ont également eu lieu du 26 au 28 novembre 2019 avec un professeur de la faculté d’ÉPS de l’Université Jyväskylä.

De plus, nous avons effectué des entretiens de validation d’expert auprès de trois professeurs de sociologie de l’éducation d’une université finlandaise afin de discuter de notre interprétation du contexte sociohistorique finlandais dans lequel la formation des enseignants se dessine. Les trois professeurs ont participé à une validation des données d’interprétation de notre journal de bord le lundi 9 décembre 2019, soit à la fin du séjour d’études.